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L'oeuvre
de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers
les témoignages oraux |
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Capitaine
DUCROCQ
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Préface de Michel EL BAZE Ces notes du Capitaine Ducroq m’ont paru tellement incroyables que j’ai tenu à les éditer en respectant la forme, les majuscules, les points et les virgules et en faisant suivre ma transcription, par la photocopie des pages du document original afin que le lecteur ne puisse imaginer une quelconque manipulation. Je le tiens d'un ami de mes enfants qui le tient lui de son père dans des conditions que je n’ai pu connaître. Avant la lecture du texte principal j’invite à la mémorisation des repères chronologiques qui suivent et se souvenir du message du Maréchal à ses troupes fidèles, promettant qu’il n’y aurait pas de représailles envers les familles de ceux qui choisiraient de rester au Levant, donc, en fait, de rallier la France Libre. Après la cessation des combats fratricides, le 8 Juillet 1941, les croisés volontaire du Maréchal se voient proposer une offre magnanime. - Soit rejoindre les Français Libres. - Soit retourner en France 25.000 hommes de troupes, sous-officiers et officiers préfèrent le joug allemand et embarquent pour la France, dès le mois d’Août 1941, sur des navires envoyés par Vichy et sous la protection de la Kriegsmarine. Se rallieront à la France Libre : - 128 officiers français - 845 hommes de troupe et sous-officiers français -1031 Légionnaires -1314 Indigènes - 750 Sénégalais Soit 3,18 fois plus d’étrangers que de Français !... A cet égard, la manière dont Ducroq présente le ralliement du Spahis Boulanoir Ben Hafsi est symptomatique de son état d’esprit (pages 47 et 48 du témoignage). Oh ! comme j’aimerai lire une étude quantitative, par nationalités, ou... par race, selon la terminologie de Ducroq, des combattants qui ont choisi le risque, sous la bannière du Général De Gaule avant le 1er Août 1943, c’est à dire avant que la France Libre, assurée de la victoire finale, ne devienne la France Combattante, à laquelle, bien sur, mais malheureusement un peu tard, tous les Français ou presque, se rallieront.
Postface de Michel EL BAZE Triste épopée que celle de ces soldats français, volontaires pour aller combattre les Français Libres dans le lointain Levant, pour "affirmer la vitalité de notre race", avec la bénédiction du Maréchal et sous la protection du Führer, dans le même temps où celui-ci envahissait l’URSS. Partis de la zone pourtant non occupée de France à la mi-Juin 1941, ils traversent l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie, "suralimentés" par la Croix Rouge allemande. Puis de Salonique à Athène, en avion et encore d’Athène à Alep, les voilà enfin en Syrie, face à "l’ennemi", ces Français "qui sont passés à la dissidence" ou "qui ont trahi" qui leurs "donnèrent un pénible spectacle : soldats mal tenus, sales, indisciplinés". Ce rapport écrit le 1er Août 1941, quelques jours après la fin des combats fratricides, vous laissera un goût amer et vous resterez sidéré en lisant que, "un an après la défaite (de 1940), l’Armée Française a montré, une fois de plus, par son sublime sacrifice (au Levant), la preuve irréfutable du relèvement de la France" et que "L’ordre du Maréchal de défendre l’Empire a été exécuté".
Quelques points de repères chronologiques Extraits de la plaquette " L’année 1941 "
du Secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants et Victimes
de Guerre
L’Appel "Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la radio de Londres.Charles de Gaulle "Mémoires de Guerre, l’Appel, 1940-1942" Plon, 1954 Les Exclus Il s’agit des Francs-Maçons et des juifs. a) La franc-maçonnerie est interdite en août 1940 en vertu d’une loi prise à l’encontre des "sociétés secrètes". Tous ceux qui ont une fonction publique sont tenus de jurer qu’ils n’en font pas - ou n’en font plus - partie. b) l’antisémitisme, "la plus grande honte du régime de Vichy".Robert O.Paxton "La France de Vichy. 1940-1944" Ed. du Seuil, 1973 "Les "juifs de nationalité française" furent soumis à partir du 3 octobre 1940 à un "Statut" qui fut sévèrement modifiée le 2 juin 1941: ils furent désormais exclus de toute fonction élective comme de la fonction publique, de la magistrature, de l’armée (sauf s’ils étaient anciens combattants); ils ne pouvaient exercer aucune responsabilité dans le domaine culturel et les médias. Un numerus clausus strict limita leur accès à l’Université (3%) aussi bien qu’à bon nombre de professions libérales (2%)... Quant aux "juifs étrangers", un décret pris le 4 octobre 1940 donnait pouvoir au préfet de les assigner à résidence et de les interner dans des camps spéciaux: au printemps 1941, 40 000 avaient déjà été raflés et entassés dans les camps de Gurs, Rivesaltes, Noé,..."Jean-Pierre Azema " De Munich à la Libération, 1938-1944" Ed. du Seuil, 1979 La coordination efficace de toutes ces mesures revient à un Commissariat général aux questions juives, créé en mars 1941 et confié à Xavier Vallat. "Vallat oblige le gouvernement à promulguer la loi du 22 juillet 1941... qui vise à "supprimer toute influence israélite dans l’économie nationale" Elle habilite le commissaire général à nommer dans toute affaire ou propriété foncière juive un administrateur provisoire qui remplace le propriétaire à tous égards... C’est ainsi que s’étend à la zone libre le trafic des biens juifs... à Toulouse, sur les 231 affaires commises à des administrateurs, 117 ont été "aryanisées".Robert 0. Paxton. Ibidem La collaboration d’Etat "Accepter l’armistice signifiait, en politique extérieure, croire à la victoire allemande et préférer la paix et la stabilité à une résistance désespérée.Robert O.Paxton. Ibidem La collaboration avec l’Amiral Darlan Le 10 février 1941, l’amiral Darlan devient le "dauphin" du maréchal Pétain. Le 14 mai 1941, il déclare au conseil des ministres: "si nous favorisons la politique anglaise, la France sera écrasée, disloquée, et cessera d’être une nation. Si nous essayons de faire une politique de bascule entre les deux adversaires, l’Allemagne nous créera mille difficultés dans l’exercice de notre souveraineté... Si nous collaborons avec l’Allemagne... C’est à dire travailler pour elle dans nos usines, si nous lui donnons certaines facilités, nous pouvons sauver la nation française, réduire au minimum nos pertes territoriales, métropolitaines et coloniales, jouer un rôle honorable, sinon important, dans l’Europe future. Mon choix est fait..."Cité par J.de Launay "Le dossier de Vichy", coll. Archives Gallimard-Julliard, 1967 Avec Darlan, la