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L'oeuvre de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers les témoignages oraux   





Pierre Coquet

Combat naval en baie d'Audierne

Guerre 1939 - 1945







POSTFACE de Michel El Baze
Voici un récit historique concernant la Résistance métropolitaine Il est assez curieux, cet événement peu connu où l'on voit les Forces Françaises de l'Intérieur et la Royal Navy coopérer, directement au contact pour combattre la Kriegsmarine. Pierre Coquet a demandé à René Poujade de rédiger son récit. Tout a donc été écrit à partir de ses souvenirs recueillis vers 1950 et du rapport du Capitaine FFI et Ingénieur des Travaux Publics, Capitaine Finot.

Préface de René J. Poujade
Ce combat d'Août 1944 n'aurait pas eu lieu sans l'initiative d'un F.F de vingt ans et sa persévérance. Le récit en a été fait par lui-même et confirmé par l'attestation de son chef direct d'alors qui relève "son initiative hardie qu'on ne soulignera jamais assez". Ce F.F de 20 ans, Pierre Coquet, attend toujours sa"haute récompense nationale, juste reconnaissance de sa conduite admirable et de son initiative clairvoyante". Mieux, ou plutôt pire. Son dossier est toujours "en attente" au ministère, contrairement à d'autre récents décorés à divers titres, on ne devrait pourtant pas se poser de questions au sujet de ses mérites. Il est vrai qu'il ne fait pas la"une" des médias.


        S'il ne s'était trompé d'une heure, le 21 , Pierre Coquet ne serait pas entré dans l'histoire de la Résistance en Bretagne dans la nuit du 22 au 23 Août 1944: La France est en passe d'être libérée, les Alliés sont sur la Seine et Leclerc va entrer dans Paris; Toulon va être libérée et les Alliés entrent à Grenoble. La Wehrmacht qui fuit plus qu'elle ne retraite laisse des "poches" sur l'Atlantique. Pierre Coquet, F.F.I. de 20 ans du secteur d'Audierne, à la pointe du Finistère, était chauffeur de la voiture de liaison du Bataillon de Pont-Croix. Ses consignes, pour ce matin, étaient de venir prendre le Cdt. Marie, son adjoint le Capitaine Bourdon et le Capitaine Finot commandant la Compagnie" Hôche", qui logeaient chez le boulanger Donnard, également Adjudant Chef de la dite compagnie, dont la maison dressait ses deux étages face au minuscule port de Poulhan. La veille, comme tous les soirs, il les avait conduits dans sa"traction avant", selon les instructions du capitaine Finot qui était Ingénieur des Ponts et Chaussées dans le civil. Depuis que les Allemands s'étaient rassemblés dans des poches, dont certaines se vidaient au profit d'autres plus importantes des environs , la mission du bataillon consistait à surveiller les positions ennemies des casemates de Lézongar. Coquet participait à cette veille et il était doté d'une paire de bonnes jumelles qu'il ne quittait pas, même en descendant du clocher-observatoire à Plouhinec. Coquet devait prendre ses passagers à 7 heures 30, mais ce 21 Août, il se trompa d'une heure. Il s'en rendit compte en approchant de Pors Poulhan. Il regarda machinalement la mer alors qu'il était au lieu-dit Kerruc qui est le point culminant (70.m) de la route côtière et distingua deux tâches claires sur la mer, éclairées par le soleil levant à environ 2000 m. de la côte. Intrigué, il prit ses jumelles et, bien calé sur sa voiture, observa longuement: Pas de doute, il s'agissait de deux vedettes rapides, suivant l'itinéraire Penmarc'h - Pointe du Raz. Ce ne pouvaient être des bâtiments allemands, reconnaissables au bariolage de la coque, alors que ceux-ci étaient de couleur claire. On voyait flotter le pavillon qui, d'évidence, n'était pas celui si reconnaissable de la Kriegsmarine où le blanc et le noir s'allient au rouge. Pour Coquet, aucun doute, il voyait de près la Navy ! Remettant sa voiture en route, dans la descente vers Pors Poulhan, il actionna ses phares de façon a répéter, en Morse, les lettres "F.F.I.". Il eut le plaisir de voir les deux vedettes réduire la