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Adjudant
Pierre GUINET
Avec le Corps Léger d'Intervention Aéroporté
GUERRE d'Indochine
1945 - 1946
POSTFACE de Michel EL BAZE
Le Corps Léger d'Intervention
(C.L.I.) a été formé en 1944 en Afrique du Nord par le
Lieutenant - Colonel Huard et son premier commando intégré
à la 20e Division Indoue sous le nom de Cie A. Sous-officier mobilisé en Afrique
Noire, Pierre Guinet participera avec ce commando à la
libération de Saigon, au déblocage des provinces de
l'Ouest autour de Mytho, à la prise de Ban Me Thuot sur
les plateaux Moïs. Immobilisé par une blessure pendant que
la Cie A participe au dégagement de Ninh Hoa et de
Nhatrang au Sud Annam, il rejoindra la Cie A, devenue
Commando Émeyriat, au sein du Groupement de Commandos du
Commandant Lacroix, ou Commando Léger N°1. Avec ce C.L.I.
il participe à la percée de la RC 9 au Laos et à la
libération de Hué, avant d'être démobilisé fin 1946, en
Indochine, où il mènera pendant 18 ans, l'existence
risquée de planteur et d'industriel. Cette épopée vécue par le témoin il
y a près de cinquante années sera lue avec émotion par
ceux nombreux qui ont gardé le souvenir parfois douloureux
de ces événements et interressera le chercheur qui
trouvera là, la précision qui lui convient pour l'écriture
d'une page de l'Histoire de notre pays en Extrème Orient.
Under-officer mobilized in Black Africa,
Pierre Guinet will participate with this commando to
the liberation of Saigon, to the liberation of
provinces of the West around Mytho, to the plug of Ban
Me Thuot on the Moïs trays . Immobilize by an injury
while the Cie A participle in the release of Ninh Hoa
and Nhatrang in the South Annam, he will rejoin the
Cie A, become Commando Émeyriat, in the breast of the
Grouping of Commandos of the Commander Lacroix, or
Light Commando N°1. With this C.L.I. he participates
in the opening of RC 9 in Laos and to the liberation
of Hué, before to be free at end 1946, in Indochina,
where he will lead during 18 years, the risky planter
existence and manufacturer. This epic lived by the witness
it there has close to fifty years will be read
emotionally by these numerous who having kept the
sometimes painful souvenir of these events. The seeker
will find there, the precision which invite him for
the handwriting a page of the History of our country
in Extrème Orient.
Table
12 septembre
1945 - La Cie A vole au secours de Saïgon 9
Dégagement de Saigon du 23
septembre au 2 octobre 1945
Rupture de la Trêve - Dégagement de Phumy le 12 Octobre
1945
Dégagement du sud-ouest Cochinchinois - Opération Moussac
Opération Pebo - Raid sur Ban Me Thuot - 27 Novembre 1945
Opération Gaur - Retour à Saigon
Mars 1946 - Campagne du Laos - Opération Alpha
Notes et Documents
Genèse du C.L.I.
Djidjelli
A Pointe Noire
A Cavallo
L'Oasis
L'entraînement
Le Tir
Les techniques de combat
La destruction
Entraînement du C.L.I. aux Indes
La Compagnie A
Light Commando N° 1
Le Commando Léger n°2
SASB
Le Yin Tang
Le Corps Léger d'Intervention - 5e R.I.C
Chronologie des opérations
La mémoire
Le Lieutenant - Colonel Huard forme en
Afrique du Nord, le Corps Léger d'Intervention (C.L.I.),
sur le modèle des commandos de Birmanie avec 500
volontaires, cadres en majorité. Beaucoup sont réservistes
ou engagés pour la durée de la guerre. L'espoir de
combattre à court terme, l'enthousiasme et l'esprit
d'équipe exceptionnels permettent un entraînement de
qualité, complété aux Indes par des stages de guerre de
jungle et de parachutisme dans les écoles spécialisées
anglaises. Dès 1944,
des détachements du C.L.I., les Gaurs, sont parachutés
avec l'aide des Anglais malgré l'obstruction américaine,
mais ce n'est que le 12 septembre 1945 que le premier
commando du CLI, devenu 5e RIC pour éviter la confusion
avec le Ceylan Light Infentery, sera intégré à la 20e
Division Indoue sous le nom de Cie A. et aéroporté de
Birmanie à Saigon. Le
C.L.I. (5e RIC) dissout le ler Juillet 1946, la Cie A, qui
aura perdu plus de 40% de son effectif dans l'aventure,
encadrera le ler Bataillon de Chasseurs Laotiens à
Thakhek. 12 septembre 1945 - La Cie A vole au
secours de Saïgon Les Dakotas de la R.A.F. sont secoués par les
bourrasques de la mousson. Par les échancrures de nuages
menaçants zébrés d'éclairs, décor prémonitoire de la
tragédie qui se noue, nous entrevoyons à travers un rideau
de pluie, l'univers aquatique des rizières du delta
cochinchinois, prises dans un entrelacs de diguettes
coupées de bosquets ou se serrent les paillotes. Nous sommes le 12 septembre 1945, en
route vers Saigon, venant de Myngaladon en Birmanie, en
compagnie de 200 Gurkas. Notre détachement est commandé
par le Lt-colonel Rivier, ancien d'Indochine. Nous sommes
partis 121 de Ceylan, prélevés sur les commandos du
C.L.I., à la nouvelle de la capitulation japonaise: 108
affectés à la Cie A commandée par le Capitaine Noirtin et
un petit état-major aux ordres du Capitaine d'Otton
Loyewski qui assiste Rivier. Nous ne sommes d'ailleurs
plus que 120 car le Sergent Moretteau s'est tué au volant
de sa Jeep sur la route de Rangoon, où nous étions arrivés
le 29 Août sur le porte-avions "Sea Archer", déjà sous une
pluie battante. Intégrés à la 20e Division Indoue du
Général Gracey qui nous accueille paternellement, nous
percevons les munitions pour les armes lourdes qui
complètent notre armement léger. Nous échangeons aussi
notre béret vert des commandos contre le chapeau de feutre
des Gurkas, le commandement anglais désirant que notre
présence soit aussi discrète que possible, pour ne pas
heurter les alliés russes, américains ou chinois hostiles
au retour de la France en Indochine où la situation nous
est révélée. Nous apprenons l'insurrection et la
proclamation d'indépendance du 2 septembre par Ho Chi
Minh, qui succède d'ailleurs à celle de Bao Dai du 11 mars
1945. Certains Japonais refusent la capitulation et
rejoignent les rebelles qu'ils arment et encadrent. Nos
compatriotes, déjà forts malmenés par le coup de force
japonais du 9 mars, sont en voie d'extermination, ainsi
que les petits détachements de commandos Gaurs parachutés
au nord du 16e parallèle, que les Américains ont imposé
comme ligne de démarcation, réservant la moitié de
l'Indochine à l'occupation chinoise. Les Anglais qui ont
eu quelques difficultés pour conserver l'autre partie, ne
peuvent plus officiellement les aider, tandis que les
troupes chinoises, avides de pillage, favorisent la
rébellion. Une autre
unité de commandos du C.L.I., la Cie B, va être constituée
à la hâte et larguée au nord du 16e parallèle, mais au
Siam, en face Vientiane, d'où elle passera au Laos pour
les épauler. Dans le
sud nous avons bien parachuté, dès le 23 Août, quelques
éléments français, dont le Gouverneur Cédile, chargés de
prendre la situation en main. Ils ont été rapidement
réduits à l'impuissance, capturés ou abattus. Aussi personne ne sait ce qui nous
attend lorsque nous nous posons à Tan Son Nhut à 10 heures
du matin, ce 12 septembre 1945. Cependant les visages
s'éclairent. Nous avons tellement espéré ce moment. Le
Sous-lieutenant Icard qui commande la troisième section se
dresse et donne l'ordre de débarquer. Originaire de Haute
Garonne, arrivant d'Afrique Noire où il était passé après
l'armistice, calme et méticuleux, il a fait de sa section
une équipe. Les avions se rangent sur la piste où nous
retrouvons la 1ère Section du Lieutenant Dettre et la 2e
du Lieutenant Martin, tandis que le S/lieutenant
Desaubliaux débarque les armes lourdes : mitrailleuses
wickers et mortiers de 3 pouces. Quelques officiers
anglais et quelques rescapés de l'équipe Cédile nous
attendent en compagnie d'officiers japonais. Armés,
approvisionnés, nous embarquons dans des camions de
l'armée nippone pour gagner Saigon par la rue Mac-Mahon.
Des banderoles rédigées en anglais proclament
l'Indépendance et souhaitent la bienvenue aux
Britanniques. Partout une profusion de drapeaux rouges
frappés de l'étoile jaune d'où émergent quelques drapeaux
alliés. Aucun drapeau français. Aucun blanc dans les rues
ou la foule jaune est de plus en plus dense. C'est
seulement quand nous arrivons au gouvernement général,
boulevard, gardé par des sentinelles nippones, que nous
apercevons les premiers européens. Ceux ci nous adressent
des "Hurrah les Anglais" jusqu'au moment où l'un d'eux,
profitant de l'arrêt du convoi, peut lire le badge France
que nous portons à l'épaulette du battle-dress. Aussitôt
la nouvelle court. Nos compatriotes de plus en plus
nombreux clament leur joie. La tension monte rapidement.
Un drapeau viet est arraché... La foule asiatique où l'on
remarque des individus armés, commence a manifester, mais,
fort à propos, le convoi démarre. Nous débarquons rue Paul
Blanchy dans une école transformée en cantonnement
derrière l'Hôtel Continental, que les Gurkas occupent. En
face de nous la manufacture d'opium gardée par les
Japonais. Aussitôt nos
premières patrouilles quadrillent le centre de la ville
réduite à un périmètre bordé par la rue d'Espagne, le
marché Cuniac, le Boulevard Bonnard et la rue Paul
Blanchy. Nous ne sommes pas seuls. Patrouilles japonaises,
Gurkas et Viets en casquettes, nous précèdent ou nous
suivent. Tout le monde le doigt sur la détente. La
précarité de la situation est évidente. Nos compatriotes sont parqués là
depuis six mois, avec interdiction d'en sortir. Ils logent
dans des compartiments surpeuplés, généralement
dépouillés, dans une pénurie alimentaire presque complète,
aggravée par le climat et le manque de médicaments.
Victimes des bombardements aériens américains, ils ont
subi le Coup de Force japonais du 9 mars, les pillages et
les assassinats par les insurgés. Arrachés à leurs
maisons, usines ou plantations, ils montrent des allures
de naufragés. Certains sortent a peine des cages de la
terrible Kampetaï, la Gestapo japonaise. Depuis quelques
jours ils ont été rejoints par les prisonniers alliés
relâchés par les Japonais, des survivants squelettiques.
Fort heureusement, car se sont ces rescapés de l'enfer,
Hollandais, Anglais, Australiens qui vont sauver la vie à
plusieurs d'entre eux en s'interposant face à la populace
déchaînée. Le
lendemain matin, le Gouverneur Cédile fait envoyer les
couleurs sur le Gouvernement Général. C'est la première
fois depuis le 9 mars. La nouvelle fait aussitôt le tour
de la ville. Notre poste de garde est pris d'assaut par
des civils qui accourent aux nouvelles dont ils sont
privés depuis plusieurs mois; leurs postes radios
confisqués, sans journaux interdits par les Japonais. Il
faut vite déchanter. Les Anglais sont pris à partie par le
chef Viet minh Tran Van Giau et par les Japonais tenus
pour responsables de l'ordre. Ils nous demandent d'amener
le drapeau. Cédile refuse; nous tenons bon jusqu'au soir.
Mais le lendemain on ne le remontera pas. Il faut aussi renoncer à libérer nos
3.000 camarades prisonniers de guerre, toujours parqués
dans la caserne Martin des Pallières, gardés par les
Japonais. Les Anglais s'y opposent pour des raisons de
sécurité. Aussi, l'impatience des Français de nous voir
prendre les choses en main grandit. Ils comprennent mal
que nous dépendions des Anglais, que la propagande de
Vichy a tellement décriés. Mais c'est le Général Gracey
qui commande. Celui-ci tente de négocier avec Tran Van
Giau pour au moins gagner du temps jusqu'à ce que soit
arrivé le reste de sa division qui est en mer. Dans une
ville de plus d'un million d'habitants, nous ne sommes
toujours qu'une centaine avec 200 Gurkas, ces derniers ne
voulant avoir d'autre rôle que le désarmement des
Japonais, qu'ils chargent, en attendant, de faire régner
l'ordre. Malgré les
consignes strictes, nous lançons quelques raids pour
récupérer des véhicules, dont nous sommes dépourvus dans
l'agglomération Saigon-Cholon qui s'étend sur plusieurs
kilomètres, ainsi que de l'armement japonais, notamment
des mortiers de 50, très maniables, et qui s'avéreront
très utiles. Mais les incidents commencent. Le 15, une rafale éclate. Notre
factionnaire, le soldat Lebert gît dans une mare de sang.
On croit à un attentat. Nous déclenchons le dispositif
d'alerte. Il s'agit en fait d'un accident : un choc a
déclenché la Sten dont la sécurité n'était pas mise.
Le 16, quatre paras de la DGER,
sortis sans armes, sont arrêtés par les Viets et jetés en
prison. Impossible d'obtenir leur libération. Le 17 les révolutionnaires célèbrent
la proclamation de l'Indépendance. Une énorme
manifestation bardée de banderoles et de drapeaux débouche
de Cholon par le boulevard Galièni. Les Gurkas obligent
les Japonais à la disperser. En représailles, les Viets
coupent le courant dans toute l'agglomération.
L'impatience gagne les civils européens. Certains prônent
des mesures aussi rigoureuses qu'inapplicables. D'autres
sortent des armes cachées et se lancent dans des
règlements de comptes. La situation menace de devenir
incontrôlable et de dégénérer en bain de sang. Il faut
agir d'urgence. Le 20
septembre, la nuit tombée, notre section investit la
Pyrotechnie. Nous récupérons les armes confisquées par les
Japonais aux troupes d'Indochine, celles du moins qu'ils
n'ont pas distribuées aux rebelles. Immédiatement, elles
sont réparties parmi les 1500 prisonniers valides de
Martin des Pallières dont la garde japonaise est
immédiatement renvoyée. On constitue trois bataillons de
coloniaux qui deviennent Groupement de Marche du 11e RIC
sous le commandement du Lt-colonel Runner, et un bataillon
de fusiliers marins commandé par le Capitaine de Corvette
Picheral. Très motivés, connaissant bien le pays, ils vont
se révéler très utiles. Il était temps. les Viets
multiplient exactions, incendies, assassinats et
pillages... Le 21 ils
attaquent un détachement anglais qui subit des pertes.
