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L'oeuvre de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers les témoignages oraux   





Adjudant Pierre GUINET
Avec le Corps Léger d'Intervention Aéroporté

GUERRE d'Indochine
1945 - 1946

POSTFACE de Michel EL BAZE

Le Corps Léger d'Intervention (C.L.I.) a été formé en 1944 en Afrique du Nord par le Lieutenant - Colonel Huard et son premier commando intégré à la 20e Division Indoue sous le nom de Cie A. Sous-officier mobilisé en Afrique Noire, Pierre Guinet participera avec ce commando à la libération de Saigon, au déblocage des provinces de l'Ouest autour de Mytho, à la prise de Ban Me Thuot sur les plateaux Moïs. Immobilisé par une blessure pendant que la Cie A participe au dégagement de Ninh Hoa et de Nhatrang au Sud Annam, il rejoindra la Cie A, devenue Commando Émeyriat, au sein du Groupement de Commandos du Commandant Lacroix, ou Commando Léger N°1. Avec ce C.L.I. il participe à la percée de la RC 9 au Laos et à la libération de Hué, avant d'être démobilisé fin 1946, en Indochine, où il mènera pendant 18 ans, l'existence risquée de planteur et d'industriel. Cette épopée vécue par le témoin il y a près de cinquante années sera lue avec émotion par ceux nombreux qui ont gardé le souvenir parfois douloureux de ces événements et interressera le chercheur qui trouvera là, la précision qui lui convient pour l'écriture d'une page de l'Histoire de notre pays en Extrème Orient.
Under-officer mobilized in Black Africa, Pierre Guinet will participate with this commando to the liberation of Saigon, to the liberation of provinces of the West around Mytho, to the plug of Ban Me Thuot on the Moïs trays . Immobilize by an injury while the Cie A participle in the release of Ninh Hoa and Nhatrang in the South Annam, he will rejoin the Cie A, become Commando Émeyriat, in the breast of the Grouping of Commandos of the Commander Lacroix, or Light Commando N°1. With this C.L.I. he participates in the opening of RC 9 in Laos and to the liberation of Hué, before to be free at end 1946, in Indochina, where he will lead during 18 years, the risky planter existence and manufacturer. This epic lived by the witness it there has close to fifty years will be read emotionally by these numerous who having kept the sometimes painful souvenir of these events. The seeker will find there, the precision which invite him for the handwriting a page of the History of our country in Extrème Orient.

Table

12 septembre 1945 - La Cie A vole au secours de Saïgon 9

Dégagement de Saigon du 23 septembre au 2 octobre 1945
Rupture de la Trêve - Dégagement de Phumy le 12 Octobre 1945
Dégagement du sud-ouest Cochinchinois - Opération Moussac
Opération Pebo - Raid sur Ban Me Thuot - 27 Novembre 1945
Opération Gaur - Retour à Saigon
Mars 1946 - Campagne du Laos - Opération Alpha

Notes et Documents
Genèse du C.L.I.
Djidjelli
A Pointe Noire
A Cavallo
L'Oasis
L'entraînement
Le Tir
Les techniques de combat
La destruction
Entraînement du C.L.I. aux Indes
La Compagnie A
Light Commando N° 1
Le Commando Léger n°2
SASB
Le Yin Tang
Le Corps Léger d'Intervention - 5e R.I.C
Chronologie des opérations