vitesse, puis changer de cap et se diriger vers lui. Coquet arrêta sa voiture devant la maison Donnard où semblaient dormir ses officiers. Il en sortit précipitamment et courut à la pointe rocheuse où se dresse une balise, touchant une casemate. Les vedettes étaient maintenant assez proches, arrêtées à moins du mille de la côte; environ la moitié autant qu'il pouvait en juger. C'était fascinant, mais il eut le réflexe de courir.prendre ses jumelles dans sa Citroën. Revenu près de la balise, bien calé sur un rocher, il observa soigneusement ses deux visiteuses matinales Il vit nettement, de part et d'autre des cabines des vedettes, des marins qui observaient la côte avec des jumelles. L'Union Jack claquait doucement au vent: C'étaient bien des Anglais ! Coquet revint à sa traction prendre sa torche électrique et entreprit d'attirer l'attention des Britanniques pour leur signaler la présence de Résistants. Par trois fois, il émit le groupe de lettres." F.F.I." puis, craignant de n'avoir pas été compris, il se mit à décrire de grands cercles de sa lampe toujours dirigée vers le large. Sa joie fut immense lorsque la vedette à sa gauche émit par deux fois un signal optique, que d'ailleurs il ne comprit pas. Les Anglais l'observaient toujours à la jumelle et il était bien visible à cette heure: Ils le virent donc courir avec de grands gestes vers la maison Donnard où il se posta. Rien ne bougeait dans la maison, après avoir appelé en vain, il jeta quelques petits galets dans les volets fermés. Il dut répéter sa manoeuvre avant qu'un d'eux s'ouvre. Le capitaine Bourdon, encore en pyjama, apparut en apostrophant Coquet, pour le réveiller si tôt. Celui-ci, montrant la mer, lui signala les deux vedettes roulant doucement face à Pors Poulhan et cria qu'elles étaient venues là après que lui, Coquet, leur ait fait des signes optiques. Le capitaine réveilla vivement ses camarades et, en pyjama, l'E.M. du Bataillon de Pont-Croix, de la large fenêtre centrale du premier étage de la maison Donnard, admira la"croisière anglaise"; comme on le disait à l'époque où les"Rosbeef" montraient leurs voiles carrées entre Ouessant et Belle-Ile. Les Allemands, qui tenaient le phare du Raoulic, dans les 4 km, à Audierne, ne se manifestèrent à aucun moment. Le secteur dépendait de la Compagnie" Hôche" et le capitaine Finot alerta le sergent Bourdon, fils d'un marin-pêcheur de Poulhan, lui ordonnant d'armer le canot de son père pour aller à bord des vedettes. Il voulait leur communiquer des renseignements fraîchement obtenus intéressant la Royal Navy: Un convoi allemand devait quitter Brest, route vers le sud, incessamment. En outre, la garnison allemande autour de Lézongar était forte de 400 hommes. Bien que les préparatifs furent rapides, lorsque le canot fut prêt à rallier les vedettes, les F.F.I. virent les deux bâtiments de la Navy évoluer lentement, puis gagner la ligne d'horizon où ils se fondirent. Il était 7 heures 30. Cependant, les F.F.I. ne se découragèrent pas. Le capitaine Finot donna l'ordre au sergent et à deux soldats de rester sur place en observation, en maintenant le canot prêt à appareiller, et de prévenir immédiatement à la maison Donnard si les vedettes réapparaissaient à la même distance. La journée était fort avancée quand les guetteurs virent, vers 16 heures, deux vedettes foncer vers Pors Poulhan et mettre en panne à quelques encablures. Dès que leur approche avait été signalée, le canot avait pris la mer pour aller à leur rencontre. Le sergent Bourdon le pilotait, ayant à son bord le capitaine Finot et trois soldats F.F.I.. Tous étaient de la Compagnie" Hoche". Le contact fut vite pris avec les deux vedettes, portant les numéros 738 et 739. Le canot accosta le Navire de Sa Majesté 739, qui était le plus proche. Son commandant fit monter les Français à son bord où ils furent chaleureusement reçus. Officiers et marins les ovationnaient et tenaient à leur serrer la main. Au carré, il y eut du thé, mais