Gracey se fâche, affiche une proclamation musclée et donne
son accord à une reprise en main de Saigon par l'ensemble
des troupes françaises dont Rivier assume le commandement.
Dégagement de
Saigon du 23 septembre au 2 octobre 1945 Il est 23 heures, le 22 septembre,
quand les ordres arrivent. C'est pour cette nuit... Heure
H : 4h 00. Objectifs de la Cie A: Tous les bâtiments
publics avec les ler et 2e Bataillons du 11e RIC. Avec le
3e Bataillon et les marins, le port, la gare, les ponts et
les postes de police de la périphérie. Les commandos de la Cie A sont
répartis entre chaque objectif, comme éléments de pointe
chargés de neutraliser les résistances éventuelles.
A 2h 30, tout est en place. Les
unités filent silencieusement dans la nuit. Notre groupe
s'occupe de l'Hôtel de Ville. A 4h 00 nous escaladons les
grilles fermées, désarmons les sentinelles somnolentes.
Surprise complète. On réveille les occupants viets
éberlués et ramassons armes, munitions et documents. En
ville, tous les objectifs sont ainsi coiffés sans effusion
de sang. Avec les premières lueurs de l'aube, la nouvelle
se propage. Les civils européens, hier encore désespérés,
arrivent fous de joie. Il faut d'urgence tempérer leur
enthousiasme et leur ardeur. En effet la foule asiatique
s'accumule. Parmi elle de nombreux Chinois qui agitent de
petits drapeaux bleus et blancs de la Chine nationaliste,
sans doute pour ne pas être confondus avec les Annamites
qui ont désormais perdu la face. Les nouvelles arrivent de la périphérie. La
première surprise passée, les Viets, bien armés et
nombreux, réagissent. Le 11e RIC arrête de justesse une
contre-attaque menée drapeaux en tête au pont de Dakao. A
Phumy, la Compagnie de Gaillande du 11e RIC, bloquée, perd
2 tués et 3 blessés. Il faut la dégager. Rivier fonce avec
la Section du Lt Dettré. Épaulé, le 11e RIC réagit alors
avec vigueur. Un peu trop aux yeux des observateurs
anglais. Gracey veut calmer le jeu. Il fait relever le 11e
RIC par les Gurkas et confie aux Japonais la garde des
ponts, dont celui aboutissant à la cité Hérault. Il
ordonne aussi la libération du millier de prisonniers
capturés depuis le matin. La Cie A couche sur ses
objectifs conquis. Dès le lendemain, une grande pression
se développe. Des incendies éclatent à Khan Hoi et au Song
Be. La fumée obscurcit le ciel. Les Gurkas qui occupent le
Commissariat Central du boulevard Galièni arrêtent une
nouvelle manifestation. Les insurgés enlèvent et
assassinent plusieurs européens. Nous passons une nuit
blanche au son des tam-tams et des fusillades, à la lueur
des incendies. Dans la
matinée du 25 septembre, des femmes et des enfants affolés
arrivent de la Cité Hérault. Ils nous apprennent le
massacre qui vient de s'y perpétrer. Les Japonais ont
laissé une bande armée envahir la cité et massacrer ses
habitants français et annamites avec une sauvagerie
inimaginable. Sur plus de 100 personnes enlevées on ne
retrouvera que 56 survivants lorsque les Anglais, très
réticents, nous autoriseront enfin à intervenir avec les
Gurkas. Impressionné, Gracey renvoie le 11e RIC garder les
ponts. C'est un peu tard. Les détachements sont aussitôt
assaillis de toutes parts. Le 26 les rebelles attaquent le pont Mac
Mahon. Le Capitaine Noirtin et la deuxième section du Lt
Martin accourent. Le 11e RIC a déjà 2 tués et 1 blessé.
Grâce à un camion sommairement blindé, faisant feu de
toutes ses armes, Noirtin force le passage.
Malheureusement, l'Adjudant Deplaine et le Sous Lieutenant
Achard sont tués, le Capitaine d'Otton et le
Sous-Lieutenant Lavigne sont blessés. Le Colonel Dewey, chargé d'affaires
américain, tente de gagner l'aéroport sous la protection
de son pavillon et de ses gardes du corps. On ne les
retrouvera jamais. La
nuit tombée nouvelle attaque sur les ponts de Dakao et du
tramway. Nouvelles pertes en tués et blesses au 11e RIC.
Nous assurons la protection du Gouverneur Cédile au
Gouvernement Général lorsque, dans la nuit, un violent
incendie éclate à proximité du marché Cuniac. Cédile, en
pyjama, s'inquiète de l'extension qu'il prend car les
pompes à incendie ont disparu. Ce sont finalement les
commerçants chinois et quelques Français qui l'éteignent.
Plus tard nous repoussons une bande armée, rue
Lagrandière. Les 28 et
30, nouvelles attaques sur les ponts et nouvel incendie
rue Lacotte. Les Viets font circuler des bruits
fantaisistes: la flotte russe arriverait à leur secours.
En fait c'est le "Wawenay", battant pavillon britannique
qui accoste. Les
négociations entre Gracey et Tran Van Giau portent enfin
leurs fruits. Une trêve prend effet le 2 octobre à 18
heures. Elle permet le débarquement pacifique, les 3 et 4
octobre, de nos camarades du C.L.I., arrivés par le
"Richelieu" et le "Triomphant" et deux transports de
troupes anglais, le "Queen Emma" et le "Princess Beatrix".
Depuis notre départ de Ceylan les commandos ont été
répartis en deux grandes unités : le Light Commando n°1
(L.C.1) commandé par le Commandant Daveau et le Spécial
Air Service Bataillon (SASB), ce dernier regroupant les
commandos en stage parachutiste à Rawalpindi et 70 marins
de l'Aéronavale affectés au Corps avec le Capitaine de
Corvette Pierre Ponchardier qui en a reçu le commandement.
Les nouveaux arrivés défilent derrière le Lt Colonel
Rivier, commandant de la Place et délégué militaire du
Général Leclerc qui a remplace le Général Blaizot. Les
Saigonnais manifestent leur enthousiasme pendant que nous
assurons la sécurité. Ils vont cantonner à l'Hôpital
Drouet à Cholon, l'État major et les services au
Séminaire, boulevard Luro. Certains de nos camarades sont
absents. On apprend que, devenus Cie B, ils ont été
parachutés au Laos, sous les ordres du Capitaine Le
Guillou Rupture de la Trêve - Dégagement de Phumy
le 12 Octobre 1945 Le général Leclerc arrive le lendemain, sous
une pluie diluvienne. On lui rend les honneurs au
Gouvernement Général pendant qu'une foule délirante
envahit les jardins. Les civils semblent rassurés. Mais
l'euphorie dure peu. Malgré les ouvertures de Leclerc,
nouvelles manifestations en périphérie. Le 9, un
détachement anglais attaqué perd 1 officier et 4 hommes.
Gracey décide de laisser faire Leclerc et s'occupe
désormais uniquement de désarmer les Japonais. Le Lt
Colonel Huard, commandant du C.L.I., part au Cambodge
comme Commissaire de la République avec trois commandos
(2-4 et 5) du Light Commando N°1, qui formeront le
détachement C. Rivier le remplace comme chef du Corps qui
comprend alors à Saigon le Commando Léger N°l du
Commandant Lacroix (commandos 1-3 et 6), le S.A.S.
Bataillon (3 commandos B1-B2 et B3) et la Cie A où le
Capitaine Lataste, venant du B2, remplace Noirtin. A
Djijelli il commandait le 9° commando. Plusieurs d'entre
nous le connaissent depuis le l6 RTS. Dynamique et humain,
vite aimé de tous il, va se révéler un guerrier
exceptionnel. Le 12
octobre, le SASB débarque sur les arrières viets au Parc à
Mazout et aux Établissements Orsini sur la rivière de
Saigon. Il ratisse en direction de l'arroyo de
l'Avalanche, d'où attaquent le 11e RIC et des éléments du
bataillon de Marins, soutenus par l'artillerie des Gurkas.
La Cie A est en réserve au marché de Phumy. Vers 11
heures, le Général Leclerc arrive. La 3ème Section de la
Cie A l'escorte. L'opération se termine sous une pluie
diluvienne en fin de journée. Le SASB a perdu 4 tués et 3
blessés. Le 11e RIC a 2 tués et 11 blessés. Les Viets ont
reçu une correction sévère estimée à une centaine de tués
et 200 blessés ainsi qu'un millier de prl sonnlers. Malgré
tout, ils attaquent le lendemain à Khanh Hoi ou ils
incendient les docks. En
ville, les attentats à la grenade se multiplient dans les
lieux publics et les quelques bars ouverts à l'abri d'un
grillage. Le 19
octobre, la 2ème D.B débarque du "Ville de Strasbourg" qui
apporte de France une cargaison de farine. De quoi
redonner le goût du pain aux Saigonnais. Nous aurons juste
le temps d'apprécier la première fournée avant de
retourner à nos rations Pacific. Les Viets contrôlent
encore tout le pays et le blocus de la ville est de plus
en plus sévère. Leclerc décide de libérer les riches
provinces du Sud Ouest pour y mettre fin. Ce sera
l'opération Moussac. Dégagement du sud-ouest
Cochinchinois - Opération Moussac L'opération Moussac, commandée par
le Lt Colonel Massu, démarre le 25 octobre, avec les
commandos du C.L.I. et les éléments de la D.B, notamment
le 501e RCC. Premier objectif : Mytho, ville importante à
70 kilomètres, où l'on situe le siège du Viet minh et 4 à
5.000 rebelles armés. La veille, par le Mékong, le SASB
feinte et surprend les Viets par un débarquement de nuit
en pleine ville. En même temps, partie de Saigon, la Cie A
ouvre la route aux blindés et au convoi, bientôt arrêtés
par les innombrables coupures. On continue sans eux. Le
Commando Léger n°l occupe Tan An où il reste. Les snipers
nous prennent à partie tout au long de la progression et
détalent généralement avant d'être attrapés. Parfois, ils
font mouche. L'un d'eux tue le chauffeur du Général
Leclerc quand celui-ci nous rejoint en tête.
Imperturbable, la canne à la main, debout sur la route,
parfaitement exposé, il nous recommande la modération
envers les prisonniers. Incendies et fusillades se
succèdent jusqu'à la nuit qui nous surprend à 20
kilomètres de Mytho, dans une fabrique de cercueils
chinois, qui nous permettent de dormir au sec. L'épaisseur
et la dureté de leur bois de teck nous apportent une
protection appréciée contre les projectiles qui traversent
les parois de lataniers des paillotes. Le lendemain il
nous faut la journée pour arriver au premier poste du SASB
tenu par des anciens de Djijelli. On taquine ces
privilégiés de la croisière fluviale. On cantonne à la
Chambre d'Agriculture, boueux, trempés et fourbus, tandis
que les blindés finissent par arriver dans la nuit. La
ville est déserte. Le lendemain, alors que nous
reconnaissons la périphérie, nous tombons sur un groupe du
SASB mené par un personnage étonnant, torse nu, en short,
énorme et velu, mitraillette à la main et corne d'auto au
ceinturon, coiffé d'une casquette d'officier de marine.
C'est le célèbre Ponchardier. Tandis que le SASB poursuit son périple
fluvial en direction de Vinh Long et de Cantho, la Cie A
entreprend une série d'opérations ponctuelles sur le
secteur. La 3e section, en reconnaissance vers Gocong où
les fusiliers marins sont en difficulté, subit les tirs de
tireurs immergés qu'il faut débusquer un à un sous l'eau
d'où ils respirent à l'aide de bambous. Épuisantes battues
aux résultats décevants. Ce qui donne au Capitaine Lataste
l'idée de créer un groupe commandé par le blond et
juvénile Aspirant Fabrèges, qui doit, au premier coup de
feu, sprinter par les diguettes pour fixer l'ennemi. En
conséquence, ce groupe, torse nu, est allégé au maximum,
uniquement armé de mitraillettes et de grenades. Les
résultats s'améliorent tout de suite. Par contre une fois
coincés, les Viets se défendent avec opiniâtreté. Au cours
d'un engagement intense, une Jeep de spahis en uniformes
blancs et calots rouges, arrive à la rescousse.
Furieusement mitraillé, l'équipage plonge dans la rizière.
Nous n'en rions pas longtemps; l'arrivé d'une grenade sur
la route nous envoie rejoindre les spahis dans un bain de
boue fraternel. Une fois de plus, Salomon, essuie en
maugréant ses lunettes couvertes de vase. Au terme de
l'opération, on retrouvera dans un hangar les corps de
marins pendus à des crochets où ils ont été suppliciés.
Le 4 novembre, nous sommes
chargés d'intercepter les Viets qui tentent d'échapper au
ratissage de la rive nord en traversant le Mékong. Icard
réquisitionne deux chaloupes chinoises à vapeur sur
lesquelles la DB installe des mitrailleuses de 50 et de
30. Elle fournit tireurs et pourvoyeurs. A cette occasion,
on fait connaissance d'un autre personnage pittoresque, le
tonitruant Commandant Dronne de la DB qui commande
l'opération. À la libération il est entré le premier dans
Paris. Camouflés à bord nous surprenons plusieurs groupes
armés sur lesquels nous fondons à toute vapeur,
mitrailleuses et F.M. en action, jusqu'à l'échouage qui
nous permet de bondir sur la rive, au grand émoi du
taïcong chinois qui se réfugie sous la chaudière. Les
sampans qui se risquent à traverser sont irrémédiablement
coulés par la 12,7 et leurs occupants terminent a la nage.
A peine revenu à Mytho, nous
repartons pour Bentranh. Nous effectuons une opération
avec le C.L.I. Le lieutenant Giraudeau est tué. On
débusque des Japonais déserteurs. L'un d'eux, armé d'un
sabre s'en prend à Centlivre, un Alsacien rescapé de
Russie. Chargé d'un sac d'obus de mortiers de 50 qui lui
sert à parer les coups de sabre, il essaie de l'autre
main, à l'aide d'un revolver récupéré, d'abattre son
adversaire déchaîné. Mais les cartouches sont toutes
défectueuses. Icard finit par descendre le Japonais. Nous
nous remettons de nos émotions à l'ombre d'un superbe
manguier. Au moment du départ, horreur !.. nous découvrons
une énorme bombe d'avion piégée et suspendue à 10 mètres
au dessus de nos têtes. Nous évacuons avec précipitation
et signalons l'engin aux Marsouins du 23e RIC qui nous
relèvent. Le 23
Novembre nous rentrons à Saïgon. Opération Pebo -
Raid sur Ban Me Thuot - 27 Novembre 1945 Le séjour sera court. Trois jours.