La mémoire


Le Lieutenant - Colonel Huard forme en Afrique du Nord, le Corps Léger d'Intervention (C.L.I.), sur le modèle des commandos de Birmanie avec 500 volontaires, cadres en majorité. Beaucoup sont réservistes ou engagés pour la durée de la guerre. L'espoir de combattre à court terme, l'enthousiasme et l'esprit d'équipe exceptionnels permettent un entraînement de qualité, complété aux Indes par des stages de guerre de jungle et de parachutisme dans les écoles spécialisées anglaises. Dès 1944, des détachements du C.L.I., les Gaurs, sont parachutés avec l'aide des Anglais malgré l'obstruction américaine, mais ce n'est que le 12 septembre 1945 que le premier commando du CLI, devenu 5e RIC pour éviter la confusion avec le Ceylan Light Infentery, sera intégré à la 20e Division Indoue sous le nom de Cie A. et aéroporté de Birmanie à Saigon. Le C.L.I. (5e RIC) dissout le ler Juillet 1946, la Cie A, qui aura perdu plus de 40% de son effectif dans l'aventure, encadrera le ler Bataillon de Chasseurs Laotiens à Thakhek. 12 septembre 1945 - La Cie A vole au secours de Saïgon Les Dakotas de la R.A.F. sont secoués par les bourrasques de la mousson. Par les échancrures de nuages menaçants zébrés d'éclairs, décor prémonitoire de la tragédie qui se noue, nous entrevoyons à travers un rideau de pluie, l'univers aquatique des rizières du delta cochinchinois, prises dans un entrelacs de diguettes coupées de bosquets ou se serrent les paillotes. Nous sommes le 12 septembre 1945, en route vers Saigon, venant de Myngaladon en Birmanie, en compagnie de 200 Gurkas. Notre détachement est commandé par le Lt-colonel Rivier, ancien d'Indochine. Nous sommes partis 121 de Ceylan, prélevés sur les commandos du C.L.I., à la nouvelle de la capitulation japonaise: 108 affectés à la Cie A commandée par le Capitaine Noirtin et un petit état-major aux ordres du Capitaine d'Otton Loyewski qui assiste Rivier. Nous ne sommes d'ailleurs plus que 120 car le Sergent Moretteau s'est tué au volant de sa Jeep sur la route de Rangoon, où nous étions arrivés le 29 Août sur le porte-avions "Sea Archer", déjà sous une pluie battante. Intégrés à la 20e Division Indoue du Général Gracey qui nous accueille paternellement, nous percevons les munitions pour les armes lourdes qui complètent notre armement léger. Nous échangeons aussi notre béret vert des commandos contre le chapeau de feutre des Gurkas, le commandement anglais désirant que notre présence soit aussi discrète que possible, pour ne pas heurter les alliés russes, américains ou chinois hostiles au retour de la France en Indochine où la situation nous est révélée. Nous apprenons l'insurrection et la proclamation d'indépendance du 2 septembre par Ho Chi Minh, qui succède d'ailleurs à celle de Bao Dai du 11 mars 1945. Certains Japonais refusent la capitulation et rejoignent les rebelles qu'ils arment et encadrent. Nos compatriotes, déjà forts malmenés par le coup de force japonais du 9 mars, sont en voie d'extermination, ainsi que les petits détachements de commandos Gaurs parachutés au nord du 16e parallèle, que les Américains ont imposé comme ligne de démarcation, réservant la moitié de l'Indochine à l'occupation chinoise. Les Anglais qui ont eu quelques difficultés pour conserver l'autre partie, ne peuvent plus officiellement les aider, tandis que les troupes chinoises, avides de pillage, favorisent la rébellion. Une autre unité de commandos du C.L.I., la Cie B, va être constituée à la hâte et larguée au nord du 16e parallèle, mais au Siam, en face Vientiane, d'où elle passera au Laos pour les épauler. Dans le sud nous avons bien parachuté, dès le 23 Août, quelques éléments français, dont le Gouverneur Cédile, chargés de prendre la situation en main. Ils ont été rapidement réduits à l'impuissance, capturés ou abattus. Aussi personne ne sait ce qui nous attend lorsque nous nous posons à Tan Son Nhut à 10 heures du matin, ce 12 septembre 1945. Cependant les visages s'éclairent. Nous avons tellement espéré ce moment. Le Sous-lieutenant Icard qui commande la troisième section se dresse et donne l'ordre de débarquer. Originaire de Haute Garonne, arrivant d'Afrique Noire où il était passé après l'armistice, calme et méticuleux, il a fait de sa section une équipe. Les avions se rangent sur la piste où nous retrouvons la 1ère Section du Lieutenant Dettre et la 2e du Lieutenant Martin, tandis que le S/lieutenant Desaubliaux débarque les armes lourdes : mitrailleuses wickers et mortiers de 3 pouces. Quelques officiers anglais et quelques rescapés de l'équipe Cédile nous attendent en compagnie d'officiers japonais. Armés, approvisionnés, nous embarquons dans des camions de l'armée nippone pour gagner Saigon par la rue Mac-Mahon. Des banderoles rédigées en anglais proclament l'Indépendance et souhaitent la bienvenue aux Britanniques. Partout une profusion de drapeaux rouges frappés de l'étoile jaune d'où émergent quelques drapeaux alliés. Aucun drapeau français. Aucun blanc dans les rues ou la foule jaune est de plus en plus dense. C'est seulement quand nous arrivons au gouvernement général, boulevard, gardé par des sentinelles nippones, que nous apercevons les premiers européens. Ceux ci nous adressent des "Hurrah les Anglais" jusqu'au moment où l'un d'eux, profitant de l'arrêt du convoi, peut lire le badge France que nous portons à l'épaulette du battle-dress. Aussitôt la nouvelle court. Nos compatriotes de plus en plus nombreux clament leur joie. La tension monte rapidement. Un drapeau viet est arraché... La foule asiatique où l'on remarque des individus armés, commence a manifester, mais, fort à propos, le convoi démarre. Nous débarquons rue Paul Blanchy dans une école transformée en cantonnement derrière l'Hôtel Continental, que les Gurkas occupent. En face de nous la manufacture d'opium gardée par les Japonais. Aussitôt nos premières patrouilles quadrillent le centre de la ville réduite à un périmètre bordé par la rue d'Espagne, le marché Cuniac, le Boulevard Bonnard et la rue Paul Blanchy. Nous ne sommes pas seuls. Patrouilles japonaises, Gurkas et Viets en casquettes, nous précèdent ou nous suivent. Tout le monde le doigt sur la détente. La précarité de la situation est évidente. Nos compatriotes sont parqués là depuis six mois, avec interdiction d'en sortir. Ils logent dans des compartiments surpeuplés, généralement dépouillés, dans une pénurie alimentaire presque complète, aggravée par le climat et le manque de médicaments. Victimes des bombardements aériens américains, ils ont subi le Coup de Force japonais du 9 mars, les pillages et les assassinats par les insurgés. Arrachés à leurs maisons, usines ou plantations, ils montrent des allures de naufragés. Certains sortent a peine des cages de la terrible Kampetaï, la Gestapo japonaise. Depuis quelques jours ils ont été rejoints par les prisonniers alliés relâchés par les Japonais, des survivants squelettiques. Fort heureusement, car se sont ces rescapés de l'enfer, Hollandais, Anglais, Australiens qui vont sauver la vie à plusieurs d'entre eux en s'interposant face à la populace déchaînée. Le lendemain matin, le Gouverneur Cédile fait envoyer les couleurs sur le Gouvernement Général. C'est la première fois depuis le 9 mars. La nouvelle fait aussitôt le tour de la ville. Notre poste de garde est pris d'assaut par des civils qui accourent aux nouvelles dont ils sont privés depuis plusieurs mois; leurs postes radios confisqués, sans journaux interdits par les Japonais. Il faut vite déchanter. Les Anglais sont pris à partie par le chef Viet minh Tran Van Giau et par les Japonais tenus pour responsables de l'ordre. Ils nous demandent d'amener le drapeau. Cédile refuse; nous tenons bon jusqu'au soir. Mais le lendemain on ne le remontera pas. Il faut aussi renoncer à libérer nos 3.000 camarades prisonniers de guerre, toujours parqués dans la caserne Martin des Pallières, gardés par les Japonais. Les Anglais s'y opposent pour des raisons de sécurité. Aussi, l'impatience des Français de nous voir prendre les choses en main grandit. Ils comprennent mal que nous dépendions des Anglais, que la propagande de Vichy a tellement décriés. Mais c'est le Général Gracey qui commande. Celui-ci tente de négocier avec Tran Van Giau pour au moins gagner du temps jusqu'à ce que soit arrivé le reste de sa division qui est en mer. Dans une ville de plus d'un million d'habitants, nous ne sommes toujours qu'une centaine avec 200 Gurkas, ces derniers ne voulant avoir d'autre rôle que le désarmement des Japonais, qu'ils chargent, en attendant, de faire régner l'ordre. Malgré les consignes strictes, nous lançons quelques raids pour récupérer des véhicules, dont nous sommes dépourvus dans l'agglomération Saigon-Cholon qui s'étend sur plusieurs kilomètres, ainsi que de l'armement japonais, notamment des mortiers de 50, très maniables, et qui s'avéreront très utiles. Mais les incidents commencent. Le 15, une rafale éclate. Notre factionnaire, le soldat Lebert gît dans une mare de sang. On croit à un attentat. Nous déclenchons le dispositif d'alerte. Il s'agit en fait d'un accident : un choc a déclenché la Sten dont la sécurité n'était pas mise. Le 16, quatre paras de la DGER, sortis sans armes, sont arrêtés par les Viets et jetés en prison. Impossible d'obtenir leur libération. Le 17 les révolutionnaires célèbrent la proclamation de l'Indépendance. Une énorme manifestation bardée de banderoles et de drapeaux débouche de Cholon par le boulevard Galièni. Les Gurkas obligent les Japonais à la disperser. En représailles, les Viets coupent le courant dans toute l'agglomération. L'impatience gagne les civils européens. Certains prônent des mesures aussi rigoureuses qu'inapplicables. D'autres sortent des armes cachées et se lancent dans des règlements de comptes. La situation menace de devenir incontrôlable et de dégénérer en bain de sang. Il faut agir d'urgence. Le 20 septembre, la nuit tombée, notre section investit la Pyrotechnie. Nous récupérons les armes confisquées par les Japonais aux troupes d'Indochine, celles du moins qu'ils n'ont pas distribuées aux rebelles. Immédiatement, elles sont réparties parmi les 1500 prisonniers valides de Martin des Pallières dont la garde japonaise est immédiatement renvoyée. On constitue trois bataillons de coloniaux qui deviennent Groupement de Marche du 11e RIC sous le commandement du Lt-colonel Runner, et un bataillon de fusiliers marins commandé par le Capitaine de Corvette Picheral. Très motivés, connaissant bien le pays, ils vont se révéler très utiles. Il était temps. les Viets multiplient exactions, incendies, assassinats et pillages... Le 21 ils attaquent un détachement anglais qui subit des pertes. Gracey se fâche, affiche une proclamation musclée et donne son accord à une reprise en main de Saigon par l'ensemble des troupes françaises dont Rivier assume le commandement. Dégagement de Saigon du 23 septembre au 2 octobre 1945 Il est 23 heures, le 22 septembre, quand les ordres arrivent. C'est pour cette nuit... Heure H : 4h 00. Objectifs de la Cie A: Tous les bâtiments publics avec les ler et 2e Bataillons du 11e RIC. Avec le 3e Bataillon et les marins, le port, la gare, les ponts et les postes de police de la périphérie. Les commandos de la Cie A sont répartis entre chaque objectif, comme éléments de pointe chargés de neutraliser les résistances éventuelles. A 2h 30, tout est en place. Les unités filent silencieusement dans la nuit. Notre groupe s'occupe de l'Hôtel de Ville. A 4h 00 nous escaladons les grilles fermées, désarmons les sentinelles somnolentes. Surprise complète. On réveille les occupants viets éberlués et ramassons armes, munitions et documents. En ville, tous les objectifs sont ainsi coiffés sans effusion de sang. Avec les premières lueurs de l'aube, la nouvelle se propage. Les civils européens, hier encore désespérés, arrivent fous de joie. Il faut d'urgence tempérer leur enthousiasme et leur ardeur. En effet la foule asiatique s'accumule. Parmi elle de nombreux Chinois qui agitent de petits drapeaux bleus et blancs de la Chine nationaliste, sans doute pour ne pas être confondus avec les Annamites qui ont désormais perdu la face. Les nouvelles arrivent de la périphérie. La première surprise passée, les Viets, bien armés et nombreux, réagissent. Le 11e RIC arrête de justesse une contre-attaque menée drapeaux en tête au pont de Dakao. A Phumy, la Compagnie de Gaillande du 11e RIC, bloquée, perd 2 tués et 3 blessés. Il faut la dégager. Rivier fonce avec la Section du Lt Dettré. Épaulé, le 11e RIC réagit alors avec vigueur. Un peu trop aux yeux des observateurs anglais. Gracey veut calmer le jeu. Il fait relever le 11e RIC par les Gurkas et confie aux Japonais la garde des ponts, dont celui aboutissant à la cité Hérault. Il ordonne aussi la libération du millier de prisonniers capturés depuis le matin. La Cie A couche sur ses objectifs conquis. Dès le lendemain, une grande pression se développe. Des incendies éclatent à Khan Hoi et au Song Be. La fumée obscurcit le ciel. Les Gurkas qui occupent le Commissariat Central du boulevard Galièni arrêtent une nouvelle manifestation. Les insurgés enlèvent et assassinent plusieurs européens. Nous passons une nuit blanche au son des tam-tams et des fusillades, à la lueur des incendies. Dans la matinée du 25 septembre, des femmes et des enfants affolés arrivent de la Cité Hérault. Ils nous apprennent le massacre qui vient de s'y perpétrer. Les Japonais ont laissé une bande armée envahir la cité et massacrer ses habitants français et annamites avec une sauvagerie inimaginable. Sur plus de 100 personnes enlevées on ne retrouvera que 56 survivants lorsque les Anglais, très réticents, nous autoriseront enfin à intervenir avec les Gurkas. Impressionné, Gracey renvoie le 11e RIC garder les ponts. C'est un peu tard. Les détachements sont aussitôt assaillis de toutes parts. Le 26 les rebelles attaquent le pont Mac Mahon. Le Capitaine Noirtin et la deuxième section du Lt Martin accourent. Le 11e RIC a déjà 2 tués et 1 blessé. Grâce à un camion sommairement blindé, faisant feu de toutes ses armes, Noirtin force le passage. Malheureusement, l'Adjudant Deplaine et le Sous Lieutenant Achard sont tués, le Capitaine d'Otton et le Sous-Lieutenant Lavigne sont blessés. Le Colonel Dewey, chargé d'affaires américain, tente de gagner l'aéroport sous la protection de son pavillon et de ses gardes du corps. On ne les retrouvera jamais. La nuit tombée nouvelle attaque sur les ponts de Dakao et du tramway. Nouvelles pertes en tués et blesses au 11e RIC. Nous assurons la protection du Gouverneur Cédile au Gouvernement Général lorsque, dans la nuit, un violent incendie éclate à proximité du marché Cuniac. Cédile, en pyjama, s'inquiète de l'extension qu'il prend car les pompes à incendie ont disparu. Ce sont finalement les commerçants chinois et quelques Français qui l'éteignent. Plus tard nous repoussons une bande armée, rue Lagrandière. Les 28 et 30, nouvelles attaques sur les ponts et nouvel incendie rue Lacotte. Les Viets font circuler des bruits fantaisistes: la flotte russe arriverait à leur secours. En fait c'est le "Wawenay", battant pavillon