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Peyron
Claudine
Lhermenier Alexandra
Mamie! Raconte!..
GUERRE 1939 - 1945
Résistance dans le haut pays niçois
Les diverses formes de résistance
dans les cantons de Puget Théniers et de Guillaumes
POSTFACE de Michel EL BAZE
Table
Quelle merveilleuse histoire que celle-ci:
La petite fille Claudine prend sa mamie par la main et
toutes deux avec leur jeune amie Alexandra s’en vont par
les montagnes, par les sentiers, par les chemins par les
ruelles des vieux villages du Haut Pays Niçois. Par les
Gorges de Daluis, dans la vallée de la Roudoule sur le
plateau de Dina s’en vont revivre avec grand-mère une
tranche de vie inoubliable, jamais effacée.
Puis au collège, sous la conduite de leur professeur,
elles écrivent avec leur style délicieux, les histoires de
la mamie qui viendront conforter l’Histoire de ces
héroïques cantons qui furent les premiers libérés de
l’occupant allemand.
Ainsi se réalise fortuitement le souhait que j’avais
exprimé il y a fort longtemps au sein du comité du
Concours National de la Résistance de Nice de publier les
devoirs des élèves des Lycées et Collèges qui auraient un
rapport avec les récits de vie de cette collection.
Celui-ci se réfère aux témoignages de Toche Albert
(N° 9) et de Mazier Gabriel (N° 100).
Nul doute que la lecture de cette "étude" de Claudine et
de Alexandra comblera le chercheur avide d’un peu d’air
frais
Wonderful what
history that the former :
The little girl Claudine takes its mamie by the
hand and all two with their youth friend Alexandra
they are going by mountains, by paths by lanes of
the old villages of the High Country Niçois.
By Throats of Daluis, in the valley of the
Roudoule on the tray of Dina they are going to
relive with grandmother a unforgettable life
slice, ever deleted. Then to the college, under
the conduct of their professor, they write with
their delicious style, histories of the mamie that
will come conforter the History from these heroic
cantons that were firsts liberated from the German
occupant.
Thus realizes fortuitously
the wish that I had expressed there is strong long
to the breast of the committee of the National
Contests of the Resistance of Nice to publish
homeworks of High schools and College pupils that
would have a report with accounts of life of this
collection.
The former refers to testimonies of Toche Albert
(N°9) and Mazier Gabriel (N°100).
Null doubts that the perusal of this study of
Claudine and Alexandra will fulfill the avid
seeker of a bit of fresh air
Sources Table
Ouvrages
parus dans cette collection sous les n° 6 |
Albert Toche
"La coupure 18 canons tonnent"
Guerre 1939/1945 - Témoignage |
et
100 |
Gabriel Mazier
(alias Capitaine François
"Un officier d’occasion dans le Haut-pays niçois"
Guerre 1939/1945 - Témoignage propos recueillis et
présentés par le Docteur Gaston Bernard |
Témoignages |
Mr et Mme Toche
Albert
Mme Raymonde Peyron |
Nous tenons à
remercier Mr et Mme Toche ainsi que Mr Michel El Baze
pour leur aide apportée à la réalisation de cet
exposé.
Table
POSTFACE de
Michel EL BAZE
Introduction
Les raisons de
notre choix
Situation
des cantons de Puget-Théniers et Guillaumes
Les liaisons radio
Constitution de
maquis
Les parachutages Village
de La Penne
Sabotages Pont du
Pra d’Astier Le pont de Berthéou
Participation
de la population locale Aide aux Résistants
"Planques" d’armes
Et de matériel "Chasse aux espions"
Hébergements de
fugitifs Distribution de tracts
La lutte armée
Dénonciations Représailles
Le 3 mai 1944
Conclusion
Sources
Introduction
Table
En France, la
Résistance est née à la suite de l’appel lancé à la radio
de Londres le 18 juin 1940 par le Général de Gaulle, à
ceux qui ne se résignaient pas à la défaite, condamnaient
l’armistice et voulaient que la France continue la lutte
aux côtés de ses alliés.
Dans la zone nord, occupée par l’ennemi, la Résistance a
eu un objectif surtout militaire : Fournir à l’Angleterre
des renseignements sur les troupes d’occupation et leurs
mouvements, faire évader des prisonniers, aider ceux qui
voulaient sortir de France pour aller s’enrôler dans les
Forces Françaises Libres.
Dans la zone sud, directement soumise au gouvernement de
Vichy, elle se préoccupa d’abord de susciter l’opposition
à ce gouvernement et à sa politique de collaboration avec
les autorités allemandes, de combattre sa propagande qui
prédisait la victoire finale de l’Allemagne.
Dès le début de l’occupation, se sont crées un peu partout
de petits groupes, des réseaux, dont les adhérents étaient
généralement recrutés par relations personnelles, dans la
même profession, le même milieu social, ou qui
partageaient les mêmes conceptions religieuses ou
politiques. Mais la nécessité ne tarda pas apparaître de
grouper ces efforts isolés, de coordonner leurs actions,
de leur fixer des tâches précises et de leur fournir les
moyens de les remplir.
C’est ainsi que sont nés les mouvements de Résistance.