Nous repartons. Rivier ancien officier du bataillon
montagnard des Hauts Plateaux commande le détachement. Il
comprend essentiellement les commandos de la Cie A, trente
"spécialistes" des pays moïs, quelques civils engagés dans
les gardes civils de la libération (GVL), tel Salamite un
marseillais. La DB fournit les 23 véhicules et 2 auto
mitrailleuses, ainsi qu'un détachement de chauffeurs aux
ordres du Lieutenant Michaut et du S/lieutenant Anglès.
Objectif: Ban Me Thuot capitale du pays Moï, à 360
kilomètres de Saigon, dont 160 reconnus jusqu'à Budop, où
nous parvenons en pleine nuit, retardés par les
innombrables crevaisons des pneumatiques à bout de souffle
des véhicules surchargés. Les deux automitrailleuses
tombent successivement en panne et nous abandonnent.
Le lendemain, en plus des
crevaisons, les Viets se manifestent. Un pont détruit nous
oblige à aménager une déviation. Une Jeep, remplie de
spécialistes des pays moïs, à la recherche d'une piste
parallèle, tombe dans une fosse piégée, d'où il faut aller
les tirer. Dans la nuit sous une pluie battante, nous
atteignons finalement Camp Le Rolland. Les Viets l'ont
brûlé. Nous bivouaquons dans les baraques intactes du
terrain d'aviation. Au delà, sur 12 kilomètres, la piste
est coupée d'abattis et de tranchées. Il faut 36 heures
pour dégager et combler. Juste après, les Viets nous
attendent au carrefour de la piste Gerber. Deux hommes de
la première section, Cerradat et Noël sont blessés. La 3e
passe en tête. Les bas-côtés de la piste sont truffés de
pièges et battus par des snipers. Le sol se dérobe soudain sous moi. Suspendu à
une branche providentielle à laquelle j'ai le réflexe de
m'accrocher, je me retrouve au dessus d'une fosse hérissée
de bambous acérés. À quelques mètres un Viet m'ajuste avec
un mousqueton. Heureusement, malgré les essais répétés,
entre lesquels je distingue nettement le verrouillage de
la culasse et le claquement du percuteur, les cartouches
ne partent pas. Les éclaireurs de pointe qui me précèdent,
Vullin et Granjon, se sont retournés et abattent le tireur
malchanceux, tandis que Bousquet et Reiniche me tirent de
ma fâcheuse position. Les Viets laissent sept morts sur le
terrain mais l'alerte est donnée. Il est 16 heures 30. Il
faudrait foncer pour occuper le poste des Trois Frontières
à 17 kilomètres de là. Au contraire, impressionné par
l'ampleur des difficultés, Rivier stoppe la progression
sur place et rend compte à Saigon. A 21 heures, l'horizon
s'embrase des lueurs de l'incendie du poste. Le lendemain,
quand nous y parvenons, tout est détruit. Nous continuons.
Ce ler décembre 1945, la 3e
section est en tête sur la RC 14. Ban Me Thuot est encore
à 85 kilomètres. Soudain une voiture légère débouche.
Llorca la stoppe d'une rafale de 12,7. Le chauffeur viet
blessé est très étonné de voir des Français. À peine repartis nous tombons sur
une Viva grand sport décapotable, en train de changer de
roue au bord de la route, un pavillon viet sur l'aile.
Pendant qu'on les désarme, l'un des deux occupants plonge
dans la jungle épaisse. On le manque. Il laisse entre nos
mains son pistolet Mauser et un porte-documents révélant
son rang de chef régional. Le Capitaine Lataste insiste
avec force et obtient de Rivier l'autorisation d'utiliser
la voiture. "Allez y", me dit Icard. J'emmène Salamite, le
volontaire GVL, comme chauffeur, Freitag un athlète
alsacien qui vient du 11e RIC, Reiniche, Bousquet et
Devisme. Tassés sur les sièges nous enlevons nos casques.
On se fait tout petit. Seul le cache-flammes du Bren de
Freitag dépasse. Mission : coiffer le poste du Dak Mil et
couper le fil téléphonique qui le relie à Ban Me Thuot;
ensuite tenir jusqu'à l'arrivée du convoi qui suit à dix
minutes. Tout de
suite, nous nous trouvons nez à nez avec un camion dont la
cabine est occupée par trois Viets. Freitag les fusille à
bout portant tandis que Salamite évite miraculeusement la
collision. Le camion s'écrase dans la jungle. Bourré de
caisses de munitions et d'explosifs, il ne se volatilise
heureusement pas. On ramasse deux Viets tués et un blessé.
A midi nous arrivons devant la
barrière en bambou du poste de Dak Mil. La sentinelle
abusée par le pavillon viet, présente les armes. Nous
l'abattons au passage. La barrière enfoncée, coup de frein
brutal. Éjection tous azimuts. Feu d'enfer sur le poste.
Armé d'une seule pince coupante, Salamite grimpe au poteau
télégraphique. Surpris en plein repas, les Viets lâchent
leurs bols de riz. Ils sont une cinquantaine et la
situation se gâte rapidement. Abrités derrière les
termitières nous risquons d'être submergés. À coup de
grenades nous les tenons à distance. Les minutes sont
longues... Enfin, le convoi arrive et nous dégage. Pas une
égratignure. En face douze Viets tués. Chez nous, un
conducteur de la DB a été blessé. Nous avons pris des
véhicules. On les met en panne pour les récupérer plus
tard. Objectif suivant
: Le pont de la Srépok, une coupure importante à l5
kilomètres de Ban Me Thuot. Nous fonçons toujours en tête
avec notre Viva, avec mission d'empêcher la destruction du
pont et de le tenir jusqu'à l'arrivée du convoi. Dans le
défilé de Ea Yaoundé, 12 kilomètres avant le pont, nous
donnons tête baissée dans une embuscade. La voiture
encaisse plusieurs impacts, mais Salamite réussit à nous
jeter dans un angle mort. Le bouchon viet semble
important. Cinq cent mètres derrière nous, le convoi
stoppe à l'entrée du défilé et écrase l'embuscade. Les
mortiers, armes légères, FM, mitrailleuses lourdes
délivrent un feu d'artifice dont les retombées nous
environnent. Enfin un camion de la section arrive en
tirant de toutes ses armes, le Sous lieutenant Anglès de
la DB, debout sur le marche pied exécute un numéro
extraordinaire à la carabine américaine. Les sections
gravissent les escarpements pour nettoyer les Viets. Il
nous faut abandonner notre belle voiture trop éprouvée et
regagner notre camion. Débarquement en vue du pont. On le
franchit au galop en priant pour qu'il ne se volatilise
pas sous nos pieds. Seule opposition, un petit poste qui
détale, abandonnant des caisses d'explosifs. Plus loin,
nous capturons encore une ambulance viet avec un médecin,
puis débouchons à toute allure devant la barrière en
bambou qui barre l'entrée de Ban Me Thuot entre les
plantations de caféiers. La sentinelle, cette fois, oublie
de rendre les honneurs et détale. Malgré un feu nourri, on
la manque. La barrière est enfoncée. Devant la résidence
les Viets jouent tranquillement au ballon. Panique
générale. On occupe le bâtiment dans la foulée. La
deuxième section du Lieutenant Martin doit par contre
réduire une sérieuse résistance au camp de tirailleurs. Le
Sous Lieutenant Hericher enlève à ]a grenade le
commissariat de police. C'est au pénitencier et à la garde
indigène que la résistance est la plus vive. La 1ère
Section du Lieutenant Dettré mène un assaut en règle. Le
combat ne cessera qu'à la nuit, lorsque le bâtiment en
flammes deviendra intenable. Nous avons cinq blessés :
Gouraud, Pagès, Didelon, Demoustier et l'Aspirant Fabrèges
qui mourra quelques jours plus tard. Plusieurs otages sont
délivrés dont trois religieux portugais, des religieuses,
cinq Français et des Rhadés. Une trentaine en tout. Nous
dénombrons une centaine de Viets tués et 30 prisonniers.
Nous récupérons un stock très important d'armes et de
munitions. Mais des
Viets, il en reste. Plus d'un millier, dit-on, qui se
préparent à contre-attaquer. Sans souffler, toute la nuit,
nous nous organisons défensivement. C'est alors que le
Capitaine Lataste nous avise de l'incroyable. Rivier a
décidé un repli sur Budop, suivant l'ordre qu'il en reçoit
de Leclerc. Tollé général et vent de révolte. Les
officiers font le siège du colonel qui s'accroche à ce
message radio daté de la veille, vraisemblablement réponse
au télégramme rendant compte des difficultés rencontrées à
Trois Frontières. Par contre le télégramme annonçant la
prise de Ban me Thuot reste sans réponse. Saigon dort...
Toutefois Leclerc a laissé à Rivier dans l'ordre N°21
fixant sa mission, toute latitude pour juger de la
situation. Aussi rien
n'y fait, Il faut repartir. On ne peut que conseiller aux
otages de se fondre dans la brousse... En fait, malgré les
consignes, on en camoufle un certain nombre sur les
camions. Par contre, nous sommes bien obligés de libérer
les prisonniers. Le 2
décembre, nous repassons à Dak Mil qui brûle. On incendie
les camions que l'on voulait récupérer. Entre temps, les
Viets sont revenus à Trois Frontières. Embuscade, Hue de
la 2e Section est tué, le Lieutenant Dettré blessé. Une
rafale de 12,7 détruit une V.L qui tente de fuir avec
l'officier viet qu'elle transporte. Freitag fait le ménage
avec son Bren. Bilan : 12 Viets au tapis. A nouveau on
bivouaque à Camp Le Rolland où Hue est inhumé. Le lendemain 3 décembre, à peine
repartis pour Budop, arrive un camion de la DB apportant
un télégramme de Saigon enfin réveillé: ordre de retourner
à Ban Me Thuot. Rivier, cependant, décide de continuer sur
Budop où nous laissons nos blessés. Nous repartons après
ravitaillement en munitions et vivres, le 4 décembre, avec
nos deux automitrailleuses réparées. Les Viets têtus sont une nouvelle
fois revenus à Trois Frontières. Nouvel accrochage qui
leur coûte trois tués. On couche sur place. La 1ère
Section, où le Sergent chef Ferrari a remplacé le
Lieutenant Dettre blessé, reste sur place avec une des
automitrailleuses à nouveau en panne. Nous sommes le 5 décembre 1945. La
section Martin passe en tête. Une nouvelle VL est
détruite, ses trois occupants tués. Notre dernière auto-
mitrailleuse ayant ouvert le feu sur une harde de cerfs,
l'aspirant de la DB qui 1a commande, se fait d'autant plus
vertement rappeler à l'ordre par le Capitaine Lataste
qu'il tombe à nouveau en panne. Ce qui va nous coûter
cher. Vers midi, alors que nous abordons les deux derniers
kilomètres, des armes automatiques se dévoilent
brusquement. L'embuscade, montée en profondeur avec
beaucoup de monde, met à mal les véhicules de tête. Les
Viets sont invisibles dans la jungle épaisse qui borde la
route. Le Sergent chef Aubert, assis auprès de moi, a la
tête à demi emportée. Gross qui tire à la 12,7, reçoit une
balle dans le cou, tandis qu'on saute à terre au milieu
des projectiles qui miaulent et ricochent. Icard prend une
balle dans la cuisse. Je remonte sur le camion pour
essayer de situer les Viets et remettre la 12,7 en action.
Celle-ci ne tire plus qu'au coup par coup. Aubert est
mort, Gross râle, il y a du sang partout. Repéré, je suis
pris pour cible, mais Icard m'appelle et me donne l'ordre
de pousser en tête avec la section. Comme nous démarrons,
le Médecin Commandant Nouaille-Degorce arrive pour panser
Icard. Il veut faire descendre Gross du camion toujours
sous le feu ennemi. "Trop risqué" refuse Icard, près
duquel le médecin commandant est tué d'une balle dans la
tête alors que nous filons dans le fossé ou nous trouvons
le S/lieutenant Héricher, tué lui aussi. Le Capitaine
Lataste arrive, en pleine forme. Le combat est son
élément. Topo bref. La section Martin est engagée à gauche
avec le camp de tirailleurs pour objectif. A droite la
section du S/lieutenant Reyss borde les caféiers. On met
le mortier de 81 en batterie. Pour nous, objectif la
résidence, droit devant. A la lisière des caféiers en
bordure de la place, une balle bien ajustée arrache mon
casque lourd, dont je n'ai pas serrée la jugulaire. Il
estourbit Kuntz derrière moi lequel jure en alsacien. Je
mets mon groupe en place pour l'assaut et le reste de la
section en appui de feu. Une haie masque la résidence à
cent mètres. On y repère une arme automatique. Lataste la
neutralise au mortier et me crie de foncer au cinquième
coup. Nous nous élançons le long de l'allée bordée
d'arbres énormes qui nous abritent au plus fort de la
riposte viet. Freitag blessé à la poitrine passe le Bren à
Grux qui plonge avec Reiniche sur la gauche dans un bassin
en ciment. Ils essaient de neutraliser les Viets enterrés
dans la haie par un tir en écharpe. En arrivant sur
l'objectif, je suis cueilli par une balle à l'aine qui me
jette à terre. Geoffroy se précipite. Une autre balle le
tue net. Les Viets, à quelques mètres s'acharnent. Le bout
de ma chaussure s'envole. En rampant je m'abrite derrière
un arbre d'où je lance mes grenades dans la haie. Freitag
qui veut me rejoindre est blessé une seconde fois au bras.
La situation devient inconfortable. Mais la "3" charge,
emmenée par Lenoble, suivie par le reste du commando.
Irrésistible, elle pulvérise la résistance de la haie et
nous dégage. Dans la
résidence les combats font rage. Un sniper japonais est
abattu dans la salle de bains. Le Sergent Chef Lavigne,
notre infirmier, arrive avec ses paquets de pansements et,
comme viatique, un bidon de pastis à base d'élixir
parégorique. Avec son poignard, il découpe et m'enlève ma
combinaison américaine trempée de sang. Il la remplace par
le pantalon trop petit d'un japonais tué à proximité; je
vais devoir le conserver jusqu'à Saigon. Cette seconde
attaque de Ban Me Thuot se solde par six tués et 8
blessés. L'ennemi abandonne 160 morts sur le terrain dont
des Japonais. On nous transporte à l'infirmerie dévastée
du camp où le Médecin Capitaine Dilhac, Lavigne et
l'infirmier Lambardière de la DB s'efforcent, avec des
moyens dérisoires, de réparer les dégâts. A l'aube du 6 décembre des rafales
éclatent. Les Viets reviennent à la charge. A tout hasard
Lataste nous apporte mitraillettes et grenades en nous
précisant que l'effectif réduit ne lui permet pas d'en
distraire pour notre défense... Plus tard, la 1ère
Section, restée à Trois Frontières rejoint avec un petit
détachement du 21e RIC. Le 7 décembre, alors qu'on nous parachute de
la pénicilline que seul l'infirmier de la DB sait
heureusement utiliser, un violent accrochage a lieu au
terrain d'aviation. Le
8 c'est au village annamite. Les Viets n'en démordent pas.