aussi du bon rhum des Antilles qui réchauffe le coeur. Le capitaine Finot exécuta sur place un croquis des positions allemandes de Lézongar , avec un panorama du feu du Raoulic jusqu'à la Pointe de Lervily qui protège l'entrée du port d'Audierne. Les Britanniques n'avaient pas mention sur leurs cartes d'une poche allemande en ces lieux. Il nota ensuite sur un cahier tous les renseignements connus sur le prochain convoi allemand devant quitter Brest et qui devrait nécessairement défiler devant Audierne et sous sa protection entre Sein et Penmarc'h. Les Anglais, très émoustillé par le précieux renseignement, confièrent au capitaine que les deux vedettes faisaient partie d'une petite escadre britannique ayant opéré dans la Méditerranée et faisant route vers la Grande Bretagne. Le gros était actuellement dans les 10 milles de la Pointe de Penmarc'h, composé du croiseur" HMS. Mauritius" où le Commodore avait sa marque et des destroyers" HMS. Iroquois" et" HMS. Ursus". Tous étaient en liaison radio permanente. Le commandant de la vedette 739 déclara au capitaine que le renseignement était précieux car, si le convoi allemand était surpris devant Audierne, il ne pourrait échapper. Deux des trois F.F.I. accompagnant le capitaine, Cabillic et Coftir (de Poulgoasec), profitant des bons sentiments manifestés par les Britanniques, demandèrent qu'ils les amènent en Angleterre pour qu'ils y rallient les Français Libres. Compte tenu de leurs spécialités, ils furent acceptés. Il y avait plus de trois heures que le canot de Poulhan était à couple de la vedette 739, bien en vue non loin de la côte. Bien que la mer fut calme, les vigies allemandes du promontoire d'Audierne, à seulement une lieue de là, ne repérèrent rien de suspect; les vedettes, basses sur l'eau, ne se distinguant sans doute pas sur cette zone où une présence de la Royal Navy, si près de la côte, n'était pas soupçonnable. On travailla beaucoup sur la 739 et l'on fêta copieusement cette entente cordiale dans un même combat. Enfin, vers 19 heures 30, on se quitta. Le capitaine Finot et le sergent Bourdon rembarquèrent dans leur canot breton, non sans emporter un chargement de cadeaux variés, offerts par les Britanniques: toutes ces choses agréables inconnues depuis quatre ans, comme le tabac, le chocolat, le whisky. qu'ils avaient consciencieusement testés avant d'en ramener. Par crainte d'une réaction tardive des Allemands sur la frèle embarcation, les vedettes escortèrent le canot jusqu'à quelques encablures du môle du petit port de Poulhan où, entre temps, les gens s'étaient rassemblés et ovationnaient les deux vedettes et les deux F.F.I. quelque peu" chaloupants". En ce moment, juste à la frontière de la Bigoudènerie, les Capistes se sentaient vraiment libérés; et de quelle façon ! Evoquant ces heures, le capitaine Finot déclarera:"Nous avons remis pied sur le petit môle de Poulhan avec la satisfaction du devoir accompli, très contents de n'avoir pas donné aux Bôches la joie de faire un carton, mais surtout très émus de l'accueil chaleureux de nos alliés". A la nuit tombante du 22 Août 1944, le convoi allemand, tous feux masqués, passa le goulet de la rade de Brest. Il comprenait sept cargos lourdement chargés, escortés par des chalutiers armés et des vedettes de la Kriegsmarine. Il mit le cap sur Lorient où se créait une importante poche. (elle ne capitula qu'après le Reich). Vers 1 heure 30 , par nuit claire, le 22 Août, il défilait lentement devant Audierne: Là où la Royal Navy avait décidé de le détruire. Le piège avait été bien tendu, dans cette vaste baie ouverte dont les deux cornes sont prolongées par de redoutables chaussées d'étocs de sinistre réputation. Le "H.M.S. Mauritius", avec sa petite escadre, avait déjà fait ses preuves et venait de se distinguer sur les côtes de Sicile. Dès la tombée de la nuit, le destroyer" H.M.S. Ursus" avait pris position devant la Pointe de Penmarc'h; pour empêcher toute tentative de. rescapés de fuir