Les raisons de notre choix
Table
Mes grands parents
ayant vécu à Puget Théniers et à Auvare pendant ces années
de lutte clandestine, et participé à la Résistance dans le
maquis du Capitaine François, nous avions à notre
disposition un témoin et des documents qui nous ont
conduites à choisir cette région.
J’étais institutrice à Auvare (1942 / 1945 )
et mon mari faisait partie du maquis de Beuil
sans que je sois, par prudence, au courant de
toutes ses activités et que je ne connaissais
le Capitaine François que de nom, sans jamais
l’avoir vu avant la journée du 3 mai où je
l’ai secouru. D’autre part, j’ai pu contacter
Mr Toche Albert, auteur de "La coupure" grâce
à une amie de Beuil qui est sa cousine. Ce
travail de recherches dans le passé m’a fait
revivre ces temps dangereux mais exaltants et
avec ces deux jeunes filles j’ai revu avec
émotion tous ces lieux.
Raymonde Peyron
Situation des cantons de Puget-Théniers et Guillaumes
Table
Puget-Théniers
:
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Situé dans la
vallée du Var, à 70 km de Nice, Puget-Théniers
est un gros bourg de l’arrière pays, comptant
environ 15OO habitants à l’époque de
l’occupation, placé sur la route conduisant à
Digne, et desservi par la voie ferrée
Nice-Digne.
|
Guillaumes :
Auvare :
|
Situé dans la vallée du Var, à 100 km de Nice, en
amont des gorges de Daluis, sur la route du col de
la Cayolle, Guillaumes est le chef-lieu de son
canton. Guillaumes compte environ 550 habitants.
Petit village en cul-de-sac, à 12 km de
Puget-Théniers par une petite route. Auvare est le
lieu de passage (par des sentiers) du plateau de
Dina vers Puget-Théniers, la Croix, Beuil.
|
A part la route de la
vallée, souvent étranglée dans des gorges (gorges de la
Mescla, de Daluis,...), le relief très montagneux rendait
difficile toute communication. La région était très
pauvre; les paysans vivaient presque en autarcie : ils
cultivaient du blé, faisaient leur propre farine (moulin à
la Croix sur Roudoule) et leur propre pain (jour communal
à Auvare). La principale ressource était l’élevage de
moutons, et le moyen d’échange le plus important, la
foire, la vente de bétail.
Nice et la côte ont été occupées par les Allemands à
partir de novembre 1942, mais ceux-ci ne sont pas montés à
Puget-Théniers. C’est pour cette raison que de nombreux
Juifs, fuyant la côte devenue dangereuse pour eux, se sont
réfugiés à Puget-Théniers et dans la région (certains
s’abritaient dans les galeries des mines de cuivre
désaffectées à Léouvé). Cependant, sur dénonciations de
certaines personnes, la Gestapo -police allemande- et des
soldats nazis ont fait des "raids" à Puget-Théniers pour
arrêter les Juifs et les maquisards. (fin février 1944 à
Puget-Théniers, la Gestapo arrête des Juifs).
Le 3 mai 1944, les Allemands attaquèrent le groupe du
Capitaine François, Résistant, qui tua deux officiers.
Ils firent des représailles sur les villageois.
Les liaisons radio Table
Gabriel Mazier,
alias Capitaine François et son compagnon Joseph Cabot,
qui avait la charge du poste émetteur-récepteur, furent
parachutés depuis Alger où ils avaient rejoint les
Américains, et se fixèrent à Puget-Théniers avec pour
mission d’établir des liaisons radio avec Alger, pour
permettre d’organiser des parachutages. Les liaisons radio
se faisaient à l’aide d’un poste émetteur-récepteur
("piano", dans le jargon des Résistants) qui auraient pu
fonctionner sur le courant du secteur, mais cela risquait
de trahir François et Cabot, car les services de repérage
radio gonio allemands utilisaient des coupures de courant
sélectives pendant une émission pour en localiser
l’origine; et dans l’heure qui suivait, des voitures
équipées de radio goniomètres venaient patrouiller dans le
secteur, et, par recoupement, déterminaient la position
des émetteurs clandestins. Il valait mieux utiliser
l’alimentation par batteries, et pour compliquer le
travail des Allemands, émettre alternativement depuis des
endroits différents. Souvent François et Cabot étaient
obligés de marcher plusieurs heures dans la nuit, chargé
du matériel radio. Un de leurs repaires favoris était le
plateau du Breuil.
Bien que ce soit interdit par les Allemands, certaines
personnes écoutaient "Radio Londres", qui émettait des
messages dont le sens ne pouvaient être compris que par
les initiés. (Par exemple, en juin 1944; "Méfiez vous du
toréador" était un message destiné à faire comprendre aux
Résistants que les Américains avaient débarqué, et qu’ils
pouvaient commencer la lutte ouverte).
Constitution de maquis Table
En 1941 fut crée le
STO (Service du Travail Obligatoire), les réfractaires
s’enfuirent dans les montagnes que les Allemands ne
pouvaient pas atteindre : les maquis. Les maquisards
étaient ravitaillés par les habitants des villages et
participaient aux parachutages. De leur repaire, ils
observaient la vallée afin de détecter une éventuelle
arrivée de l’ennemi.
La région de Puget-Théniers et de Beuil offraient
plusieurs avantages à la constitution de maquis.