britannique qui accoste. Les négociations entre Gracey et Tran Van Giau portent enfin leurs fruits. Une trêve prend effet le 2 octobre à 18 heures. Elle permet le débarquement pacifique, les 3 et 4 octobre, de nos camarades du C.L.I., arrivés par le "Richelieu" et le "Triomphant" et deux transports de troupes anglais, le "Queen Emma" et le "Princess Beatrix". Depuis notre départ de Ceylan les commandos ont été répartis en deux grandes unités : le Light Commando n°1 (L.C.1) commandé par le Commandant Daveau et le Spécial Air Service Bataillon (SASB), ce dernier regroupant les commandos en stage parachutiste à Rawalpindi et 70 marins de l'Aéronavale affectés au Corps avec le Capitaine de Corvette Pierre Ponchardier qui en a reçu le commandement. Les nouveaux arrivés défilent derrière le Lt Colonel Rivier, commandant de la Place et délégué militaire du Général Leclerc qui a remplace le Général Blaizot. Les Saigonnais manifestent leur enthousiasme pendant que nous assurons la sécurité. Ils vont cantonner à l'Hôpital Drouet à Cholon, l'État major et les services au Séminaire, boulevard Luro. Certains de nos camarades sont absents. On apprend que, devenus Cie B, ils ont été parachutés au Laos, sous les ordres du Capitaine Le Guillou Rupture de la Trêve - Dégagement de Phumy le 12 Octobre 1945 Le général Leclerc arrive le lendemain, sous une pluie diluvienne. On lui rend les honneurs au Gouvernement Général pendant qu'une foule délirante envahit les jardins. Les civils semblent rassurés. Mais l'euphorie dure peu. Malgré les ouvertures de Leclerc, nouvelles manifestations en périphérie. Le 9, un détachement anglais attaqué perd 1 officier et 4 hommes. Gracey décide de laisser faire Leclerc et s'occupe désormais uniquement de désarmer les Japonais. Le Lt Colonel Huard, commandant du C.L.I., part au Cambodge comme Commissaire de la République avec trois commandos (2-4 et 5) du Light Commando N°1, qui formeront le détachement C. Rivier le remplace comme chef du Corps qui comprend alors à Saigon le Commando Léger N°l du Commandant Lacroix (commandos 1-3 et 6), le S.A.S. Bataillon (3 commandos B1-B2 et B3) et la Cie A où le Capitaine Lataste, venant du B2, remplace Noirtin. A Djijelli il commandait le 9° commando. Plusieurs d'entre nous le connaissent depuis le l6 RTS. Dynamique et humain, vite aimé de tous il, va se révéler un guerrier exceptionnel. Le 12 octobre, le SASB débarque sur les arrières viets au Parc à Mazout et aux Établissements Orsini sur la rivière de Saigon. Il ratisse en direction de l'arroyo de l'Avalanche, d'où attaquent le 11e RIC et des éléments du bataillon de Marins, soutenus par l'artillerie des Gurkas. La Cie A est en réserve au marché de Phumy. Vers 11 heures, le Général Leclerc arrive. La 3ème Section de la Cie A l'escorte. L'opération se termine sous une pluie diluvienne en fin de journée. Le SASB a perdu 4 tués et 3 blessés. Le 11e RIC a 2 tués et 11 blessés. Les Viets ont reçu une correction sévère estimée à une centaine de tués et 200 blessés ainsi qu'un millier de prl sonnlers. Malgré tout, ils attaquent le lendemain à Khanh Hoi ou ils incendient les docks. En ville, les attentats à la grenade se multiplient dans les lieux publics et les quelques bars ouverts à l'abri d'un grillage. Le 19 octobre, la 2ème D.B débarque du "Ville de Strasbourg" qui apporte de France une cargaison de farine. De quoi redonner le goût du pain aux Saigonnais. Nous aurons juste le temps d'apprécier la première fournée avant de retourner à nos rations Pacific. Les Viets contrôlent encore tout le pays et le blocus de la ville est de plus en plus sévère. Leclerc décide de libérer les riches provinces du Sud Ouest pour y mettre fin. Ce sera l'opération Moussac. Dégagement du sud-ouest Cochinchinois - Opération Moussac L'opération Moussac, commandée par le Lt Colonel Massu, démarre le 25 octobre, avec les commandos du C.L.I. et les éléments de la D.B, notamment le 501e RCC. Premier objectif : Mytho, ville importante à 70 kilomètres, où l'on situe le siège du Viet minh et 4 à 5.000 rebelles armés. La veille, par le Mékong, le SASB feinte et surprend les Viets par un débarquement de nuit en pleine ville. En même temps, partie de Saigon, la Cie A ouvre la route aux blindés et au convoi, bientôt arrêtés par les innombrables coupures. On continue sans eux. Le Commando Léger n°l occupe Tan An où il reste. Les snipers nous prennent à partie tout au long de la progression et détalent généralement avant d'être attrapés. Parfois, ils font mouche. L'un d'eux tue le chauffeur du Général Leclerc quand celui-ci nous rejoint en tête. Imperturbable, la canne à la main, debout sur la route, parfaitement exposé, il nous recommande la modération envers les prisonniers. Incendies et fusillades se succèdent jusqu'à la nuit qui nous surprend à 20 kilomètres de Mytho, dans une fabrique de cercueils chinois, qui nous permettent de dormir au sec. L'épaisseur et la dureté de leur bois de teck nous apportent une protection appréciée contre les projectiles qui traversent les parois de lataniers des paillotes. Le lendemain il nous faut la journée pour arriver au premier poste du SASB tenu par des anciens de Djijelli. On taquine ces privilégiés de la croisière fluviale. On cantonne à la Chambre d'Agriculture, boueux, trempés et fourbus, tandis que les blindés finissent par arriver dans la nuit. La ville est déserte. Le lendemain, alors que nous reconnaissons la périphérie, nous tombons sur un groupe du SASB mené par un personnage étonnant, torse nu, en short, énorme et velu, mitraillette à la main et corne d'auto au ceinturon, coiffé d'une casquette d'officier de marine. C'est le célèbre Ponchardier. Tandis que le SASB poursuit son périple fluvial en direction de Vinh Long et de Cantho, la Cie A entreprend une série d'opérations ponctuelles sur le secteur. La 3e section, en reconnaissance vers Gocong où les fusiliers marins sont en difficulté, subit les tirs de tireurs immergés qu'il faut débusquer un à un sous l'eau d'où ils respirent à l'aide de bambous. Épuisantes battues aux résultats décevants. Ce qui donne au Capitaine Lataste l'idée de créer un groupe commandé par le blond et juvénile Aspirant Fabrèges, qui doit, au premier coup de feu, sprinter par les diguettes pour fixer l'ennemi. En conséquence, ce groupe, torse nu, est allégé au maximum, uniquement armé de mitraillettes et de grenades. Les résultats s'améliorent tout de suite. Par contre une fois coincés, les Viets se défendent avec opiniâtreté. Au cours d'un engagement intense, une Jeep de spahis en uniformes blancs et calots rouges, arrive à la rescousse. Furieusement mitraillé, l'équipage plonge dans la rizière. Nous n'en rions pas longtemps; l'arrivé d'une grenade sur la route nous envoie rejoindre les spahis dans un bain de boue fraternel. Une fois de plus, Salomon, essuie en maugréant ses lunettes couvertes de vase. Au terme de l'opération, on retrouvera dans un hangar les corps de marins pendus à des crochets où ils ont été suppliciés. Le 4 novembre, nous sommes chargés d'intercepter les Viets qui tentent d'échapper au ratissage de la rive nord en traversant le Mékong. Icard réquisitionne deux chaloupes chinoises à vapeur sur lesquelles la DB installe des mitrailleuses de 50 et de 30. Elle fournit tireurs et pourvoyeurs. A cette occasion, on fait connaissance d'un autre personnage pittoresque, le tonitruant Commandant Dronne de la DB qui commande l'opération. À la libération il est entré le premier dans Paris. Camouflés à bord nous surprenons plusieurs groupes armés sur lesquels nous fondons à toute vapeur, mitrailleuses et F.M. en action, jusqu'à l'échouage qui nous permet de bondir sur la rive, au grand émoi du taïcong chinois qui se réfugie sous la chaudière. Les sampans qui se risquent à traverser sont irrémédiablement coulés par la 12,7 et leurs occupants terminent a la nage. A peine revenu à Mytho, nous repartons pour Bentranh. Nous effectuons une opération avec le C.L.I. Le lieutenant Giraudeau est tué. On débusque des Japonais déserteurs. L'un d'eux, armé d'un sabre s'en prend à Centlivre, un Alsacien rescapé de Russie. Chargé d'un sac d'obus de mortiers de 50 qui lui sert à parer les coups de sabre, il essaie de l'autre main, à l'aide d'un revolver récupéré, d'abattre son adversaire déchaîné. Mais les cartouches sont toutes défectueuses. Icard finit par descendre le Japonais. Nous nous remettons de nos émotions à l'ombre d'un superbe manguier. Au moment du départ, horreur !.. nous découvrons une énorme bombe d'avion piégée et suspendue à 10 mètres au dessus de nos têtes. Nous évacuons avec précipitation et signalons l'engin aux Marsouins du 23e RIC qui nous relèvent. Le 23 Novembre nous rentrons à Saïgon. Opération Pebo - Raid sur Ban Me Thuot - 27 Novembre 1945 Le séjour sera court. Trois jours. Nous repartons. Rivier ancien officier du bataillon montagnard des Hauts Plateaux commande le détachement. Il comprend essentiellement les commandos de la Cie A, trente "spécialistes" des pays moïs, quelques civils engagés dans les gardes civils de la libération (GVL), tel Salamite un marseillais. La DB fournit les 23 véhicules et 2 auto mitrailleuses, ainsi qu'un détachement de chauffeurs aux ordres du Lieutenant Michaut et du S/lieutenant Anglès. Objectif: Ban Me Thuot capitale du pays Moï, à 360 kilomètres de Saigon, dont 160 reconnus jusqu'à Budop, où nous parvenons en pleine nuit, retardés par les innombrables crevaisons des pneumatiques à bout de souffle des véhicules surchargés. Les deux automitrailleuses tombent successivement en panne et nous abandonnent. Le lendemain, en plus des crevaisons, les Viets se manifestent. Un pont détruit nous oblige à aménager une déviation. Une Jeep, remplie de spécialistes des pays moïs, à la recherche d'une piste parallèle, tombe dans une fosse piégée, d'où il faut aller les tirer. Dans la nuit sous une pluie battante, nous atteignons finalement Camp Le Rolland. Les Viets l'ont brûlé. Nous bivouaquons dans les baraques intactes du terrain d'aviation. Au delà, sur 12 kilomètres, la piste est coupée d'abattis et de tranchées. Il faut 36 heures pour dégager et combler. Juste après, les Viets nous attendent au carrefour de la piste Gerber. Deux hommes de la première section, Cerradat et Noël sont blessés. La 3e passe en tête. Les bas-côtés de la piste sont truffés de pièges et battus par des snipers. Le sol se dérobe soudain sous moi. Suspendu à une branche providentielle à laquelle j'ai le réflexe de m'accrocher, je me retrouve au dessus d'une fosse hérissée de bambous acérés. À quelques mètres un Viet m'ajuste avec un mousqueton. Heureusement, malgré les essais répétés, entre lesquels je distingue nettement le verrouillage de la culasse et le claquement du percuteur, les cartouches ne partent pas. Les éclaireurs de pointe qui me précèdent, Vullin et Granjon, se sont retournés et abattent le tireur malchanceux, tandis que Bousquet et Reiniche me tirent de ma fâcheuse position. Les Viets laissent sept morts sur le terrain mais l'alerte est donnée. Il est 16 heures 30. Il faudrait foncer pour occuper le poste des Trois Frontières à 17 kilomètres de là. Au contraire, impressionné par l'ampleur des difficultés, Rivier stoppe la progression sur place et rend compte à Saigon. A 21 heures, l'horizon s'embrase des lueurs de l'incendie du poste. Le lendemain, quand nous y parvenons, tout est détruit. Nous continuons. Ce ler décembre 1945, la 3e section est en tête sur la RC 14. Ban Me Thuot est encore à 85 kilomètres. Soudain une voiture légère débouche. Llorca la stoppe d'une rafale de 12,7. Le chauffeur viet blessé est très étonné de voir des Français. À peine repartis nous tombons sur une Viva grand sport décapotable, en train de changer de roue au bord de la route, un pavillon viet sur l'aile. Pendant qu'on les désarme, l'un des deux occupants plonge dans la jungle épaisse. On le manque. Il laisse entre nos mains son pistolet Mauser et un porte-documents révélant son rang de chef régional. Le Capitaine Lataste insiste avec force et obtient de Rivier l'autorisation d'utiliser la voiture. "Allez y", me dit Icard. J'emmène Salamite, le volontaire GVL, comme chauffeur, Freitag un athlète alsacien qui vient du 11e RIC, Reiniche, Bousquet et Devisme. Tassés sur les sièges nous enlevons nos casques. On se fait tout petit. Seul le cache-flammes du Bren de Freitag dépasse. Mission : coiffer le poste du Dak Mil et couper le fil téléphonique qui le relie à Ban Me Thuot; ensuite tenir jusqu'à l'arrivée du convoi qui suit à dix minutes. Tout de suite, nous nous trouvons nez à nez avec un camion dont la cabine est occupée par trois Viets. Freitag les fusille à bout portant tandis que Salamite évite miraculeusement la collision. Le camion s'écrase dans la jungle. Bourré de caisses de munitions et d'explosifs, il ne se volatilise heureusement pas. On ramasse deux Viets tués et un blessé. A midi nous arrivons devant la barrière en bambou du poste de Dak Mil. La sentinelle abusée par le pavillon viet, présente les armes. Nous l'abattons au passage. La barrière enfoncée, coup de frein brutal. Éjection tous azimuts. Feu d'enfer sur le poste. Armé d'une seule pince coupante, Salamite grimpe au poteau télégraphique. Surpris en plein repas, les Viets lâchent leurs bols de riz. Ils sont une cinquantaine et la situation se gâte rapidement. Abrités derrière les termitières nous risquons d'être submergés. À coup de grenades nous les tenons à distance. Les minutes sont longues... Enfin, le convoi arrive et nous dégage. Pas une égratignure. En face douze Viets tués. Chez nous, un conducteur de la DB a été blessé. Nous avons pris des véhicules. On les met en panne pour les récupérer plus tard. Objectif suivant : Le pont de la Srépok, une coupure importante à l5 kilomètres de Ban Me Thuot. Nous fonçons toujours en tête avec notre Viva, avec mission d'empêcher la destruction du pont et de le tenir jusqu'à l'arrivée du convoi. Dans le défilé de Ea Yaoundé, 12 kilomètres avant le pont, nous donnons tête baissée dans une embuscade. La voiture encaisse plusieurs impacts, mais Salamite réussit à nous jeter dans un angle mort. Le bouchon viet semble important. Cinq cent mètres derrière nous, le convoi stoppe à l'entrée du défilé et écrase l'embuscade. Les mortiers, armes légères, FM, mitrailleuses lourdes délivrent un feu d'artifice dont les retombées nous environnent. Enfin un camion de la section arrive en tirant de toutes ses armes, le Sous lieutenant Anglès de la DB, debout sur le marche pied exécute un numéro extraordinaire à la carabine américaine. Les sections gravissent les escarpements pour nettoyer les Viets. Il nous faut abandonner notre belle voiture trop éprouvée et regagner notre camion. Débarquement en vue du pont. On le franchit au galop en priant pour qu'il ne se volatilise pas sous nos pieds. Seule opposition, un petit poste qui détale, abandonnant des caisses d'explosifs. Plus loin, nous capturons encore une ambulance viet avec un médecin, puis débouchons à toute allure devant la barrière en bambou qui barre l'entrée de Ban Me Thuot entre les plantations de caféiers. La sentinelle, cette fois, oublie de