collaboration d’Etat connaît une nouvelle flambée. Les 27 et 28 mai 1941, les "protocoles de Paris" sont paraphés; ceux-ci prévoient une collaboration militaire étroite entre la France de Vichy et l’Allemagne nazie. En décembre 1941, quel est le bilan de quinze mois de collaboration volontaire?Jean-Pierre Azema. Ibidem La résistance en France face à l’Etat de Vichy "Des soldats sans uniforme et des citoyens en révolte contre le pouvoir établi."Henri Frenay "la nuit finira". Paris, Laffont, 1973 "La collaboration d’état, et l’armistice, ceux qui se posèrent très vite en réfractaires les avaient immédiatement refusés. En 1941 encore, ils formaient une ultra-minorité sans grande cohésion... ils annoncent une relève et préparent l’unification de la France combattante."Jean-Pierre Azema. Ibidem. En 1941, la Résistance mobilise tous les jours un peu plus de Français des deux zones. En 1941, la Résistance élargit son audience et s’enracine. En zone sud où l’absence des Allemands jusqu’en novembre 1942 permet aux Résistants de s’organiser plus facilement, les trois principaux mouvements sont "Combat", "Libération" et "Franc-Tireur". a) Combat - Le refus de la défaite : "Accepter? Se coucher? Se résigner? Il ne peut en être question. Tant que la guerre continue, tant que l’Angleterre tient bon, l’espoir demeure."Henry Frenay. Ibidem. Le capitaine Henry Frenay décide alors de passer à l’action après son évasion et son passage en zone libre, en juillet 1940. "Combat a commencé en août 1940, date à laquelle j’ai réuni quelques amis qui malgré le caractère désespéré d’une semblable entreprise ont bien voulu me faire confiance et ont trouvé en eux la foi nécessaire pour entreprendre l’oeuvre de libération alors que tout semblait irrémédiablement perdu. Pendant dix-huit mois, c’est à dire jusqu’au mois de janvier 1942, nous nous sommes développés seuls, sans aucun appui extérieur, sans liaison avec Londres... Nous n’avions pas un sou et devions, après avoir écorné nos maigres moyens personnels, pratiquer en grand le "tapage" de toutes nos relations..."Lettre de Gervais (H.Frenay) à Valentin (général Delestraint) du 8 avril 1943 cité dans Henri Noguères "Histoire de la Résistance en France" Ed. Laffont, 1969 - Recruter: Avec un petit noyau sûr - Maurice Chevance, Claude Bourdet, Bertie ALbrecht - Henry Frenay recrute: "Parmi l’entourage de Frenay au début, on trouve toutes les nuances politiques, du socialiste au royaliste, en passant par le radical franc-maçon et les démocrates chrétiens."Claude Bourdet Témoignage cité par Marie Granet et Henri Michel dans "Combat", PUF b) Libération - L’ébauche: En novembre 1940, à Clermont-Ferrand, un petit groupe se retrouve autour d’un ancien officier de marine devenu journaliste, Emmanuel d’Astier de la Vigerie. - L’essor: En août 1941, un accord entre Léon Jouhaux et Emmanuel d’Astier à une portée essentielle: "elle incite les militants syndicalistes à rejoindre les rangs de "libération" et à diffuser son journal."Henri Noguères,t. 2, juillet 1941-octobre 1942. c) Franc-tireur Dès septembre 1940, à Lyon, un petit groupe s’est constitué autour d’Antoine Avinin et de Jean-Pierre Lévy. Durant toute l’année 1941, ce petit mouvement lyonnais édite des tracts intitulés "France-Liberté" et étend peu à peu sa zone de diffusion. A l’action immédiate, les autorités d’occupation vont répondre par la mise en place du système des otages. L’"ordonnance des otages", promulguée le 22 août 1941, fait de tout français détenu en zone occupée par les Allemands un otage virtuel. Les premières exécutions ont lieu le 16 septembre 1941, mais c’est en octobre que la répression allemande frappe de plein fouet l’opinion publique. L’occupant va multiplier le système des otages jusqu’à l’été 1942 - 95 fusillés en décembre 1941, dont Gabriel Péri; 93 en août 1942, dont Louis Thorez...- puis va réduire la fréquence des otages à compter de l’automne 1942, "comme si les autorités d’occupation avaient moins confiance en cette technique d’intimidation publique."Jean-Pierre Azema. Ibidem. La Wehrmacht envahit l’URSS Le 22 juin 1941, en attaquant l’URSS, Hitler rompt le pacte germano-soviétique renouvelé début 1941 et que Staline applique scrupuleusement pour éviter le conflit. "Croyez-vous que nous ayons mérité cela" avait dit Molotov aux nazis ce 22 juin 1941. Pourtant la guerre-éclair, préparé en secret, attaque sur 1500 kilomètres du Nord au Sud: 4000 chars, 3000 avions, 12 armées; formidable rouleau compresseur qui va laminer l’Union Soviétique en quelques mois. L’avance allemande est foudroyante: Un SS de l’armée victorieuse écrit: 3 juillet - L’avance se poursuit à une allure foudroyante. Du nord au sud, Kovno et Bialystok sont tombées. Les armées von Bock et les blindés de Gudérian foncent sur Moscou. Les divisions von Stulpnagel se sont emparées de Lvov le 30. 10 juillet - Les routes poussiéreuses d’Ukraine continuent à défiler sous les chenilles de la Panzer division Wiking...Peter Neumann "SS" France-Empire, 1958 Hors d’Europe Tandis que la 1ère DLF se forme en Grande Bretagne, d’autres soldats, stationnés sur divers territoires, refusent la défaite. Mais si "les partisans de la lutte restent nombreux, bien peu sont ceux qui osent franchir le Rubicon. Au Levant, où l’armée du général Mittelhauser est forte de 70 000 hommes, quelques centaines de volontaires seulement se rallient à la France libre... La première à réagir est la compagnie du capitaine Folliot, du 24ème RIC, en garnison à Tripoli... Une autre formation du même régiment se rallie un peu plus tard, le 3ème bataillon, qui participait depuis le début de la guerre à la défense de Chypre... Le détachement Lorotte et la compagnie Folliot se retrouvent en Egypte et forment un bataillon qui décide de s’appeler "1ère Bataillon d’Infanterie de Marine"... Le 2 juillet, tout un escadron à cheval du 1er Régiment de Spahis Marocains rejoint en Palestine les coloniaux du BIM."Yves Gras "La 1ère DFL, les Français Libres au combat" Presses de la Cité, Paris, 1983 Avec la conquête de la Syrie, un nouveau développement (été 1941) "Pour les FFL, la prise de contrôle des Etats du Levant présente un double intérêt. D’une part, elle élargit la base de leur recrutement, permettant notamment la création du centre de formation d’officiers de réserve de Damas. D’autre part, le ralliement d’une partie des troupes du général Dentz assure le recomplètement en hommes et en matériels d’unités éprouvées par un an de combat."Ministère de la Défense - Service historique "les Forces Françaises Libres en Afrique, 1940-1943" par le chef de bataillon J.N. Vincent Château de Vincennes, 1983 "Au total, 4070 ralliements dont 973 Français (128 officiers), 1031 