C'est seulement le 9 que nous sommes évacués par les GMC
de la DB qui regagnent Saigon. En raison de nouvelles
coupures et abattis, il faut toute la journée pour couvrir
les 200 kilomètres qui nous séparent de Budop. Nous sommes
dans un état lamentable, hirsutes, couverts de la
poussière rouge de latérite, épuisés par la fièvre
consécutive à des blessures vieilles de cinq jours,
plusieurs dans un état critique. Gross agonise. On nous
transporte à l'antenne chirurgicale de Loch Ninh où une
équipe dévouée nous opère toute la nuit. À peine reprenons
nous conscience que nous sommes à nouveau embarqués dans
les camions. Gross est mort. La journée va s'écouler sur la piste au
soleil et à la poussière, car, dès le départ, nous sommes
attaqués. Un camion saute sur une mine. Demi-tour
impossible; la route est coupée derrière nous par des
abattis. D'autres bloquent le convoi à l'avant. Notre
faible escorte se multiplie. Les blessés valides tirent
depuis leur civière. Nous réussissons enfin à passer et
atteignons Tu Dau Mot à la nuit tombée, où les Gurkas nous
recueillent. Leur service de santé nous soigne. Encore 30 kilomètres jusqu'à Saigon.
Toutefois les Anglais jugent impossible de nous laisser
continuer par la route et font appel à l'aviation
japonaise. De petits appareils bimoteurs nous enlèvent
deux par deux allongés sur nos civières. On m'embarque
avec Icard. Après le décollage, un des moteurs tombe en
panne. Le pilote, un Coréen colossal, frappe à coups
redoublés sur le tableau de bord. Sommes-nous tombés sur
un Kamikaze?.. Inquiétude vaine. Atterrissage précipité
mais sans casse à Tan Son Nhut. Une ambulance nous conduit
à l'hôpital Grall d'où, un chirurgien débordé nous renvoie
sur l'hôpital 415 de Cholon. Nous bénéficions du douteux
privilège de faire l'ouverture de locaux en piteux état,
d'installations sanitaires détruites, aux murs maculés.
Nous tombons heureusement entre les mains de l'équipe
chirurgicale remarquable du docteur Ferrand. Peu à peu, nous apprenons ce qui
s'est passé à Ban Me Thuot après notre évacuation.
Investie par les Viets, la ville est constamment attaquée.
Le 10 décembre, l'ennemi tente d'enlever la maison
Nicolas, la Résidence et le Pénitencier. Repoussé, il
bombarde la ville au mortier de 81, le 11 décembre.
L'aviation intervient. Malheureusement, les Spitfires
mitraillent par erreur le garage et tuent Salamite, notre
courageux chauffeur, le volontaire GVL. Le 12 les Viets
occupent l'usine électrique. Impossible de les en déloger.
Le 13, ils attaquent la maison Bourgerie. Le 14, on démine
à temps le pont vital sur la Srepok. Le 16 et le 17,
nouvelle attaque sur la maison Bourgerie et le
Pénitencier. Les commandos de la Cie A s'amenuisent tandis
que selon les renseignements, 2.800 Viets encerclent Ban
Me Thuot qu'ils cherchent à isoler en détruisant le pont
de la Srepok au Sud et celui du Km 6 au Nord. Devant cette
menace, Rivier voyant fondre ses effectifs et ses réserves
envisage de détruire le matériel, d'évacuer la ville et de
se replier à travers la jungle. Il en avise Leclerc....
Celui-ci s'y oppose catégoriquement et envoie le Commando
Léger N°l du Commandant Lacroix, qui remplace Rivier à la
tête du groupement. Avec Lacroix, des nôtres depuis le
début du C.L.I. qu'il a contribué à créer comme chef
d'État Major, plus question d'évacuer d'autant plus que
l'arrivée des trois commandos le 17 décembre va permettre
de se donner de l'air. Le 18 décembre le convoi qui ramène
Rivier à Saigon tombe dans une grosse embuscade entre Ban
Me Thuot et le pont de la Srepok. Elle coûte cinq morts et
cinq blessés à l'escorte, et le convoi doit faire
demi-tour. Il repartira sérieusement escorté par le
commando N°l, dont la présence dissuadera une nouvelle
attaque. Le 20, les Viets attaquent en masse, appuyés par
des mortiers et canons de 37. La Cie A contre-attaque,
occupe l'usine électrique et la plantation Delfante.
Nouvelles pertes : 2 tués, Gribelier et Y Diet; 4 blessés,
Fournier, Marchand, et 2 Rhadès. Le 21, c'est une
patrouille du 21e RIC qui se fait accrocher et qu'il faut
aller dégager. Mais la journée se termine par un terrible
accident à notre 3e Section de la Cie A. Rentrant après
une partie de la nuit passée en embuscade, Centlivre jette
brutalement à terre son sac d'obus de mortiers japonais
provoquant une explosion qui le tue avec Lenoble et Pons
et blesse très grièvement Gauthier, Granjean et Nilles.
Les jours suivants apportent leur lot d'accrochages en
tous genres, avec des pertes, mais on occupe la plantation
de Bou Pran et le village de Bou Ko Tham sur la route de
Ninh Hoa. Le 16 janvier une opération est montée pour
occuper le pont situé au kilomètre 19 qu'il faut garder
intact, pour percer sur Ninh Hoa et la Côte Annam.
L'opération menée par les commandos Bentresque et D'Otton
se heurte à une farouche résistance où ils perdent 10 tués
et 16 blessés, les Viets abandonnant 49 morts sur le
terrain. Opération Gaur - Retour à Saigon
L'opération démarre le 25
janvier 1946. Précédée par six chars de la DB, la colonne
comprend le Groupement Lacroix - Cie A et les 3 commandos
du C.L.I. - 3 compagnie du 21e RIC, du Génie et de
l'Artillerie. Les chars sont vite arrêtés. Le pont du km
19, si chèrement conquis dix jours auparavant, s'écroule
sous le poids du premier blindé qui se retourne dans
l'eau. Encore trente ponts jusqu'à M'Drak. Ils sont tous
brûlés. La compagnie Kuntz du 3/21e RIC part à pied
occuper la localité. Un accrochage lui coûte 2 tués et 11
blessés au col de Tran Bao. Le Groupement Lacroix passe
alors en tête. A pied dans la jungle, il engage une course
de vitesse avec les Viets afin de les empêcher de détruire
les autres ponts. En 24 heures la Cie A abat 50 kilomètres
tout en repoussant les Viets qui la harcèlent. A Ninh Hoa,
elle capture une locomotive sous pression que la DB
utilisera pour transporter ses chars à Nhatrang. Pour
l'instant ceux-ci ne sont pas encore arrivés à Ninh Hoa.
Ils ont huit heures de retard sur les commandos, qui
entreprennent au pas de charge, des reconnaissances
profondes dans tout le secteur. L'une d'elles, de 75
kilomètres est couverte en 20 heures. A plusieurs
reprises, à Duc My, Phu Gia ou M'Xoum, les Viets accrochés
laissent des plumes. Un de nos sergents rhadé est tué.
Regroupés à Nhatrang, les commandos ratissent la région de
Khanh Hoa, Ann Dun et Tanan. Le 19 février, par Dalat,
Suzannah Xuan Loc " ils rentrent a Saigon. Sorti de l'hôpital, après avoir
refusé mon rapatriement sanitaire, je rejoins le
cantonnement au Séminaire. La Cie A n'est plus autonome.
Elle devient Commando Emeyriat, du nom de son nouveau
capitaine au sein du Commando Léger N°l. Nous voyons
partir Lataste avec peine. Quelques mois plus tard, en
Juin, il trouve la mort entre Pleiku et le col d'Ankhé à
la tête d'une compagnie de la Brigade d'Extrême Orient. La
triste nouvelle tombe en même temps que la citation de la
Cie A à l'ordre de l'Armée, à laquelle il a tant
contribué. Le C.L.I./
5 R.I.C est réorganisé en fonction de sa répartition sur
un théâtre d'opérations qui couvre les trois quarts de
l'Indochine du Siam à la Côte d'Annam et de la frontière
de Chine à la pointe de Camau. Le SASB devient à son tour autonome et reste
à Saigon. Le détachement C devient Régiment de Commandos
du Cambodge. Le Commando Léger N°2 du commandant
Guennebaud, arrivé le 16 décembre de Ceylan après avoir
opéré autour de Saigon est affecté comme nous aux Forces
du Laos commandées par le Lt Colonel Boucher De Creveceur,
chef jusque là du service action du Détachement Français
des Indes du C.L.I.
CITATION " A L'ORDRE DE L'ARMÉE "
DE LA COMPAGNIE A
"Aéroportée de Birmanie en
Indochine, a débarqué à Saigon le 12 septembre 1945. A
pris une part prépondérante à la libération de cette
ville le 23 septembre, puis à tous les combats qui se
sont déroulés autour de Saigon du 23 septembre au ler
octobre. Jetée dans la bataille pour Mytho, a fait
l'admiration des chefs qui l'ont employée. Faisant
partie d'un groupement chargé de s'enfoncer sur les
arrières de l'adversaire a, du 30 Novembre au 5
Décembre, mené six assauts, capturant Ban Me Thuot par
surprise le 1 décembre 1945, bousculant la garnison
adverse des Trois Frontières le 2 décembre, revenant à
Ban Me Thuot le 5 décembre et capturant pour la deuxième
fois cette place d'une importance vitale pour
l'adversaire. Au cours de ces différentes actions a mis
hors de combat des effectifs adverses trois fois
supérieurs aux siens, capturant un stock très important
d'armes et de munitions
Mars 1946 -
Campagne du Laos - Opération Alpha Le 2 mars 1946, 38 véhicules nous
enlèvent. On retrouve les Dodges canadiens. Destination le
Laos. On bivouaque à Snoul, Kratié et au bac de Stung
Treng avant d'arriver à Paksé le 9 mars après 869
kilomètres de mauvaises routes. La Compagnie de base avec
le commandant Gobillot reste sur place. Jusque là pas de
mauvaise rencontre. Place nette a été faite par la
compagnie laotienne du Capitaine Dumonet, en brousse
depuis le 9 Mars 1945, les groupes du commandant Legrand
où on retrouve Ayrolles avec une nouvelle équipe notamment
l'Aspirant Angevin vieux camarade du Détachement de
Destruction à Djijelli, qui sera tué quelques temps plus
tard. Le 8 mars on
rejoint 250 kilomètres au Nord le PC du Lt Colonel de
Crevecoeur au terrain d'aviation de Séno, sur la RC 9 qui
relie Savannakhet à Dongha en Annam. On va cantonner à
Donghène, réoccupé depuis peu. Nous sommes au Nord du 16e
parallèle, zone d'occupation chinoise, sur laquelle
l'armée céleste s'est abattue comme une nuée de
sauterelles. La situation est très difficile. Avec la
bénédiction des Américains, les Chinois font obstacle à
notre réimplantation et favorise d'importants groupes
viets et laoissalas. Sur la rive droite du Mékong, les
Siamois qui ont annexé les provinces du Bassac et du
Lansang, nous sont naturellement hostiles. Quand aux
Japonais, d'irréductibles déserteurs ont rejoints les
insurgés, mais les autres peu soucieux de tomber entre les
mains des Chinois, enclins à leur faire payer les
massacres perpétrés en Chine, ont déguerpi au sud, se
rendre aux Britanniques. Nos groupes parachutés, comme
ceux des Lieutenants d'Ayrolles Eymonet ou Guillod, restés
au Nord depuis décembre 1944, ceux du Capitaine Fabre ou
du Commandant Imfeld, qui tous avaient pour mission de
préparer le parachutage du C.L.I., tiennent la jungle dans
des conditions très difficiles. Ils sont en danger d'être
exterminés. La Compagnie B du Capitaine Le Guillou,
parachutée en septembre 1945 est bloquée à Tha Ngon et à
Ban Keun, au Nord de Vientiane par les Chinois. Sur la
RC9, à Donghène, nous avons les Viets en force, 90
kilomètres à l'Est dans Muong Phine et 60 kilomètres à
l'Ouest dans Savannakhet avec une garnison de 300 Chinois
peu disposés à partir. Le 12 Mars le C.L.2 attaque
Savannakhet. Le 13 à
nous de jouer. Objectif : Muong Phine. Notre Commando
(Emeyriat - ex Cie A) démarre à 04 heures. On rejoint à
Phalane les commandos laotiens de Germain et Rouby. Notre
3e section est en tête d'un convoi de 19 camions sur un
Dodge armé d'une mitrailleuse de 12,7. Quarante kilomètres
avant Muong Phine, accrochage au pont du Sesa Mak. La
réplique disperse l'adversaire qui perd trois tués. La
progression reprend très lente, couverte par les commandos
laotiens fouillant méticuleusement le terrain qu'ils
connaissent particulièrement. A quatre kilomètres de
l'objectif, nouvel accrochage. Pied à terre. Le camion
suit, mitrailleuse paré. Les commandos laotiens débordent
par la gauche. Nous sommes dans l'axe, à cheval sur la
route, la Section Martin à droite. Quelques mètres devant.
moi, les Sergents Grebinsky et Bousquet progressent
prudemment dans les hautes herbes du fossé en éclaireurs.
Des premières paillotes un individu coiffé d'un casque
blanc surgit en gesticulant... Grebinsky prend cela pour
une invite et se découvre, alors qu'au même instant,
j'aperçois les canons de plusieurs armes dépassant des
paillotes au ras du sol. Mon avertissement se perd dans la
fusillade qui éclate à bout portant. Elle nous manque par
miracle, sauf Grebinsky qui prend une balle dans le pied.
Au même instant un tir de mortiers s'écrase quelques
mètres derrière nous. Notre camion est criblé. Les
grenades incendiaires volent et transforment en brasier
les paillotes ou les Viets sont enterrés. Nous fonçons
dans les flammes. Un groupe d'individus de grande taille,
coiffés de casquettes traverse brusquement la route. Deux
d'entre eux portent des sacoches. On pense à des éléments
des commandos laotiens dont les tenues sont hétéroclites.
