Médecin Colonel
Jean POULIQUEN
090
Patsy Li
La miraculée de
Guadalcanal
Guerre 1939 - 1945
Témoignage
Nice - Mai 1991
Analyse du
témoignage
GUERRE
d' Indochine
Écriture : 1983 -
30 Pages
Postface de
Michel EL BAZE
René J. Poujade a
rédigé ce récit après avoir rencontré, en 1983 son
compatriote, Jean Pouliquen, lors de
l'inauguration, à Fréjus du Monument aux Morts
d'Indochine dont, en d'autres temps, il avait
conçu la maquette du groupe, au cours de son
affectation à la Section d'Études et d'Information
des Troupes Coloniales à Paris . L'intérêt que
Pouliquen portait aux articles historiques que
Poujade publiait dans le Journal des Combattants,
l'incitait à lui raconter une histoire
merveilleuse, à peine croyable, dont une enfant
chinoise fut l'héroïne lors des combats de
Guadalcanal et dont il eut à s'occuper aux
Nouvelles Hébrides. Un scénariste n'oserait
inventer tant de péripéties dramatiques se
terminant par un "happy end" à la Delhy. Pourtant
toute l'histoire est véridique et il y a des
témoins, dont l'héroïne Poujade précise que la
première relation concernant Patsy Li se trouve
dans un article du "New York Times" qui d'ailleurs
joue un rôle dans l'histoire. Il relate le
miraculeux sauvetage de Patsy Li, arrachée à
demi-morte à l'enfer de Guadalcanal par des
Marines, soignée et ramenée à la vie à Espiritu
Santo Déjà miraculeuse, telle qu'ainsi racontée,
elle l'est infiniment plus lorsque s'y ajoutent un
précédent sauvetage d'un naufrage sous le feu
ennemi puis la réadaptation à la vie et
l'extraordinaire retrouvailles avec sa maman . Nul
besoin de broder en racontant l'histoire de Patsy
Li
Table
L'enfert vert. 8
Patsy, bébé martyrisé 10
La presse, comme une bonne fée 12
Happy end 16
La mémoire
La mémoire : seul bagage
incessible
Jacques
ATTALI
L'enfert vert.
Le Médecin Capitaine
Jean Pouliquen était en service en 1940 à Espiritu
Santo ( Nouvelles Hébrides ) où il participa au
ralliement de la colonie à la France Libre. L'Ile
d'Espiritu Santo devint au début de 1942 la base
la plus avancée et la plus importante des Alliés,
à la limite de l'avance foudroyante des Japonais
dans le Pacifique. Elle fut, aux avant-postes de
la Nouvelle Calédonie, l'indispensable base
arrière de la reconquête de Guadalcanal qui
préluda aux autres sous les ordres de Mac Arthur
et de Nimitz. Sa rade offrait un vaste plan d'eau
face au Nord; des espaces furent dégagés dans la
jungle pour des terrains d'aviation et des
cantonnements ou aires de stockages. Le Général
Douglas Mac Arthur témoigna de l'importance de
l'aide ainsi apportée à la lutte commune contre le
Japon, puissance asiatique de l'Axe, et n'oublia
pas de témoigner sa reconnaissance à la France, le
2 Septembre 1945, alors que Leclerc, après lui,
venait de signer l'acte de capitulation du Japon,
en rade de Tokyo. On s'étonnera que ce médecin
Breton, perdu sur cette poussière d'îles qui
deviendront la "Coconuts Bases Area", (Zone des
bases des noix de coco), se soit trouvé en
premières lignes seul compétent pour faire, avec
son microscope, les recherches hématozoaires pour
conseiller les traitements des US.Marines, et des
hommes de la Navy et de l'Air Force,victimes
d'accès de paludisme: Chiffre énorme, 90 % de
l'effectif du 2nd. Marines Regiment fut atteint et
les médecins de l'US.Navy ne savaient pas le
soigner. L'enseignement et les documents de
l'Ecole de Médecine Tropicale du Pharo, à
Marseille, servirent de modèle pour la mise en
place du service de l'US.Navy Malaria Control dans
l'île de Espiritu Santo. Ainsi, le nombre
impressionnant de morts par paludisme, supérieur à
ceux aux combat, diminua rapidement. C'est un
aspect ignoré de cette guerre. En Août 1942, dès
le début, c'est l'enfer à Guadalcanal: Enfer des
combats démentiels et de la nature mortelle. A
peine débarquées, les unités des US.Marines se
trouvent quasiment abandonnées sur l'île:
L'escadre logistique a du s'éloigner des parages à
cause de l'efficace omniprésence de la Marine
Impériale Nippone, l'invaincue "Kaigun".
L'éventualité est même évoquée d'abandonner
l'opération qui semble être prématurée. Les
Marines ont le sentiment d'être des enfants
perdus. La malaria, aussi, fait des ravages dans
les rangs et le modeste hôpital du Docteur
Pouliquen, à Espiritu Santo, est archibondé
d'Américains atteints de la malaria. Les combats
font rage, sans trêve. Les Marines de la Ist.