légionnaires, 2064 indigènes (dont environ 750 Sénégalais)."Le drame de Syrie (8 juin-8 juillet 1941) "La guerre de Syrie est un drame. Les bataillons de la France Libre, rassemblés pour la première fois en une division, y sont engagés contre d’autres troupes françaises, celles du Levant. Des officiers, des sous-officiers, des soldats français se battent contre leurs camarades, parfois même leurs amis, leurs parents."Y. Gras. Ibidem Les 27 et 28 mai 1941, l’amiral Darlan, vice-président du conseil du gouvernement du Vichy depuis le 10 février 1941, signe avec l’Allemagne les "protocoles de Paris": il engage alors la France dans une collaboration militaire effective avec le Reich. "En commettant l’imprudence d’autoriser la Luftwaffe à se poser sur les aérodromes syriens, Vichy donnait aux Britanniques l’occasion de mettre de l’ordre au Moyen-Orient ébranlé par la révolte irakienne et la perte de la Crête.Jean-Pierre Azema. Ibidem "Jusqu’au bout, par discipline, par obéissance inconditionnelle aux ordres, les forces du Levant vont opposer aux Français libres une résistance énergique." Après cinq semaines de sévères combats, le haut-commissaire de Vichy, le général Dentz demande l’armistice.J.B. Duroselle "L’abîme,1939-1945" Imprimerie Nationale, Paris, 1982 Et de fait, "le nombre des Français, officiers, sous-officiers, et soldats qui choisissent les FFL n’atteint pas un millier. Le reste de l’armée, vingt-cinq mille hommes, les familles, de nombreux fonctionnaires, en tout trente-sept mille personnes s’embarquent à Beyrouth durant l’été sur des bateaux envoyés par Vichy."Y. Gras. Ibidem Capitaine DUCROCQ
NOTES sur la Campagne du Levant
SOMMAIRE 1 LA TENSION
FRANCO BRITANNIQUE - 15 JUIN - CAMPAGNE - (Ière PERIODE) L' A R M I S T I C E
Au Lieutenant René LALANNE mon camarade de promotion tombé à la frontière de P A L E S T I N E (Combat d'ISANDAROUN, 8 Juin 1941) ZGHORTA, Liban, le 1er Août 1941
#Table DEUX DATES, DEUX EPOQUES :
17 Juin 1941 - Le train militaire a été constitué à LYON. La moitié du convoi est réservée aux officiers et troupe (environ 250) l'autre moitié aux transports d'armes et munitions d'artillerie de campagne et de marine, un wagon de vivres de route, une cuisine roulante sur plate forme. Un Capitaine allemand (de réserve) interprète, M. SCHMIT, nous accompagne. Sur le quai de garage, le Général FRERE vient nous souhaiter bon voyage. Il nous rappelle que nous ne devons pas éprouver de cas de conscience à la pensée de nous trouver bientôt peut-être, sur le front du Levant, en face de Français égarés... 18 Juin - Arrivée à DIJON - La croix-rouge allemande nous a préparé au Buffet un repas chaud et il en sera de même pour tous les repas durant nos huit jours de voyage à travers l'Europe. Cela n'était pas nécessaire, car notre Service de l'Intendance nous avait suffisamment pourvus en vivres avant le départ de LYON. Nous consommons quand même ce repas supplémentaire (C'est toujours, disent nos hommes, autant de récupéré sur ce qu'ils prennent chez Nous...) Les Français (cheminots vus en gare) ne semblent pas favorables à la collaboration. Nous leur vantons naturellement la politique du Maréchal et l'activité patriotique de la Légion des Combattants. Ils paraissent ébranlés en nous quittant. Il paraît que les Françaises d'ici se promènent le soir dans les squares, au bras de soldats allemands. Celles-là collaborent trop... Vers 18 heures, nous arrivons en Alsace annexée. Les autorités allemandes ont cru devoir nous faire escorter pour la traversée de l'Alsace par quelques gendarmes allemands, vraisemblablement pour empêcher la population alsacienne de communiquer avec nous. Ils ne pourront d'ailleurs empêcher les manifestations d'enthousiasme au passage de notre train. A Mulhouse, c'est du délire! Le long de la voie des groupes se sont formés avant notre passage et nous ovationnent. Nous leur jetons des journaux et illustrations de FRANCE sur lesquels nous avons écrit des déclarations enflammées pour l'ALSACE et le MARECHAL. 19 Juin; - Réveil en Bavière : TRIBERG - Clochers, Cottages de la forêt Noire. Tout est propre et clair. Durant tout le trajet, nous n'aurons aucun contact avec les populations. Nous croisons le long de la voie des chantiers de prisonniers Belges et Polonais, qui se précipitent sur les vivres que nous leur jetons. Les sentinelles allemandes les laissent faire. 20 Juin - A l'aube, nous longeons le Danube. Nous approchons de MUNICH. La réputation de sa bière nous altère, car il fait chaud, mais désillusion, notre train contourne la ville et la gare par la voie de ceinture. Double ceinture... Une halte dans la campagne nous fait assister à l'école en plein air, faite à de jeunes enfants par trois charmantes autrichiennes. L'une d'elles munie d'un accordéon enseigne la gymnastique rythmique. Les sous-Lieutenants en profitent pour faire usage de leurs jumelles... Matin et soir, la croix-rouge allemande continue à nous suralimenter. Afin de ne pas être en reste vis à vis d'elle et de ne pas être considérés comme des troupes allemandes de passage qui sont au même régime, nous décidons de faire un don à la Croix-rouge allemande par souscription volontaire entre les officiers et sous-officiers composant le convoi : la somme de DEUX MILLE TROIS CENTS FRANCS ainsi obtenue est remise à l'officier allemand interprète qui nous accompagne. Celui-ci la remettra à la Commission d'armistice à son retour à WIESBADEN. Nous croisons toute la journée, de nombreux prisonniers Français qui travaillent le long des voies et dans les champs, et leur faisons d'amples distributions de vivres. Ils semblent bien portants. Nous sommes étonnés qu'aucun d'eux n'ait essayé de s'échapper en se cachant dans notre train, au cours de ses nombreux arrêts. Le temps nous semble long. Nous rongeons notre frein... et les multiples douceurs que de "blanches mains" ont déposées dans nos bagages au départ. Les Capitaines RIONDEL, VIGNONS et CHALIGNE, en sont abondamment pourvus. Nous devenons dit l'un d'eux "des tubes digestifs ambulants". La nuit dernière, une main experte et peu charitables a dégonflé le matelas pneumatique de CHALIGNE pendant son sommeil... Ils s'est réveillé quelque peu courbaturé. 