On les appelle. Ils détalent et on réalise que ce sont des
Lao-Issalas. Sans doute un échelon de commandement. Le
Bren de Freitag, le VB de Kuntz et le mortier de Grux
battent la jungle ou ils ont plongé. On rejoint l'assaut
mené par Icard dans les flammes et la fumée, quand on le
voit s'étaler sur le dos. Il se relève étourdi. Son casque
lourd s'orne d'un impact énorme. Il s'ébroue, dit
simplement :"C'est du sport", et repart en tête. À mes
cotés, Grux pousse un cri et tombe tué net d'une balle au
coeur. Je récupère son mortier et sa Sten chargeant un
prisonnier viet du sac d'obus. On nous tire dessus. Je
réplique dans la fumée et par bonds à travers des
bananiers, accompagné de mon prisonnier terrorisé, je
rejoins le reste de la section. Nous sommes au bout de la
ville où la Section Martin vient d'enlever à la grenade
une mitrailleuse Hotchkiss. Le tireur en uniforme, bandes
molletières et bidon au coté git au milieu des bandes
rigides vides. Il a tiré jusqu'au bout, avec acharnement.
Reiniche est bouleversé par la
mort de Grux. Tous deux originaires du Territoire de
Belfort, s'étaient évadés ensembles de France occupée,
pour s'engager pour la durée de la guerre. Avec le
prisonnier il retourne chercher le corps de son ami et à
leur retour, Icard dira tristement "C'est trop cher payé".
Nous aimions tous Grux, garçon calme et discret. Il avait
à peine 20 ans. On
trouve un emplacement de mortier de 81 mm dans la bonzerie
ou la plaque de base a été abandonnée avec un stock
d'obus. Le Commandant Lacroix arrive avec le Lt De Janvry.
La Section Martin déplore trois blessés: Noël, Callandra
et le Sergent-chef Billiet qui mourra, ainsi que deux
chauffeurs sur les camions et un laotien chez Germain. Les
Viets abandonnent 19 tués et 4 prisonniers. Bivouac dans
la seule maison en dur épargnée par l'incendie qui a rasé
le village, ou on se contentera de boudins de riz gluant
récupérés sur les Viets et de l'eau de la mare à buffles,
régime qui déclenchera les jours suivants une épidémie de
dysenterie que le docteur Bourgin soignera sur le tas,
seringue d'émétine en main, dans les fossés de la route.
En attendant, on s'organise défensivement, les Viets étant
décelés à proximité. A
Savannakhet, il faut cinq jours de combats, entrecoupés de
pourparlers avec les Chinois, pour que le Commando Léger
n°2 puisse occuper la ville au prix de quatre tués dont
deux décapités dont les têtes sont promenées en ville et
neuf blessés. Le 17
Mars, nous assistons au passage d'une vingtaine de nos
camions chargés de la garnison chinoise en route vers
l'Annam avec son butin : Tout ce qui a pu être démonté :
portes, fenêtres, tuiles, carreaux, sanitaires, plomberie
etc... laissant Savannakhet ravagée. Le 21 Mars le C.L.2 prend Thakhek
défendu par 1500 rebelles dont 600 volontaires de la mort
commandés par Souphanouvong. Le combat est très dur. Le
commando Léger N°2 perd 9 tués et 17 blessés. Le
commandant Vaucheret qui conduit l'opération est tué.
Le 22 mars les autres commandos
du C.LI. - Gros, Bentresque et D'Otton Loyewski - nous
rejoignent à Muong Phine accompagnés des Commandos Germain
et Rouby, de quatre scouts cars du 5e Cuir, d'une batterie
d'Artillerie et d'un élément du Génie. Objectif : Tchepone
à 35 kilomètres où la RC 9 franchit la Se Bang Hien. On y
situe 1300 Viets bien armés. Démarrage à 22 heures 30 en deux échelons.
Première coupure, un pont détruit à 10 kilomètres. On
répare. Dix kilomètres plus loin nouveau pont détruit, où
une résistance se révèle. Il faut deux heures pour la
réduire. La surprise semble manquée. A cinq heures du
matin on abandonne les véhicules devant un grand pont
métallique effondré, pour passer à pied au fond de la
coupure. Alors que le jour commence à poindre à travers un
épais brouillard dans lequel nous progressons plus ou
moins à tâtons, avec les Commandos Gros et Bentresque,
parmi la forêt clairière à gauche de la route en direction
de la Se Bang Hien. Le Commando d'Otton s'engage sur la
droite. La rivière large de 120 mètres apparaît quand un
tir de mortiers s'abat sur nous, venant de l'autre rive où
se situent nettement les départs. Le brouillard se lève et
les snipers viets en profitent. L'un d'eux blesse
mortellement le S/lieutenant Reyss. Le Commando Germain
perd aussi successivement un tué et trois blessés, tandis
que s'installent les armes lourdes en base de feux. Vers 8
heures 30, quatre Spitfires straffent les positions
rebelles. Nous bénéficions largement de cet arrosage
débordant, dont on s'abrite avec peine, tout en attendant
avec un brin d'inquiétude le déclenchement du tir d'appui
des artilleurs, devant accompagner l'assaut amphibie. Rien
ne venant, ce sont les armes lourdes qui ouvrent le feu
tandis que les Commandos Gros et Bentresque traversent
dans les radeaux pneumatiques, à l'abri d'un écran
fumigène et à force de rames, en rentrant la tête sous le
feu adverse et en colmatant les voies d'eau créés par les
projectiles. L'assaut se heurte à une vive résistance
installée sous les bananiers qui bordent la rive.
L'Adjudant Duquesne, les Sergents Roure et Bellanger sont
tués; le Capitaine Gros et le S/lieutenant Pont sont
blessés. Nous traversons à notre tour. On nettoie la tête
de pont et le village de Bou Kha Tong où il faut réduire
un fortin avec une mitrailleuse. Le radio Bessac est
blessé. Les Viets laissent 25 morts sur le terrain. Nous
sommes à trois kilomètres de Tchepone. Les Commandos
Germain et d'Otton vont se mettre en bouchon à la sortie
de la ville en débordant l'objectif. Nous attaquons avec
les Commandos Bentresque et Rouby. Les Spitfires
interviennent de nouveau et les combats se poursuivent
jusqu'à la nuit dans la ville en ruines. L'Adjudant
Guiglia est blessé ainsi que deux laotiens chez Rouby. On
dénombre 25 cadavres viets. On bivouaque dans les décombres calcinés. Le
ravitaillement étant bloqué à la coupure, une chèvre
errante est bien venue. Van Den Bush lui fait un sort
apprécié. Deux scouts cars et deux camions réussissent à
traverser avant que sombre la portière laborieusement
construite par le Génie. Ces véhicules permettent
heureusement de pousser un élément au pont de Barl Na Lea
afin d'empêcher sa destruction, mais il en existe 28
autres jusqu'au col de Lao Bao. Il faut prendre les Viets
de vitesse et réduire plusieurs résistances. On trouve des
camions viets incendiés par l'aviation et aussi sept
Laotiens décapités. Nous entrons dans Lao Bao abandonné.
Notre section s'installe sur le versant Ouest du col,
barrant l'accès du pont sur la route de Dongha. On piège
les abords et posons une barrière. Le 28 Mars, un Annamite coiffé d'un casque
colonial blanc arrive dans les lacets du col, monté sur un
petit cheval. Il agite divers petits drapeaux français,
chinois et viets. C'est un émissaire. Van den Busch lui
bande les yeux et on le conduit, toujours à cheval au
Commandant Lacroix. C'est fini la route de Hué est libre.
Nouvel épisode : les Chinois qui occupent le Nord Annam
veulent nous désarmer. "Pas question" répond De
Crevecoeur. Après de nouvelles tractations nous démarrons
enfin. Le 29 Mars nous
entrons dans Hué accueillis par les acclamations de la
population française prisonnière depuis plus d'un an des
Japonais puis des Viets. Nous y resterons jusqu'au 16
Avril dans un régime de paix armée entre les Viets et les
Chinois jusqu'à ce que nous soyons relevés par le 6e RIC
qui arrive de Tourane. Nous retournons alors au Laos où il
faut veiller à tout retour offensif des Viets et rassurer
les populations. Le
ler Juillet 1946 le C.L.I./5e R.I.C est dissout. C'est
l'époque du Modus Vivendi avec le Viet Minh. Une page est
tournée. Depuis
septembre 1945, notre commando, la Compagnie A, a perdu 21
tués et 35 blessés. En attendant son rapatriement, elle
encadre le 1er Bataillon de Chasseurs Laotiens à Thakhek.
Dans tout le Laos, les commandos du C.L.I. se muent en
instructeurs de la jeune armée laotienne qui doit purger
son pays des Viets infiltrés et des Chinois incrustés.
Arrive le moment de quitter
l'Indochine. Pour beaucoup le départ ne sera que
provisoire. Après un séjour en France, ils reviendront
sous le béret rouge des parachutistes coloniaux dont le
C.L.I. aura été l'initiateur. Plusieurs y laisseront la
vie que les survivants n'oublieront pas. Certains
retournés à la vie civile, quittée quatre ans auparavant,
vont rester attachés à cette malheureuse terre d'Indochine
pendant de longues années, essayant constamment de
reconstruire un pays ravagé au prix de tous les risques,
gardant l'esprit et la foi des Commandos du C.L.I..
CITATION À L'ORDRE DE L'ARMÉE
DU C.L.I. - 5e R.I.C.
"Premier régiment qui ait
débarqué en Cochinchine en septembre 1945. Immédiatement
engagé et toujours sur la brèche depuis cette date,
s'est constamment fait remarquer par sa belle tenue, sa
discipline, son allant et ses hautes qualités
manoeuvrières. Ses commandos ont eu une part
prépondérante dans les opérations de Cochinchine, de
l'Annam, du Cambodge et du Laos; se distinguant en
particulier à Tan An et Govap d 'octobre à décembre
1945; à Ban Me Thuot du 5 décembre 1945 au 25 janvier
1946, à Ninh Hoa le 29 janvier, Savannakhet le 12 mars
1946, Thakhek le 21 mars 1946, Tchépone le 23 mars 1946,
Hué le 29 mars 1946, Vientiane le 23 Avril 1946, Luang
Prabang le 13 mai 1946". "Au cours de ces différents
engagements, a mis hors de combat des formations
rebelles très supérieures en nombre, leur capturant un
très important butin de guerre et portant très haut le
renom et les traditions d'une des plus belles unités
coloniales du C.E.F.E.O.".
D'Argenlieu
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Notes et Documents
Le Gaur K
par le Général Edouard Cortadellas
Le 17 mars 1945, le Groupe
Cortadellas est parachuté à Dien Bien Phu où il établit
immédiatement la première bande d'atterrissage pour D C 3.
Le 23 mars, après une prise de
contact avec les japonais au sud de Tuan Giao (
Détachement Carbonnel), il libère sur ordre exprès
d'Alger, la quarantaine de prisonniers politiques
vietnamiens incarcérés au bagne de Tuan Giao et en forme
une section qui va combattre auprès du Gaur K jusqu'au
passage en Chine. Pendant
les premiers jours d'Avril, il équipe par les parachutages
qu'il organise sur Dien Bien Phu, l'essentiel de la
colonne Alessandri ( Groupement Ouest du fleuve Rouge ) et
récupère un grand convoi d'opium et d'argent métal qui
assurera l'aisance de la trésorerie de la colonne jusque
en Chine compris. Le
11 Avril au combat de Houei Houn contre les japonais, il
assure en arrière garde le passage de la Nam Houa par le
3/5¯ étranger, les reste du bataillon du 5¯ territoire, la
Garde Indochinoise et un détachement d'aviateurs. Il mène le 15, le combat de Muong
Khoua, le 21 celui de Boun Tai et combat encore les
japonais en arrière garde le 22 à Muong Yo, le 23 Avril à
Bou Neua et passe en Chine le 28 avril.
Genèse du C.L.I.
Dans son livre, Le Corps Léger
d'Intervention et l'Indochine, le Général Huard révèle
qu'il avait conçu ce corps de commandos destinés à la
guérilla sur les arrières japonais à Miranda en Espagne où
il fut un temps interné, pendant l'hiver 1942-1943, avec
le Commandant Gilles, futur général des troupes
aéroportées. Sa connaissance de l'Indochine, où il avait
séjourné à deux reprises comme officier d'Infanterie
Coloniale, lui permit d'élaborer un projet, lequel, pris
en considération par le Général de Gaulle amena la
création du C.L.I. Le
modèle sera celui des Commandos de Birmanie du Brigadier
Général Wingate, pour de petits commandos autonomes
destinés à l'infiltration profonde en Indochine pour des
actions liées, le moment venu, à l'évolution prévisible
des événements . Il paraissait évident que les Japonais ne
laisseraient plus longtemps la souveraineté française
s'exercer sur ce territoire du moment où celle-ci
relèverait du Général de Gaulle, qui, depuis Londres, leur
avait déclaré la guerre en 1941, sentiment renforcé par la
contre offensive alliée se développant à travers le
Pacifique et la Birmanie et menaçant leurs arrières. (En
fait cette action fut décidée par Tokyo dès l'installation
à Paris du Gouvernement Provisoire en Août 1944) .
A cette date le C.L.I. était
prêt à entrer en action dans la mesure où les Alliés et
notamment les Américains qui détenaient les moyens
logistiques le permettraient. Pour préparer cette
intervention, le Lieutenant Colonel Huard effectuera
plusieurs missions à Ceylan, aux Indes, en Chine et
clandestinement en Indochine . Mis à la disposition du service Action du
Commandant de Crèvecoeur, les premiers éléments du C.L.I.
seront parachutés en Indochine dès la fin de 1944 pour
préparer, dans le cadre de l'Opération Donjon, l'arrivée
par la même voie du reste du corps et le recueil éventuel
des troupes françaises ayant échappées aux Japonais. Ces
dispositions seront contrariées par les réticences et
parfois l'hostilité américaines, qui empêchèrent que le
C.L.I. soit totalement mis en place avant le coup de force
du 9 Mars 1945 . On peut penser que ce dernier se serait
sans doute déroulé différemment si les commandos du
C.L.I., préparés à cet effet, avaient pu intervenir.
Djidjelli
Composé à l'origine de 500
volontaires sélectionnés, très motivés, en majorité des
cadres, venus de toutes les armes, dont des réservistes et
appelés en grand nombre, le C.L.I. est encadré par des
officiers ayant généralement servis en Indochine, comme le
Chef de Corps le Lieutenant Colonel Huard et son chef
d'État Major le Capitaine Lacroix, le Capitaine Ayrolles
chef du 1er Commando ou les Commandants Quère du Génie,
Hubert chef de l'Ecole de Tir, d'Uston de Villeraglan
commandant le camp de Cavallo et Boucher de Crèvecoeur qui
commandera le Détachement des Indes, ainsi que le Médecin
Commandant Nouaille Degorce, chef du service de santé .
L'effectif est
réparti :
A la citadelle de Djidjelli. Où
se trouvent l'État major dirigé par le Capitaine Lacroix.