Division sont soumis aux harcèlements continuels
des "Japs", sur terre, comme de l'air et de la
mer: Infanterie se lançant à l'assaut en hurlant;
snipers diaboliques aux "cartons" déroutants;
rodéos de chasseurs "Zéro" se précipitant en
mitraillant et grenadant; bombardement de "Betty"
isolé ou en groupe dont l'insigne au Soleil rouge
semble un défi aux chasseurs Wildcat de
l'US.Marines Corps; pilonnages des cuirassés et
croiseurs nippons à l'incroyable audace et maîtres
de la mer. Dans la jungle enchevêtrée et escarpée,
sous la pluie qui tombe à torrent et dans la boue
putride dont l'odeur parvient jusqu'aux navires au
large des plages, rien n'est épargné aux "Boys".
Presque chaque nuit, le "Tokyo Night Express", cet
infernal convoi nocturne de destroyers, amène des
renforts en hommes et du matériel aux "Japs". A
l'occasion, ses canons participent au matraquage
des Marines; quand aucun forceur de blocus
américain n'a pu s'approcher. Les rations des
combattants à terre ont été réduites au minimum.
Des haut-parleurs nippons tonitruent des
programmes de démoralisation coupés de chants
guerriers qui donnent le frisson. Les Marines ont
le sentiment d'être dans un piège. Pourtant, il
faut tenir, ou mourir massacré. Les combats,
déclenchés par surprise, sont menés au
corps-à-corps dans l'enchevêtrement de la jungle.
Peu à peu, la tête de pont se resserre autour de
la piste pour avions que les Japonais avaient
entreprise à la limite de la forêt tropicale et
que les Américains voudraient utiliser. Ils lui
ont donné le nom de Henderson Field's., celui d'un
héros de l'US.Marines Corps qui, lors de la
bataille décisive de Midway, précipita son avion
sur un croiseur japonais. La forêt est touffue et
sombre, tant les arbres sont serrés et élevés.
Elle recouvre toute l'île, y compris les parties
escarpées où les adversaires essayent d'établir
des postes d'observation précaires. Il n'y a
presque pas de piste et l'on s'y perd sans guide
Mélanésien. Les plantations sont si rares qu'on
oublie qu'il en existe cependant quelques unes. La
densité des arbres, se dressant jusqu'à vingt cinq
mètres, maintien une quasi obscurité pendant toute
la journée, sauf une pénombre de cathédrale à
l'heure de midi au soleil. Tout pourri en quelques
heures: Impossible de garder une viande. Tout est
moite, l'humidité est à saturation. Il pleut de
dix à douze mètres d'eau par an, ce qui est
considérable. La chaleur continuelle dépasse les
30 degrés. Il n'y a que boue et moisissure. Les
moustiques pullulent et sont très dangereux: C'est
le pays de toutes les fièvres, toutes les
maladies, toutes les infections. Les blessures les
plus banales s'aggravent vite. Dysenterie et
malaria tuent autant, sinon plus que les "Japs".
Dans cet enfer vert (le nom sera donné par la
suite à la jungle de Nouvelle Guinée), aux bruits
étranges s'ajoutent soudain les diaboliques
"Banzai !" ou les chants guerriers des soldats du
Tenno Hiro Hito et les appels à la reddition
suivis de menaces démentielles. Même les plus
endurcis des "Col de cuir" sont dans l'angoisse de
la surprise qui ne pardonne pas: Dans ces fouillis
de végétations, où le Jap sait s'infiltrer pour
concentrer des forces toujours renouvelées, un
assaut-suicide peut déferler à tout moment,
n'importe où, mais toujours par surprise, de
préférence à la nuit, dans un élan fou contre un
poste où les US.Marines sont inférieurs en nombre
et parfois en armement. L'impression d'isolement,
l'absence de ravitaillement que rappellent les
rations alimentaires et les dotations en
munitions, s'ajoutent à la tension nerveuse de
chaque instant. Ces "Boys" qui entreprennent la
reconquête US par Guadalcanal ont été rapidement
entraînés et ne sont pas aguerris, face aux "Japs"
passés maîtres dans le combat de jungle. Sur un
seul point, le choix est le même pour les
Américains et les Japonais : Résistance ou
anéantissement. (2000 des Marines débarqués, sur
10000, périront à Guadalcanal). Enfin, l'US.Navy
réussit à reprendre le contrôle des eaux de
Guadalcanal: Profitant de la défaillance d'un
moment d'un amiral nippon, un porte-avions et des
cuirassés se lancent courageusement à la rencontre
de l'ennemi. Cela n'est pas sans raison que ces
eaux portent le nom de "Iron Bottom Sound". Peu à
peu, la situation s'améliore. Les "Leather
neck"(cou tanné) de la 1st. US.Marines Division du
général Vandergrift peuvent enfin "se donner de
l'air", puis attaquer les "Japs" de la XVII° Armée
du général Kawaguchi. Par la suite, les renforts
du général Patch, celui dont on parlera en Europe,
chasseront les derniers soldats du Soleil Levant
de "l'île de la mort". Parmi ces soldats
victorieux, il y aura ceux de la fameuse Division
"Americal", formée en Nouvelle Calédonie, (nom
formé de Améri...que et de Cal...édonie), qui ne
s'arrêtera qu'à Tokyo.