rendre les honneurs et détale. Malgré un feu nourri, on la manque. La barrière est enfoncée. Devant la résidence les Viets jouent tranquillement au ballon. Panique générale. On occupe le bâtiment dans la foulée. La deuxième section du Lieutenant Martin doit par contre réduire une sérieuse résistance au camp de tirailleurs. Le Sous Lieutenant Hericher enlève à ]a grenade le commissariat de police. C'est au pénitencier et à la garde indigène que la résistance est la plus vive. La 1ère Section du Lieutenant Dettré mène un assaut en règle. Le combat ne cessera qu'à la nuit, lorsque le bâtiment en flammes deviendra intenable. Nous avons cinq blessés : Gouraud, Pagès, Didelon, Demoustier et l'Aspirant Fabrèges qui mourra quelques jours plus tard. Plusieurs otages sont délivrés dont trois religieux portugais, des religieuses, cinq Français et des Rhadés. Une trentaine en tout. Nous dénombrons une centaine de Viets tués et 30 prisonniers. Nous récupérons un stock très important d'armes et de munitions. Mais des Viets, il en reste. Plus d'un millier, dit-on, qui se préparent à contre-attaquer. Sans souffler, toute la nuit, nous nous organisons défensivement. C'est alors que le Capitaine Lataste nous avise de l'incroyable. Rivier a décidé un repli sur Budop, suivant l'ordre qu'il en reçoit de Leclerc. Tollé général et vent de révolte. Les officiers font le siège du colonel qui s'accroche à ce message radio daté de la veille, vraisemblablement réponse au télégramme rendant compte des difficultés rencontrées à Trois Frontières. Par contre le télégramme annonçant la prise de Ban me Thuot reste sans réponse. Saigon dort... Toutefois Leclerc a laissé à Rivier dans l'ordre N°21 fixant sa mission, toute latitude pour juger de la situation. Aussi rien n'y fait, Il faut repartir. On ne peut que conseiller aux otages de se fondre dans la brousse... En fait, malgré les consignes, on en camoufle un certain nombre sur les camions. Par contre, nous sommes bien obligés de libérer les prisonniers. Le 2 décembre, nous repassons à Dak Mil qui brûle. On incendie les camions que l'on voulait récupérer. Entre temps, les Viets sont revenus à Trois Frontières. Embuscade, Hue de la 2e Section est tué, le Lieutenant Dettré blessé. Une rafale de 12,7 détruit une V.L qui tente de fuir avec l'officier viet qu'elle transporte. Freitag fait le ménage avec son Bren. Bilan : 12 Viets au tapis. A nouveau on bivouaque à Camp Le Rolland où Hue est inhumé. Le lendemain 3 décembre, à peine repartis pour Budop, arrive un camion de la DB apportant un télégramme de Saigon enfin réveillé: ordre de retourner à Ban Me Thuot. Rivier, cependant, décide de continuer sur Budop où nous laissons nos blessés. Nous repartons après ravitaillement en munitions et vivres, le 4 décembre, avec nos deux automitrailleuses réparées. Les Viets têtus sont une nouvelle fois revenus à Trois Frontières. Nouvel accrochage qui leur coûte trois tués. On couche sur place. La 1ère Section, où le Sergent chef Ferrari a remplacé le Lieutenant Dettre blessé, reste sur place avec une des automitrailleuses à nouveau en panne. Nous sommes le 5 décembre 1945. La section Martin passe en tête. Une nouvelle VL est détruite, ses trois occupants tués. Notre dernière auto- mitrailleuse ayant ouvert le feu sur une harde de cerfs, l'aspirant de la DB qui 1a commande, se fait d'autant plus vertement rappeler à l'ordre par le Capitaine Lataste qu'il tombe à nouveau en panne. Ce qui va nous coûter cher. Vers midi, alors que nous abordons les deux derniers kilomètres, des armes automatiques se dévoilent brusquement. L'embuscade, montée en profondeur avec beaucoup de monde, met à mal les véhicules de tête. Les Viets sont invisibles dans la jungle épaisse qui borde la route. Le Sergent chef Aubert, assis auprès de moi, a la tête à demi emportée. Gross qui tire à la 12,7, reçoit une balle dans le cou, tandis qu'on saute à terre au milieu des projectiles qui miaulent et ricochent. Icard prend une balle dans la cuisse. Je remonte sur le camion pour essayer de situer les Viets et remettre la 12,7 en action. Celle-ci ne tire plus qu'au coup par coup. Aubert est mort, Gross râle, il y a du sang partout. Repéré, je suis pris pour cible, mais Icard m'appelle et me donne l'ordre de pousser en tête avec la section. Comme nous démarrons, le Médecin Commandant Nouaille-Degorce arrive pour panser Icard. Il veut faire descendre Gross du camion toujours sous le feu ennemi. "Trop risqué" refuse Icard, près duquel le médecin commandant est tué d'une balle dans la tête alors que nous filons dans le fossé ou nous trouvons le S/lieutenant Héricher, tué lui aussi. Le Capitaine Lataste arrive, en pleine forme. Le combat est son élément. Topo bref. La section Martin est engagée à gauche avec le camp de tirailleurs pour objectif. A droite la section du S/lieutenant Reyss borde les caféiers. On met le mortier de 81 en batterie. Pour nous, objectif la résidence, droit devant. A la lisière des caféiers en bordure de la place, une balle bien ajustée arrache mon casque lourd, dont je n'ai pas serrée la jugulaire. Il estourbit Kuntz derrière moi lequel jure en alsacien. Je mets mon groupe en place pour l'assaut et le reste de la section en appui de feu. Une haie masque la résidence à cent mètres. On y repère une arme automatique. Lataste la neutralise au mortier et me crie de foncer au cinquième coup. Nous nous élançons le long de l'allée bordée d'arbres énormes qui nous abritent au plus fort de la riposte viet. Freitag blessé à la poitrine passe le Bren à Grux qui plonge avec Reiniche sur la gauche dans un bassin en ciment. Ils essaient de neutraliser les Viets enterrés dans la haie par un tir en écharpe. En arrivant sur l'objectif, je suis cueilli par une balle à l'aine qui me jette à terre. Geoffroy se précipite. Une autre balle le tue net. Les Viets, à quelques mètres s'acharnent. Le bout de ma chaussure s'envole. En rampant je m'abrite derrière un arbre d'où je lance mes grenades dans la haie. Freitag qui veut me rejoindre est blessé une seconde fois au bras. La situation devient inconfortable. Mais la "3" charge, emmenée par Lenoble, suivie par le reste du commando. Irrésistible, elle pulvérise la résistance de la haie et nous dégage. Dans la résidence les combats font rage. Un sniper japonais est abattu dans la salle de bains. Le Sergent Chef Lavigne, notre infirmier, arrive avec ses paquets de pansements et, comme viatique, un bidon de pastis à base d'élixir parégorique. Avec son poignard, il découpe et m'enlève ma combinaison américaine trempée de sang. Il la remplace par le pantalon trop petit d'un japonais tué à proximité; je vais devoir le conserver jusqu'à Saigon. Cette seconde attaque de Ban Me Thuot se solde par six tués et 8 blessés. L'ennemi abandonne 160 morts sur le terrain dont des Japonais. On nous transporte à l'infirmerie dévastée du camp où le Médecin Capitaine Dilhac, Lavigne et l'infirmier Lambardière de la DB s'efforcent, avec des moyens dérisoires, de réparer les dégâts. A l'aube du 6 décembre des rafales éclatent. Les Viets reviennent à la charge. A tout hasard Lataste nous apporte mitraillettes et grenades en nous précisant que l'effectif réduit ne lui permet pas d'en distraire pour notre défense... Plus tard, la 1ère Section, restée à Trois Frontières rejoint avec un petit détachement du 21e RIC. Le 7 décembre, alors qu'on nous parachute de la pénicilline que seul l'infirmier de la DB sait heureusement utiliser, un violent accrochage a lieu au terrain d'aviation. Le 8 c'est au village annamite. Les Viets n'en démordent pas. C'est seulement le 9 que nous sommes évacués par les GMC de la DB qui regagnent Saigon. En raison de nouvelles coupures et abattis, il faut toute la journée pour couvrir les 200 kilomètres qui nous séparent de Budop. Nous sommes dans un état lamentable, hirsutes, couverts de la poussière rouge de latérite, épuisés par la fièvre consécutive à des blessures vieilles de cinq jours, plusieurs dans un état critique. Gross agonise. On nous transporte à l'antenne chirurgicale de Loch Ninh où une équipe dévouée nous opère toute la nuit. À peine reprenons nous conscience que nous sommes à nouveau embarqués dans les camions. Gross est mort. La journée va s'écouler sur la piste au soleil et à la poussière, car, dès le départ, nous sommes attaqués. Un camion saute sur une mine. Demi-tour impossible; la route est coupée derrière nous par des abattis. D'autres bloquent le convoi à l'avant. Notre faible escorte se multiplie. Les blessés valides tirent depuis leur civière. Nous réussissons enfin à passer et atteignons Tu Dau Mot à la nuit tombée, où les Gurkas nous recueillent. Leur service de santé nous soigne. Encore 30 kilomètres jusqu'à Saigon. Toutefois les Anglais jugent impossible de nous laisser continuer par la route et font appel à l'aviation japonaise. De petits appareils bimoteurs nous enlèvent deux par deux allongés sur nos civières. On m'embarque avec Icard. Après le décollage, un des moteurs tombe en panne. Le pilote, un Coréen colossal, frappe à coups redoublés sur le tableau de bord. Sommes-nous tombés sur un Kamikaze?.. Inquiétude vaine. Atterrissage précipité mais sans casse à Tan Son Nhut. Une ambulance nous conduit à l'hôpital Grall d'où, un chirurgien débordé nous renvoie sur l'hôpital 415 de Cholon. Nous bénéficions du douteux privilège de faire l'ouverture de locaux en piteux état, d'installations sanitaires détruites, aux murs maculés. Nous tombons heureusement entre les mains de l'équipe chirurgicale remarquable du docteur Ferrand. Peu à peu, nous apprenons ce qui s'est passé à Ban Me Thuot après notre évacuation. Investie par les Viets, la ville est constamment attaquée. Le 10 décembre, l'ennemi tente d'enlever la maison Nicolas, la Résidence et le Pénitencier. Repoussé, il bombarde la ville au mortier de 81, le 11 décembre. L'aviation intervient. Malheureusement, les Spitfires mitraillent par erreur le garage et tuent Salamite, notre courageux chauffeur, le volontaire GVL. Le 12 les Viets occupent l'usine électrique. Impossible de les en déloger. Le 13, ils attaquent la maison Bourgerie. Le 14, on démine à temps le pont vital sur la Srepok. Le 16 et le 17, nouvelle attaque sur la maison Bourgerie et le Pénitencier. Les commandos de la Cie A s'amenuisent tandis que selon les renseignements, 2.800 Viets encerclent Ban Me Thuot qu'ils cherchent à isoler en détruisant le pont de la Srepok au Sud et celui du Km 6 au Nord. Devant cette menace, Rivier voyant fondre ses effectifs et ses réserves envisage de détruire le matériel, d'évacuer la ville et de se replier à travers la jungle. Il en avise Leclerc.... Celui-ci s'y oppose catégoriquement et envoie le Commando Léger N°l du Commandant Lacroix, qui remplace Rivier à la tête du groupement. Avec Lacroix, des nôtres depuis le début du C.L.I. qu'il a contribué à créer comme chef d'État Major, plus question d'évacuer d'autant plus que l'arrivée des trois commandos le 17 décembre va permettre de se donner de l'air. Le 18 décembre le convoi qui ramène Rivier à Saigon tombe dans une grosse embuscade entre Ban Me Thuot et le pont de la Srepok. Elle coûte cinq morts et cinq blessés à l'escorte, et le convoi doit faire demi-tour. Il repartira sérieusement escorté par le commando N°l, dont la présence dissuadera une nouvelle attaque. Le 20, les Viets attaquent en masse, appuyés par des mortiers et canons de 37. La Cie A contre-attaque, occupe l'usine électrique et la plantation Delfante. Nouvelles pertes : 2 tués, Gribelier et Y Diet; 4 blessés, Fournier, Marchand, et 2 Rhadès. Le 21, c'est une patrouille du 21e RIC qui se fait accrocher et qu'il faut aller dégager. Mais la journée se termine par un terrible accident à notre 3e Section de la Cie A. Rentrant après une partie de la nuit passée en embuscade, Centlivre jette brutalement à terre son sac d'obus de mortiers japonais provoquant une explosion qui le tue avec Lenoble et Pons et blesse très grièvement Gauthier, Granjean et Nilles. Les jours suivants apportent leur lot d'accrochages en tous genres, avec des pertes, mais on occupe la plantation de Bou Pran et le village de Bou Ko Tham sur la route de Ninh Hoa. Le 16 janvier une opération est montée pour occuper le pont situé au kilomètre 19 qu'il faut garder intact, pour percer sur Ninh Hoa et la Côte Annam. L'opération menée par les commandos Bentresque et D'Otton se heurte à une farouche résistance où ils perdent 10 tués et 16 blessés, les Viets abandonnant 49 morts sur le terrain. Opération Gaur - Retour à Saigon L'opération démarre le 25 janvier 1946. Précédée par six chars de la DB, la colonne comprend le Groupement Lacroix - Cie A et les 3 commandos du C.L.I. - 3 compagnie du 21e RIC, du Génie et de l'Artillerie. Les chars sont vite arrêtés. Le pont du km 19, si chèrement conquis dix jours auparavant, s'écroule sous le poids du premier blindé qui se retourne dans l'eau. Encore trente ponts jusqu'à M'Drak. Ils sont tous brûlés. La compagnie Kuntz du 3/21e RIC part à pied occuper la localité. Un accrochage lui coûte 2 tués et 11 blessés au col de Tran Bao. Le Groupement Lacroix passe alors en tête. A pied dans la jungle, il engage une course de vitesse avec les Viets afin de les empêcher de détruire les autres ponts. En 24 heures la Cie A abat 50 kilomètres tout en repoussant les Viets qui la harcèlent. A Ninh Hoa, elle capture une locomotive sous pression que la DB utilisera pour transporter ses chars à Nhatrang. Pour l'instant ceux-ci ne sont pas encore arrivés à Ninh Hoa. Ils ont huit heures de retard sur les commandos, qui entreprennent au pas de charge, des reconnaissances profondes dans tout le secteur. L'une d'elles, de 75 kilomètres est couverte en 20 heures. A plusieurs reprises, à Duc My, Phu Gia ou M'Xoum, les Viets accrochés laissent des plumes. Un de nos sergents rhadé est tué. Regroupés à Nhatrang, les commandos ratissent la région de Khanh Hoa, Ann Dun et Tanan. Le 19 février, par Dalat, Suzannah Xuan Loc " ils rentrent a Saigon. Sorti de l'hôpital, après avoir refusé mon rapatriement sanitaire, je rejoins le cantonnement au Séminaire. La Cie A n'est plus autonome. Elle devient Commando Emeyriat, du nom de son nouveau capitaine au sein du Commando Léger N°l. Nous voyons partir Lataste avec peine. Quelques mois plus tard, en Juin, il trouve la mort entre Pleiku et le col d'Ankhé à la tête d'une compagnie de la Brigade d'Extrême Orient. La triste nouvelle tombe en même temps que la citation de la Cie A à l'ordre de l'Armée, à laquelle il a tant contribué. Le C.L.I./ 5 R.I.C est réorganisé en fonction de sa répartition sur un théâtre d'opérations qui couvre les trois quarts de l'Indochine du Siam à la Côte d'Annam et de la frontière de Chine à la pointe de Camau. Le SASB devient à son tour autonome et reste à Saigon. Le détachement C devient Régiment de Commandos du Cambodge. Le Commando Léger N°2 du commandant Guennebaud, arrivé le 16 décembre de Ceylan après avoir opéré autour de Saigon est affecté comme nous aux Forces du Laos commandées par le Lt Colonel Boucher De Creveceur, chef jusque là du service action du Détachement Français des Indes du C.L.I.