chercher refuge sous les Glénan. Le destroyer "H.M.S. Iroquois", dès le passage du convoi allemand, était venu lui couper la retraite, à la Pointe du Ras. Le croiseur chef d'escadre "H.M.S. Mauritius" s'était réservé la mise à mort du convoi. Il disposait pour cela de quatre tourelles, deux avant et deux arrière, de chacune trois canons de 198 m/m. Long de 138 mètres, avec 33 officiers et 1.300 officiers-mariniers et hommes d'équipage, c'était un navire redoutable. Sur la côte, l'équipe des F.F.I. ,- mépris du danger ou inconscience? -, s'était postée entre les rochers dominant la mer. Les hommes, dans la nuit chaude et assez claire, scrutaient l'horizon proche où certains croyaient voir glisser les silhouettes du convoi. Ils allaient assister à un combat naval, depuis la terre ! Il y a longtemps qu'on n'avait pas vu cela dans le Finistère. Depuis que le vaisseau "Le Vétéran", commandé par un frère de Napoléon, sur le point d'être capturé par la" croisière anglaise ', avait providentiellement trouvé refuge à Concarneau en se faufilant à travers les Glénan à la barbe de l'Anglais. Cette fois, les "Frisés" n'auraient pas la chance du prince Jérome! Soudain, comme au théâtre où la rampe s'éclaire pour le lever de rideau, la mer et la côte se trouvèrent illuminés comme en plein jour: Descendus du ciel comme des météores, des feux venaient flotter sur la mer en l'éclairant à giorno. C'était féerique. A peine s'était-on ébahi devant ce tardif"feu d'artifice du 15 Août" que des sifflements suivis de coups d'explosions répondant en écho aux sourds coups de départs firent instinctivement rentrer les épaules: Un véritable déluge d'obus pleuvait sur le convoi, soudain déclenché et frappant d'emblée les cibles. Surpris et sans doute trompés par la pluie de pots éclairants, les Allemands crurent que des bombardiers les attaquaient. Ils déclenchèrent la Flak des navires et les balles traceuses s'élevèrent vers un ennemi inexistant. Le convoi tenta de zigzaguer, mais avant que la manoeuvre s'amorça, la plupart des navires étaient déjà atteints. Assez vite, les chalutiers armés et les vedettes allemandes tentèrent de chercher refuge dans le Goyen, à l'abri du promontoire d'Audierne; mais les obus implacables ne leur laissèrent aucune chance. Posté dans l'axe de la baie, le "H.M.S. Mauritius" dominait l'adversaire. Des geyser soulevaient la mer, des bateaux prenaient feu ou explosaient, comme ce transport de munitions, atteint en plein centre, coupé en deux, dont les deux brèches semblèrent se dresser avant de plonger tandis que l'avant et l'arrière du cargo tendaient à se rejoindre comme un livre que l'on ferme; puis il sombra d'un seul coup. Dans l'illumination qui avait suivi l'explosion, on avait nettement vu, depuis la côte, ses marins courant sur le pont et sautant à l'eau. Des corps, avec des débris de toutes sortes, étaient projetés vers le ciel. C'était grandiose, sinistre, écoeurant aussi et, en même temps, cela faisait jubiler les F.F.I.. Les riverains, d'abord terrorisés et, pour certains, croyant que" les Anglais et de Gaulle" arrivaient pour libérer Lézongar, se hasardèrent à tenter de voir ce qui se passait sur mer. Il y avait du danger aussi sur la côte; outre les projectiles de la D.C.A. allemande, il y avait des ricochets de morceaux de ferraille, voire d'obus comme celui qui vint se ficher, heureusement sans exploser, dans un pignon de Kerruc. Tous les bateaux allemands furent coulés ou réussirent à s'échouer en feu sur les plages d'Audierne, définitivement perdus. L'un d'entre eux, aux ponts et superstructures complètement déchiquetés, parsemé de cadavres et de débris humains, était venu s'échouer sur le sable, le long de la côte, à la limite des rochers. L'attention fut attirée, à la marée basse, par une pièce métallique, semblant fichée dans son étrave, descendant plus bas que la quille. On constata qu'il s'agissait d'une sorte de bras à crans destiné, pensait-on, à couper les orins de mines. A