Patsy, bébé
martyrisé
Au cours de
l'effroyable progression de la mi-Novembre 1942
pour la conquête de l'île, un combat acharné se
déroule aux abords d'un groupe de cases détruites
: Tous les habitants viennent d'être massacrés par
les soldats nippons, qui soupçonnent les
Mélanésiens d'aider les Américains et les autres
"Blancs" qui les ont évangélisés. Les "Japs" sont
encore là, embusqués et tirant sur tout ce qui se
montre. Soudain, venant de la jungle, trois
catéchistes Mélanésiens surgissent face aux
Marines, en profitant d'une accalmie. Ils portent
une très jeune enfant, couverte de plaies
sanglantes, qui parait morte. Ils sont accueillis
par un groupe où se trouve le Père F.P. Gehring,
Aumônier des Marines. Les Mélanésiens lui
remettent l'enfant inanimée. Dans un premier
temps, le prêtre la soigne avec les pauvres moyens
dont il dispose, s'abîmant en prières pour que
survive dans un tel enfer cette petite Chinoise
surgissant étrangement d'un petit village
mélanésien. Il n'attend que d'un miracle la vie de
la petite blessée. A l'étonnement général,
l'enfant survit à d'affreuses blessures par arme
blanche et crosse de fusil : "Comment peut elle
être encore en vie ? Dieu seul le sait !",
commente le "toubib" des Marines. Longtemps, la
petite blessée subit la vie des assiégés autour
desquels s'articule la manoeuvre. Une nuit,
pendant un bombardement particulièrement intense
des croiseurs japonais du "Tokyo Night Express",
le T.N.E. de sinistre mémoire, un Marine protège
le bébé de son corps. Des "durs-à-cuire" se
relayent pour essayer de faire sourire l'enfant:
Il y a là des hommes dont les noms s'étalaient en
bonnes pages des journaux il y a un an. L'acteur
Montgomery, le musicien Bud. Brennan et le
Champion du Monde de Boxe Barney Ross sont du
nombre. Lorsque c'est enfin possible, un avion
l'évacue avec d'autres blessés, par Henderson
Field's, vers une base d'appui des Nouvelles
Hébrides, une "Coconuts base" comme celles qui
rendirent possible la reconquête. Parmi elles,
toutes les possessions françaises du sud du
Pacifique, ralliées à la France Libre dès 1940;
dont Espiritu Santo devenue la plus proche des
bases logistiques importantes au Sud-Est de
Guadalcanal. C'est ainsi qu'un beau jour de
l'avent de Noël 1942, le Médecin Capitaine Jean
Pouliquen, "Toubib" des Troupes Coloniales et
Représentant de la France aux Nouvelles Hébrides,
voit arriver dans son hôpital le sympathique
Révérend Gehring Aumônier des US.Marines, portant
dans ses bras une enfant Chinoise couverte de
pansements. Le "Padre", qui avait été missionnaire
en Chine, déclare qu'il a donné à sa petite
protégée le nom de Patsy Li, par réminiscence.
C'est sous ce nom que se fait l'inscription de la
blessée, dont l'âge est estimé à quatre ans. Les
Mélanésiens qui l'ont sauvée ne savaient d'où elle
venait. L'enfant est vêtue d'une robe en soie
jaune, confectionnée par un infirmier des Marines
dans la soie d'un parachute de container. Elle est
cousue avec du fil de suture chirurgicale. Patsy
est maigre et pâle; le visage est encore gonflé
par un oedème; les lèvres sont exsangues; l'anémie
grave est manifeste. L'analyse révèle 2 à 2,5
millions de globules rouges (la moitié de la
normale). Une blessure importante à la tête a
causé une hémorragie abondante; la plaie du cuir
chevelu, suturée, n'est pas guérie et l'enfant
porte encore un volumineux pansement. (des photos
la montrent ainsi, tragiquement grotesque). La
blessure parait avoir été faite par un instrument
tranchant, probablement un sabre ou une
baïonnette. Le médecin constate un état de misère
physiologique prononcée, suite des carences des
mois écoulés depuis le débarquement des Japonais
dans l'île. Un examen du sang révèle une sérieuse
atteinte paludique. Bien que ni sourde ni muette,
l'enfant ne dit rien et ne semble comprendre aucun
mot: ni chinois ou mélanésien; ni anglais ou
français. Elle a, manifestement, perdu l'usage de
la parole. La nuit, dans son sommeil, elle hurle
et crie longuement: La réminiscence de ses
frayeurs récentes revient dans ses cauchemars. Les
religieuses-infirmières Maristes de Soeur Marie
Tarcisius, arrivées aux Nouvelles Hébrides au
début de la colonisation, la prennent en charge et
en affection, s'attachant à la faire revivre. Le
Padre Gehring et le Père Jehan, Missionnaire et
apôtre des îles Ambrym et Pentecote affecté en
Juin 1940 à Espiritu Santo et devenu par la force
des choses aumônier des US.Marines,viennent
visiter l'enfant, parfois en compagnie de
Monseigneur Halbert, Evêque des Nouvelles Hébrides
et un de ce ceux qui, avec le Commissaire-Résident
H. Sautot rallièrent les Nouvelles Hébrides à la
France Libre. L'enfant est docile, très sage.