-les Allemands n’y étaient pas installés.
-les villages étaient assez peuplés pour fournir de jeunes
volontaires, et la population assez sympathisante pour
nourrir les maquisards.
Le site était rendu presque inaccessible par la présence
des gorges de Cians à l’est et de Daluis à l’ouest et le
relief, fait de vallées encaissées et de plateaux, était
propice à la constitution de maquis et aux parachutages
(plateau de Dina, plateau St Jean).
Lorsque le Capitaine François apprenait qu’un jeune était
convoqué pour le travail obligatoire en Allemagne, il
allait voir les parents de celui-ci et tentait de les
convaincre qu’il valait mieux pour leur fils rester dans
les maquis de la région, quitte à être hors la loi, que de
partir en Allemagne avec le risque de périr sous les
bombardements. En effet, le Capitaine François devait
recruter les hommes nécessaires aux opérations prévues au
moment du débarquement tant attendu.
Les parachutages Table
Pour continuer leur lutte, les Résistants avaient besoin
d’armes, de matériel... Grâce aux liaisons radio, ils
correspondaient avec Alger et Londres et convenaient d’un
jour, d’une heure, d’un endroit pour le parachutage et
d’un message secret annonçant l’opération... Mais, dans
cette région montagneuse, les terrains plats et assez
grands pour permettre l’approche des avions de la RAF
étaient rares.
Le premier parachutage organisé par le Capitaine François
eut lieu sur le plateau de Dina, dans la nuit du 16 au 17
janvier 1944. A 19 heures, le message attendu était passé
par la BBC: "J’adore la dinde et la pièce de pogne". Les
lieux de parachutages avaient des noms de code (le plateau
de Dina était désigné sous le nom de Milano).
Le balisage, qui devait être effectué dans la plus grande
discrétion, prenait du temps : il fallait compter les pas
pour déterminer l’emplacement exact du "L" de réception,
signe qui servait de repère aux avions de la RAF, dont les
équipages étaient tous volontaires pour ces missions de
ravitaillement des F.F.I.. Pourtant celles-ci étaient
périlleuses et beaucoup d’équipages ne revenaient pas.
Après l’orientation du "L", il fallait placer les brûlots,
les allumer, préparer les brûlots de rechange, etc...
Ces opérations présentaient de grands risques, le
Capitaine François et son équipe organisaient des
patrouilles pour dépister une embuscade toujours possible
aux abords du terrain.
Cependant le Capitaine François ne tarda pas à
s’apercevoir qu’une autre équipe organisait des
parachutages sur Dina, et dont le comportement risquait
d’attirer les Allemands. Il abandonna donc le plateau et
fixa son choix sur la Penne, terrain situé derrière le col
St Raphaël.
Sabotages Table
Pont du Pra d’Astier
Le Capitaine François avait déjà détruit le pont du Pra
d’Astier en juin 1944, mais les Allemands l’avaient fait
réparer et le surveillaient.
La nuit du 7 juillet, le Capitaine François et six
volontaires, déchaussés pour ne faire aucun bruit,
arrivèrent par la route de Beuil. Ils neutralisèrent la
sentinelle, puis placent les cartouches de plastic et deux
détonateurs à retardement. Ils repartirent vers le haut
tandis que le pont fut détruit.
Pont de Berthéou
Le 8 juillet 1944, le Capitaine François sabota le pont de
Berthéou.
Il plaça trois kilos d’explosifs sur la clé de voûte de
l’arche centrale et relia ses charges avec du cordon
Bickford, qu’il alluma. 100 secondes après, ce fut
l’explosion. La brèche mesurait 11 mètres et l’arche
centrale avait été coupée à ses deux extrémités, à
l’aplomb de deux piliers.
C’est "la coupure".
Participation de la population locale
Table
Aide aux Résistants
"Planques" d’armes et de matériel
Chasse aux "espions"
Hébergement de fugitifs
Aide aux Résistants
Malgré le climat de méfiance qui régnait et la peur des
dénonciations, une grande partie de la population
participait plus ou moins activement à la Résistance.
Le Capitaine François bénéficiait de la complicité des
employés du central téléphonique de Puget-Théniers.
Ceux-ci avaient promis de lui transmettre les messages des
guetteurs de Plan du Var et d’Entrevaux, qui signaleraient
l’arrivée de voitures gonio allemandes. Le central servait
aussi de liaison entre François et Sapin (commandant
Lécuyer, chef de l’Organisation de la Résistance de
l’Armée (ORA)
Bien que manquant de ressources, les cultivateurs des
environs acceptaient de céder au Capitaine François
quelques oeufs, des pommes de terre, des lentilles et des
haricots. La viande était rare car elle s’achetait au
marché noir des abattages clandestins et les éleveurs la
vendaient au prix fort.
Pourtant la majorité des gens était favorable aux
maquisards, et deux boulangers de Puget-Théniers
fournissaient chaque nuit quelques miches au Capitaine
François.
La recharge des batteries nécessaires à François et à
Cabot pour leur émission radio était assurée par les
frères Joseph et Louis Casalengo, garagistes à
Puget-Théniers.
"Planques" d’armes Table
Par sa situation, Auvare était naturellement choisi pour
permettre les communications et les échanges entre le
plateau de Dina, les villages de la Croix et de Léouvé, le
maquis de Beuil et le groupe de Résistants de
Puget-Théniers.