21 Juin - Passage en Croatie. Nous traversons la région de ZAGREB : villages misérables. A l'arrêt du soir, nous croisons un convoi de prisonniers serbes se dirigeant vers le Nord (les malheureux voyagent parqués dans des wagons de marchandises couverts, n'ayant, malgré la chaleur, droit à l'air extérieur que par une petite lucarne. Encore, celle-ci est-elle soigneusement grillagée). Avec quelque peine nous leur passons sucre et cigarettes. Ils sont, disent-ils envoyés en Norvège pour travailler dans les mines. Notre Service de Santé est représenté par un Médecin Lieutenant Français. Il ne possède que peu de médicaments et pas un gramme de quinine. Nous arrivons pourtant dans les contrées impaludées. Il est vrai qu'il a emmené une gouttière... Pour acheter des vivres en Serbie, il nous faut maintenant échanger nos francs contre des dinars. C'est ruineux. L'astuce consiste à acheter d'abord des marks-occupation et à échanger ensuite ceux-ci contre des dinars. L'officier allemand interprète se met aimablement à notre disposition pour cela. 22 Juin - Arrivés en Serbie, de nuit. Nous traversons BELGRADE à toute vapeur. Nombreux et importants dégâts le long des voies, causés par les bombardements de la dernière campagne. Quelques ponts de routes détruits. Coup de tonnerre ! Vers midi, en passant à NICH, nous apprenons le début des hostilités Germano-Russes. Les troupes allemandes se dirigent par chemin de fer vers le Nord, par la route, en autos, vers l'Est. Pas d'enthousiasme, mais comme toujours, dans un ordre parfait, malgré la chaleur. Cette nouvelle a fait une sensation agréable parmi nous! Quelques civils serbes rencontrés aux haltes parlent notre langue. Les anciens s'enorgueillissent d'avoir combattu en 1918 à nos côtés. Le nom du Maréchal FRANCHET-d'ESPEREY revient souvent dans leurs conversations - Nous sommes maintenant des "esclaves", nous déclare l'un d'eux! 23 Juin - Arrivée à USKUB - en 1918, le 1er Régiment de Chasseurs d'Afrique de RABAT, a écrit ici une belle page de gloire. (RIONDEL et VIGNON qui viennent de passer quelques années dans ce beau régiment se rengorgent). Nous croisons des convois de blessés allemands, venant des hôpitaux de Grèce. Quelques uns nous saluent au passage. Ce sont pour la plupart des jeunes gens. 24 Juin - Nous arrivons près de SALONIQUE. Un arrêt de 24 h. sur une voie de garage nous permet de prendre contact avec quelques Grecs. Ceux-ci se plaignent des "razzias" exécutées par les troupes allemandes de passage. Ils nous disent qu'au cours de la campagne, un bataillon de femmes volontaires combattait en CRETE, chargé spécialement de la lutte contre les parachutistes. Elles ne faisaient pas de prisonniers... Les Allemands les auraient envoyées dans un camp de concentration. 25 Juin; - Arrivée à SALONIQUE où doit s'opérer notre transit par air pour la Syrie. (Les Turcs n'ont pas permis notre passage en Turquie, malgré les démarches de notre représentant (M. BENOIT-MECHIN) Sur le quai de la gare, deux officiers Français en civil viennent nous souhaiter la bienvenue (Colonel X... Capitaine LEDERLIN) Ils sont sympathiques et très actifs. Ils ne manquent pas de besogne, car ce sont eux seuls qui sont chargés d'acheminer sur le LEVANT les nombreux renforts en personnel et matériel arrivant de FRANCE. Pour ménager la susceptibilité des Grecs, nous ne pouvons pas sortir en ville. Cependant sur une démarche que j’ai demandé l’autorisation de faire à la Kommandantur, nous obtenons quelques Ausweiss qui nous permettront en attendant l’embarquement par avion de visiter la ville en tenue civile. Les officiers allemands qui m’ont reçu ont été d’une courtoisie parfaite. Quelques-uns parmi nous possèdent dans leur cantine, la tenue civile requise. 26 Juin - Je fais partie de la deuxième série qui doit prendre l’avion. A la base allemande, nous sommes reçus par trois Officiers Français de l’Aviation (Capitaine CHARLAN, BOULANGER et TERNAN). Perdus au milieu des équipages allemands, ils supportent leur sort avec une abnégation admirable. Le bon vin de FRANCE, celui de l’ordinaire, que nous leur offrons, est le bienvenu, car ils en sont totalement privés. (La popote allemande qui les ravitaille n’en possède pas). Notre avion (FARMAN 222) piloté par le Capitaine TERNAN et quatre sous-officiers d’équipage m’emporte avec 9 sous-officiers de renfort, quelques caisses de munitions et un canon de 25. Il est lourdement chargé. D’un coup d’aile, de 16 heures à 18 h 30, nous atteignons ATHENES, base allemande, où nous devons séjourner jusqu’à 22 heures. Il s’agit de voyager de nuit afin d’éviter la chasse britannique qui croise au large de CHYPRE, et atterrir à ALEP à l’aube, avant que les avions britanniques du LEVANT ne viennent survoler ALEP. Cette performance (1.500 km de vol de nuit, au dessus de la mer avec un avion lourdement chargé, ne dépassant pas la vitesse moyenne horaire de 250 km) est réalisée. C’est pour nos valeureux équipages de SALONIQUE, le simple devoir qu’ils accomplissent régulièrement, afin d’amener à nos héroïques camarades qui combattent déjà depuis trois semaines, sans relève, les renforts qu’ils attendent avec impatience. Hélas, ceux-ci ne pourront arriver en nombre suffisant pour leur permettre de gagner la dure bataille engagée.
#Table * ** INTENTIONS DU COMMANDEMENT
Les commandements sont répartis comme suit :
* ** Tout danger Turc semble écarté. les escadrons placés à la frontière Nord sont envoyés vers DAMASForces en présence Il n’est pas fait mention des autochtones, qui n’ont pas rendu en général, les services qu’on attendaient d’eux, beaucoup étaient passés aux gaullistes (détachements tcherkess).
Le dispositif de défense est en place le 31 mai 1941 -:-:-:-:-:-:-:- REPARTITION DES FORCES FRANCAISES LE 8 JUIN 1941 -:-:-:-:-:-:-
REPARTITION DES FORCES BRITANNIQUES EN VALEUR
15 JUIN - CAMPAGNE - (Ie PERIODE)
LA CAMPAGNE ( 2e PERIODE ) NOS CONTRE-OFFENSIVES DE 15 ET 16 JUIN
DEFENSE DE LA BEKKA Trois directions dangereuses : DAMAS route de BEYROUTH MERDJAYOUN NEBECK - HOMS. Le repli général s'effectue par les hauteurs. 1er R.S.M. et 7° R.C.A. sur DIMAS et DJEBEL NAZAR sous la protection d'éléments retardateurs Du 21 au 25 Juin les unités de Cavalerie ont supporté tout le poids de la défense. Le 26 les Australiens prennent le DJEBEL NAZAR Le 22 Ils en sont rejetés par le 5/1° R.T.M. Le 3 Juillet les accès de la BEKKA face à l'Est sont fortement défendus avec le maximum d'économie. LE COLONEL KEINE a pris le Commandement des forces Sud - SYRIE. Mais l'évacuation de DAMAS et la poussée sur PALMYRE par le désert le 21 Juin, menacent la direction HOMS-ALEP. Le 25 Juin l'ennemi occupe NEBECK. HOMS est renforcé par : 7° R.C.A. 7° B.D.L. 1/6° R.C.A. 1/2° R.A.M. 1 Batterie de 105 1 Bataillon de 75 porté. A PALMYRE il n'y a pour résister aux colonnes motorisées ennemies que : 1 Cie du 6° R.E.O. 1 Cie L.D. motorisée aux ordres du Cdt. GHEBALDI 13 Jours de gloire avec une poignée d'hommes interdisent la direction d'HOMS. Notre aviation de Bombardement inflige aux colonnes motorisées ennemies, des pertes extrêmement lourds, mais elle est prise à partie par une D.C.A. britannique extrêmement dense et précise. Grosses pertes de notre aviation.