Craintive, elle prend la main des soeurs et se
tient près d'elles. Un jour, elle recommence à
marcher. Au bout de quelques semaines, sa santé
s'améliore. On la voit renaître peu à peu à la
vie, mais elle reste isolée des autres petites
malades. Maintenant habillée et soignée comme une
petite fille, elle ne porte plus qu'un léger
pansement qui l'enturbanne joliment. Peu à peu,
elle reprend l'aspect de la petite fillette
qu'elle fut probablement avant les hostilités qui
l'ont tant traumatisée. Son comportement surprend:
Elle est discrète, sage, bien ordonnée et très
propre. Elle aime bien prendre ses repas à une
petite table à sa taille: Assise bien droite sur
une petite chaise, elle lisse la nappe doucement
et se sert sans hésitation d'une assiette, d'un
couvert, d'un bol ou d'un verre. Manifestement,
elle était habituée à prendre ses repas ainsi,
malgré son jeune âge et bien que cela soit
particulièrement exceptionnel en Asie et dans le
Pacifique. Les Soeurs sont en admiration devant
Patsy; on dirait la Vierge Marie dont les Actes
des Apôtres disent que, devant son fils
enfant,"elle notait tout cela en son coeur". Elle
aime se restaurer seule, tranquillement, à cette
petite table installée pour elle dans la salle de
pansement. Elle sait apprécier les attentions,
mais évite les autres enfants de l'hôpital et n'a
pas de contact avec eux. Un jour, d'un geste, elle
manifeste un caprice ou une impatience: La soeur
qui élève la voix pour la réprimander, a la
surprise de voir l'enfant s'approcher d'elle,
joindre ses petites mains, sourire et s'incliner
gentiment pour demander son pardon. Un sourire et
une caresse en réponse de la religieuse, et
l'enfant manifeste aussitôt sa joie de voir sa
petite faute effacée. Ainsi, peu à peu, à
l'occasion de la vie courante, l'enfant qu'elle
avait été avant la guerre renaît en elle. Rien,
dans son attitude et son maintien, ne concorde
avec le milieu de Guadalcanal où la sauvagerie des
Nippons faillit lui coûter la vie. Ce n'est
certainement pas l'enfant de coolies Tonkinois des
rares plantations, et encore moins de Mélanésiens
vivant en brousse; peu de chance également qu'elle
le soit d'une des quelques familles de pauvres
boutiquiers Chinois, plus ou moins usuriers. Par
quel mystère cette enfant a-t-elle pu arriver à
Guadalcanal ? Un jour, la soeur qui s'en occupe
constate qu'elle sait écrire quelques lettres de
l'alphabet, dont le "E" qu'elle inverse. Cette
découverte assombrit l'énigme un peu plus. Sous le
turban de son pansement, Patsy a encore son petit
air malheureux, mais, déjà, on voit qu'elle est
jolie. Son histoire est maintenant connue et les
photographes de presse en font une mascotte: Elle
conserve un air très naturel et ne quitte pas le
voisinage des soeurs de l'hôpital. Elle
s'intéresse beaucoup aux photographies, qui
abondent, particulièrement aux épreuves en 13x18
qu'on lui offre: Elle se constitue ainsi une sorte
de "Press-Book" qui se révélera très utile par la
suite. Le Docteur Pouliquen a tout de suite
constaté, avec étonnement, que sa petite patiente
porte une cicatrice de vaccination
anti-variolique. Cela n'était pas pratiqué à
Guadalcanal et dans les Iles environnantes
d'obédience anglo-saxonne. Il est évident que
l'enfant est venue d'ailleurs, d'où, en certains
milieux, on se fait vacciner comme le font les
Français. Cela n'a pu se faire que sur un
continent, là où les Européens sont en nombre et
dans une famille Chinoise d'un milieu
occidentalisé où une fille est reconnue digne de
tels soins préventifs.
La presse,
comme une bonne fée
L'histoire de
Patsy Li vient souvent dans les conversations de
clubs et de mess: Les histoires qui ne sont pas
horribles sont tellement rares. Entre les
cruautés des "Japs" et de la jungle et la
voracité des énormes requins qui guettent les
imprudents baigneurs, le choix des récits
macabres est immense. L'histoire de Patsy est un
vrai conte de Noël et il est vrai. Tous les
correspondants de guerre veulent la connaître.
Un soir, un dîner réunit des "Toubibs" et des
journalistes. Quelqu'un émet l'idée de faire
paraître la merveilleuse histoire de Patsy Li.