Ma grand-mère, institutrice à Auvare, raconte :
"A Auvare, comme on était au centre des
opérations du maquis de Beuil, on nous laissait
souvent des paquets ou des messages à
transmettre aux différents postes; et c’est pour
cela que le jour où l’Inspecteur Primaire est
venu m’inspecter, j’avais caché un sac tyrolien
rempli de grenades tout au fond de mon bureau.
Inutile de dire, que quand l’inspecteur, qui
avait de longues jambes, s’est assis à mon
bureau, je tremblais, et je ne savais plus ce
que je disais d’autant plus qu’il était alsacien
et qu’on le soupçonnait d’être du côté des
Allemands".
Et de matériel Table
Ma grand-mère :
"Du haut de mon balcon, un matin très tôt, j’ai
vu arriver sur le sentier qui venait de Dina, un
âne bizarrement chargé. A cette époque, tout va
et vient inhabituel était suspect. Je l’ai
surveillé et de plus près, j’ai aperçu notre
agent de liaison qui marchait à côté de
l’animal.
Arrivé au village, il est venu chez nous pour me
demander de lui garder un "piano". Il passait
souvent dans le village pour prendre du
ravitaillement auprès des paysans et m’en
laissait une partie pour des Résistants qui
passaient le chercher. Je lui ai répondu, très
étonnée :"Mais qu’est ce que vous allez faire
d’un piano?" Il s’est mis à rire et m’a expliqué
que c’était un poste émetteur qu’il venait de
récupérer à Dina.
Avec mon aide, il a caché son "piano" sous la
paille de "l’écurie des chèvres" et m’a prévenu
que quelqu’un viendrait le chercher la nuit
tombée en se présentant sous le nom de René.
"Chasse aux espions" Table
Ma grand-mère :
"Dans ce petit village, il passait quelquefois
des hommes qui cherchaient à rejoindre le
maquis. Un étranger était vite repéré, et un
jour, ton père, qui avait cinq ans, est venu
m’avertir qu’un homme parlait avec un vieux
paysan assis au soleil.
Avec ma corbeille à linge sous le bras, je suis
descendu aussitôt sur la place et je me suis
approchée. L’étranger voulait savoir s’il y
avait un maquis, (parce qu’il voulait soi-disant
le rejoindre) par où il fallait passer. . Il
prétendait être un prisonnier yougoslave évadé
d’Italie, et ayant parcouru le chemin à travers
la montagne. Mais son aspect était plutôt
surprenant: des habits trop propres, des
chaussures en parfait état, n’ayant pas l’air
d’avoir servi dans la montagne. Il était
vraiment inquiétant.
Quand il est parti, mon gamin, sur ma demande,
l’a suivi pour voir la direction qu’il prenait.
Et c’est ainsi qu’il l’a vu se diriger vers la
Croix, et s’arrêter pour glisser un papier sous
un rocher. Le gosse est revenu tout de suite me
rendre compte de ce qu’il avait vu; je suis
allée récupérer ce papier: c’était une carte
d’État-major portant des repères qui
correspondaient à certains points de passage. Je
me suis empressée de signaler ce suspect par un
coup de téléphone à la Croix.
Il fut intercepté, contrôlé et reconnu comme un
espion. Il était attendu de l’autre côté de la
vallée par un Allemand avec un side-car. Au
fond, ton père a été un jeune Résistant.
Hébergements de fugitifs Table
Sous l’occupation,
il était très risqué d’héberger des Résistants, des
maquisards, des prisonniers évadés. En effet, quiconque
portait secours à un fugitif devait immédiatement le
déclarer aux autorités allemandes, et s’il ne le faisait
pas, devenait lui-même hors-la-loi.
Ma grand-mère raconte:
"Un matin, de très bonne heure, j’ai entendu des
explosions et des coups de feu qui venaient du
fond de la vallée et j’ai pensé qu’il y avait
quelque chose de grave qui se produisait à
Puget-Théniers. Puis, dans la matinée, il est
arrivé deux Pugétois, amis de ton grand-père qui
faisait de la Résistance, qui lui ont dit qu’il
fallait vite partir parce qu’il y avait eu du
vilain à Puget, que les Allemands avaient cerné
le village et pris des hommes en otage. J’ai
vite préparé un sac avec des provisions et ton
grand-père et ses amis sont partis dans la
montagne se réfugier dans une grange à Albaréa.
Deux jours plus tard, l’après-midi, en étendant
les langes de mon bébé sur le balcon, j’aperçois
un homme paraissant très fatigué et qui semblait
venir du vallon de Puget-Rostang, et non pas du
sentier. Il avait l’air de se diriger vers le
village, puis au bout d’un moment, je l’ai vu
surgir dans la ruelle menant à la fontaine, et
rentrer dans la maison de Marius Astier. Me
doutant que c’était un Résistant, et sachant que
cette famille n’était pas tellement favorable
aux maquis, j’ai pris les devants et je suis
descendue chez eux pour voir ce qui se passait.