DEFENSE DE LA COTE (LIBAN) Le 23 Juin une forte attaque sur MEDJAYOUN est repoussée sauf l'Est ou l'ennemi s'infiltre par IBEL es SAKI. APRES LA PRISE DE SAIDA . - L'ennemi s'infiltre dans le CHOUF vers ALEP pour tourner notre défense côtière par les hauteurs. Sur la côte lutte d'artillerie navale et terrestre. Nos troupes exténuées et insuffisamment nombreuses s'efforcent de contenir l'ennemi. AU NAHR DAMOUR. Le Colonel ROUGER s'organise. On lui a enlevé: Bataillons pour DAMAS. Il a reçu 1 Cie de pionniers Malgaches. Dans le CHOUF le Colonel BARRE subit tout le choc. DJEZZINE, est un point important pour les contre-attaques ultérieures vers MERDJAYOUN et DAMAS. Nous attaquons avec les moyens du Colonel BARRE, renforcés par une batterie de 105 (Sud SYRIE). Le 2/24° arrive le 19 à BEIT EDDINE avec le 1° Escadron A.M. (1/6° R.C.A.) L'ATTAQUE ECHOUE; : Dès le 20/6, suppression des attaques. Le mot d'ordre est de tenir en attendant les renforts. L'ennemi est de plus en plus nombreux. Le groupement OLIVE arrive à BEIT EDDINE, le groupement LHER à CHARIFE. Le 23 Kio, lme 1/6° R.E.I. attaqué, repousse l'ennemi à la baïonnette à BEIT EDDINE. Le 24 deux autres attaques sont repoussées. L'ennemi cherche à tourner DAMOUR vers ALEY. Notre attaque du 30 Juin pour reprendre NEBECK échoue. PALMYRE; submergée tombe le 3/7 à 1 h. 30 Dans l'EUPHRATE, une nouvelle menace sur ALEP se dessine ABOU-KENAL ayant été occupée le 14 Juin par un détachement ennemi est repris par nous le 22 Juin, puis, repris par les britanniques le 24 Juin. Ils enlèvent MAYADINE. Nous devons nous replier s/ DEIR-EZ-ZOR EN DJEZIREH, grâce à l'énergie du Chef de Btn. PEYRUERE les garnisons de HASSETCHE à demi-encerclées se replient en ordre sur RAS-EL-AIN et TELL-BIAD avec presque tout leur matériel. Le 3 Juillet ALEP et HOMS sont toujours couverts. HOMS un P.A. solide, ALEP est faible vers l'EUPHRATE. Après 21 jours de lutte inégale, les renforts de France ne sont pas arrivés. L'héroïsme de nos aviateurs sur les colonnes de CHEIK-MESKINE supplée à la faiblesse de notre infanterie. CHEMIN est tombée le 27 DARAYA, (Groupe LHER) est tombée le 28 LA COTE 1625 N.E. de DJEZZINE, est prise malgré de brillants combats. Contre-attaques du 2/17 R.T.S. Le 3 Juillet à 23 h.30 forte attaque ennemie s/ le front du Groupe OLIVE. Repli le 4 de CHARIFE et MTOLLE.ON SE BAT MAINTENANT UNIQUEMENT POUR L'HONNEUR ! BEYROUTH, depuis le 2 Juillet subit les bombardements aériens. L'ennemi est arrivé au contact à HOMS A MERDJAYOUN une grande attaque ennemie avec grosse artillerie (2.000 fantassins) se prépare pour le 10 Juillet. La défense de MERDJAYOUN, a dû être amputée du 1/22° R.T.A. Dans la nuit du 9 au 10 nous devons nous replier sur ligne KARAOU KAFER-MECKI. SUR LE DJEBEL NAZAR, le groupement KEINE a eu un succès (200 prisonniers et blocage d'un détachement mécanique, le 11 Juillet, mais il doit se replier devant des forces supérieures sur le DJEBEL CHEK MANSOUR, en liaison à D avec MERDJAYOUN.DERNIERES OPERATIONS SUR LA COTE LA BATAILLE DE DAMOUR Du 6 au 11 Juillet, le corps Australien relevé de MERDJAYOUN par la brigade Anglo-Tchèque avec forte artillerie et celle de la flotte, porte tout son effort sur DAMOUR. Le 6 juillet à 24 H. Nos positions tenues par le 2/22° R.T.A. et le 2/6° R.E.I. sont broyées par une préparation d'artillerie extrêmement violente. Le 7 à 6h. 5 Bataillons australiens débouchent et débordent par l'Est, EL BOUM, et poussant vers les fours à chaux. L'ENNEMI A SUBI DES PERTES CONSIDERABLES : 2 Cies du 24°R.E.C. (sécurité plage BEYROUTH) sont poussées en avant. Dans la nuit du 7 au 8, Le colonel ROUGER a donné l'ordre de repli au 2/6° R.E.I. Le 1/29° R.T.A. enlevé du Sud SYRIE arrive le 7 Le 1/22° R.T.A. enlevé de MERDJAYOUN arrive le 8 Le 1/7 R.C.A. enlevé d'HOMS arrive le 10 Notre contre-attaque sur les fours à chaux échoue avec de très grosses pertes (combat de jour, puis de nuit à la baïonnette (Cdt BLANC) L'ennemi atteint la mer et coupe la route DAMOUR-BEYROUTH le 6 à 16 heures. Le 9/7 - Un nouveau barrage est constitué en avant de KALDE (12 Km Sud de BEYROUTH) une reconnaissance blindés ennemis sur KHALDE et repoussée. Le 9 le Général WILSON envoie sommation de déclarer BEYROUTH ville ouverte. Le Commandement Français, n'y répond pas, mais il sait qu'il n'a plus aucun espoir de recevoir des renforts. Ceux-ci bloqués à SALONIQUE se sont vus refuser le passage par la TURQUIE. TROIS DE NOS CONTRE TORPILLEURS amenant de TOULON les premiers éléments ont du faire demi-tour au large de CHYPRE. Le ST DIDIER, cargo transport de troupes et matériel venant de SALONIQUE a été coulé dans le port TURC d'ABDALLA.L' A R M I S T I C E -:-:-:-:-:-:-:-:-:-:- Le 8 Juillet le Général DENTZ avait demandé les conditions pour cesser les hostilités. Premières conditions inacceptables (il y était question d'amnistie pour nos troupes. Où sont donc les traitres.!) Enfin d'autres conditions parviennent le 11 au soir. La délégation Française (dont le Général de VERDILHAC - M. CONTY) franchit les Av. postes britanniques le 12 à 8 h.30. Les hostilités sont suspendues le 12/7 à 24 heures. Elles cessent après la réunion de ST-JEAN-D'ACRE le 14 Juillet. CONDITIONS D'ARMISTICE Nos troupes auront les honneurs de la guerre et seront rapatriées par notre Marine de Commerce. Nos officiers et la troupe conservent leurs armes individuelles et munitions. Nos prisonniers nous seront rendus. Nos appareils d'aviation moderne - (terre et marine) avaient quitté le LEVANT, au moment de l'armistice, prêts à revenir en quelques heures si l'accord n'avait pu se faire avec honneur pour nos troupes qui auraient continué la lutte devant BEYROUTH, puis au Nord jusqu'à épuisement complet.