CITATION " A L'ORDRE DE L'ARMÉE "

DE LA COMPAGNIE A

"Aéroportée de Birmanie en Indochine, a débarqué à Saigon le 12 septembre 1945. A pris une part prépondérante à la libération de cette ville le 23 septembre, puis à tous les combats qui se sont déroulés autour de Saigon du 23 septembre au ler octobre. Jetée dans la bataille pour Mytho, a fait l'admiration des chefs qui l'ont employée. Faisant partie d'un groupement chargé de s'enfoncer sur les arrières de l'adversaire a, du 30 Novembre au 5 Décembre, mené six assauts, capturant Ban Me Thuot par surprise le 1 décembre 1945, bousculant la garnison adverse des Trois Frontières le 2 décembre, revenant à Ban Me Thuot le 5 décembre et capturant pour la deuxième fois cette place d'une importance vitale pour l'adversaire. Au cours de ces différentes actions a mis hors de combat des effectifs adverses trois fois supérieurs aux siens, capturant un stock très important d'armes et de munitions
Mars 1946 - Campagne du Laos - Opération Alpha Le 2 mars 1946, 38 véhicules nous enlèvent. On retrouve les Dodges canadiens. Destination le Laos. On bivouaque à Snoul, Kratié et au bac de Stung Treng avant d'arriver à Paksé le 9 mars après 869 kilomètres de mauvaises routes. La Compagnie de base avec le commandant Gobillot reste sur place. Jusque là pas de mauvaise rencontre. Place nette a été faite par la compagnie laotienne du Capitaine Dumonet, en brousse depuis le 9 Mars 1945, les groupes du commandant Legrand où on retrouve Ayrolles avec une nouvelle équipe notamment l'Aspirant Angevin vieux camarade du Détachement de Destruction à Djijelli, qui sera tué quelques temps plus tard. Le 8 mars on rejoint 250 kilomètres au Nord le PC du Lt Colonel de Crevecoeur au terrain d'aviation de Séno, sur la RC 9 qui relie Savannakhet à Dongha en Annam. On va cantonner à Donghène, réoccupé depuis peu. Nous sommes au Nord du 16e parallèle, zone d'occupation chinoise, sur laquelle l'armée céleste s'est abattue comme une nuée de sauterelles. La situation est très difficile. Avec la bénédiction des Américains, les Chinois font obstacle à notre réimplantation et favorise d'importants groupes viets et laoissalas. Sur la rive droite du Mékong, les Siamois qui ont annexé les provinces du Bassac et du Lansang, nous sont naturellement hostiles. Quand aux Japonais, d'irréductibles déserteurs ont rejoints les insurgés, mais les autres peu soucieux de tomber entre les mains des Chinois, enclins à leur faire payer les massacres perpétrés en Chine, ont déguerpi au sud, se rendre aux Britanniques. Nos groupes parachutés, comme ceux des Lieutenants d'Ayrolles Eymonet ou Guillod, restés au Nord depuis décembre 1944, ceux du Capitaine Fabre ou du Commandant Imfeld, qui tous avaient pour mission de préparer le parachutage du C.L.I., tiennent la jungle dans des conditions très difficiles. Ils sont en danger d'être exterminés. La Compagnie B du Capitaine Le Guillou, parachutée en septembre 1945 est bloquée à Tha Ngon et à Ban Keun, au Nord de Vientiane par les Chinois. Sur la RC9, à Donghène, nous avons les Viets en force, 90 kilomètres à l'Est dans Muong Phine et 60 kilomètres à l'Ouest dans Savannakhet avec une garnison de 300 Chinois peu disposés à partir. Le 12 Mars le C.L.2 attaque Savannakhet. Le 13 à nous de jouer. Objectif : Muong Phine. Notre Commando (Emeyriat - ex Cie A) démarre à 04 heures. On rejoint à Phalane les commandos laotiens de Germain et Rouby. Notre 3e section est en tête d'un convoi de 19 camions sur un Dodge armé d'une mitrailleuse de 12,7. Quarante kilomètres avant Muong Phine, accrochage au pont du Sesa Mak. La réplique disperse l'adversaire qui perd trois tués. La progression reprend très lente, couverte par les commandos laotiens fouillant méticuleusement le terrain qu'ils connaissent particulièrement. A quatre kilomètres de l'objectif, nouvel accrochage. Pied à terre. Le camion suit, mitrailleuse paré. Les commandos laotiens débordent par la gauche. Nous sommes dans l'axe, à cheval sur la route, la Section Martin à droite. Quelques mètres devant. moi, les Sergents Grebinsky et Bousquet progressent prudemment dans les hautes herbes du fossé en éclaireurs. Des premières paillotes un individu coiffé d'un casque blanc surgit en gesticulant... Grebinsky prend cela pour une invite et se découvre, alors qu'au même instant, j'aperçois les canons de plusieurs armes dépassant des paillotes au ras du sol. Mon avertissement se perd dans la fusillade qui éclate à bout portant. Elle nous manque par miracle, sauf Grebinsky qui prend une balle dans le pied. Au même instant un tir de mortiers s'écrase quelques mètres derrière nous. Notre camion est criblé. Les grenades incendiaires volent et transforment en brasier les paillotes ou les Viets sont enterrés. Nous fonçons dans les flammes. Un groupe d'individus de grande taille, coiffés de casquettes traverse brusquement la route. Deux d'entre eux portent des sacoches. On pense à des éléments des commandos laotiens dont les tenues sont hétéroclites. On les appelle. Ils détalent et on réalise que ce sont des Lao-Issalas. Sans doute un échelon de commandement. Le Bren de Freitag, le VB de Kuntz et le mortier de Grux battent la jungle ou ils ont plongé. On rejoint l'assaut mené par Icard dans les flammes et la fumée, quand on le voit s'étaler sur le dos. Il se relève étourdi. Son casque lourd s'orne d'un impact énorme. Il s'ébroue, dit simplement :"C'est du sport", et repart en tête. À mes cotés, Grux pousse un cri et tombe tué net d'une balle au coeur. Je récupère son mortier et sa Sten chargeant un prisonnier viet du sac d'obus. On nous tire dessus. Je réplique dans la fumée et par bonds à travers des bananiers, accompagné de mon prisonnier terrorisé, je rejoins le reste de la section. Nous sommes au bout de la ville où la Section Martin vient d'enlever à la grenade une mitrailleuse Hotchkiss. Le tireur en uniforme, bandes molletières et bidon au coté git au milieu des bandes rigides vides. Il a tiré jusqu'au bout, avec acharnement. Reiniche est bouleversé par la mort de Grux. Tous deux originaires du Territoire de Belfort, s'étaient évadés ensembles de France occupée, pour s'engager pour la durée de la guerre. Avec le prisonnier il retourne chercher le corps de son ami et à leur retour, Icard dira tristement "C'est trop cher payé". Nous aimions tous Grux, garçon calme et discret. Il avait à peine 20 ans. On trouve un emplacement de mortier de 81 mm dans la bonzerie ou la plaque de base a été abandonnée avec un stock d'obus. Le Commandant Lacroix arrive avec le Lt De Janvry. La Section Martin déplore trois blessés: Noël, Callandra et le Sergent-chef Billiet qui mourra, ainsi que deux chauffeurs sur les camions et un laotien chez Germain. Les Viets abandonnent 19 tués et 4 prisonniers. Bivouac dans la seule maison en dur épargnée par l'incendie qui a rasé le village, ou on se contentera de boudins de riz gluant récupérés sur les Viets et de l'eau de la mare à buffles, régime qui déclenchera les jours suivants une épidémie de dysenterie que le docteur Bourgin soignera sur le tas, seringue d'émétine en main, dans les fossés de la route. En attendant, on s'organise défensivement, les Viets étant décelés à proximité. A Savannakhet, il faut cinq jours de combats, entrecoupés de pourparlers avec les Chinois, pour que le Commando Léger n°2 puisse occuper la ville au prix de quatre tués dont deux décapités dont les têtes sont promenées en ville et neuf blessés. Le 17 Mars, nous assistons au passage d'une vingtaine de nos camions chargés de la garnison chinoise en route vers l'Annam avec son butin : Tout ce qui a pu être démonté : portes, fenêtres, tuiles, carreaux, sanitaires, plomberie etc... laissant Savannakhet ravagée. Le 21 Mars le C.L.2 prend Thakhek défendu par 1500 rebelles dont 600 volontaires de la mort commandés par Souphanouvong. Le combat est très dur. Le commando Léger N°2 perd 9 tués et 17 blessés. Le commandant Vaucheret qui conduit l'opération est tué. Le 22 mars les autres commandos du C.LI. - Gros, Bentresque et D'Otton Loyewski - nous rejoignent à Muong Phine accompagnés des Commandos Germain et Rouby, de quatre scouts cars du 5e Cuir, d'une batterie d'Artillerie et d'un élément du Génie. Objectif : Tchepone à 35 kilomètres où la RC 9 franchit la Se Bang Hien. On y situe 1300 Viets bien armés. Démarrage à 22 heures 30 en deux échelons. Première coupure, un pont détruit à 10 kilomètres. On répare. Dix kilomètres plus loin nouveau pont détruit, où une résistance se révèle. Il faut deux heures pour la réduire. La surprise semble manquée. A cinq heures du matin on abandonne les véhicules devant un grand pont métallique effondré, pour passer à pied au fond de la coupure. Alors que le jour commence à poindre à travers un épais brouillard dans lequel nous progressons plus ou moins à tâtons, avec les Commandos Gros et Bentresque, parmi la forêt clairière à gauche de la route en direction de la Se Bang Hien. Le Commando d'Otton s'engage sur la droite. La rivière large de 120 mètres apparaît quand un tir de mortiers s'abat sur nous, venant de l'autre rive où se situent nettement les départs. Le brouillard se lève et les snipers viets en profitent. L'un d'eux blesse mortellement le S/lieutenant Reyss. Le Commando Germain perd aussi successivement un tué et trois blessés, tandis que s'installent les armes lourdes en base de feux. Vers 8 heures 30, quatre Spitfires straffent les positions rebelles. Nous bénéficions largement de cet arrosage débordant, dont on s'abrite avec peine, tout en attendant avec un brin d'inquiétude le déclenchement du tir d'appui des artilleurs, devant accompagner l'assaut amphibie. Rien ne venant, ce sont les armes lourdes qui ouvrent le feu tandis que les Commandos Gros et Bentresque traversent dans les radeaux pneumatiques, à l'abri d'un écran fumigène et à force de rames, en rentrant la tête sous le feu adverse et en colmatant les voies d'eau créés par les projectiles. L'assaut se heurte à une vive résistance installée sous les bananiers qui bordent la rive. L'Adjudant Duquesne, les Sergents Roure et Bellanger sont tués; le Capitaine Gros et le S/lieutenant Pont sont blessés. Nous traversons à notre tour. On nettoie la tête de pont et le village de Bou Kha Tong où il faut réduire un fortin avec une mitrailleuse. Le radio Bessac est blessé. Les Viets laissent 25 morts sur le terrain. Nous sommes à trois kilomètres de Tchepone. Les Commandos Germain et d'Otton vont se mettre en bouchon à la sortie de la ville en débordant l'objectif. Nous attaquons avec les Commandos Bentresque et Rouby. Les Spitfires interviennent de nouveau et les combats se poursuivent jusqu'à la nuit dans la ville en ruines. L'Adjudant Guiglia est blessé ainsi que deux laotiens chez Rouby. On dénombre 25 cadavres viets. On bivouaque dans les décombres calcinés. Le ravitaillement étant bloqué à la coupure, une chèvre errante est bien venue. Van Den Bush lui fait un sort apprécié. Deux scouts cars et deux camions réussissent à traverser avant que sombre la portière laborieusement construite par le Génie. Ces véhicules permettent heureusement de pousser un élément au pont de Barl Na Lea afin d'empêcher sa destruction, mais il en existe 28 autres jusqu'au col de Lao Bao. Il faut prendre les Viets de vitesse et réduire plusieurs résistances. On trouve des camions viets incendiés par l'aviation et aussi sept Laotiens décapités. Nous entrons dans Lao Bao abandonné. Notre section s'installe sur le versant Ouest du col, barrant l'accès du pont sur la route de Dongha. On piège les abords et posons une barrière. Le 28 Mars, un Annamite coiffé d'un casque colonial blanc arrive dans les lacets du col, monté sur un petit cheval. Il agite divers petits drapeaux français, chinois et viets. C'est un émissaire. Van den Busch lui bande les yeux et on le conduit, toujours à cheval au Commandant Lacroix. C'est fini la route de Hué est libre. Nouvel épisode : les Chinois qui occupent le Nord Annam veulent nous désarmer. "Pas question" répond De Crevecoeur. Après de nouvelles tractations nous démarrons enfin. Le 29 Mars nous entrons dans Hué accueillis par les acclamations de la population française prisonnière depuis plus d'un an des Japonais puis des Viets. Nous y resterons jusqu'au 16 Avril dans un régime de paix armée entre les Viets et les Chinois jusqu'à ce que nous soyons relevés par le 6e RIC qui arrive de Tourane. Nous retournons alors au Laos où il faut veiller à tout retour offensif des Viets et rassurer les populations. Le ler Juillet 1946 le C.L.I./5e R.I.C est dissout. C'est l'époque du Modus Vivendi avec le Viet Minh. Une page est tournée. Depuis septembre 1945, notre commando, la Compagnie A, a perdu 21 tués et 35 blessés. En attendant son rapatriement, elle encadre le 1er Bataillon de Chasseurs Laotiens à Thakhek. Dans tout le Laos, les commandos du C.L.I. se muent en instructeurs de la jeune armée laotienne qui doit purger son pays des Viets infiltrés et des Chinois incrustés. Arrive le moment de quitter l'Indochine. Pour beaucoup le départ ne sera que provisoire. Après un séjour en France, ils reviendront sous le béret rouge des parachutistes coloniaux dont le C.L.I. aura été l'initiateur. Plusieurs y laisseront la vie que les survivants n'oublieront pas. Certains retournés à la vie civile, quittée quatre ans auparavant, vont rester attachés à cette malheureuse terre d'Indochine pendant de longues années, essayant constamment de reconstruire un pays ravagé au prix de tous les risques, gardant l'esprit et la foi des Commandos du C.L.I..

CITATION À L'ORDRE DE L'ARMÉE

DU C.L.I. - 5e R.I.C.

"Premier régiment qui ait débarqué en Cochinchine en septembre 1945. Immédiatement engagé et toujours sur la brèche depuis cette date, s'est constamment fait remarquer par sa belle tenue, sa discipline, son allant et ses hautes qualités manoeuvrières. Ses commandos ont eu une part prépondérante dans les opérations de Cochinchine, de l'Annam, du Cambodge et du Laos; se distinguant en particulier à Tan An et Govap d 'octobre à décembre 1945; à Ban Me Thuot du 5 décembre 1945 au 25 janvier 1946, à Ninh Hoa le 29 janvier, Savannakhet le 12 mars 1946, Thakhek le 21 mars 1946, Tchépone le 23 mars 1946, Hué le 29 mars 1946, Vientiane le 23 Avril 1946, Luang Prabang le 13 mai 1946". "Au cours de ces différents engagements, a mis hors de combat des formations rebelles très supérieures en nombre, leur capturant un très important butin de guerre et portant très haut le renom et les traditions d'une des plus belles unités coloniales du C.E.F.E.O.".

D'Argenlieu



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Notes et Documents

Le Gaur K

par le Général Edouard Cortadellas

Le 17 mars 1945, le Groupe Cortadellas est parachuté à Dien Bien Phu où il établit immédiatement la première bande d'atterrissage pour D C 3. Le 23 mars, après une prise de contact avec les japonais au sud de Tuan Giao ( Détachement Carbonnel), il libère sur ordre exprès d'Alger, la quarantaine de prisonniers politiques vietnamiens incarcérés au bagne de Tuan Giao et en forme une section qui va combattre auprès du Gaur K jusqu'au passage en Chine. Pendant les premiers jours d'Avril, il équipe par les parachutages qu'il organise sur Dien Bien Phu, l'essentiel de la colonne Alessandri ( Groupement Ouest du fleuve Rouge ) et récupère un grand convoi d'opium et d'argent métal qui assurera l'aisance de la trésorerie de la colonne jusque en Chine compris. Le 11 Avril au combat de Houei Houn contre les japonais, il assure en arrière garde le passage de la Nam Houa par le 3/5¯ étranger, les reste du bataillon du 5¯ territoire, la Garde Indochinoise et un détachement d'aviateurs. Il mène le 15, le combat de Muong Khoua, le 21 celui de Boun Tai et combat encore les japonais en arrière garde le 22 à Muong Yo, le 23 Avril à Bou Neua et passe en Chine le 28 avril.

Genèse du C.L.I.

Dans son livre, Le Corps Léger d'Intervention et l'Indochine, le Général Huard révèle qu'il avait conçu ce corps de commandos destinés à la guérilla sur les arrières japonais à Miranda en Espagne où il fut un temps interné, pendant l'hiver 1942-1943, avec le Commandant Gilles, futur général des troupes aéroportées. Sa connaissance de l'Indochine, où il avait séjourné à deux reprises comme officier d'Infanterie Coloniale, lui permit d'élaborer un projet, lequel, pris en considération par le Général de Gaulle amena la création du C.L.I. Le modèle sera celui des Commandos de Birmanie du Brigadier Général Wingate, pour de petits commandos autonomes destinés à l'infiltration profonde en Indochine pour des actions liées, le moment venu, à l'évolution prévisible des événements . Il paraissait évident que les Japonais ne laisseraient plus longtemps la souveraineté française s'exercer sur ce territoire du moment où celle-ci relèverait du Général de Gaulle, qui, depuis Londres, leur avait déclaré la guerre en 1941, sentiment renforcé par la contre offensive alliée se développant à travers le Pacifique et la Birmanie et menaçant leurs arrières. (En fait cette action fut décidée par Tokyo dès l'installation à Paris du Gouvernement Provisoire en Août 1944) . A cette date le C.L.I. était prêt à entrer en action dans la mesure où les Alliés et notamment les Américains qui détenaient les moyens logistiques le permettraient. Pour préparer cette intervention, le Lieutenant Colonel Huard effectuera plusieurs missions à Ceylan, aux Indes, en Chine et clandestinement en Indochine . Mis à la disposition du service Action du Commandant de Crèvecoeur, les premiers éléments du C.L.I. seront parachutés en Indochine dès la fin de 1944 pour préparer, dans le cadre de l'Opération Donjon, l'arrivée par la même voie du reste du corps et le recueil éventuel des troupes françaises ayant échappées aux Japonais. Ces dispositions seront contrariées par les réticences et parfois l'hostilité américaines, qui empêchèrent que le C.L.I. soit totalement mis en place avant le coup de force du 9 Mars 1945 . On peut penser que ce dernier se serait sans doute déroulé différemment si les commandos du C.L.I., préparés à cet effet, avaient pu intervenir. Djidjelli Composé à l'origine de 500 volontaires sélectionnés, très motivés, en majorité des cadres, venus de toutes les armes, dont des réservistes et appelés en grand nombre, le C.L.I. est encadré par des officiers ayant généralement servis en Indochine, comme le Chef de Corps le Lieutenant Colonel Huard et son chef d'État Major le Capitaine Lacroix, le Capitaine Ayrolles chef du 1er Commando ou les Commandants Quère du Génie, Hubert chef de l'Ecole de Tir, d'Uston de Villeraglan commandant le camp de Cavallo et Boucher de Crèvecoeur qui commandera le Détachement des Indes, ainsi que le Médecin Commandant Nouaille Degorce, chef du service de santé .