Le correspondant du "New York Times", qui se dit
très intéressé, est désigné d'un commun accord
et rédige le "papier". Le récit paraît
effectivement au tout début de 1943 sous ce
titre-fleuve :"Grâce aux bons soins, la petite
Patsy Li, sauvée dans la tourmente des combats,
revient à la vie" ! L'article bénéficie d'un
titre en grosses lettres, sur trois colonnes
d'une vingtaine de lignes chacune, en milieu des
pages intérieures, dans les Nouvelles Générales
de l'édition quotidienne du "New York Times".
(35 à 40 pages). Un nouveau "miracle" favorise
alors l'enfant: Une doctoresse de New York,
d'origine chinoise et dont une soeur est restée
en Asie, lit l'article qui l'intrigue et qu'elle
retient car il ne peut la laisser insensible.
Elle a une soeur, restée en Extrême-Orient, qui
a trois enfants, et qui s'appelle Lee (se
prononce Li): Ruth Lee, d'une riche famille
établie à Singapour et originaire de Chang Haï;
dont elle est sans nouvelle depuis un voyage peu
avant Pearl Harbour. La santé de Patsy
s'améliore rapidement, puis elle est
complètement rétablie. Sa place n'est plus dans
un hôpital de la zone avancée. Elle est repliée
vers un orphelinat tenu par les soeurs Maristes
de Anabou, à Port Vila, une île voisine au
centre des Nouvelles Hébrides. Les combats
s'éloignent peu à peu avec l'avance des forces
de Mac Arthur et de Nimitz repoussant
l'agresseur nippon, bientôt traqué jusque dans
ses îles métropolitaines et contraint à
capituler. La petite Patsy Li passe ainsi cinq
années chez les Soeurs Maristes; toujours très
sage, soignée, réservée et obéissante. La guerre
s'est terminée le 2 Septembre 1945, mais les
moyens de transports pour les civils sont longs
à organiser, après avoir été péniblement réunis.
Dès qu'ils le peuvent, les déracinés retournent
dans leurs foyers d'avant la guerre. Parmi ces
réfugiés accueillis pour le temps de la
tourmente sur une île du Pacifique, il y a Mrs.
Ruth Lee, rescapée d'un naufrage au début de
1942 à l'Est des Indes Néerlandaises. Enfin, un
jour, elle peut retourner à Singapour. Le coeur
en peine après cette tourmente où la solidarité
des Célestes lui a permis de survivre, mais non
d'oublier des enfants disparus, Mrs. Ruth Lee
reprend contact avec les membres survivants de
sa famille, dont sa soeur médecin à New York.
Elle leur fait part de la perte de ses enfants
lors d'un torpillage pendant l'évacuation de
Singapour. Se souvenant de l'article du "New
York Times" qui l'avait intriguée quelques
années plus tôt, sa soeur lui fait part de cette
extraordinaire histoire d'une petite Patsy Li
sauvée par les Marines à Guadalcanal. Le journal
ne faisait mention que de ce que savaient les
journalistes: l'aventure de l'enfant sur l'île
et cette seule indication "nul ne savait comment
elle était arrivée là". Apprenant cette
histoire, Mrs. Ruth Lee a l'intuition que la
petite Patsy Li est en fait sa Patsy Lee.
Aussitôt, elle entreprend des démarches pour
retrouver son enfant. Elle obtient cet article
du "New York Times" qui, en fait d'informations
permettant de reconnaître son enfant, ne signale
que l'âge apparent, la bonne éducation...et
l'origine inconnue. Elle écrit alors aux
journalistes et photographes ayant connu la
petite Patsy de Guadalcanal, au Padre Gehring et
à un médecin de la Navy. Elle s'adresse à ceux
qui, aux Nouvelles Hébrides, ont pu entendre
parler de l'enfant miraculée des combats de
l'île infernale, comme la surnommaient les
"Boys". Elle entre en correspondance avec
l'Orphelinat Sainte Marie. Des Etats Unis et des
Nouvelles Hébrides, elle reçoit plusieurs photos
de l'enfant. Son enquête se révèle décevante:
L'Aumonier lui apprend qu'il a lui même donné ce
nom de Patsy Li à l'enfant trouvée, uniquement
en souvenir de son apostolat en Chine avant la
guerre; l'enfant n'avait rien pouvant indiquer
le moins du monde qui elle était. Le médecin ne
retrouve pas les signes indiqués par la mère,
assez vagues par ailleurs alors qu'elle a omis
de mentionner les traces de vaccination. Même
les photos qui, pour 1943, concernaient une
enfant blessée et physiquement éprouvée, ne
permettent pas de se faire une opinion. Ces
démarches et recherches de toutes sortes, qui
l'occupent beaucoup, nuisent à l'harmonie de son
ménage. Le mari de Mrs. Lee s'impatiente devant
ce qu'il considère comme une folie de son épouse
uniquement préoccupée d'une enfant que seul un
miracle pourrait faire qu'il soit celui de leur
couple. Un jour, la séparation intervient entre
eux: Ruth Lee va pouvoir se consacrer
entièrement à sa quête.
Patsy Lee,
enfin !
Bien
qu'acharnée à retrouver son enfant, dont son
instinct lui dit qu'elle est en vie, Ruth ne
veut rien négliger qui puisse lui permettre de
retrouver sa fille et non une autre. Elle veut
sa Patsy, non une enfant à adopter à sa place.