l'avant, un canon de 60 m/m environ avait été tordu vers le haut par un obus tombé sur le gaillard. Le canon de 77 m/m du gaillard d'arrière n'avait pas servi. Dès le lendemain, l'épave eut de nombreux visiteurs que ne dégoûtaient pas les débris humains pendus grotesquement aux tôles déchiquetées. La vague avait amené à la côte de véritables bancs de cadavres, flottant sur le dos les bras en croix. Ils étaient presque tous en slip, avec une particularité physique que Donnard commenta à Coquet et qu'imagea très bien un loustic Capiste:" Ils ont le misainier à poste !". (le misainier est le mat trapu, amovible, fiché à l'avant d'un sardinier, comme on peut à nouveau en voir sur la côte de Bretagne). Le bilan des morts fut estimé a plus d'une centaine et celui des disparus à un chiffre supérieur. De Kersiny à Penhors, les F.F.I. recueillirent 240 prisonniers, parfois blessés, qui, encore hagards, ne pouvaient cacher leur joie d'être enfin sortis de cet enfer et de la guerre. Une centaine d'Allemands avait pu nager jusqu'à la plage d'Audierne où ils furent accueillis par leurs camarades de la poche. Quand celle-ci se rendit, le 22 Septembre, ils rejoignirent derrière les barbelés les autres rescapés de la destruction du convoi. Deux des navires coulés étaient d'ex bâtiments français: le" Michel-François" devenu" V.739" et le" Marie-Simone" rebaptisé" V.721". Le" H.M.S. Mauritius" était resté sur zone: Il voulait détruire au canon les batteries sous casemates qu'armaient encore les Allemands à Lézongar et qui faisaient partie du dispositif de la défense de Brest. Une vedette anglaise, venue" aux résultats", ramena le capitaine Finot et l'adjudant Donnard à bord du croiseur. Le capitaine français réussit a convaincre le commodore britannique qu'un bombardement des batteries allemandes causerait de lourdes pertes dans la population civile du village proche pour détruire des pièces qui n'avaient pas osé se manifester pendant le combat et que les Allemands allaient bientôt enclouer avant de se replier sur la poche de Lorient. ( ce qui se passa ). La petite escadre reprit sa route vers la Manche, après que les deux Français, comblés de cadeaux, eurent été reconduits à terre. Au pied de la pointe de Sourc'h , Pierre Coquet contemplait les épaves que la vague amenait sur les galets: Tout cela grâce à lui, parce qu'il avait mal réglé son réveil qu'il avait calé dans le casier du pupitre d'écolier sur lequel il avait disposé son matelas dans une classe de l'école de Plouhinec; mais aussi grâce à sa présence d'esprit devant une situation imprévue dont il avait fait un exploit de la Résistance en Bretagne. Il était heureux et fier, peut être un peu triste de tant de morts: -" Ach, la guerre nicht gut !" Comme disaient" Ces Messieurs" au temps des revers accumulés. Pierre Coquet ne pensait certes pas aux honneurs que pourraient lui valoir ses initiatives heureuses, il était fier du devoir accompli: Il ne se doutait pas qu'il lui faudrait attendre l'occasion fortuite d'une rencontre à Pont Croix pour que le capitaine Finot lui délivre une attestation certifiant sur l'honneur la part essentielle de Coquet dans cette action," une des plus meurtrières' et" une des plus glorieuses"; qui fut un" succès, pas un blessé aussi bien dans les rangs des F.F.I. que chez les Anglais". Et le brave capitaine F.F.I., redevenue Ingénieur des Ponts et Chaussées de reconnaître que cette action est" passée sous silence depuis si longtemps "et que" Mr. Coquet Pierre, responsable en premier lieu de cette intervention probablement unique et tout à fait exceptionnelle quant à ses résultats, mérite la plus haute récompense nationale, juste reconnaissance de sa conduite admirable et de son initiative clairvoyante". On n'étonnera pas les Anciens Combattants en disant que le brave capitaine Finot n'éprouva pas la nécessité de faire reconnaître les mérites de Pierre Coquet; il est vrai que, lui, il avait été décoré...

Coquet attend toujours !