L'effectif est réparti :

A la citadelle de Djidjelli. Où se trouvent l'État major dirigé par le Capitaine Lacroix. La Cie de Commandement du Capitaine Héroult, Le service auto du S/Lieutenant Tardy assisté du chef de garage Otte et des Adjudants Dochtermann et Alric. Le Service Médical du Commandant Nouaille Degorce assisté des Médecins Capitaine Lotte, Lieutenant Dumez, Dilhac et Mérilhou. A Pointe Noire En bord de mer, dans l'anse des Beni-Caïd, à 5 km de Djidjelli, où se trouve la Section de Génie de destruction et de stage à la mer commandée par le Lieutenant Piette, assisté de l'Adjudant Chef Martin, de l'Adjudant Daniel, des Sergents Chefs Laplanche et Chanaud, officier et s/officiers du Génie. On y trouve également le champ de tir de l'École de Tir du Commandant Hubert assisté de l'Adjudant Pasdeloup et du Sergent Chef Dalençon. A Cavallo Ancien Camp de Jeunesse situé à 5 km du village de ce nom en remontant le cours de l'Oued Kissir en direction du Col de Selma, soit environ 30 km à l'Ouest de Djidjelli. On y trouve le Groupe de Détachements N°2 regroupant les Commandos N°2, 4 et 6, commandés par les Lieutenant Demonet, Barthélémy et Deguffroy sous la coupe du Commandant d'Uston de Villeraglan. A Surcouf. Également ancien Camp de Jeunesse situé aussi à une trentaine de kms au Sud Est de Djidjelli en direction du Col de Texéna . Il donne asile au G.D N°1 commandé successivement par le Capitaine Lacroix, le Lieutenant Le Guillou et le Capitaine Baillet et comprend les Commandos N°1 du Capitaine Ayrolles, N°3 du Capitaine Baillet, N°5 du Capitaine Briend et N°7 du Lieutenant Le Guillou au Col de Texéna. L'Oasis Camp crée près du château d'eau à trois km au sud de Djidjelli, commandé successivement par le Capitaine Orsini assisté de l'Adjudant chef Ferracci et ensuite par le Capitaine Noirtin. Il accueillera les Commandos N°8 du Lieutenant Martin et N°9 du Lieutenant Lataste formés en 1945 par de nouvelles recrues et rejoints au printemps 1945 par les commandos descendus de Cavallo.

L'entraînement

L'entraînement, très poussé et éprouvant, donne à chacun une formation complète dans plusieurs disciplines : Le Tir Élément primordial du combat de Guérilla en pays couvert, la maîtrise des armes légères doit être totale : Précision absolue, tir instinctif, économie des munitions qui sont un fardeau à transporter et dont le réapprovisionnement est aléatoire. L'élimination de l'adversaire doit être totale et autant que possible discrète. Une École de Tir, dirigée par le Commandant Hubert, assisté de l'Adjudant Pasdeloup et du Sergent Chef Dalencon comprend : Un stand installé à la Citadelle équipé de carabines de 5,5 mm, dont la discipline permet de corriger les défauts de chacun. Un champ de tir, installé à Pointe Noire, où se déroule l'entraînement par commando avec des fusils mausers, qui sont affectés et réglés cas par cas. Pistolets et mitraillettes Sten sont également à l'ordre du jour Chaque stagiaire tire plusieurs centaines de cartouches sur des cibles de plus en plus éloignées et de plus en plus furtives. Il continuera à en tirer des centaines d'autres dans les différents exercices de combat qui se déroulent tous à balles réelles. La consommation de munitions est illimitée. Les stocks Allemand de Tunisie et ceux des Britanniques venus de Cyrénaïque y pourvoient. Très rapidement naissent de véritables tireurs d'élite, dont la redoutable efficacité va se révéler dans les futurs combats. Les techniques de combat Elles visent à donner le maximum d'autonomie à de petits groupes où chacun doit être capable de prendre la situation en main en toute circonstance et quelque soit son grade. Les commandos ne chôment pas. De jour comme de nuit ils "crapahutent" dans les djebels : Orientation en pays couverts, techniques de combats au corps à corps : silent killing, karaté, éliminations silencieuses de sentinelles. Embuscades et coups de mains rapides suivis d'éclatement et de regroupement, permettant des actions efficaces offrant peu de prise à la riposte. Tout se déroule à balles réelles et il faut souvent négocier avec le terrain un abri précaire. Les explosifs des pièges sont remplacés par des pots de poudre noire dont la flamme et la fumée laissent plus d'un pantois, comme également le franchissement de coupures sur des ponts de singe, escalades ou autres acrobaties périlleuses. On apprend à se déplacer aussi silencieusement que des reptiles ou par des marches accélérées dites " Dix kilomètres dans l'heure " Cet entraînement se perfectionnera encore aux Indes dans les écoles spécialisées anglaises, notamment par des stages de survie en jungle et de parachutisme. La destruction Cette partie de l'instruction est confiée à des spécialistes du Génie sous la direction du Commandant Quère. Les stages visent à former des équipes de destructions, également expertes en pièges et mines, qui serviront d'instructeurs une fois revenus dans leurs commandos respectifs. Ils sont dirigés par l'excellent Lieutenant Piette, dit" Trompe la Mort" ce qui est tout un programme, assisté de l'Adjudant Daniel et de sous officiers très qualifiés comme Chanaud ou Laplanche. Le camp du génie est installé à Pointe Noire sur un promontoire qui domine la baie des Beni-Caïd, truffé de caveaux phéniciens que l'on emplit avec des tonnes d'explosifs et de mines de toutes nationalités venant également des champs de batailles de Tunisie et de Cyrénaïque. Cette profusion permet une large pratique. En particulier celle des pièges dits Boby traps (pièges à C.) qui prolifèrent et bien que leurs effets soient atténués, ils exigent une attention permanente. Elle permet souvent également d'améliorer l'ordinaire grâce aux pêches miraculeuses dues à l'explosion des 7 kilos de tolite des telermines balancées dans les criques voisines où le Sergent Chef Lesto plonge récupérer les victimes par dix mètres de fond. Familiarisation parfois un peu excessive avec des engins redoutables de toutes origines qui sera à l'origine d'accidents. Cependant cette instruction dotera les stagiaires de réflexes et d'une maîtrise dont l'efficacité serviront beaucoup par la suite dans la jungle. Entraînement du C.L.I. aux Indes Le C.L.I. débarque à Ceylan le 28 mai 1945 et est installé dans un camp de l'Armée Anglaise à Kurunegala à 35 miles de Colombo et à 15 miles de Kandy où se trouve le Q.G.. Nous nous trouvons dans une immense cocoteraie où d'énormes noix se balancent et parfois chutent de 15 mètres de haut. Les baraques qui nous sont attribuées sont des paillotes améliorées par des assises cimentées. Nous dépendons des Anglais qui ont commencé par interdire notre insigne C.L.I. qui prêtait confusion avec celui du Ceylan Light Infentery. Nous relevons du South East Asia Command commandé par L'Amiral Mounbatten et recevons une carte d'identité anglaise où notre corps devient 5e R.I.C. L'intendance anglaise pourvoit aux cuisines et au blanchissage grâce à un corps d'auxiliaires. Le vin a disparu faisant place au thé, ce qui ne manque pas de surprendre des gens abreuvés au rosé d'Algérie depuis 18 mois. Mais on s'y fait très vite comme à la cuisine. Il est vrai que rien ne manque pour nous ouvrir l'appétit, car l'entraînement a repris de plus belle, malgré le climat équatorial qui règne ici. On perfectionne et on adapte nos connaissances. Les Anglais ont mis au point des stages remarquables dans toutes les disciplines. En dehors de ceux du camp de Kurunegala (KRN 327), du camp 424 (stage fluvial) nous sommes pris en main par FORCE 136 dépendant des services secrets britanniques ( M. E. W) à Minerya ( M.E.25) et Poona, le plus célèbre. Situé à quelques miles à l'ouest de cette ville et à une centaine de Bombay, le camp est établi autour d'un lac. Les stages comprennent un très dur entraînement physique complété par une instruction soutenue de sabotages, pièges, survie en jungle, coups de mains, tir, orientation, procédés d'élimination (silent kiling), développement de l'esprit d'équipe où doit jouer une solidarité sans faille. La nécessité d'y faire passer un maximum d'effectifs les rendront de plus en plus courts et réservés aux derniers venus au Corps, les anciens du C.L.I. ayant reçu à Djidjelli des bases très solides L'entraînement parachutiste qui complète ces stages se fait à Jessore près de Calcutta et à Chakalla près de Rawalpindi au Cachemire. Tout le Corps n'aura pas la latitude d'y passer, les événements se précipitant, le C.L.I./5e R.I.C. étant la seule unité dont pouvait disposer le Général Leclerc en Août 1945. L'entraînement aux Indes apportera une accoutumance en milieu tropical aux renforts venus de Métropole, les autres étant pour la plupart de vieux coloniaux. Il fera cruellement défaut à ceux arrivant directement de Métropole en Indochine par la suite . Très efficacement utilisé par les unités du C.L.I. confrontées paradoxalement à la guérilla menée par les Viets et les Japonais dissidents, forme d'action à laquelle le Corps était primitivement destiné, lui permettant ainsi de la contrer brillamment en Cochinchine, au Cambodge, en Annam et au Laos, malgré une pénurie de moyens et un effectif restreint qui s'amenuisera au fil des années 1945 et 1946. La Compagnie A Formée le 25 août 1945 en unité autonome par prélèvement sur les autres commandos du C.L.I./5e R.I.C., intégrée à la 20e Division Indoue en Birmanie, aéroportée le 12 septembre 1945 à Saïgon qu'elle libère et tient pendant trois semaines avec des éléments du 11e R.I.C., elle est engagée ensuite autour de Mytho. En raison des pertes subies pendant six semaines mouvementées, elle reçoit en renfort des éléments du 11e R.I.C. Après la prise de Ban Me Thuot, qu'elle tient seule pendant plus de quinze jours, de nouvelles pertes la conduisent à récupérer d'anciens tirailleurs rhadés. Avec l'arrivée du C.L.I. venu à la rescousse, cet effectif permet de détacher de la Cie A un nouveau commando sous commandement du Capitaine d'Otton Loyewski . La Cie A restée autonome participe aux opérations du groupement Lacroix notamment à la prise de Ninh Hoa, jusqu'au retour à Saïgon en Février. Elle intègre alors le C.L.I. et devient Commando Emeyriat du nom de son nouveau capitaine, ancien chef du 1er Commando du C.L.I., où le Capitaine Mugnier lui succède. Le Capitaine Lataste sera tué quelques semaines plus tard à Pleiku. Sous cette nouvelle appellation elle participe alors à toutes les opérations du C.L.I. au Laos, notamment le dégagement de la RC9 avec la prise de vive force de Muong Phine et de Tchépone jusqu'à la libération de Hue . Elle revient ensuite dans la région de Donghène d'où le C.L.I. rayonne pour détruire l'infrastructure viet. Après le 1er Juillet 1946 elle encadre le 1er B.C.L. à Thakek et est rapatriée par éléments fin Août. La Cie A avec 21 tués et 30 blessés soit près de 50% de son effectif combattant, sera l'unité la plus éprouvée du C.L.I. Elle sera la première de celles-ci à être citée à l'ordre de l'Armée :
"Aéroportée de Birmanie en Indochine, a débarqué à Saïgon le 12 septembre 1945. A pris une part prépondérante à la libération de cette ville le 23 septembre, puis à tous les combats qui se sont déroulés autour de Saïgon du 23 septembre au 1er octobre. Jetée dans la bataille pour Mytho a fait l'admiration des chefs qui l'ont employée. Faisant partie d'un groupement chargé de s'enfoncer sur les arrières de l'adversaire a, du 30 Novembre au 5 Décembre, mené six assauts, capturant Ban Me Thuot le 1er Décembre 1945, bousculant la garnison adverse et capturant pour la deuxième fois cette place d'une importance vitale pour l'adversaire. Au cours de ces différentes actions, a mis hors de combat des effectifs adverses trois fois supérieurs aux siens, capturant un stock très important d'armes et de munitions."
Light Commando N° 1 Le C.L.I. avait été conçu pour introduire en Indochine des équipes spécialisées en opérations de commandos et fortement structurées en cadres afin de récupérer du personnel sur place parmi les troupes stationnées en Indochine. Le C.L.I. a été créé en Août dans le cadre de la réorganisation du régiment par les Britanniques en grandes unités . Il comprend sous le commandement du Commandant Daveau, 6 commandos soit environ 600 hommes, dont les légionnaires du Capitaine de Cockborne arrivant de Chine. A son arrivée en Indochine les 3 et 4 octobre, le LC1 se scinde : Les commandos N°1 (Capitaine Emeyriat), 3 (Capitaine Bentresque) et 6 (Capitaine Gros) forment le Commando Léger N°1 au ordre du Commandant Lacroix. Les Commandos N°2 (Capitaine Briend), 4 (Capitaine Perrot) et 5 (Lieutenant Laroche) forment le Détachement C aux ordres du Commandant Daveau. Le C.L.I. combat successivement en Cochinchine, sur les Plateaux Moïs où, venu à la rescousse après la prise de Ban Me Thuot par la Cie A, il tient le secteur malgré une forte opposition viet et japonaise, avant de libérer le Sud Annam. En Mars, rattaché aux Forces du Laos, il combat au Moyen Laos et en Annam. Il a libéré Tanan, Ninh Hoa, Nhatrang, Muong Phine, Tchépone, Lao Bao et Hué parmi d'autres. Avec 20 tués et 42 blessés le C.L.I. aura un pourcentage de perte voisin de 34% de son effectif, un des plus élevé du Corps. Les pertes du détachement C n'ont pas été déterminée avec exactitude . elles sont voisines de 10% de son effectif. Ces unités issues du Light Commando n°1 du C.L.I. contribueront très largement à l'attribution de la citation à l'ordre de l'Armée dont bénéficiera tout le Corps. Le Commando Léger n°2 Dans le cadre de la réorganisation imposée par le South East Asia Command début Août, le Light Commando N°2 est la 3ème grosse unité du C.L.I/5e R.I.C., (après le L.C1 et le SASB) formé en octobre 1945 à Ceylan avec des renforts venus de Métropole, généralement issus des F.F.I. et encadré par des anciens du corps restés aux Indes après le départ des premières unités engagées en Indochine. Il sera commandé par le Commandant Guennebaud, officier des troupes coloniales que les stagiaires de l'Eastern Warfare School de Poona ont bien connu. Il aura un effectif de 600 réparti en 5 commandos. N°1 du Lieutenant Missoffe puis du Lieutenant Chenel N°2 du Lieutenant Rodriguez puis du Capitaine Demiaute N°3 du Lieutenant Seurat N°4 du S/Lieutenant de Cassagnac puis du Capitaine Deschaintres N°5 du Lieutenant Weichsel puis du Capitaine Noirtin et une Cie de Commandement avec le Capitaine Mialhe Débarqué à Saïgon le 19 Décembre 1945, ses opérations le conduisent jusqu'à la frontière chinoise au Nord Laos. Après la dissolution du régiment en Juillet 1946 ses commandos se transforment en bataillons de chasseurs laotiens dans le cadre des Forces du Laos dont le Commandant Gennebaud commande alors le Groupe II englobant tout le Nord Laos. Ils ne seront généralement rapatriés qu'en 1947 ou 1948 comme plusieurs anciens des autres commandos de la Cie B, du C.L.1. et du SASB qui se retrouvèrent également dans les unités des Forces du Laos qui sont alors en fait, un prolongement du C.L.I. comme le sera le 5e BCCP formé en France et devenu par la suite 2e BCCP. SASB Le Special Air Service Bataillon a été créé dans le cadre de la réorganisation du C.L.I./5e R.I.C. par le South East Asia Command, le 4 Août 1945. Il sera formé effectivement entre les 20 et 27 septembre 1945 au retour des 200 coloniaux du C.L.I. alors en stage parachutiste aux Indes et par 71 fusiliers marins de l'Aéronavale arrivés de France en Août et affectés au C.L.I./5e R.I.C. le 1er septembre, rejoints en Cochinchine le 20 novembre par 22 autres marins et en Janvier 1946 par des coloniaux rapatriés de Chine. Son effectif total atteindra 350 hommes soit environ 20% du Corps, dont 1 Fusilier Marin pour 3 coloniaux. Le Lieutenant Colonel Huard, commandant le C. L. I./5e R.I.C. en confiera le commandement au Capitaine de Corvette Ponchardier Débarqué à Saïgon les 3 et 4 octobre avec le Commando Léger N°1 le S. A. S. B. a mené principalement ses opérations dans la banlieue de Saïgon (Phumy) et le SW de la Cochinchine . Suite à une décision du 18 février 1946, les unités du C.L.I./5e R.I.C., sont rattachées à des pôles opérationnels plus en rapport avec la dispersion du régiment qui opère de la frontière de Chine à la Pointe de Camau et des ruines d'Angkor à la Côte d'Annam. Le SASB devient Autonome le 4 mars 1946, ainsi que le Détachement C devenant Commandos du Cambodge, les autres unités passant aux forces du Laos. Il cantonnera alors dans la région de Govap, près de Saïgon, d'où il rayonnera jusqu'à sa mise au repos à Dalat en Juin et son rapatriement en Août . Avec 25 tués et 49 blessés le bataillon SAS du C.L.I. aura un pourcentage de pertes d'environ 21% de son effectif rejoignant le pourcentage moyen des pertes du Corps. Il sera cité à l'ordre de l'Armée le 30 Avril 1946 comme Bataillon Parachutiste du 5e R.I.C. et se verra attribuer une seconde citation comme bataillon autonome, ainsi que l'attribution de la fourragère en octobre 1947 Le Yin Tang Les deux volutes - rouge pour le Yin et blanche pour le Yang - délimitées par la spirale passant par le centre, dessinent les deux aspects alternants et complémentaires qui constituent l'ensemble, le Total, l'Un dont l'harmonie, la cohérence et la perfection s'expriment dans la réalisation de la circonférence autour de laquelle toutes les apparences, les contradictions, les divisions, les distinctions, oppositions ou individualités se situent. Le Yang et le Yin ne s'annulent pas. Ils coexistent en toute chose, l'un impliquant l'autre et réciproquement, et les deux se créant mutuellement par rétraction ou par dilatation. La présence d'un cercle Yin dans le Yang exprime la virtualité que contient le Yang de devenir Yin par contraction. De même le cercle Yang indique la potentialité permanente qu'a le Yin de devenir Yang par expansion. les deux - rétraction ou expansion - ont pour effet et conséquence de retourner au cercle qui préfigure le perfectionnement et l'harmonie intérieure. La spirale traduit le mouvement, le flot de la vie dont les manifestations ne sont pas purement et simplement sombres ou lumineuses, positives ou négatives, bonnes ou mauvaises, mais composites et changeantes. L'action de ce principe binaire règle le cours des phénomènes naturels et des relations humaines; il crée la variété des choses et des comportements. Le Corps Léger d'Intervention - 5e R.I.C