La Cie de Commandement du Capitaine Héroult, Le service
auto du S/Lieutenant Tardy assisté du chef de garage Otte
et des Adjudants Dochtermann et Alric. Le Service Médical
du Commandant Nouaille Degorce assisté des Médecins
Capitaine Lotte, Lieutenant Dumez, Dilhac et Mérilhou.
A Pointe
Noire En bord de
mer, dans l'anse des Beni-Caïd, à 5 km de Djidjelli, où se
trouve la Section de Génie de destruction et de stage à la
mer commandée par le Lieutenant Piette, assisté de
l'Adjudant Chef Martin, de l'Adjudant Daniel, des Sergents
Chefs Laplanche et Chanaud, officier et s/officiers du
Génie. On y trouve également le champ de tir de l'École de
Tir du Commandant Hubert assisté de l'Adjudant Pasdeloup
et du Sergent Chef Dalençon. A Cavallo
Ancien Camp de Jeunesse situé à
5 km du village de ce nom en remontant le cours de l'Oued
Kissir en direction du Col de Selma, soit environ 30 km à
l'Ouest de Djidjelli. On y trouve le Groupe de
Détachements N°2 regroupant les Commandos N°2, 4 et 6,
commandés par les Lieutenant Demonet, Barthélémy et
Deguffroy sous la coupe du Commandant d'Uston de
Villeraglan. A
Surcouf. Également ancien Camp de Jeunesse situé aussi à
une trentaine de kms au Sud Est de Djidjelli en direction
du Col de Texéna . Il donne asile au G.D N°1 commandé
successivement par le Capitaine Lacroix, le Lieutenant Le
Guillou et le Capitaine Baillet et comprend les Commandos
N°1 du Capitaine Ayrolles, N°3 du Capitaine Baillet, N°5
du Capitaine Briend et N°7 du Lieutenant Le Guillou au Col
de Texéna. L'Oasis Camp crée près du château d'eau à trois km au
sud de Djidjelli, commandé successivement par le Capitaine
Orsini assisté de l'Adjudant chef Ferracci et ensuite par
le Capitaine Noirtin. Il accueillera les Commandos N°8 du
Lieutenant Martin et N°9 du Lieutenant Lataste formés en
1945 par de nouvelles recrues et rejoints au printemps
1945 par les commandos descendus de Cavallo.
L'entraînement
L'entraînement, très poussé et
éprouvant, donne à chacun une formation complète dans
plusieurs disciplines : Le Tir Élément primordial du combat de Guérilla en
pays couvert, la maîtrise des armes légères doit être
totale : Précision absolue, tir instinctif, économie des
munitions qui sont un fardeau à transporter et dont le
réapprovisionnement est aléatoire. L'élimination de
l'adversaire doit être totale et autant que possible
discrète. Une École de Tir, dirigée par le Commandant
Hubert, assisté de l'Adjudant Pasdeloup et du Sergent Chef
Dalencon comprend : Un stand installé à la Citadelle
équipé de carabines de 5,5 mm, dont la discipline permet
de corriger les défauts de chacun. Un champ de tir,
installé à Pointe Noire, où se déroule l'entraînement par
commando avec des fusils mausers, qui sont affectés et
réglés cas par cas. Pistolets et mitraillettes Sten sont
également à l'ordre du jour Chaque stagiaire tire
plusieurs centaines de cartouches sur des cibles de plus
en plus éloignées et de plus en plus furtives. Il
continuera à en tirer des centaines d'autres dans les
différents exercices de combat qui se déroulent tous à
balles réelles. La consommation de munitions est
illimitée. Les stocks Allemand de Tunisie et ceux des
Britanniques venus de Cyrénaïque y pourvoient. Très
rapidement naissent de véritables tireurs d'élite, dont la
redoutable efficacité va se révéler dans les futurs
combats. Les techniques de combat Elles visent à donner le maximum
d'autonomie à de petits groupes où chacun doit être
capable de prendre la situation en main en toute
circonstance et quelque soit son grade. Les commandos ne
chôment pas. De jour comme de nuit ils "crapahutent" dans
les djebels : Orientation en pays couverts, techniques de
combats au corps à corps : silent killing, karaté,
éliminations silencieuses de sentinelles. Embuscades et
coups de mains rapides suivis d'éclatement et de
regroupement, permettant des actions efficaces offrant peu
de prise à la riposte. Tout se déroule à balles réelles et
il faut souvent négocier avec le terrain un abri précaire.
Les explosifs des pièges sont remplacés par des pots de
poudre noire dont la flamme et la fumée laissent plus d'un
pantois, comme également le franchissement de coupures sur
des ponts de singe, escalades ou autres acrobaties
périlleuses. On apprend à se déplacer aussi
silencieusement que des reptiles ou par des marches
accélérées dites " Dix kilomètres dans l'heure " Cet entraînement se perfectionnera
encore aux Indes dans les écoles spécialisées anglaises,
notamment par des stages de survie en jungle et de
parachutisme. La destruction Cette partie de l'instruction est confiée à
des spécialistes du Génie sous la direction du Commandant
Quère. Les stages visent à former des équipes de
destructions, également expertes en pièges et mines, qui
serviront d'instructeurs une fois revenus dans leurs
commandos respectifs. Ils sont dirigés par l'excellent
Lieutenant Piette, dit" Trompe la Mort" ce qui est tout un
programme, assisté de l'Adjudant Daniel et de sous
officiers très qualifiés comme Chanaud ou Laplanche. Le
camp du génie est installé à Pointe Noire sur un
promontoire qui domine la baie des Beni-Caïd, truffé de
caveaux phéniciens que l'on emplit avec des tonnes
d'explosifs et de mines de toutes nationalités venant
également des champs de batailles de Tunisie et de
Cyrénaïque. Cette profusion permet une large pratique. En
particulier celle des pièges dits Boby traps (pièges à C.)
qui prolifèrent et bien que leurs effets soient atténués,
ils exigent une attention permanente. Elle permet souvent
également d'améliorer l'ordinaire grâce aux pêches
miraculeuses dues à l'explosion des 7 kilos de tolite des
telermines balancées dans les criques voisines où le
Sergent Chef Lesto plonge récupérer les victimes par dix
mètres de fond. Familiarisation parfois un peu excessive
avec des engins redoutables de toutes origines qui sera à
l'origine d'accidents. Cependant cette instruction dotera
les stagiaires de réflexes et d'une maîtrise dont
l'efficacité serviront beaucoup par la suite dans la
jungle. Entraînement du C.L.I. aux Indes
Le C.L.I. débarque à Ceylan le
28 mai 1945 et est installé dans un camp de l'Armée
Anglaise à Kurunegala à 35 miles de Colombo et à 15 miles
de Kandy où se trouve le Q.G.. Nous nous trouvons dans une immense
cocoteraie où d'énormes noix se balancent et parfois
chutent de 15 mètres de haut. Les baraques qui nous sont
attribuées sont des paillotes améliorées par des assises
cimentées. Nous dépendons des Anglais qui ont commencé par
interdire notre insigne C.L.I. qui prêtait confusion avec
celui du Ceylan Light Infentery. Nous relevons du South
East Asia Command commandé par L'Amiral Mounbatten et
recevons une carte d'identité anglaise où notre corps
devient 5e R.I.C. L'intendance anglaise pourvoit aux
cuisines et au blanchissage grâce à un corps
d'auxiliaires. Le vin a disparu faisant place au thé, ce
qui ne manque pas de surprendre des gens abreuvés au rosé
d'Algérie depuis 18 mois. Mais on s'y fait très vite comme
à la cuisine. Il est vrai que rien ne manque pour nous
ouvrir l'appétit, car l'entraînement a repris de plus
belle, malgré le climat équatorial qui règne ici. On perfectionne et on adapte nos
connaissances. Les Anglais ont mis au point des stages
remarquables dans toutes les disciplines. En dehors de
ceux du camp de Kurunegala (KRN 327), du camp 424 (stage
fluvial) nous sommes pris en main par FORCE 136 dépendant
des services secrets britanniques ( M. E. W) à Minerya (
M.E.25) et Poona, le plus célèbre. Situé à quelques miles
à l'ouest de cette ville et à une centaine de Bombay, le
camp est établi autour d'un lac. Les stages comprennent un
très dur entraînement physique complété par une
instruction soutenue de sabotages, pièges, survie en
jungle, coups de mains, tir, orientation, procédés
d'élimination (silent kiling), développement de l'esprit
d'équipe où doit jouer une solidarité sans faille. La
nécessité d'y faire passer un maximum d'effectifs les
rendront de plus en plus courts et réservés aux derniers
venus au Corps, les anciens du C.L.I. ayant reçu à
Djidjelli des bases très solides L'entraînement
parachutiste qui complète ces stages se fait à Jessore
près de Calcutta et à Chakalla près de Rawalpindi au
Cachemire. Tout le Corps n'aura pas la latitude d'y
passer, les événements se précipitant, le C.L.I./5e R.I.C.
étant la seule unité dont pouvait disposer le Général
Leclerc en Août 1945. L'entraînement
aux Indes apportera une accoutumance en milieu tropical
aux renforts venus de Métropole, les autres étant pour la
plupart de vieux coloniaux. Il fera cruellement défaut à
ceux arrivant directement de Métropole en Indochine par la
suite . Très efficacement utilisé par les unités du C.L.I.
confrontées paradoxalement à la guérilla menée par les
Viets et les Japonais dissidents, forme d'action à
laquelle le Corps était primitivement destiné, lui
permettant ainsi de la contrer brillamment en Cochinchine,
au Cambodge, en Annam et au Laos, malgré une pénurie de
moyens et un effectif restreint qui s'amenuisera au fil
des années 1945 et 1946. La Compagnie A Formée le 25 août 1945 en unité
autonome par prélèvement sur les autres commandos du
C.L.I./5e R.I.C., intégrée à la 20e Division Indoue en
Birmanie, aéroportée le 12 septembre 1945 à Saïgon qu'elle
libère et tient pendant trois semaines avec des éléments
du 11e R.I.C., elle est engagée ensuite autour de Mytho.
En raison des pertes subies pendant six semaines
mouvementées, elle reçoit en renfort des éléments du 11e
R.I.C. Après la prise
de Ban Me Thuot, qu'elle tient seule pendant plus de
quinze jours, de nouvelles pertes la conduisent à
récupérer d'anciens tirailleurs rhadés. Avec l'arrivée du
C.L.I. venu à la rescousse, cet effectif permet de
détacher de la Cie A un nouveau commando sous commandement
du Capitaine d'Otton Loyewski . La Cie A restée autonome
participe aux opérations du groupement Lacroix notamment à
la prise de Ninh Hoa, jusqu'au retour à Saïgon en Février.
Elle intègre alors le C.L.I. et devient Commando Emeyriat
du nom de son nouveau capitaine, ancien chef du 1er
Commando du C.L.I., où le Capitaine Mugnier lui succède.
Le Capitaine Lataste sera tué quelques semaines plus tard
à Pleiku. Sous cette nouvelle appellation elle participe
alors à toutes les opérations du C.L.I. au Laos, notamment
le dégagement de la RC9 avec la prise de vive force de
Muong Phine et de Tchépone jusqu'à la libération de Hue .
Elle revient ensuite dans la région de Donghène d'où le
C.L.I. rayonne pour détruire l'infrastructure viet. Après
le 1er Juillet 1946 elle encadre le 1er B.C.L. à Thakek et
est rapatriée par éléments fin Août. La Cie A avec 21 tués et 30 blessés
soit près de 50% de son effectif combattant, sera l'unité
la plus éprouvée du C.L.I. Elle sera la première de
celles-ci à être citée à l'ordre de l'Armée :
"Aéroportée
de Birmanie en Indochine, a débarqué à Saïgon le 12
septembre 1945. A pris une part prépondérante à la
libération de cette ville le 23 septembre, puis à tous
les combats qui se sont déroulés autour de Saïgon du 23
septembre au 1er octobre. Jetée dans la bataille pour
Mytho a fait l'admiration des chefs qui l'ont employée.
Faisant partie d'un groupement chargé de s'enfoncer sur
les arrières de l'adversaire a, du 30 Novembre au 5
Décembre, mené six assauts, capturant Ban Me Thuot le
1er Décembre 1945, bousculant la garnison adverse et
capturant pour la deuxième fois cette place d'une
importance vitale pour l'adversaire. Au cours de ces
différentes actions, a mis hors de combat des effectifs
adverses trois fois supérieurs aux siens, capturant un
stock très important d'armes et de munitions."
Light
Commando N° 1 Le
C.L.I. avait été conçu pour introduire en Indochine des
équipes spécialisées en opérations de commandos et
fortement structurées en cadres afin de récupérer du
personnel sur place parmi les troupes stationnées en
Indochine. Le C.L.I. a été créé en Août dans le cadre de
la réorganisation du régiment par les Britanniques en
grandes unités . Il comprend sous le commandement du
Commandant Daveau, 6 commandos soit environ 600 hommes,
dont les légionnaires du Capitaine de Cockborne arrivant
de Chine. A son arrivée en Indochine les 3 et 4 octobre,
le LC1 se scinde : Les commandos N°1 (Capitaine Emeyriat),
3 (Capitaine Bentresque) et 6 (Capitaine Gros) forment le
Commando Léger N°1 au ordre du Commandant Lacroix. Les
Commandos N°2 (Capitaine Briend), 4 (Capitaine Perrot) et
5 (Lieutenant Laroche) forment le Détachement C aux ordres
du Commandant Daveau. Le
C.L.I. combat successivement en Cochinchine, sur les
Plateaux Moïs où, venu à la rescousse après la prise de
Ban Me Thuot par la Cie A, il tient le secteur malgré une
forte opposition viet et japonaise, avant de libérer le
Sud Annam. En Mars, rattaché aux Forces du Laos, il combat
au Moyen Laos et en Annam. Il a libéré Tanan, Ninh Hoa,
Nhatrang, Muong Phine, Tchépone, Lao Bao et Hué parmi
d'autres. Avec 20 tués
et 42 blessés le C.L.I. aura un pourcentage de perte
voisin de 34% de son effectif, un des plus élevé du Corps.
Les pertes du détachement C n'ont pas été déterminée avec
exactitude . elles sont voisines de 10% de son effectif.