Le 15 Mai 1946, elle adresse une lettre au
Docteur Pouliquen. Le pli transite par Sydney.
Elle a pris soin d'ajouter sur l'enveloppe que
le remplaçant éventuel du médecin peut l'ouvrir.
Elle accumule les détails qui pourraient aider à
reconnaître l'enfant, si elle est sa fille; mais
ne mentionne pas la vaccination. Elle raconte le
naufrage du "Kuala" que les Japonais coulèrent
devant l'île de Sumatra le 14 Février 42, le
lendemain de sa fuite de Singapour: Elle
entendit parler les jours suivants d'une enfant
Chinoise sauvée par un Européen. Elle ne
s'étonne pas que de Sumatra à Guadalcanal il y
ait plus long que la traversée de l'Australie:
Comment un presque bébé a-t-il pu effectuer ce
voyage, pas seul ? Elle joint à sa lettre au
docteur une photo prise en 1941, où la petite
Patsy tient sa petite soeur Charlotte. Elle
décide de se rendre à Efate, voir l'enfant dont
on lui a parlé et qui la trouble si fort, qui
vit à l'orphelinat des soeurs à Port Vila. Le
voyage nécessite une escale à Sydney, pendant
quelques jours. Elle rencontre des amis et des
relations d'avant guerre dans la communauté
chinoise. Elle y reçoit encore une photo, prise
à Espiritu Santo, de cette enfant qu'elle va
enfin voir. Certains de ses amis affirment que
cette Patsy ressemble fort à une des filles de
Mr. Lee, qu'ils ont connue; une ressemblance
particulièrement évidente d'après eux sur la
dernière épreuve reçue. Plusieurs se déclarent
disposés à témoigner pour l'identification de la
fillette. Ruth Lee reprend le bateau qui accoste
enfin à Port Vila. Que d'années passées à
rechercher son enfant ! Tous les sentiments
l'assaillent lorsqu'elle descend du "Morinda",
mais l'espoir domine. Très vite, l'Honorable Sir
Blackwell, Commissaire-Résident Britannique de
cette île sous condominium franco-britannique,
reçoit Mr. Ruth Lee. Sans difficulté, il lui
propose une entrevue avec l'enfant, en présence
du médecin français qui est aussi son collègue
administratif. Par une coïncidence
extraordinaire, le Médecin-Chef du Service de
Santé est le Docteur Jean Pouliquen; celui-là
même qui reçut et soigna l'enfant presque
moribonde à Espiritu Santo, juste après son
évacuation de l'enfer de Guadalcanal, vers la
Noël 1942. Il s'est fait désigner à Efate, après
des congés en France, alors que Mrs. Lee peut
enfin se rendre aux Nouvelles Hébrides, plus de
cinq ans après la fin de la guerre. Nous sommes
en 1951 et Mrs. Lee a encore espoir. L'entrevue
au Palais du Gouverneur : On fait venir la
fillette qu'une religieuse met en présence de
Mrs. Lee entourée des personnalités officielles
de l'île; Sir Blackwell et le Médecin Chef
Pouliquen. Seul, le froissement soyeux des
larges pales des ventilateurs Martinelli, mêlé
aux bruits de la campagne tropicale, rompt un
silence de crypte. L'enfant paraît maintenant
âgée de dix à onze ans: Il y a neuf ans que Mrs.
Lee n'a plus vu sa fille, alors un bébé. Devant
elle se tient une fillette gauche, angoissée
peut être, qui ne fait aucun geste. Elle reste
là, poliment mais ne comprenant pas. Il ne
semble pas au docteur qu'elle ait été prévenue
de cette entrevue et de son objet. Figée,
tassée, comme écrasée dans son fauteuil, Ruth
Lee n'a pas un geste, ne manifeste aucun
sentiment. Le docteur est fasciné et observe.
Cela dure dix longues minutes, puis l'enfant est
reconduite à l'orphelinat. Absolument rien ne
s'est passé entre ces deux êtres: La mère n'a
rien retrouvé de l'enfant perdue. Faut-il s'en
étonner après si longtemps ? A quelques jours de
là, Sir Blackwell rend visite au Docteur
Pouliquen. Celui-ci lui confie ne rien voir, en
la fillette présentée, de l'enfant qu'il avait
recueillie à Espiritu Santo neuf ans plus tôt.Il
lui dit qu'il ne l'aurait pas reconnue, si on ne
lui avait assuré qu'il s'agissait de la même. Il
est absolument sûr de ce qu'il avance. Quelle
conclusion, dans ces conditions, tirer de
l'entrevue de l'autre jour ? Sir Blackwell
demande au Docteur Pouliquen de regarder
attentivement des photographies anciennes de
Patsy Li retrouvées: Laquelle, à son avis, lui
rappelle le mieux l'enfant qu'il reçut à
Espiritu Santo ? C'est un moyen de voir comment
était l'enfant à l'époque, peu de temps après
avoir perdu sa mère. Sur l'épreuve que choisit
le médecin comme étant la plus naturelle, Patsy
est portée dans les bras de Soeur Maria-Renata.