Je suis entrée au moment où il expliquait à
Titine qu’il avait été blessé à Puget et qu’il
cherchait du secours. Titine n’avait pas l’air
d’être à la fête. Je suis intervenue en disant
au blessé que je pouvais l’aider. Il a alors
laissé dans la cuisine des Astier le ballot
qu’il portait sur l’épaule. A ma remarque, il a
dit: "non, je n’en ai pas besoin, il est plus
utile là...."
Arrivé à la maison, il s’est présenté comme le
Capitaine François. Je ne le connaissais que de
nom. Je me suis rendue compte qu’il était blessé
assez gravement. Il crachait du sang en parlant,
et son visage était en partie tuméfié. Je
voulais le soigner, mais il m’a réclamé à
manger. Je lui ai donné un bol de lait qu’il but
d’un trait. J’avais des oeufs, je voulais les
lui faire cuire mais il les avala crus coup sur
coup. Il avait toujours faim. J’ai sorti un
morceau de jambon et du pain que j’avais reçu la
veille du maquisard qui se ravitaillait dans le
coin. C’est après s’être un peu restauré qu’il a
accepté de changer sa chemise tachée de sang,
déchirée... Je lui ai donné des chaussettes, une
chemisette de mon mari et cette chemisette m’a
donné du souci, car je me suis rendue compte que
c’était celle qu’il portait sur la photo de sa
carte d’identité. Je lui ai prêté le rasoir du
savon, puis comme c’était l’heure de la tétée de
ton oncle Gilbert qui avait deux mois, il s’est
rendu compte qu’il y avait un bébé dans la
maison. Comme je lui disais de se reposer encore
un moment, il m’a dit: "Non c’est trop risqué à
cause du bébé". J’ai pensé qu’il avait besoin de
réconfortant, et je lui ai donné une petite
bouteille de rhum et les quelques morceaux de
sucre que j’avais, tout en lui montrant sur ma
carte d’État-major le sentier de Léouvé et la
maison du docteur Martin, qui pouvait le
soigner, et à qui il pouvait faire confiance.
Au moment de partir, je lui rappelais qu’il
avait laissé son ballot chez les Astier. Il m’a
alors expliqué qu’il l’avait fait
intentionnellement pour ne pas être dénoncé tout
de suite, parce qu’il contenait des grenades et
que si les Astier appelaient les gendarmes, ce
serait chez eux qu’on trouverait les armes".
Distribution
de tracts
Quelquefois, des tracts étaient
distribués pour inciter la population à aider les
Résistants ou à participer à la Résistance.
La lutte armée Table
Avec le massage "Méfiez-vous du toréador" du 6 juin 1944
qui correspondait au débarquement des Alliés en Normandie,
les maquisards commencent la lutte au grand jour. Albert
Toche, sous-officier de l’Armée d’Armistice, rentré chez
lui à Guillaumes en Novembre 1942, relate la lutte armée
qui s’est déroulée dans son canton pour empêcher les
Allemands d’investir les maquis de Beuil
"Ils (les maquisards) descendent de temps en
temps à Guillaumes, le matin très tôt pour se
ravitailler en donnant en paiement des bons de
réquisition signés "Commandant Sapin"... Peu à
peu (à partir d’avril 1944) la Résistance vient
en surface et ses chefs circulent à pied dans
les rues de Guillaumes: les officiers comme le
Commandant Beauregard, le Lieutenant Colonelli,
le Capitaine François, le Commandant Sapin dont
on sait qu’il est le chef (de son vrai nom :
Commandant Lécuyer)"
"Le 8 juillet 1944 le Capitaine François et nos
F.F.I. font sauter le viaduc de Berthéou à
l’entrée des gorges de Daluis, c’est la
"coupure". Les gorges de Daluis isolent la haute
vallée du Var comme celle du Cians où le pont du
Pra d’Astier a sauté également la veille et
forment obstacle pour atteindre Beuil et
Valberg"
"Le commandement et le Comité de Libération
veulent également structurer une résistance
armée parmi la population, aussi serons nous
intégrés rapidement dans les rangs de l’Armée
Secrète"
C’est ainsi qu’Albert Toche est devenu chef de groupe.
Presque chaque soir les chefs de groupe sont au rapport
pour connaître les ordres et juger la situation.
Il s’explique:
"Je dis au lieutenant Colonelli que l’ennemi
pouvait accéder au maquis par les voies des pays
de montagne: en hauteur c’est à dire par deux
chemins muletiers: l’un partant de Léouvé
passant par le col de Roua pour descendre sur
Guillaumes; l’autre partant de Daluis pour
monter vers Villeplane et Sauze. Colonelli prend
ma remarque au vol et me demande puisque je suis
du pays, d’organiser un poste d’observation et
de Résistance au col de Roua puis à "Villeplane"
Donc Albert Toche et son équipe surveillent le passage du
col de Roua mais les hommes manquent d’armes et de
munitions et surtout de mortiers. (le tir plongeant étant
le plus efficace vu le relief accidenté).
Le 14 juillet 1944 le canton de Guillaumes est le premier
du département à pouvoir hisser le drapeau français tandis
que "la coupure" et les deux points hauts (col de Roua et
Villeplane) sont tenues par les F.F.I..