Ces unités issues du Light Commando n°1 du C.L.I.
contribueront très largement à l'attribution de la
citation à l'ordre de l'Armée dont bénéficiera tout le
Corps. Le Commando Léger n°2 Dans le cadre de la réorganisation
imposée par le South East Asia Command début Août, le
Light Commando N°2 est la 3ème grosse unité du C.L.I/5e
R.I.C., (après le L.C1 et le SASB) formé en octobre 1945 à
Ceylan avec des renforts venus de Métropole, généralement
issus des F.F.I. et encadré par des anciens du corps
restés aux Indes après le départ des premières unités
engagées en Indochine. Il
sera commandé par le Commandant Guennebaud, officier des
troupes coloniales que les stagiaires de l'Eastern Warfare
School de Poona ont bien connu. Il aura un effectif de 600
réparti en 5 commandos. N°1 du Lieutenant Missoffe puis du Lieutenant
Chenel N°2 du Lieutenant Rodriguez puis du Capitaine
Demiaute N°3 du Lieutenant Seurat N°4 du S/Lieutenant de
Cassagnac puis du Capitaine Deschaintres N°5 du Lieutenant
Weichsel puis du Capitaine Noirtin et une Cie de
Commandement avec le Capitaine Mialhe Débarqué à Saïgon le 19 Décembre
1945, ses opérations le conduisent jusqu'à la frontière
chinoise au Nord Laos. Après la dissolution du régiment en
Juillet 1946 ses commandos se transforment en bataillons
de chasseurs laotiens dans le cadre des Forces du Laos
dont le Commandant Gennebaud commande alors le Groupe II
englobant tout le Nord Laos. Ils ne seront généralement
rapatriés qu'en 1947 ou 1948 comme plusieurs anciens des
autres commandos de la Cie B, du C.L.1. et du SASB qui se
retrouvèrent également dans les unités des Forces du Laos
qui sont alors en fait, un prolongement du C.L.I. comme le
sera le 5e BCCP formé en France et devenu par la suite 2e
BCCP. SASB Le Special Air Service Bataillon a été créé
dans le cadre de la réorganisation du C.L.I./5e R.I.C. par
le South East Asia Command, le 4 Août 1945. Il sera formé
effectivement entre les 20 et 27 septembre 1945 au retour
des 200 coloniaux du C.L.I. alors en stage parachutiste
aux Indes et par 71 fusiliers marins de l'Aéronavale
arrivés de France en Août et affectés au C.L.I./5e R.I.C.
le 1er septembre, rejoints en Cochinchine le 20 novembre
par 22 autres marins et en Janvier 1946 par des coloniaux
rapatriés de Chine. Son effectif total atteindra 350
hommes soit environ 20% du Corps, dont 1 Fusilier Marin
pour 3 coloniaux. Le Lieutenant Colonel Huard, commandant
le C. L. I./5e R.I.C. en confiera le commandement au
Capitaine de Corvette Ponchardier Débarqué à Saïgon les 3
et 4 octobre avec le Commando Léger N°1 le S. A. S. B. a
mené principalement ses opérations dans la banlieue de
Saïgon (Phumy) et le SW de la Cochinchine . Suite à une décision du 18 février
1946, les unités du C.L.I./5e R.I.C., sont rattachées à
des pôles opérationnels plus en rapport avec la dispersion
du régiment qui opère de la frontière de Chine à la Pointe
de Camau et des ruines d'Angkor à la Côte d'Annam.
Le SASB devient Autonome le 4
mars 1946, ainsi que le Détachement C devenant Commandos
du Cambodge, les autres unités passant aux forces du Laos.
Il cantonnera alors dans la région de Govap, près de
Saïgon, d'où il rayonnera jusqu'à sa mise au repos à Dalat
en Juin et son rapatriement en Août . Avec 25 tués et 49 blessés le
bataillon SAS du C.L.I. aura un pourcentage de pertes
d'environ 21% de son effectif rejoignant le pourcentage
moyen des pertes du Corps. Il sera cité à l'ordre de
l'Armée le 30 Avril 1946 comme Bataillon Parachutiste du
5e R.I.C. et se verra attribuer une seconde citation comme
bataillon autonome, ainsi que l'attribution de la
fourragère en octobre 1947 Le Yin Tang
Les deux volutes - rouge pour le
Yin et blanche pour le Yang - délimitées par la spirale
passant par le centre, dessinent les deux aspects
alternants et complémentaires qui constituent l'ensemble,
le Total, l'Un dont l'harmonie, la cohérence et la
perfection s'expriment dans la réalisation de la
circonférence autour de laquelle toutes les apparences,
les contradictions, les divisions, les distinctions,
oppositions ou individualités se situent. Le Yang et le
Yin ne s'annulent pas. Ils coexistent en toute chose, l'un
impliquant l'autre et réciproquement, et les deux se
créant mutuellement par rétraction ou par dilatation. La
présence d'un cercle Yin dans le Yang exprime la
virtualité que contient le Yang de devenir Yin par
contraction. De même le cercle Yang indique la
potentialité permanente qu'a le Yin de devenir Yang par
expansion. les deux - rétraction ou expansion - ont pour
effet et conséquence de retourner au cercle qui préfigure
le perfectionnement et l'harmonie intérieure. La spirale
traduit le mouvement, le flot de la vie dont les
manifestations ne sont pas purement et simplement sombres
ou lumineuses, positives ou négatives, bonnes ou
mauvaises, mais composites et changeantes. L'action de ce
principe binaire règle le cours des phénomènes naturels et
des relations humaines; il crée la variété des choses et
des comportements. Le Corps Léger d'Intervention - 5e
R.I.C
Chef de Corps
: Lieutenant Colonel Paul Huard
Chef d'État Major : Capitaine Albert
Lacroix
-:-
Détachements - N°1 : Capitaine Ayrolles - Lieutenant
Maréchal Surcouf - N°2 : Lieutenant Demonet Cavallo - N°3 :
Capitaine Baillet Surcouf - N°4 : Lieutenant Bonnet -
Lieutenant Bartélémy Cavallo - N°5 : Lieutenant Briend
Surcouf - N°6 : Lieutenant Degufroy - Lieutenant Gros
Cavallo - N°7 : Lieutenant Le Guillou Texéna - N°8 :
Lieutenant Martin L'Oasis - N°9 : Lieutenant Lataste Les 9 détachements sont répartis en
trois groupes:
**
*
Créé en 1943, le C.L.I. devient 5e R.I.C.
le 1er Mai l945, après en avoir reçu le drapeau, le 4
novembre 1944…
Il change de
nom sur demande des Anglais afin d'éviter la confusion
avec le Ceylan Light Infantry
A Ceylan, début septembre, il
reçoit en renfort :
Un
détachement de 7l Fusiliers Marins de l'Aéronavale du
Capitaine de Corvette Ponchardier Un détachement de
Légion Étrangère du Commandant de Cockborne venant de
Chine. Des renforts attendus de Métropole formeront le
Light Commando N°2 (C.L2) sous le commandement du
Commandant Guennebaud Un second détachement de 21
fusiliers marins en stage en France rejoindra en
Novembre Un détachement de Coloniaux venant également de
Chine avec le Capitaine Trinquier, rejoindra en Janvier
1946.
Les effectifs ont ainsi atteint,
200 Officiers, 500 Sous Officiers, 1000 hommes du rang et
33 administrateurs de la F.O.M. Ils ont donné naissance
aux commandos suivants : Aux Gaurs : groupes parachutés en
Indochine en l944 et l945 par la Force l36 :A la Cie A : (Lieutenant Colonel
Rivier) Aéroportée le 12 septembre 1945, de Birmanie à
Saïgon qu'elle libérera le 23 septembre. Effectif : 121
Commandant : Capitaine Noirtin, puis Capitaine Lataste,
Capitaine Emeyriat. A la Cie B: Parachutée le 23 septembre
en face Vientiane, au Siam. Commandant : Capitaine Le
Guillou. Effectif: 6O Au Light Commando N°1 ou C. T. 1:
débarqué à Saïgon les 3 et 4 octobre l945. - 6 commandos -
effectif : 600, scindé en : Détachement C aéroporté au
Cambodge. Effectif 300 - Commandant Daveau : 3 commandos:Commando
Léger N°1 -Effectif 300, Commandant Lacroix - 3 commandos:
N°l Capitaine Emeyriat- puis
Capitaine Mugnier N°3 Capitaine Bentresque N°6 Capitaine
Gros
Au SASB: Débarqué les 3 et 4 octobre à Saïgon effectif 35O
Commandant Ponchardier - 3 puis 4 commandos :
B1- LV George. B2 -Capitaine
Lataste, Capitaine Rouanet B3- Capitaine Orsini B4
-Capitaine Trinquier (en Janvier 1946)
A la Cie de Base : Effectif 200 - Capitaine Heudeline,
débarquée à Saïgon les 3 & 4 octobre Au Light Commando
N°2 : Débarqué à Saïgon le l6 décembre 1945 - Commandant
Guennebaud Effectif 600 - 5 Commandos
N°1- Lieutenant Missoffe
puis Lieutenant Chenel N°2 - Lieutenant Rodriguez puis
Capitaine Demiautte N°3 - Lieutenant Seurat N°4 -
S/Lieutenant de Cassagnac puis Capitaine Deschaintres N°5
- Lieutenant Weichsel puis Capitaine Noirtin
Cie de Commandement : Capitaine Mialhe
Le C.L.I./5e R.I.C. a libéré
Saïgon et une grande partie de la Cochinchine, Ban Me
Thuot, Ninh Hoa et Nhatrang au Sud Annam, Phnom Penh et
une grande partie du Cambodge dont Siem Reap, Hué en Annam
et le Laos jusqu'à la frontière chinoise avec Savannakhet,
Donghène, Muongphine, Thakhek, Tchépone, Vientiane et
Luang Prabang. Ses pertes répertoriées se sont élevées à
1O3 tués et 2O9 blessés - 42% de son effectif et 40% de
ses cadres pour la Cie A - soit 2O% de l'effectif total.
Ses unités ont reçu 4 citations à l'ordre de l'Armée, le
bataillon SAS la fourragère aux couleurs de la Croix de
Guerre, le drapeau l'inscription "Indochine 1945-1946". le
Roi du Laos a attribué au régiment l'Ordre du Million
d'Éléphants et du Parasol Blanc, ainsi que la médaille de
bronze du Règne.
Le C.L.I./5e R.I.C. a été dissout le ler juillet l946, pour
former l'ossature de 3 bataillons de chasseurs Laotiens et
de 2 bataillons de Parachutistes Coloniaux, ceux-ci mis sur
pied en France.
Chronologie des opérations
Décembre 1944 : Le 27, le Groupe Ayrolles
saute sur le Tranninh (Laos), s'installe dans la région de
Khan Khai où il prépare son action. Mars 1945 : - 10 Mars - embuscade
contre un détachement japonais au km 320 de la RC 7. - 12
Mars - destruction des ponts de la Nam Tien et de la Nam
Mat - 22 Mars - destruction du dépôt d'essence km 332. -
24 Mars - Attaque et destruction d'un convoi japonais au
km 340. - 26 Mars - attaque du pont de Ban-Ban. - 17 Mars
- le Groupe Cortadellas est parachuté à Dien Bien Phu. -
22 Mars - le Groupe Dampierre est parachuté à Dien Bien
Phu également et se dirige sur Sonla. Avril 1945 : Le groupe Cortadellas
prend en charge le 3/5e Étranger, les restes du 4/4e
Tonkinois et de la Garde Indochinoise du 5e Territoire, un
élément d'aviateurs et les prisonniers de Tam Giao Le 11 Avril, à l'arrière garde, il
conduit le combat contre les Japonais à Houei Houn, le 15
à Muong Khoua, le 21 à Boun Tai, le 22 devant Muong Yo, le
23 à Boun Neua et passe en Chine le 28. Le 21 le groupe Dampierre est en
partie détruit à Van Yen; les survivants disparaîtront le
15 mai à proximité de la frontière chinoise. Août 1945 : Le 23 Août la Compagnie A
est formée. Elle embarque sur le Porte Avion "Sea Archer"
à Trincomalée le 28 Août et débarque à Rangoon le 29.
Septembre 45
: Le 11
septembre la Cie A est aéroportée, via Bangkok à Saïgon où
elle arrive le 12. Le 23 septembre, elle libère Saïgon
avec des éléments du 11e R.I.C. qu'elle a réarmé.
Occupation des bâtiments publics. Intervention à Phumy
pour dégager le 11e R.I.C. Le 24, interventions à Kanhhoi
et Dakao interventions en ville pour repousser des bandes
armées. Le 25, intervention à la cité Hérault. Le 26,
Dégagement du pont Mac Mahon et du pont de Dakao. Le 27,
protection du Gouvernement Général, intervention en ville
pour repousser des bandes armées et dans la nuit au Pont
de Dakao violemment attaqué. Les 28 et 30, nouvelles
interventions aux ponts et en ville. Les 23, 28 et 30
septembre, la Compagnie B est parachutée au Siam d'où elle
passe à Vientiane, au Laos. Octobre 1945 : Le 1er octobre, la
Compagnie B, qui ne peut se maintenir à Vientiane en
raison de l'hostilité de l'Armée Chinoise, va s'installer
à Tan Ngon. Le 3, trêve à Saïgon où débarquent le Light
Commando N°1 et le S.A.S.B. Le 9, trois commandos partent
au Cambodge où ils deviennent Détachement C, lequel
restaure la présence française et remet le roi sur son
trône. Reconnaissance armée sur Godauha poussée jusqu'à
Tran Bang en Cochinchine qui détruit plusieurs barrages et
tombe dans une embuscade tendue par des Japonais
dissidents. Du 12 au 20, dégagement de Phumy par le
S.A.S.B. et le 11e R.I.C.. La Compagnie A est en réserve.
En Cochinchine, le 24 octobre le S.A.S.B. enlève Mytho par
surprise des Viets, tandis que la Cie A ouvre la route
Saïgon Mytho aux éléments de la DB et arrive à Mytho le 26
après plusieurs accrochages. Le C.L.I. occupe Tanan, Go
Den et Ben Luc Le 29, le S.A.S.B. prend Vinh Long Le 30,
il s'empare de Cantho. Novembre 1945 : La Cie A effectue
jusqu'au 23 novembre: - des opérations de nettoyage autour
de Mytho, - le dégagement de Gocong où les fusiliers
marins du Richelieu sont en difficulté, - plusieurs
opérations en jonques armées sur le Mékong, - trois
opérations combinées avec la DB ou le C.L.I. dont le
dégagement de Ben Tranh, - relevée par le 23e R.I.C., elle
rentre à Saïgon le 23, d'où elle repart, le 27 pour Loch
Ninh, - le 28 elle occupe camp Le Rolland, - le 29 et le
3O, elle force le passage à Trois Frontières où le poste
est détruit. Le C.L.I.
opère dans la région de Tanan: - le 4, il prend Can Gioc
et nettoie la région, - le 14, il prend Choden, - le 19,
il repousse une violente attaque sur Tanan, - jusqu'au 3O,
nombreuses opérations de reconnaissance et de nettoyage à
Choden, Binh Chan, Can Gioc, Binh Dinh, Can Duoc et Goden.