Telle, d'après lui, était l'enfant qu'il reçut à
Guadalcanal. Sir Blackwell remarque qu'il s'agit
de la photographie sur laquelle les amis Chinois
de Sydney ont le mieux reconnu Patsy, l'enfant
perdue de Mrs. Lee. C'est aussi la dernière
qu'ils aient reçue; l'année de sa disparition.
Pour la première fois, Sir Blackwell dévoile au
Docteur Pouliquen la proposition d'attestation
faite par les Chinois de Sydney. Mrs. Lee est à
nouveau reçue par les deux représentants
gouvernementaux dans l'île. Elle leur raconte
l'histoire de ses malheurs. Son ménage était
installé à Singapour, mais, peu avant le début
de la Guerre du Pacifique, elle était allée
rendre visite à sa parenté de Shang Haï. Au
moment où les hostilités allaient se déclencher
en Extrême-Orient, Ruth Lee accompagnée de ses
enfants s'était embarquée sur un bateau pour
rejoindre son mari à Singapour. La guerre était
survenue et, presqu'aussitôt, la base navale
britannique et son île s'étaient trouvées sur la
ligne de front. Les revers de Malaisie et la
perspective d'une prise de Singapour "tournée"
par les soldats nippons précipitèrent
l'évacuation des civils. Le 13 Février 1942,
l'avant veille de la capitulation des
Britanniques sous les ordres du général
Percival, elle avait trouvé place avec ses
enfants à bord du "Kuala"; alors que les "Japs"
étaient déjà dans la ville. A l'Est de Sumatra,
dans les Indes Néerlandaises, le navire n'avait
pu échapper à la Marine Impériale Japonaise qui
dominait alors sur mer comme sur terre. Torpillé
sans merci, bien qu'il fût un navire de commerce
facilement identifiable, le "Kuala" avait sombré
en vue d'une île. Lors du naufrage, Mrs. Lee
avait perdu un de ses enfants; un autre, qu'elle
tenait dans les bras, lui avait échappé dans les
remous. Elle avait gardé un espoir pour son
troisième enfant, la petite Patsy, et la croyait
en vie. Un naufragé lui avait dit avoir vu sa
fillette flottant à la dérive, dans une caisse,
hors des flots tourmentés du drame. Il se
souvenait avoir vu un Européen s'en occuper. Il
y avait alors sur la mer toutes sortes de
bateaux et d'embarcations fuyant l'avance des
Japonais. Naturellement, Mrs. Lee ne pouvait
expliquer comment la personne ayant pris
l'enfant en charge avait pu l'amener en cette
île de Guadalcanal: Cela représentait une
cinquantaine de degrés de longitude ! Y avait-il
eu une escale préalable dans les îles
Néerlandaises, suivie d'une fuite devant
l'avance des "Japs" ? Celle,vers les Salomon et
les Nouvelles Hébrides, était logique, plus que
vers la Nouvelle Guinée. On ne savait quand
l'enfant était arrivée à Guadalcanal, mais on
était sûr qu'elle était étrangère à l'île et
qu'elle venait certainement d'un milieu très
occidentalisé chinois. La conversation s'orienta
ensuite sur la façon dont elle éduquait ses
enfants. Ruth Lee dit combien elle tenait
beaucoup à l'éducation, la politesse et les
bonnes manières de ses enfants; estimant cela
utile au cours de la vie. Elle se souvient
d'ailleurs que ses amies lui faisaient parfois
reproche d'être trop sévère, mais elle pensait
avoir bien agit. Ses interlocuteurs se
souvenaient que, dès son arrivée à Espiritu
Santo, la petite rescapée de Guadalcanal
étonnait les médecins, les religieuses et les
journalistes par son habituelle bonne tenue, sa
réserve, sa politesse constante et sa façon de
s'excuser: N'était-ce pas le subconscient
révélateur de la fillette éduquée par une mère
attentive à ces points ? Ce comportement était
tout à fait étranger au milieu Mélanésien, même
chez les catéchumènes des Missions. Pendant que
les grandes personnes discutent de son cas en
essayant de ne pas se laisser influencer par les
sentiments, la fillette poursuit sa vie de
petite pensionnaire de l'orphelinat des Soeurs
Maristes. Mrs. Lee est torturée. Elle est
persuadée que sa Patsy, tel Moïse dans son
panier flottant, à pu accoster sur une rive
accueillante: Il y a tant d'îles ! La distance
entre le lieu du naufrage et l'endroit où fut
découverte l'enfant n'est pas un obstacle
inexplicable en soi: Il y eut un véritable exode
maritime Quelle ressemblance peut-on retrouver
entre l'enfant perdue de vue dans les eaux du
naufrage de Février 1942 et la fillette un peu
gauche de 1951 ?. Ruth Lee veut ardemment
retrouver son enfant, mais ne veut pas "adopter"
un enfant, le lui offrirait-on; ce qui n'est pas
le cas. Les jours passent sans apporter de
solution. Au bout de ses réflexions et de ses
recherches, la mère éplorée en vient à
solliciter une faveur étrange du
Commissaire-Résident Blackwell. Seule, une mère
peut avoir une telle idée: Que l'enfant lui soit
confiée, à elle seule, pendant toute une
journée. Devant sa bonne foi, son évidente
résolution à ne pas reconnaître abusivement
l'enfant, accord est donné après avis du Docteur
Pouliquen: La fillette passera vingt quatre
heures, donc aussi une nuit, avec celle qui veut
savoir si elles sont mère et fille.