Les Allemands attaquèrent le 18 juillet au Pra d’Astier
(gorges du Cians) et à "la coupure" (Daluis) pour
concentrer ensuite toutes leurs forces sur les gorges de
Daluis qui paraissaient plus faciles à investir que celles
du Cians. Le 20 juillet le Commandant Rodolphe (de son
nom: De Lestang Labrousse) -chef du maquis de Beuil-
averti de la forte concentration d’Allemands sur Daluis
envoie des hommes et des armes en renfort. Le 22 juillet
les Allemands installent un mortier qui va forcer le
verrou de "la tête de Femme" et les troupes grimpent vers
le col de Roua et vers Villeplane.
Les F.F.I. sont obligés de se replier sur Guillaumes.
Parmi le groupe de Résistants placés à l’entrée des gorges
de Daluis pour retarder l’avance allemande vers Guillaumes
il y aura des blessés, les Sous-lieutenants de Bois-Fleury
(dit Pyra) et Colonelli (dit Colmar). Le premier survivra
à ses blessures et reprendra la lutte tandis que le
deuxième mourra à l’hôpital de Barcelonnette le 15 août
1944, jour du débarquement allié en Provence.
Une stèle rappelle à l’endroit où il tomba, le sacrifice
du Lieutenant Colonelli ainsi que celui du Caporal Marcel
Sini.
Les Allemands ne resteront qu’un jour à Guillaumes et dans
la nuit du 23 au 24 juillet, ils s’en allèrent.
Albert Toche s’interroge:
"Pourquoi ce départ si rapide? Nul n’a ignoré
l’attentat auquel Hitler a échappé les jours
précédents. Nous avons pensé que cette troupe
était rappelée, de ce fait, par le quartier
général à Nice. Il est impossible également que
le commandement allemand ne veuille pas dégarnir
le front de mer, puisqu’il s’attendait à un
débarquement imminent"
A partir du 15 août 1944 (date du débarquement allié en
Provence) les Résistants s’activèrent pour empêcher les
renforts allemands de passer et pour couper leur retraite
par la route des alpes (passant justement par
Puget-Théniers). Le Capitaine François et son ami Rodolphe
reçurent l’ordre de libérer Puget-Théniers. Le Capitaine
François fit "courir le bruit que la ville était
complètement encerclée par les maquisards" et fit dire aux
Allemands qu’ils "auraient la vie sauve s’ils déposaient
leurs armes"... et "toute la garnison de 28 hommes se
rendit au Commandant Rodolphe".
La liaison se fit ensuite avec l’armée américaine et avec
la première armée française commandée par le Général De
Lattre de Tassigny débarquée elle aussi. Le 27 août 1944
les Américains franchissaient le Var à Saint Laurent sur
un pont de fortune. Le 28 août 44 Nice était libérée par
ses propres efforts.
L’action contre les Allemands réfugiés dans les hautes
vallées et autour du massif de l’Authion continuera
jusqu’en avril 1945.
Albert Toche participera à cette lutte en tant que
sous-officier d’Artillerie du Groupement Alpin-sud ainsi
que Gabriel Mazier alias Capitaine François.
Dénonciations Table
Malgré la prudence dont faisaient preuve les maquisards il
arrivait que des dénonciateurs renseignent la Gestapo et
provoquent son intervention à Puget-Théniers.
Mme Peyron raconte:
"En attendant la naissance de mon 2ème enfant,
nous étions descendus d’Auvare pour loger à
Puget-Théniers à proximité de ma belle-mère et
du docteur. Les parachutages ayant commencé, mon
mari faisait partie des équipes de réception, on
écoutait "Radio Londres" pour avoir les messages
qui annonçaient les parachutages. Heureusement
on n’avait pas encore allumé le poste: Tout à
coup, la porte s’est ouverte, et des Allemands
en uniforme et armés, ainsi que des Allemands en
civil, la Gestapo, accompagnés d’un homme
masqué, sûrement du pays, ont fait irruption
dans la pièce. En un instant, les soldats
étaient devant les portes, les fenêtres, et
pointant leur mitraillette sur nous. Ils se sont
adressés à ton grand-père pour lui demander les
papiers, le livret de famille... Ils ont visité
les deux chambres, sont revenus dans la cuisine
en discutant entre eux. Dans un coin de la
pièce, j’avais préparé le berceau en attendant
la naissance toute proche, et, imprudence de ma
part, j’avais habillé ce berceau avec la soie
d’un beau parachute jaune pâle, que mon mari
avait récupéré sur ma demande, malgré lui,
jugeant que c’était imprudent, et il avait bien
raison. Je n’osais plus bouger. Il me semblait
que les S.S. allaient se rendre compte de la
provenance du tissu, et, angoissée, je me
rendais compte de l’imprudence que j’avais
commise; quand un S.S. a dit quelques mots en
allemand en désignant le berceau et en me
montrant du doigt. Mon état de grossesse avancée
ne pouvait pas passer inaperçu puisque Gilbert
est né 3 jours après. Puis ils sont partis, ils
ont fouillé les autres appartements de la
maison. C’est alors qu’on a entendu des cris de
femme au rez de chaussée: c’était l’épouse d’un
ingénieur Juif français. Son mari, avec d’autres
Juifs, quittait le village pour se réfugier à
Léouvé, dans les galeries des mines
désaffectées. Le lendemain matin, nous avons
compris, en voyant l’appartement bouleversé, que
les Allemands l’avaient emmenée. Elle n’y est
jamais revenue.