L'ARMEE GAULLISTE AU LEVANT Elle était composée de : a) La Division LEGENTILHOMME : - 6 Bataillons d'Infanterie - 1 Escadron de Cavalerie - 7 Batteries d'Artillerie. b) Le Détachement COLLET - 1 Cie de chars H 39 - 3 escadrons Tcherkess - 8 batteries d'artillerie - Ces unités opéraient dans la région DAMAS avec la 5ème Brigade Indoue. LES CADRES, peuvent se diviser en deux catégories : 1°/ - Ceux qui sont passés à la dissidence en Juin 40, lors de l'armistice Franco-allemand. La plupart sont des baroudeurs. Quelques uns se sont rendu compte de leur erreur depuis, mais ne veulent pas revenir en arrière. Certains ont refusé de se battre contre nous. 2°/ - Ceux qui ont trahi à la veille, ou pendant et après la campagne du LEVANT dans leur intérêt personnel (avancement-solde), quelques uns parmi les jeunes pour suivre leurs chefs. LA TROUPE - Les Français, peuvent se rattacher dans le temps à ces deux catégories précédentes. La plupart sont des aventuriers. Les Indigènes (Afrique du Nord - Sénégalais) ont dans la plupart des cas suivi leurs chefs sans discuter - Moi pas comprendre, nous déclarait un tirailleur sénégalais fait prisonnier vers DAMAS, il y a France partout". Un certain nombre ont été attirés par les avantages matériels. La plupart de ceux qui sont passés aux Gaullistes après l'armistice, ont trouvé là, le seul moyen d'échapper aux sanctions disciplinaires dont ils étaient l'objet. Les autres avaient épousé des Lybanaises et Syriennes. Ils étaient "Enraïottés". Les troupes Gaullistes se sont en général battues courageusement, sinon loyalement. Mais après l'armistice, elles nous donnèrent un pénible spectacle: Soldats mal tenus, sales et indisciplinés, leurs chefs ne les ont pas en main. Manque du nombre, de la qualité des cadres, sentiment d'appartenir à la dissidence. Les Australiens ne semblent pas les estimer. Ils les désignent sous le nom de ZOO.... J'ai assisté le jour de notre embarquement à BEYROUTH, le 16 août sur le "CHAMPOLLION" à une scène pénible : Un groupe de marins gaullistes "en liberté" était venu manifester contre nous. L'un d'eux armé d'une baïonnette menaçait l'un de nos sous-officiers. Un officier de garde australien s'avança pour rétablir l'ordre. Ne pouvant parvenir à remettre à la raison la meute de gaullistes, il fit appel au piquet de garde Australien qui accourût baïonnette au canon. Les gaullistes continuèrent de plus belle et menacèrent la garde. Deux coups de feu claquèrent. Un marin gaulliste tomba. Les autres se dispersèrent. L'officier australien avait réglé la question au révolter.-- Nos rapports avec les Chefs gaullistes après l'armistice durèrent environ un mois. Brimades, encadrement réduit de nos troupes afin de favoriser leur propagande. Prise d'otages dont le Général DENTZ; ajournement, changement de l'ordre de départ des unités. Enfin l'Armée du LEVANT rattachée aux forces "dites libres". Ils se croient les maîtres de la SYRIE. Cela n'empêche par que les décisions du Général CATROUX sont toujours contresignées par le Général WILSON.
QUELQUES ENSEIGNEMENTS A TIRER DE LA CAMPAGNE DU LEVANT PERSONNEL - Une fois de plus, les troupes les plus disciplinées, celle aussi qui, en temps de paix, avaient su garder le goût du panache (la Légion, la Cavalerie) se sont le mieux battues. Les indigènes (Nord-Africains, Sénégalais - Malgaches, ont tenu tant qu'ils ont eu à leur tête leurs chefs habituels qui AVAIENT su gagner leur confiance. En somme ils se sont battus non pas pour la France, mais pour les chefs Français "Officiers, sous-officiers" qui la représentaient. Deux leçons à tirer : 1°/ - Les cadres des troupes indigènes doivent bien les connaître et pour cela ne pas être l'objet de fréquentes mutations comme cela s'est produit au cours des dernières années. 2°/ - Pas de relèves ou renforts individuels, mais collectifs, par escadron au moins. Pour les cadres, il n'est pas de meilleur moyen de connaître leurs hommes que d'avoir en garnison, comme en manoeuvre, le souci du détail. Nos sous-officiers manquent trop souvent à ce devoir, il nous appartient de le leur imposer. Les ordres écrits, sont toujours trop longs parce qu'ils sont écrits (souvent dans des conditions de confort suffisant) et qu'ils prétendent tout prévoir. Ils nuisent ainsi à l'esprit d'initiative des subordonnés. Celui-ci doit être encouragé au contraire, dans le cadre de la mission. Rien ne vaut à tous les échelons, le contact personnel, les Ordres Verbaux, donnés sur le terrain. En outre, cette présence en 1ère ligne des officiers d'Etat-major fait plaisir aux combattants. Chaque fois que les officiers d'Etat-Major sont venus au contact de la troupe pour se rendre compte de la situation, l'exécution des Ordres a été facilitée. En outre, ils ont pu, au retour, rendre compte rapidement et avec précision au commandement. (Capitaine Le Corbeiller de l'EM Général - 7 Juillet - DAMOUR ) Cette façon de faire évite aussi la cascade de transmissions d'E.M. à E.M. (E.M. de groupements -E.M. de Secteurs - E.M. Général)-- BAPTEME DU FEU - Il est parfois tragique. Il faut en temps de paix éprouver les nerfs de nos hommes par des bombardements aériens et d'artillerie, à distance de sécurité, à l'occasion des séjours dans les camps.-- LES MATERIEL ET SON EMPLOI - La dotation en armes automatiques d'un peloton à cheval est insuffisante. Le Chef de peloton au combat à pied doit parfois manoeuvrer (fixer-déborder) cela devient difficile quand une seule de ses armes automatiques est enrayée ou neutralisée Il faut 2.F.M. par groupe, autant de Mitraillettes pour le combat rapproché et des fusils anti- chars. L'EMPLOI DES ARMES, doit être préparé à fond, de telle sorte que l'homme soit capable de tirer par simple jeu de ses réflexes, dans toute situation.-- Trop d'hommes ne ripostent pas contre les attaques aériennes. Tout le monde doit tirer (cela gêne le pilote et relève le moral de la troupe).-- Toute attaque d'Infanterie, même pour les petites unités doit être préparée. Ce n'est pas nouveau. Etude des forces ennemies, du terrain, base de feux et échelons de feux suffisants, soutien de Chars même légers, action de l'artillerie, et si possible, de l'aviation. Les canons anti-chars doivent être sur camions d'où ils puissent tirer, ou à traction mécanique pour permettre le décrochage rapide.-- ARTILLERIE - Le choix d'observatoires ne fut pas toujours judicieux - Imprécision du tir - difficultés de réglage.-- LIAISON - TRANSMISSIONS - Il faut des appareils en phonie à partir de l'échelon escadron. Le téléphone est réservé aux unités de l'arrière. Il est trop souvent coupé. Le cavalier, le motocycliste se sont confirmés d'excellents agents de transmissions. Cependant quelques unités d'infanterie ont dû faire transmettre leur C.R. par coureurs Le trajet à pied A.R. durait parfois plus de 3 heures: Temps perdu et fatigue du personnel.__________ ________ ______
L'ARMEE BRITANNIQUE Dotée d'un nombreux et puissant matériel, formée de troupes pour la plupart aguerries par les précédentes campagnes (EGYPTE - CRETE) ayant la supériorité du Nombre, l'armée britannique devait forcément vaincre. LES TROUPES AUSTRALIENNES, courageuses et entraînées, très aptes à l'infiltration, possèdent une bonne infanterie et une excellente artillerie. Pourtant les britanniques n'exploitent pas immédiatement leurs succès. Leur équipement est simple, short avec rabat, chemisette - fusil ou mitraillette - munitions - bidon d'un litre - casque plat. Les petites unités disposent d'appareils en phonie d'une portée de 12 à 15 Km. L'ARTILLERIE est nombreuse et précise, toujours à traction mécanique. L'AVIATION de chasse est nombreuse et active. Les Curtiss P 40 se sont révélés supérieurs au cours des combats aériens. Dès l'aube ils mitraillaient troupes et convois à terre. LA MARINE a été comme toujours au cours de notre histoire, notre grande ennemie. C'est elle qui par ses pilonnages de gros calibres nous a chassés de SAIDA, de DAMOUR et qui a empêché nos renforts venant de France d'arriver au Levant.