Happy end
Le lendemain,
de bon matin, Mrs. Lee, le visage extasié, les
yeux mouillés de larmes, arrive, très émue, à
l'hôpital du Docteur Pouliquen. Avec une émotion
intense, elle raconte la nuit bouleversante
qu'elle vient de vivre: Elle a passé la soirée
avec Patsy, l'a fait manger, puis, après lui
avoir fait sa toilette, l'a couchée dans son
propre lit. Elle est venue s'allonger près de
l'enfant et, les yeux ouverts, elle a espéré un
signe qui lui permette de savoir si Patsy est ou
non SA Patsy perdue. Somnolente, la petite fille
était venue se serrer contre elle, puis s'était
endormie très vite. Dans son sommeil, elle était
venue se blottir dans les bras de Ruth Lee, dont
les yeux brillaient en revivant ce geste.
Naturellement, plaçant sa main sur la tête de
celle qui espérait tant être sa mère, Patsy
avait enfoncé ses doigts menus dans les cheveux
de Ruth, près de l'oreille. Dans la nuit calme,
après les sonneries du couvre-feu des clairon et
bugle des milices française et anglaise,
troublée seulement par le cri des roussettes,
les yeux embués de larmes de joie, très
longtemps, la Maman avait senti de petits doigts
passant et repassant sur son oreille, dans une
douce caresse. Toute la nuit,"son enfant"
blottie contre elle, Ruth avait pleuré doucement
de bonheur en rendant grâce. Pour elle, il n'y
avait plus aucun doute: le signe qui ne pouvait
être inventé était probant. Cela avait été une
révélation: Cette caresse était la même que
celle que lui faisait, bébé puis encore aux
derniers beaux jours heureux, sa petite Patsy
lorsqu'elle la couchait près d'elle. Sa Patsy
qui aimait tant se blottir contre sa maman. Ruth
Lee n'en doutait pas: c'était bien là le dernier
miracle, celui qui lui rendait sa fille, Patsy
Li, la petite "Miraculée de Guadalcanal", sa
Patsy Lee tant recherchée. En ce jour
inoubliable succédant à une nuit merveilleuse,
rayonnante sous les larmes de bonheur, Mrs. Ruth
Lee vient dire sa certitude d'avoir retrouvé son
enfant disparue en mer C'est cette Patsy Li,
sauvée des "Japs" par un catéchiste formé par
les missionnaires de Monseigneur Wade,
l'héroïque évêque des Salomon depuis 1930, et
les "Col-de-cuir" de la 1st. US.Marines
Division; puis par les médecins et les
religieuses d'Espiritu Santo. Maintenant, Ruth
Lee "sait" que cette enfant est bien "son"
enfant et nulle autre. Elle dit sa joie et son
espoir au Docteur Pouliquen; celui là même qui
reçut l'enfant moribonde ramenée de Guadalcanal
à la Noël 1949 et remarqua les inhabituelles
marques de vaccination dont la mère ne fit état
qu'à son arrivée à Port Vila, avant de voir
Patsy. L'accord des autorités pour cette
reconnaissance est facilement obtenu; la
révélation des extraordinaires faits de la nuit
ayant fait tomber les doutes. La mère et
l'enfant se retrouvent, se reconnaissent, sont
enfin réunies. Près de dix ans plus tôt un
naufrage particulièrement tragique les avait
séparées, il avait fallu trois "miracles" pour
qu'elles se retrouvent. C'est avec
reconnaissance qu'elles se joignent aux
religieuses qui rendent grâce dans la chapelle.
Ainsi se termine l'histoire de Patsy Lee, que le
Padre des Marines Gehring avait, peut être par
prémonition, appelée Patsy Li. Une vraie fin de
roman de Delhy, pourtant véridique en tout point
*
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Patsy Lee, celle qui fut la petite
"Miraculée de Guadalcanal", a bénéficié, dans la
folie des hommes, d'une succession exceptionnelle
de protections et de "signes de reconnaissance".
Elle en a conscience et n'oublie pas ceux qui sont
dans la détresse et qu'elle rencontre: Elle est
devenue à Albuquerque (U.S.A.), dans cet immense
complexe de recherche, Mrs. Patsy Famaco,"Sister
Patsy", attentive et dévouée envers ceux qui
souffrent. Elle se souvient. Elle n'a pas oublié
la chance qui fut la sienne....
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Telle est l'histoire que m'a
racontée le Médecin Colonel Jean Pouliquen des
Troupes de Marine, à la retraite à Fréjus. Nous
étions en 1983 et il en était encore ému. |