Les Allemands avaient été guidés dans les
maisons par ce civil, et avaient arrêté
plusieurs Juifs qu’ils avaient sans doute
dirigés dans "les camps de la mort"
Représailles Table
Tout sabotage ou embuscade perpétré par les Résistants sur
les Allemands entraînait leur riposte immédiate et
meurtrière.
Mme Toche raconte:
"Souvent, c’est par dénonciation auprès des
autorités allemandes d’occupation, que l’armée
allemande en 1943 - 1944 préparait une action
contre les "terroristes".
Ce fut le cas le matin du 3 mai 1944, à la
pointe du jour, où un side-car s’arrête devant
une maison située dans une boucle des virages de
la route montant de Puget-Théniers à la Penne.
De ce véhicule descendent un officier S.S. et
deux soldats. L’officier savait que Mr Bonnet,
propriétaire de la maison, abritait deux hommes
et un poste radio émetteur clandestin.
La fouille de la maison n’était pas encore
commencée que les deux hommes surpris, mais
réagissant rapidement, braquent leurs armes en
direction des soldats, tuent l’officier allemand
et prennent la fuite. Dans cette échauffourée Mr
Bonnet perdra la vie également, exécuté par les
Allemands en bordure de route. Les mauvaises
nouvelles arrivent très vite à Puget-Théniers
dont les habitants savent qu’il y aura des
représailles.
Je suis à l’école primaire section enfantine,
une collègue m’annonce que tout le village
savait déjà mais qu’il fallait s’attendre au
pire. Vers 10 heures le maire ou l’adjoint de
Puget-Théniers, ceint de son écharpe, vient
avertir la directrice que l’autorité occupante
demande que les enfants, sous la conduite de
leurs maîtres, arrivent sur la place de
Puget-Théniers très rapidement.
Quel spectacle nous attendait.... Tous les
hommes valides du village étaient à genoux sur
cette place, surveillés par quelques soldats en
armes. Soixante dix jeunes et moins jeunes:
certains en tenue de travail, avec un chapeau,
une casquette ou tête nue. Ils avaient été
raflés en début de matinée dans le village, sur
leur lieu de travail et c’était pitoyable de
voir ces hommes, muets, presque hébétés,
quelques-uns au regard furibond, serrer leurs
poings dans la poche de leurs pantalons. Tout le
monde se souvient de ce jeune homme emmené par
deux soldats en armes jusque dans le lit de la
Roudoule pour y satisfaire un besoin naturel.
Tout à coup, avec la crosse du fusil dans les
reins, huit hommes se mettent debout devant les
soldats qui les font mettre en rang. Parmi eux
deux garçons, que les Allemands étaient allés
dénicher dans un grenier et qu’ils avaient
découvert avec leurs jumelles (les frères
Barnouin) et un autre chaussé de brodequins
américains.
Le rang de ces hommes vient d’arriver au fond de
la place contre un mur; dans un silence pesant
s’élève alors une voix : L’Adjudant de
Gendarmerie Rémond, commandant la Brigade de
Gendarmerie de Puget-Théniers ose parler
allemand, lui, l’Alsacien, pour reprocher à
l’officier commandant le peloton d’exécution,
l’horreur de ce qu’il va ordonner.
Cette belle voix d’un homme qui avait l’habitude
de commander et d’être obéi retentit, presque
comme une sommation, celle d’arrêter cette
action néfaste Désarçonné par cette voix, qui
dicte dans sa langue sa conduite à tenir,
l’officier fait rompre les rangs au peloton en
armes et renvoie les Pugétois avec les autres.
L’attente de ces hommes, parqués comme des
bêtes, est pénible et les heures sont longues à
passer.
Je rentre chez moi avec Maguy Fragolla et nous
surveillons par la fenêtre qui donne sur la
place le va et vient des sentinelles, des
soldats. Nous pouvons apercevoir certaines
personnes alliés aux "prisonniers" leur porter
quelques victuailles mais c’était rapide.
La nuit tombe et nous veillons encore, sans
apercevoir grand chose.
Tout à coup, une grande lueur de l’autre côté du
Var: nul doute, c’est l’usine Brouchier qui
brûle. L’incendie alimenté par des tonnes de
bois, puisqu’on y fabrique des meubles, devient
vite conséquent.
Nous apprendrons plus tard que les Allemands ont
mis le feu et ont interdit aux hommes d’aller
l’éteindre.
Notre nuit sera courte et le lendemain matin,
assez tôt, quatre camions bâchés, venant de
Nice, stationnent déjà sur un côté de la place.
Tous ces hommes sont embarqués dans les camions
et comme on disait alors: "ils partent pour
l’Allemagne, ils partent pour l’EST"
Je revoie encore des mamans et particulièrement
les deux belles soeurs Mesdames Isnardy porter
les enfants (Lucien Isnardy) afin qu’ils
embrassent leur père avant le départ. Tout ce
contingent de Pugétois reviendra heureusement au
bout de quelques semaines.
Seul Basile Richerme ne reviendra pas.
Le 3 mai 1944 Table
Le Capitaine François raconte ce qui s’était passé au
petit matin de ce 3 mai 1944.