DERNIERS COMBATS SUR LA COTE UN EPISODE DU REPLI DE DAMOUR
8 Juillet - Vers 3 heures du matin, nous repartons vers DAMOUR afin d'installer à MEIDANE EZ ZIN le P.C. de notre Colonel commandant le secteur (Georges FICOT). C'est un Chef aimable, calme, déterminé. Nous nous installons au petit jour dans une maison en bordure de la route. Je pense de suite que si la marine britannique apparait, nous ne ferons pas long feu car nous sommes à moins de 50 mètres du rivage. Vers 5 heures, alerte avions. Trois Hurricane de chasse nous survolent. Nous nous engouffrons dans une maison dont les murs ne semblent pas offrir une sérieuse résistance. Le bruit des moteurs se rapproche. Première rafale de mitrailleuses sur nos voitures de liaison pourtant rangée et relativement camouflées (avec les moyens du bord...) Nous nous rapetissons en ayant soin de nous placer hors des ouvertures. Le ronronnement des moteurs continue et les rafales crépitent. Après leur départ, nous constaterons que deux de nos voitures sont inutilisables (balles perforantes dans le moteur). Nous changeons de P.C. - Vers 3 heures je reçois du Colonel l'ordre de me rendre en blindée à DAMOUR, occupée en partie par l'ennemi pour prendre liaison avec le Colonel ROUGER dont le Commandement est toujours sans nouvelles. Je dois faire une partie du parcours (2 KM) en moto, puis le reste (3 Km) en blindée que doit mettre à ma disposition le Capitaine RIONDEL. Je prends aussitôt contact avec RIONDEL, Commandant l'Escadron d'A.M., celui-ci me déclare que c'est une folie. La blindée ne pourra pas faire 200 mètres. L'artillerie anglaise tire à vue et de plein fouet sur la route. Comme pour confirmer ses dires, nous recevons dans un rayon de 50 mètres, une rafale d'obus qui nous couche immédiatement. Il en tombe partout. Le premier émoi passé, nous discutons de la conduite à tenir. Précieux renseignement; nous apercevons à 500 mètres à l'Est, un mouvement débordant d'infanterie ennemie. Feu des A.M. J'en rends compte immédiatement au Colonel par estafette moto, lui disant que j'attends ses ordres pour continuer la mission sur DAMOUR, à pied s'il le désire, puisqu'il est impossible de passer sur la route et je continue à observer. Les salves d'artillerie arrivent toujours et nous encadrent. Les blindées ont dû être repérées. Elles sont pourtant bien camouflées. Entre deux rafales j'ai reçu l'ordre de rentrer au P.C. Bientôt le P.C. lui-même est encadré par l'artillerie anglaise qui parait terriblement bien renseignée. les gens du Pays doivent se prêter admirablement à leur 5°colonne. Vers 11 heures, j'accompagne un renfort de fusiliers marins commandés par un enseigne de vaisseau (REVEL). Armés de jumelles... de taille, et de mitraillettes, ils sont réconfortants. En arrivant à la crête, nous apercevons à 800 mètres les Australiens occupés à creuser des trous et à dérouler du fil téléphonique. Une section de Tirailleurs Sénégalais reçoit l'ordre de pointer ses mortiers sur l'objectif. Les premiers coups tombent à 200 millièmes à droite. Rectification insuffisante. L'alerte est donnée chez l'ennemi qui se terre sans aucun mal. J'apprendrai bientôt à nos dépens qu'on est toujours puni par où l'on a péché, car les gens d'en face nous rendront la politesse quelques heures plus tard. Je rentre au P.C. pour rendre compte. Pendant ce temps les Sénégalais (suivant les mulets qui se replient,) abandonnent leur Lieutenant et le laissent sur la crête avec le détachement de fusiliers marins. Il ne sera pas facile au Commandant de CARMEJANE, de les faire remonter. Ces troupes qui se battent depuis un mois sans relève, sont harassées. Vers 15 heures, nous voyons passer devant le P.C. des groupes de troupes disloquées, des Malgaches en plus grand nombre, HALTE! et demi-tour!. Ils réclament à boire. Il fait très chaud. Quelques-uns s'étaient abrités depuis le matin dans une maison voisine et récupéraient le sommeil perdu. En même temps, nous voyons se replier la section de mortiers sénégalaise, qui tenait la crête à 800 mètre Est du P.C. La situation est tragique. Le P.C. risque d'être encerclé à tout moment. Déjà quelques groupes d'Australiens se profilent sur les crêtes avoisinantes. Je reçois l'ordre de rassembler cette meute et d'aller réoccuper la côte 176. Je dispose d'environ 50 Sénégalais, deux ou trois Algériens, un Lieutenant de réserve Français exténué, incapable de se faire comprendre de cette horde. La plupart sont sans armes. Peu ou pas de munitions. Je fais, sur la route, à l'abri, un rapide inventaire des armes et munitions. Je retrouve à peu près de quoi armer tout mon monde. Les Nord-Africains commanderont les escouades. J'en ai 5, le Lieutenant en prendra 2. Je prendrai les 3 autres. EN AVANT! Le terrain est "impossible". Pare-paings, épines. Nous escarpons les pentes en ordre dispersé. Les hommes ne suivent qu'avec peine et, je pense, aussi, à contre-coeur. Je dois prendre le fusil mitrailleur d'un groupe dont le tireur ne peut plus avancer. Au bout de 20 minutes j'arrive à la crête suivi de 3 Algériens et F.M. En surveillance immédiatement dans la direction dangereuse.! Les noirs sont restés prudemment à la crête précédente. L'un d'eux nous met en joue, nous prenant sans doute pour des Australiens. Nous sommes bombardés par l'artillerie ennemie. C'est un vacarme assourdissant! Enfin nous tenons la crête et les Australiens ne tourneront pas le P.C. Nous apercevons sur la route, le repli de l'escadron RIONDEL. Des groupes de tirailleurs amis se replient également. Mes Algériens qui ont vu le mouvement manifestent le désir de partir. Je les retiens en leur disant contre toute vraisemblance, que les A.M. tiennent la position avec nous. J'essaie de leur parler de l'Algérie et du Maroc, mais comme les meilleures intentions ne servent quelquefois à rien ou se retournent contre nous, je commets l'imprudence de leur parler, de leur vanter les bienfaits du thé à la menthe. La réaction est rapide; Ils demandent à boire. Sur mon faible effectif il me faut bien organiser une corvée d'eau car ils n'ont pas bu depuis la veille et notre mission est de durée indéterminée. D'autre part les Australiens s'infiltrent partout. S'ils donnent l'assaut de notre position, mes hommes affaiblis par la soif, seront de bien faibles combattants en Corps à Corps. Bien m'en prit: En arrivant au puits, la corvée rencontre le dernier peloton d'autos-mitrailleuses de l'Escadron RIONDEL chargé de protéger notre repli. L'Adjudant FOMBELLE qui le commande me cherchait vainement pour me transmettre l'ordre de repli. Nous nous replions par échelons en ordre dispersé car les obus nous encadrent et les balles ricochent près de nous. Mon groupe de malgaches accélère comme pour gagner le Marathon... huit cents mètres au pas gymnastique pour gagner le premier couvert. La remise en ordre est facile. Cinq minutes pour se désaltérer au puits pendant que le peloton d'autos- mitrailleuses reste en surveillance. J'y retrouve notre bon Pasteur CABROL aumônier qui est resté parmi les derniers pour ramasser les blessés. Il sera proposé pour une citation. Une de nos Autos-mitrailleuses est restée en panne, couchée dans un fossé bordant la route. L'Adjudant FOMBELLE devra la faire sauter après avoir récupéré ses armes et ses instruments. Le Commandant de CARMEJANE, toujours prêt à payer de sa personne, qui avait dû replier le P.C. sur ordre revient au devant de nous en moto-side. Il commençait à être inquiet sur notre sort. C'est grâce à lui, qui avait laissé le peloton d'A.M. sur la route, que nous avons pu décrocher. J'apprends que le Capitaine RIONDEL a été gravement blessé tout à l'heure, à la tête, et évacué sur l'hôpital. Diagnostic réservé. Etat grave. Il devra subir l'énucléation de l'oeil gauche.