Chef de Corps : Lieutenant Colonel Paul Huard

Chef d'État Major : Capitaine Albert Lacroix

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Détachements - N°1 : Capitaine Ayrolles - Lieutenant Maréchal Surcouf - N°2 : Lieutenant Demonet Cavallo - N°3 : Capitaine Baillet Surcouf - N°4 : Lieutenant Bonnet - Lieutenant Bartélémy Cavallo - N°5 : Lieutenant Briend Surcouf - N°6 : Lieutenant Degufroy - Lieutenant Gros Cavallo - N°7 : Lieutenant Le Guillou Texéna - N°8 : Lieutenant Martin L'Oasis - N°9 : Lieutenant Lataste Les 9 détachements sont répartis en trois groupes:

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Créé en 1943, le C.L.I. devient 5e R.I.C. le 1er Mai l945, après en avoir reçu le drapeau, le 4 novembre 1944…

Il change de nom sur demande des Anglais afin d'éviter la confusion avec le Ceylan Light Infantry

A Ceylan, début septembre, il reçoit en renfort :
Un détachement de 7l Fusiliers Marins de l'Aéronavale du Capitaine de Corvette Ponchardier Un détachement de Légion Étrangère du Commandant de Cockborne venant de Chine. Des renforts attendus de Métropole formeront le Light Commando N°2 (C.L2) sous le commandement du Commandant Guennebaud Un second détachement de 21 fusiliers marins en stage en France rejoindra en Novembre Un détachement de Coloniaux venant également de Chine avec le Capitaine Trinquier, rejoindra en Janvier 1946.
Les effectifs ont ainsi atteint, 200 Officiers, 500 Sous Officiers, 1000 hommes du rang et 33 administrateurs de la F.O.M. Ils ont donné naissance aux commandos suivants : Aux Gaurs : groupes parachutés en Indochine en l944 et l945 par la Force l36 :A la Cie A : (Lieutenant Colonel Rivier) Aéroportée le 12 septembre 1945, de Birmanie à Saïgon qu'elle libérera le 23 septembre. Effectif : 121 Commandant : Capitaine Noirtin, puis Capitaine Lataste, Capitaine Emeyriat. A la Cie B: Parachutée le 23 septembre en face Vientiane, au Siam. Commandant : Capitaine Le Guillou. Effectif: 6O Au Light Commando N°1 ou C. T. 1: débarqué à Saïgon les 3 et 4 octobre l945. - 6 commandos - effectif : 600, scindé en : Détachement C aéroporté au Cambodge. Effectif 300 - Commandant Daveau : 3 commandos:Commando Léger N°1 -Effectif 300, Commandant Lacroix - 3 commandos:
N°l Capitaine Emeyriat- puis Capitaine Mugnier N°3 Capitaine Bentresque N°6 Capitaine Gros
Au SASB: Débarqué les 3 et 4 octobre à Saïgon effectif 35O Commandant Ponchardier - 3 puis 4 commandos :
B1- LV George. B2 -Capitaine Lataste, Capitaine Rouanet B3- Capitaine Orsini B4 -Capitaine Trinquier (en Janvier 1946)
A la Cie de Base : Effectif 200 - Capitaine Heudeline, débarquée à Saïgon les 3 & 4 octobre Au Light Commando N°2 : Débarqué à Saïgon le l6 décembre 1945 - Commandant Guennebaud Effectif 600 - 5 Commandos
N°1- Lieutenant Missoffe puis Lieutenant Chenel N°2 - Lieutenant Rodriguez puis Capitaine Demiautte N°3 - Lieutenant Seurat N°4 - S/Lieutenant de Cassagnac puis Capitaine Deschaintres N°5 - Lieutenant Weichsel puis Capitaine Noirtin
Cie de Commandement : Capitaine Mialhe
Le C.L.I./5e R.I.C. a libéré Saïgon et une grande partie de la Cochinchine, Ban Me Thuot, Ninh Hoa et Nhatrang au Sud Annam, Phnom Penh et une grande partie du Cambodge dont Siem Reap, Hué en Annam et le Laos jusqu'à la frontière chinoise avec Savannakhet, Donghène, Muongphine, Thakhek, Tchépone, Vientiane et Luang Prabang. Ses pertes répertoriées se sont élevées à 1O3 tués et 2O9 blessés - 42% de son effectif et 40% de ses cadres pour la Cie A - soit 2O% de l'effectif total. Ses unités ont reçu 4 citations à l'ordre de l'Armée, le bataillon SAS la fourragère aux couleurs de la Croix de Guerre, le drapeau l'inscription "Indochine 1945-1946". le Roi du Laos a attribué au régiment l'Ordre du Million d'Éléphants et du Parasol Blanc, ainsi que la médaille de bronze du Règne.
Le C.L.I./5e R.I.C. a été dissout le ler juillet l946, pour former l'ossature de 3 bataillons de chasseurs Laotiens et de 2 bataillons de Parachutistes Coloniaux, ceux-ci mis sur pied en France.