"J’entendis du bruit dans la cave au dessous, où
nous avions entreposé le contenu du dernier
parachutage: on parlait français avec un accent
d’outre-Rhin; nous étions certainement encerclés
par les Boches. Je bousculai Cabot pour le
réveiller. Déjà on frappait brutalement à la
porte. Je fis signe à Cabot d’ouvrir la porte et
lançai deux grenades. Puis je tirai à la
mitraillette sur les agents de la Gestapo en
évitant de toucher le gendarme français qui
était obligé de les accompagner; d’eux d’entre
eux s’écroulèrent.
Il n’était pas question de résister sur place.
J’ordonnai donc à mes gars de me suivre et
m’engageais sur le sentier menant à un bois
voisin. Cabot portait en vrac dans ses bras son
pistolet avec nos archives, une grenade
défensive dégoupillée et une bombe Gammon à
percussion. Elle lui échappa et explosa dans ses
pieds; mon pauvre radio fut projeté à plusieurs
mètres en l’air avant de retomber dans mes bras,
déchiqueté. La grenade dégoupillée qu’il tenait
l’instant d’avant roulait sur le sentier. Je
plongeai sur le côté mais ne pus éviter d’être
atteint. Cabot était mort, et les trois autres,
pensant à une attaque, s’étaient enfuis. Je fus
pris de nausées et perdis connaissance.
J’émergeai de mon évanouissement une heure et
demie plus tard. J’étais blessé à la poitrine et
au visage. Il fallait que je traverse le Var si
je voulais trouver du secours et brouiller ma
piste. Tantôt marchant, tantôt me laissant
glisser dans les fourrés et les éboulis, j’y
arrivai seulement le soir après toute une
journée de souffrances. Je pus enfin boire.
L’eau était froide car provenant de la fonte des
neiges. Je traversai à la nage à environ 150
mètres du pont du Fragé.
Deux femmes, par peur des représailles, me
refusèrent l’abri où elles gardaient leurs
chèvres."
Le Capitaine François passa la nuit dans une grange dont
le propriétaire lui apprit que les Allemands le
cherchaient partout. Comme aux deux femmes, il lui raconta
qu’il devait rentrer à Nice. Bien lui en prit car le
propriétaire alerta les Allemands qui fouillèrent les
environs sans le découvrir, heureusement ils n’avaient pas
de chiens. François marcha une grande partie de la nuit
vers Puget-Rostang, et monta à Auvare, chez Marius Astier,
où il arriva le soir du 5 mai, 60 heures environ après
avoir été blessé.
"Quand il vint m’ouvrir, je vis son visage tout
décomposé et il me dit: vous devez partir, on
vous cherche de partout". J’allais quitter le
village lorsque j’entendis qu’on m’appelait:
c’était l’institutrice, Raymonde Peyron, qui
ayant entendu la conversation, me dit qu’elle
avait honte pour son voisin et me donna du lait
chaud, un morceau de jambon à emporter, et me
fit cadeau d’une bouteille d’alcool rhumé
apportée par son mari qui était membre d’un
réseau F.T.P.; elle me guida ensuite jusqu’au
départ du chemin de la Croix et m’indiqua la
route à suivre pour rejoindre de l’autre côté de
la Roudoule, au Villars la Croix, la maison du
médecin général Martin, militaire à la retraite,
qui, elle en était sûre, pourrait me soigner et
m’héberger le temps nécessaire.
"J’espérais seulement que le pont suspendu qui
enjambait les gorges ne serait pas gardé. Il ne
l’était pas et j’arrivai vers minuit chez le
médecin Martin".
raconte le Capitaine François.
Conclusion
Table
"Grâce à
l’implantation des maquis que les Résistants
organisèrent dans nos montagnes, les troupes
libératrices purent avancer très vite le long de la
route des Alpes vers Grenoble et Lyon. C’est grâce à
l’action des Résistants que Nice fut purgée,
intacte, de ses occupants, le 28 août 1944, moins de
deux semaines après le débarquement du Dramont.
Ainsi s’exprime le Dr Gaston Bernard dans sa préface du
récit de Gabriel Mazier, alias Capitaine François.
En effectuant ces recherches, en recueillant ces
témoignages, en visitant et photographiant ces lieux où se
sont déroulées, il y a près de 50 ans, ces actions
héroïques, nous avons pu mieux comprendre le but et le
sacrifice des Résistants. Certains étaient des combattants
de métier préparés à l’action, d’autres étaient des gens
simples, mais tous ont fait preuve d’un courage
exemplaire.
Comme l’a écrit Mr Charles Ginésy, Sénateur-Maire de Péone
Valberg, Président du Conseil général des Alpes Maritimes
dans la page de garde de l’ouvrage déjà cité:
"Ceux qui ont sacrifié leur vie pour leur pays ont
droit à la considération des autres".
Avec leur exemple, nous les jeunes, nous
"comprendrons mieux le prix de la Paix, sa fragilité
et ses exigences" et nous sommes reconnaissants à
nos aînés".
Nous reprendrons les mots de Michel El Baze, grâce à qui
ces témoignages ont été édités, pour conclure:
"Il appartiendra au lecteur d’imaginer ce que
taisent les témoins, le courage, les souffrances
endurées et leur remarquable persévérance dans la
lutte pour le Pays..."
Table
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