Le 1er Novembre le S.A.S.B.
prend Cai Rang et nettoie le secteur de Nga Tu Le 3, il
enlève un dépôt d'essence et nettoie le sud de Vinh Long.
Le 5, embuscade à Nga Tu. Le 6, prise du pont d'An-Hiep et
capture du chef viet de la région. Le 7, retour à Nga Tu
qui doit être enlevé de vive force. Le 11, attaque d'un
commando viet introduit dans Cai Rang soutenu par une
attaque extérieure finalement repoussée. Le 12 prise de
Liem et de Cain Hum. Le 13 prise de Tam Binh et de Traon.
Du 23 au 30, opération combinée avec le 6e R.I.C. pour
dégager la route Vinh Long-Cantho. Prise de Ba-Cang, Loc
Hod et Tan Han. Au Laos, la Cie B occupe le 12 le poste
Ban Na Kha sur la route Vientiane à Luang Prabang, lequel
est violemment attaqué le 13 par les Lao issaras. Les
secours envoyés de Tha Ngon tombent dans une forte
embuscade dans la nuit du 14 au 15. Le 16, occupation de
Ban Keun qui est attaqué dans la nuit du 19 au 2O. Le 30,
la Cie B dresse une embuscade où tombe une bande viet.
Au Cambodge, le Détachement C
continue son action: - à l'Est, sur Gogdauha en liaison
avec la DB venant de Saïgon, participant à plusieurs
engagements sérieux, - au Nord, sur Kompong-Cham, Mimot et
Thaininh dégageant notamment les plantations d'hévéas et
le secteur caodaïste, - sur Takeo, Kampot, Le Bokor, Ream,
l'île de Phuquoc au Sud. Décembre 1945 : Dans le Delta du Mékong.
Le SASB, du 2 au 5 décembre, opère dans la région de Phuoc
Han, Nga Tu. Le 6, il s'empare de Travinh dont il nettoie
le secteur. Le 10, opération dans l'île de Culla Gieng où
sont délivrés 700 otages ramenés à Phnom Penh. Le 15,
prise de Tracu. Le 18 prise de Tanh Xuyen. Le 19 opération
sur Cai Thand, le 24 à Xom Ong Ca. Le 27, le SASB est
relevé par le 6e R.I.C. Au
Sud Annam, La Cie A, le 1er Décembre, enlève Dak Mil par
surprise, force une embuscade dans le défilé de Ea Younde,
empêche la destruction de l'unique pont sur la Sre Pok et
s'empare de Ban Me Thuot, où elle délivre de nombreux
otages, après cinq heures de combat Le 2, rappelée à
Budop, elle tombe dans une embuscade à Trois Frontières.
Le 4, nouvel accrochage au même lieu, où elle doit laisser
une section. Ainsi réduite, le 5 décembre, elle reprend
Ban Me Thuot de vive force après un combat sévère qui dure
jusqu'à la nuit. Elle fait face, d'abord avec ses seuls
moyens aux contre attaques de jour et de nuit de plusieurs
centaines de Viets, lesquelles continueront après
l'arrivée en renfort du C.L.I., le 18 décembre. Le C.L.I., après avoir pris Ky Son
le 2 et Cho Tong Yen et Thu Thua le 4 décembre, était
rentré à Saïgon le 6, d'où il repartit pour Ban Me Thuot
le 17 décembre. Le Commandant Lacroix remplace le
Lieutenant Colonel Rivier regroupant sous son commandement
la Cie A et le C.L.I. Le 19 le convoi de 25 camions qui
retourne à Saïgon avec le Lieutenant- Colonel Rivier,
tombe dans une grosse embuscade au pont de la Srepok, fait
demi-tour après avoir perdu 4 véhicules, 5 tués et 5
blessés. Les commandos n°1 et 3 du C.L.I. l'escortent
alors jusqu'à Trois Frontières. Le 20 grosse attaque des
Viets avec appui d'armes lourdes. Contre attaque de la Cie
A et du Commando 1 (Mugnier) permettant de récupérer le
terrain d'aviation et l'usine électrique. Le 21
reconnaissances et embuscades se succèdent. Tir de
mortiers ennemis. Explosion accidentelle à la Cie A
faisant 6 victimes. Le 23 le commando 3 (Bentresque)
attaque la plantation de Bou Prang dont il s'empare. Le 25
le Commando 6 (Gros) et la Cie A avancent de 12 km sur la
RC 21 vers Buon Ko Tam qui est occupé. Au Laos, La Cie B, le 5 décembre,
fait un raid sur Don Noum qu'elle occupe et incendie après
avoir chassé les Lao-issaras. Le 7, raid sur Ban Ylai
qu'elle incendie après avoir détruit la garnison viet. Le
10 les Viets attaquent Ban Keun en nombre. Ils sont
repoussés après deux heures de combat. Les jours suivants
sont occupés par des reconnaissances, l'une d'elle donna
lieu à un accrochage à Ban Lisanh, le 28 décembre.
Au Cambodge, Le Détachement C
intensifie son action notamment dans le secteur de
Swairieng et la plaine des joncs où il a de nombreux
accrochages, ainsi que dans le Sud dans la région de Kep,
Giang Trach, Giang Thanh et à l'Ouest sur le Tonle Sap
Kompong Chnang, Bac Preas. Battambang est réoccupé le 7
décembre. Le Light
Commando N°2 (CL2), débarqué le 16 décembre à Saïgon,
prend en charge le secteur de Govap et exécute le 27 une
opération de nettoyage à Cho Moy, Tan Quy et Trung Chang
Tay. Janvier 1946 : En Cochinchine, Le 25 janvier le
SASB prend d'assaut Tan-Uyen fortement défendu par des
Japonais, nettoie l'île de la Tortue et enlève à la
baïonnette Tan Phu, où il doit repousser une contre
attaque le 26. Le même jour il prend d'assaut le village
de Tan Tich. Le 3 janvier il occupe Tap Lap où il détruit
une fabrique d'armes. Le Groupement Lacroix du 1er au 3
janvier monte des embuscades. Le 4 ils détruit un groupe
de 5O Viets à Bar Ea Kar et un autre de 6O à Bar Prang. Le
5 le commando n°6 doit donner l'assaut au village de Bar
Ea Hiach fortement tenu. Le 12 janvier occupation du poste
du Lac malgré une embuscade et 11 heures de marche. Le 16 janvier le Commando n°3, la
Cie A et 4 AM se heurtent au pont du km 19 sur la RC 21 à
une très violente résistance animée en partie par des
snipers japonais qui leur cause 8 tués et 15 blessés
Le 26 Janvier démarrage de
l'opération Gaur avec la DB - occupation de M'drak le 28 -
les blindés étant bloqués par les ponts détruits, le
Groupement Lacroix fait 5O km à pied en combattant les
Viets qu'il gagne de vitesse et entre dans Ninh Hoa à 21
heures. En
Cochinchine, Le CL2 procède à des opérations de nettoyage
dans la région de Gia Dinh, Go Vap, Rach Cho Moi, Thu Duc,
Hoc Mon, Lai Thieu permettant de délivrer de nombreux
otages, de récupérer des dépôts d'armes et de munitions.
Au Laos, Le 3 janvier, la Cie B
se rend maître de Tha Deua sur le Mékong en face Nong Kay
au Siam où elle veut évacuer ses blessés. Le 4, à l'aube,
elle est attaqué très sérieusement par des Chinois et des
Issaras utilisant des mortiers lui causant 3 tués et 11
blessés. Le 23 janvier Ban Keun est attaqué pour la 3éme
fois. Les secours envoyés de Tha Ngon subissent des
pertes. Enfin le 31 janvier, Tha Ngon est à son tour
attaquée. Au Cambodge,
Les 15 et 2O janvier le Commando 4 du Détachement C
attaque et prend Hatien dont il nettoie ensuite la région.
Le Commando 5 continue le nettoyage de la région de
Swairieng en bordure de la plaine des joncs. Février 1946
: Au sud Annam, Le 1er
février le Groupement Lacroix engage le Commando 3 avec la
Cie A à Duc-My où est détruit un PC viet et divers
matériels récupérés tandis que le Commando l est
sévèrement accroché à Phu-Gia. Le 2, les commandos après
un nouvel accrochage à M'xoum, font 75 km à pied pour
nettoyer la région de Ninh Hoa. Le 6, le groupement gagne
Nhatrang d'où il va pendant une semaine lancer des
patrouilles. Le 19, il regagne Saïgon. Le 4 février le
SASB nettoie le sud du Nha-Be. Au Cambodge, Le Détachement C effectue des
raids en pirogue sur le Mékong. Le 16, coup de main sur
Thuong Phuoc. Opérations sur Kompong-Trabec, Chipou,
Chamnang Trak, Thong Binh, Soc Noc. Au Laos, La Cie B entreprend entre les 8 et
10 février, le nettoyage de la région traversée par la Nam
Ngum en aval de Tha Ngon, qui est bombardée au mortier par
les Lao viets le 14, et effectue des reconnaissance pour
préparer la prise de Vientiane. Le CL2 fait mouvement sur
Pakse au Laos le 8 Février. Son 4e Commando rejoint Phone
Soung le 25, et tombe dans une embuscade qui lui coûte 1
mort et 14 blessés. Mars 1946 : Le C.L.I. qui intègre désormais la
Cie A est rattaché aux Forces du Laos et fait mouvement
sur le Laos le 2 Mars. Il arrive à Donghène le 9, après
arrêts à Snoul et Pakse. Le 13, la Cie A attaque Muong
Phine qu'elle enlève après un combat acharné dans les
flammes. Le 22 le C.L.1 tout entier attaque Tchépone qu'il
conquiert après un assaut amphibie en canots pneumatiques
d'une rive à l'autre de la Se Bang Hien et une journée de
combats, dans une ville en ruines. Le 27 il occupe le
poste du col de Lao Bao et le 29, entre dans Hue,
accueilli avec enthousiasme par la population française
libérée. Au Laos, Le CL 2
qui a investi Savanaket tombe dans une embuscade le 13, où
il perd 4 tués et 12 blessés. Il occupe la ville le 17
Mars. Le 21, il participe aux combats très durs pour la
prise de Takhek au prix de 9 tués dont le Commandant
Vaucheret qui dirige l'opération et 17 blessés. En Cochinchine le SASB devenu
autonome participe à une opération de ratissage dans la
région de Tan Hung. Au
Cambodge le Détachement C devenu Groupe des commandos du
Cambodge continue ses opérations de dégagement sur Bavet
Poip et Godoha Bathu. Avril 1946 : En Cochinchine, Le SASB continue
des opérations de ratissage dans la région de Govap. Le 3
et le 6, accrochage avec une bande composée en partie de
Japonais à Ap-Lan-Trung. Le 14 dans le secteur de An Loc,
vif engagement avec une bande nombreuse et embuscade à Xom
Moi. Le 17 Avril, l'opération de nettoyage - secteur pont
de Tan Long-Rach Soui - tombe sur un PC de Nguyen Binh, où
l'arrière garde se défend avec acharnement. Des opérations
de police continuent jusqu'à la fin du mois dans le
secteur Govap - Tu Dau Mot. En Annam, Le CL1 est relevé à Hué le 16 et se
réinstalle à Donghène au Laos, où le CL2 chasse les
rebelles de Naphao et de Nape le 12 Avril. La Cie B se met
en place avec le commando Conus. Le 20, à Ban Xai, ils
sont attaqués à la tombée de la nuit. Le 23, avec les
parachutistes de Mollat, ils attaquent Vientiane où ils
entrent le 24, dans une ville entièrement pillée. Le 27,
la Cie B, avec le 4e Commando du CL2, pousse sans tarder
sur Luang Prabang malgré d'interminables palabres avec les
troupes chinoises et des accrochages avec les Lao issaras,
au km 765, au pont de la Nam Lik, à Ban Namoun, à Ban Pha
Tang. Le 29 Muong Kassy est pris et aménagée en base de
départ pour l'attaque de Luang Prabang. Au Cambodge le détachement C exécute
plusieurs opérations en plaine des joncs au Sud de Swai
Rieng au prix de plusieurs engagements sérieux. Mai 1946 : Au Laos, le CL1 effectue
des opérations de reconnaissance : - du 6 au 12 Mai au
Nord de Tchépone par Ban Houei Sane, Ban Pa Doke, Xiemg
Hom, Ban Nathan, - du 7 au 21 Mai, sur la rive droite du
Mékong suite à une incursion venue du Siam, à Pak Hin
Boun, - du 11 au 16 mai, au Nord de Muong Phine, - du 18
au 29 Mai la Cie A et le Commando n°1 montent une
opération à la frontière de l'Annam pour intercepter une
bande de 370 Lao viets. - Le 13 mai Le CL2 et des éléments
de la Cie B entrent dans Luang Prabang où ils rétablissent
l'autorité Royale. - Le 24 mai les éléments restés à
Vientiane franchissent le Mékong et récupèrent armement et
munitions malgré la réaction d'éléments rebelles réfugiés
au Siam Au Cambodge, les
Commandos du Détachement C en liaison avec le Bataillon
cambodgien nettoient la région de Chaudoc En Cochinchine, Le SASB opère avec
la Légion dans les régions de Govap-Hoc Mon, de
Cuchi-Trang Bang, et de Tayninh où il s'installe. De Juin à
Septembre 1946 :
Le SASB rentre à Saïgon le 10 juin et va au repos à Dalat.
Il est rapatrié en France par l' "Ile de France" le 28
Août 1946. Les Commandos du CL1 encadrent les Bataillons
de Chasseurs Laotiens en formation au moyen Laos avant
d'être rapatriés à leur tour, fin Août. Ceux du CL2 et de
la Cie B qui ont poussé jusqu'à la frontière de Chine
mettront beaucoup plus de temps pour être rapatriés en
raison des difficultés de communication et de la reprise
générale des hostilités, certains ne rentrant qu'en 1947
ou 1948. Au Cambodge, le
détachement C connaîtra de nombreux accrochages. En Août, le Commando 2 sera au prise
avec les Issaraks et les Siamois, aux Ruines d'Angkor où
le Capitaine Briend est tué. Le Commando 8 du Lieutenant
Laroche envoyé en renfort tombe dans une embuscade au Nord
de Kompong Thom Ce durcissement de la situation ira en
s'accentuant. Le Régiment de Marche du Cambodge étant
créé, le détachement C est dissout et ses trois commandos
sont affectés aux trois bataillons en tant que Compagnie
de Commandos où de nombreux anciens du C.L.I. continueront
à combattre.
Après
un congé en France beaucoup d'anciens du C.L.I.
reviendront en Indochine notamment sous le béret rouge
des parachutistes coloniaux et participeront à d'autres
épopées. Nombreux sont ceux qui tomberont de nouveau sur
cette terre d'Indochine que les survivants n'oublieront
pas.
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