Chronologie des opérations

Décembre 1944 : Le 27, le Groupe Ayrolles saute sur le Tranninh (Laos), s'installe dans la région de Khan Khai où il prépare son action. Mars 1945 : - 10 Mars - embuscade contre un détachement japonais au km 320 de la RC 7. - 12 Mars - destruction des ponts de la Nam Tien et de la Nam Mat - 22 Mars - destruction du dépôt d'essence km 332. - 24 Mars - Attaque et destruction d'un convoi japonais au km 340. - 26 Mars - attaque du pont de Ban-Ban. - 17 Mars - le Groupe Cortadellas est parachuté à Dien Bien Phu. - 22 Mars - le Groupe Dampierre est parachuté à Dien Bien Phu également et se dirige sur Sonla. Avril 1945 : Le groupe Cortadellas prend en charge le 3/5e Étranger, les restes du 4/4e Tonkinois et de la Garde Indochinoise du 5e Territoire, un élément d'aviateurs et les prisonniers de Tam Giao Le 11 Avril, à l'arrière garde, il conduit le combat contre les Japonais à Houei Houn, le 15 à Muong Khoua, le 21 à Boun Tai, le 22 devant Muong Yo, le 23 à Boun Neua et passe en Chine le 28. Le 21 le groupe Dampierre est en partie détruit à Van Yen; les survivants disparaîtront le 15 mai à proximité de la frontière chinoise. Août 1945 : Le 23 Août la Compagnie A est formée. Elle embarque sur le Porte Avion "Sea Archer" à Trincomalée le 28 Août et débarque à Rangoon le 29. Septembre 45 : Le 11 septembre la Cie A est aéroportée, via Bangkok à Saïgon où elle arrive le 12. Le 23 septembre, elle libère Saïgon avec des éléments du 11e R.I.C. qu'elle a réarmé. Occupation des bâtiments publics. Intervention à Phumy pour dégager le 11e R.I.C. Le 24, interventions à Kanhhoi et Dakao interventions en ville pour repousser des bandes armées. Le 25, intervention à la cité Hérault. Le 26, Dégagement du pont Mac Mahon et du pont de Dakao. Le 27, protection du Gouvernement Général, intervention en ville pour repousser des bandes armées et dans la nuit au Pont de Dakao violemment attaqué. Les 28 et 30, nouvelles interventions aux ponts et en ville. Les 23, 28 et 30 septembre, la Compagnie B est parachutée au Siam d'où elle passe à Vientiane, au Laos. Octobre 1945 : Le 1er octobre, la Compagnie B, qui ne peut se maintenir à Vientiane en raison de l'hostilité de l'Armée Chinoise, va s'installer à Tan Ngon. Le 3, trêve à Saïgon où débarquent le Light Commando N°1 et le S.A.S.B. Le 9, trois commandos partent au Cambodge où ils deviennent Détachement C, lequel restaure la présence française et remet le roi sur son trône. Reconnaissance armée sur Godauha poussée jusqu'à Tran Bang en Cochinchine qui détruit plusieurs barrages et tombe dans une embuscade tendue par des Japonais dissidents. Du 12 au 20, dégagement de Phumy par le S.A.S.B. et le 11e R.I.C.. La Compagnie A est en réserve. En Cochinchine, le 24 octobre le S.A.S.B. enlève Mytho par surprise des Viets, tandis que la Cie A ouvre la route Saïgon Mytho aux éléments de la DB et arrive à Mytho le 26 après plusieurs accrochages. Le C.L.I. occupe Tanan, Go Den et Ben Luc Le 29, le S.A.S.B. prend Vinh Long Le 30, il s'empare de Cantho. Novembre 1945 : La Cie A effectue jusqu'au 23 novembre: - des opérations de nettoyage autour de Mytho, - le dégagement de Gocong où les fusiliers marins du Richelieu sont en difficulté, - plusieurs opérations en jonques armées sur le Mékong, - trois opérations combinées avec la DB ou le C.L.I. dont le dégagement de Ben Tranh, - relevée par le 23e R.I.C., elle rentre à Saïgon le 23, d'où elle repart, le 27 pour Loch Ninh, - le 28 elle occupe camp Le Rolland, - le 29 et le 3O, elle force le passage à Trois Frontières où le poste est détruit. Le C.L.I. opère dans la région de Tanan: - le 4, il prend Can Gioc et nettoie la région, - le 14, il prend Choden, - le 19, il repousse une violente attaque sur Tanan, - jusqu'au 3O, nombreuses opérations de reconnaissance et de nettoyage à Choden, Binh Chan, Can Gioc, Binh Dinh, Can Duoc et Goden. Le 1er Novembre le S.A.S.B. prend Cai Rang et nettoie le secteur de Nga Tu Le 3, il enlève un dépôt d'essence et nettoie le sud de Vinh Long. Le 5, embuscade à Nga Tu. Le 6, prise du pont d'An-Hiep et capture du chef viet de la région. Le 7, retour à Nga Tu qui doit être enlevé de vive force. Le 11, attaque d'un commando viet introduit dans Cai Rang soutenu par une attaque extérieure finalement repoussée. Le 12 prise de Liem et de Cain Hum. Le 13 prise de Tam Binh et de Traon. Du 23 au 30, opération combinée avec le 6e R.I.C. pour dégager la route Vinh Long-Cantho. Prise de Ba-Cang, Loc Hod et Tan Han. Au Laos, la Cie B occupe le 12 le poste Ban Na Kha sur la route Vientiane à Luang Prabang, lequel est violemment attaqué le 13 par les Lao issaras. Les secours envoyés de Tha Ngon tombent dans une forte embuscade dans la nuit du 14 au 15. Le 16, occupation de Ban Keun qui est attaqué dans la nuit du 19 au 2O. Le 30, la Cie B dresse une embuscade où tombe une bande viet. Au Cambodge, le Détachement C continue son action: - à l'Est, sur Gogdauha en liaison avec la DB venant de Saïgon, participant à plusieurs engagements sérieux, - au Nord, sur Kompong-Cham, Mimot et Thaininh dégageant notamment les plantations d'hévéas et le secteur caodaïste, - sur Takeo, Kampot, Le Bokor, Ream, l'île de Phuquoc au Sud. Décembre 1945 : Dans le Delta du Mékong. Le SASB, du 2 au 5 décembre, opère dans la région de Phuoc Han, Nga Tu. Le 6, il s'empare de Travinh dont il nettoie le secteur. Le 10, opération dans l'île de Culla Gieng où sont délivrés 700 otages ramenés à Phnom Penh. Le 15, prise de Tracu. Le 18 prise de Tanh Xuyen. Le 19 opération sur Cai Thand, le 24 à Xom Ong Ca. Le 27, le SASB est relevé par le 6e R.I.C. Au Sud Annam, La Cie A, le 1er Décembre, enlève Dak Mil par surprise, force une embuscade dans le défilé de Ea Younde, empêche la destruction de l'unique pont sur la Sre Pok et s'empare de Ban Me Thuot, où elle délivre de nombreux otages, après cinq heures de combat Le 2, rappelée à Budop, elle tombe dans une embuscade à Trois Frontières. Le 4, nouvel accrochage au même lieu, où elle doit laisser une section. Ainsi réduite, le 5 décembre, elle reprend Ban Me Thuot de vive force après un combat sévère qui dure jusqu'à la nuit. Elle fait face, d'abord avec ses seuls moyens aux contre attaques de jour et de nuit de plusieurs centaines de Viets, lesquelles continueront après l'arrivée en renfort du C.L.I., le 18 décembre. Le C.L.I., après avoir pris Ky Son le 2 et Cho Tong Yen et Thu Thua le 4 décembre, était rentré à Saïgon le 6, d'où il repartit pour Ban Me Thuot le 17 décembre. Le Commandant Lacroix remplace le Lieutenant Colonel Rivier regroupant sous son commandement la Cie A et le C.L.I. Le 19 le convoi de 25 camions qui retourne à Saïgon avec le Lieutenant- Colonel Rivier, tombe dans une grosse embuscade au pont de la Srepok, fait demi-tour après avoir perdu 4 véhicules, 5 tués et 5 blessés. Les commandos n°1 et 3 du C.L.I. l'escortent alors jusqu'à Trois Frontières. Le 20 grosse attaque des Viets avec appui d'armes lourdes. Contre attaque de la Cie A et du Commando 1 (Mugnier) permettant de récupérer le terrain d'aviation et l'usine électrique. Le 21 reconnaissances et embuscades se succèdent. Tir de mortiers ennemis. Explosion accidentelle à la Cie A faisant 6 victimes. Le 23 le commando 3 (Bentresque) attaque la plantation de Bou Prang dont il s'empare. Le 25 le Commando 6 (Gros) et la Cie A avancent de 12 km sur la RC 21 vers Buon Ko Tam qui est occupé. Au Laos, La Cie B, le 5 décembre, fait un raid sur Don Noum qu'elle occupe et incendie après avoir chassé les Lao-issaras. Le 7, raid sur Ban Ylai qu'elle incendie après avoir détruit la garnison viet. Le 10 les Viets attaquent Ban Keun en nombre. Ils sont repoussés après deux heures de combat. Les jours suivants sont occupés par des reconnaissances, l'une d'elle donna lieu à un accrochage à Ban Lisanh, le 28 décembre. Au Cambodge, Le Détachement C intensifie son action notamment dans le secteur de Swairieng et la plaine des joncs où il a de nombreux accrochages, ainsi que dans le Sud dans la région de Kep, Giang Trach, Giang Thanh et à l'Ouest sur le Tonle Sap Kompong Chnang, Bac Preas. Battambang est réoccupé le 7 décembre. Le Light Commando N°2 (CL2), débarqué le 16 décembre à Saïgon, prend en charge le secteur de Govap et exécute le 27 une opération de nettoyage à Cho Moy, Tan Quy et Trung Chang Tay. Janvier 1946 : En Cochinchine, Le 25 janvier le SASB prend d'assaut Tan-Uyen fortement défendu par des Japonais, nettoie l'île de la Tortue et enlève à la baïonnette Tan Phu, où il doit repousser une contre attaque le 26. Le même jour il prend d'assaut le village de Tan Tich. Le 3 janvier il occupe Tap Lap où il détruit une fabrique d'armes. Le Groupement Lacroix du 1er au 3 janvier monte des embuscades. Le 4 ils détruit un groupe de 5O Viets à Bar Ea Kar et un autre de 6O à Bar Prang. Le 5 le commando n°6 doit donner l'assaut au village de Bar Ea Hiach fortement tenu. Le 12 janvier occupation du poste du Lac malgré une embuscade et 11 heures de marche. Le 16 janvier le Commando n°3, la Cie A et 4 AM se heurtent au pont du km 19 sur la RC 21 à une très violente résistance animée en partie par des snipers japonais qui leur cause 8 tués et 15 blessés Le 26 Janvier démarrage de l'opération Gaur avec la DB - occupation de M'drak le 28 - les blindés étant bloqués par les ponts détruits, le Groupement Lacroix fait 5O km à pied en combattant les Viets qu'il gagne de vitesse et entre dans Ninh Hoa à 21 heures. En Cochinchine, Le CL2 procède à des opérations de nettoyage dans la région de Gia Dinh, Go Vap, Rach Cho Moi, Thu Duc, Hoc Mon, Lai Thieu permettant de délivrer de nombreux otages, de récupérer des dépôts d'armes et de munitions. Au Laos, Le 3 janvier, la Cie B se rend maître de Tha Deua sur le Mékong en face Nong Kay au Siam où elle veut évacuer ses blessés. Le 4, à l'aube, elle est attaqué très sérieusement par des Chinois et des Issaras utilisant des mortiers lui causant 3 tués et 11 blessés. Le 23 janvier Ban Keun est attaqué pour la 3éme fois. Les secours envoyés de Tha Ngon subissent des pertes. Enfin le 31 janvier, Tha Ngon est à son tour attaquée. Au Cambodge, Les 15 et 2O janvier le Commando 4 du Détachement C attaque et prend Hatien dont il nettoie ensuite la région. Le Commando 5 continue le nettoyage de la région de Swairieng en bordure de la plaine des joncs. Février 1946 : Au sud Annam, Le 1er février le Groupement Lacroix engage le Commando 3 avec la Cie A à Duc-My où est détruit un PC viet et divers matériels récupérés tandis que le Commando l est sévèrement accroché à Phu-Gia. Le 2, les commandos après un nouvel accrochage à M'xoum, font 75 km à pied pour nettoyer la région de Ninh Hoa. Le 6, le groupement gagne Nhatrang d'où il va pendant une semaine lancer des patrouilles. Le 19, il regagne Saïgon. Le 4 février le SASB nettoie le sud du Nha-Be. Au Cambodge, Le Détachement C effectue des raids en pirogue sur le Mékong. Le 16, coup de main sur Thuong Phuoc. Opérations sur Kompong-Trabec, Chipou, Chamnang Trak, Thong Binh, Soc Noc. Au Laos, La Cie B entreprend entre les 8 et 10 février, le nettoyage de la région traversée par la Nam Ngum en aval de Tha Ngon, qui est bombardée au mortier par les Lao viets le 14, et effectue des reconnaissance pour préparer la prise de Vientiane. Le CL2 fait mouvement sur Pakse au Laos le 8 Février. Son 4e Commando rejoint Phone Soung le 25, et tombe dans une embuscade qui lui coûte 1 mort et 14 blessés. Mars 1946 : Le C.L.I. qui intègre désormais la Cie A est rattaché aux Forces du Laos et fait mouvement sur le Laos le 2 Mars. Il arrive à Donghène le 9, après arrêts à Snoul et Pakse. Le 13, la Cie A attaque Muong Phine qu'elle enlève après un combat acharné dans les flammes. Le 22 le C.L.1 tout entier attaque Tchépone qu'il conquiert après un assaut amphibie en canots pneumatiques d'une rive à l'autre de la Se Bang Hien et une journée de combats, dans une ville en ruines. Le 27 il occupe le poste du col de Lao Bao et le 29, entre dans Hue, accueilli avec enthousiasme par la population française libérée. Au Laos, Le CL 2 qui a investi Savanaket tombe dans une embuscade le 13, où il perd 4 tués et 12 blessés. Il occupe la ville le 17 Mars. Le 21, il participe aux combats très durs pour la prise de Takhek au prix de 9 tués dont le Commandant Vaucheret qui dirige l'opération et 17 blessés. En Cochinchine le SASB devenu autonome participe à une opération de ratissage dans la région de Tan Hung. Au Cambodge le Détachement C devenu Groupe des commandos du Cambodge continue ses opérations de dégagement sur Bavet Poip et Godoha Bathu. Avril 1946 : En Cochinchine, Le SASB continue des opérations de ratissage dans la région de Govap. Le 3 et le 6, accrochage avec une bande composée en partie de Japonais à Ap-Lan-Trung. Le 14 dans le secteur de An Loc, vif engagement avec une bande nombreuse et embuscade à Xom Moi. Le 17 Avril, l'opération de nettoyage - secteur pont de Tan Long-Rach Soui - tombe sur un PC de Nguyen Binh, où l'arrière garde se défend avec acharnement. Des opérations de police continuent jusqu'à la fin du mois dans le secteur Govap - Tu Dau Mot. En Annam, Le CL1 est relevé à Hué le 16 et se réinstalle à Donghène au Laos, où le CL2 chasse les rebelles de Naphao et de Nape le 12 Avril. La Cie B se met en place avec le commando Conus. Le 20, à Ban Xai, ils sont attaqués à la tombée de la nuit. Le 23, avec les parachutistes de Mollat, ils attaquent Vientiane où ils entrent le 24, dans une ville entièrement pillée. Le 27, la Cie B, avec le 4e Commando du CL2, pousse sans tarder sur Luang Prabang malgré d'interminables palabres avec les troupes chinoises et des accrochages avec les Lao issaras, au km 765, au pont de la Nam Lik, à Ban Namoun, à Ban Pha Tang. Le 29 Muong Kassy est pris et aménagée en base de départ pour l'attaque de Luang Prabang. Au Cambodge le détachement C exécute plusieurs opérations en plaine des joncs au Sud de Swai Rieng au prix de plusieurs engagements sérieux. Mai 1946 : Au Laos, le CL1 effectue des opérations de reconnaissance : - du 6 au 12 Mai au Nord de Tchépone par Ban Houei Sane, Ban Pa Doke, Xiemg Hom, Ban Nathan, - du 7 au 21 Mai, sur la rive droite du Mékong suite à une incursion venue du Siam, à Pak Hin Boun, - du 11 au 16 mai, au Nord de Muong Phine, - du 18 au 29 Mai la Cie A et le Commando n°1 montent une opération à la frontière de l'Annam pour intercepter une bande de 370 Lao viets. - Le 13 mai Le CL2 et des éléments de la Cie B entrent dans Luang Prabang où ils rétablissent l'autorité Royale. - Le 24 mai les éléments restés à Vientiane franchissent le Mékong et récupèrent armement et munitions malgré la réaction d'éléments rebelles réfugiés au Siam Au Cambodge, les Commandos du Détachement C en liaison avec le Bataillon cambodgien nettoient la région de Chaudoc En Cochinchine, Le SASB opère avec la Légion dans les régions de Govap-Hoc Mon, de Cuchi-Trang Bang, et de Tayninh où il s'installe. De Juin à Septembre 1946 : Le SASB rentre à Saïgon le 10 juin et va au repos à Dalat. Il est rapatrié en France par l' "Ile de France" le 28 Août 1946. Les Commandos du CL1 encadrent les Bataillons de Chasseurs Laotiens en formation au moyen Laos avant d'être rapatriés à leur tour, fin Août. Ceux du CL2 et de la Cie B qui ont poussé jusqu'à la frontière de Chine mettront beaucoup plus de temps pour être rapatriés en raison des difficultés de communication et de la reprise générale des hostilités, certains ne rentrant qu'en 1947 ou 1948. Au Cambodge, le détachement C connaîtra de nombreux accrochages. En Août, le Commando 2 sera au prise avec les Issaraks et les Siamois, aux Ruines d'Angkor où le Capitaine Briend est tué. Le Commando 8 du Lieutenant Laroche envoyé en renfort tombe dans une embuscade au Nord de Kompong Thom Ce durcissement de la situation ira en s'accentuant. Le Régiment de Marche du Cambodge étant créé, le détachement C est dissout et ses trois commandos sont affectés aux trois bataillons en tant que Compagnie de Commandos où de nombreux anciens du C.L.I. continueront à combattre.
Après un congé en France beaucoup d'anciens du C.L.I. reviendront en Indochine notamment sous le béret rouge des parachutistes coloniaux et participeront à d'autres épopées. Nombreux sont ceux qui tomberont de nouveau sur cette terre d'Indochine que les survivants n'oublieront pas.
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