LA MORT du Lieutenant de CHEVIGNY du 2ème REGIMENT de MARCHE de SPAHIS Le 6 Juillet 1941, dans la Région de KAPER-HIM, le Capitaine LESUR; Commandant le 2ème Escadron de Spahis, reçoit l'ordre de faire occuper, après nettoyage éventuel, la côte 567 afin d'être en mesure d'agir par le feu en direction d'EL BOUM, sur l'ennemi qui attaque DAMOUR.
RENSEIGNEMENTS La côte 567 est déjà occupée par nous (Une Section et un groupe de mitrailleuses du 24ème Colonial). L'ennemi pourtant a réussi à s'infiltrer sur ce massif, car nous venons d'y faire 2 prisonniers. Le renseignement verbal précise : S'ils sont une douzaine c'est tout ! Ce renseignement est d'ailleurs confirmé par le Lieutenant Commandant la Compagnie du 24ème Colonial, quand le Capitaine LESUR arrive dans cette région pour faire sa reconnaissance de terrain. En conséquence, le Lieutenant de CHEVIGNY avec deux pelotons de spahis à pied, se portera sur le massif 567 - MISSION : - Prendre la liaison avec les éléments amis qui l'occupent. Avec leur aide, chasser les anglais qui s'y trouvent. Ce mouvement sera appuyé par le tir de la base de feux aux ordres du Capitaine commandant l'Escadron. Ce tir ne sera déclenché que sur fusée à lancer par le Lieutenant de CHEVIGNY, itinéraire: les jardins d'AIN SAADE et DIMET puis la pente boisée de la côte 567EXECUTION L'officier et ses 2 pelotons partent à 16 heures. A 16h30, sur fusée signal du Lieutenant de CHEVIGNY, le tir de la base de feux est déclenché. Il dure 10 minutes. Mais la fusée a allumé un incendie sur la pente boisée de 567 qui gêne terriblement la progression des 2 pelotons ceux-ci doivent pour éviter le feu prendre un itinéraire détourné. Les hommes sont fatigués par la chaleur et cette pénible ascension. L'Officier les laisse souffler et envoie un sous-officier de liaison prévenir son Capitaine qu'il arrive sur son objectif, mais qu'il ne trouve pas sur celui-ci les éléments amis signalés. De 18 heures à 18h30, un violent combat semble s'y dérouler, puis silence jusqu'à 19 heures. Enfin à ce moment, quelques rafales d'armes automatiques. A ce moment, arrivent au P.C. du Capitaine Commandant de nombreux blessés du peloton CHEVIGNY. Enfin arrive l'Adjudant Chef MESNIL qui commandait l'un des peloton sous les ordres de cet Officier. Son peloton a été mis hors de combat. Le Lieutenant de CHEVIGNY a été vu tombant et ne bougeant plus. L'Adjudant LAPOINTE avec les quelques hommes restants sont encore au contact de l'ennemi. Le Lieutenant COLLAS envoyé avec son peloton (réduit) en renfort à 20 heures, ne pourra parvenir jusqu'à la crête qui est fortement occupée par l'ennemi, ainsi que les crêtes avoisinantes. Il ne retrouve plus l'Adjudant LAPOINTE qui s'est replié par un autre itinéraire. Il doit se replier sur son emplacement de départ. Ce qui reste de l'Escadron tiendra 2 jours encore à KAFER-HIM malgré les bombardements d'artillerie et d'avions, s'opposant à toute infiltration. Il ne lui sera malheureusement pas possible d'enterrer ses morts, qui sont tombés à 100 mètres de la position fortement occupée par l'ennemi. A l'Escadron on les croit "disparus". Ce n'est que le 16 Juillet, après la conclusion de l'armistice que le Capitaine LESUR, accompagné de l'Adjudant-Chef MESNIL, d'un sous-officier et un spahi se rendront sur les lieux du Combat du 6 Juillet. Après de longues recherches, ils ne trouveront que de pauvres restes, à demi dévorés par la vermine et les charognards, et qu'ils ne pourront identifier que grâce à leur effets..Plus de plaques ni de bijoux. La mort même n'a pas été respectée. Il s'agit du Lieutenant de CHEVIGNY, Maréchal-des- Logis BEY, Maréchal-des-Logis REGNAULT (ce dernier arrivé en renfort de FRANCE le 26 Juin), un Maréchal-des-Logis indigène, 3 spahis indigènes et un tirailleur sénégalais. A l'endroit même où s'est accompli leur suprême sacrifice, se dressent maintenant de pauvres tombes surmontées de petites croix de bois supportant un casque. L'avant-veille de sa mort glorieuse, le 4 Juillet, j'avais déjeuné en plein air à la popote de l'Escadron avec le Lieutenant de CHEVIGNY. C'était un beau gars de chez nous, franc et sympathique. Son calme apparent cachait une nature ardente. Obligé de rester à son poste au LEVANT pendant la guerre de FRANCE il en éprouvait secrètement comme une honte, une tâche qu'il attendait avec impatience l'occasion d'effacer. Au moment où il recevait sa mission... la dernière, le 6 Juillet, en apprenant que la position ne devait être occupée que par quelques anglais, il avait manifesté son dépit en déclarant à son Capitaine : "C'est bien ma veine"! Hélas! le nombre de ses ennemis fut à la hauteur de son courage !
UNE RECRUE POUR LES GAULLISTES Au cours des durs combats soutenus par le 2° Escadron de spahis portés du 2° R.S.M., le 6 Juillet à KAFER-HIM, au cours duquel l'Unité comptait comme pertes : 1 Officier, 4 S/Officiers, 2 spahis tués 2 S/Officiers et 4 spahis blessés 3 disparus Le spahi Algérien BOULANOIR figurait au nombre des disparus. Le Capitaine LESUR, qui commandait cet Escadron, revenu à deux reprises sur le terrain de l'attaque après l'armistice, pour accomplir le terrible devoir d'ensevelir les pauvres restes épars, n'avait pu retrouver la trace de ce spahi. Tous le croyaient tué. Trois semaines environ après, le capitaine voit arriver à lui, au cantonnement de ZGHORTA, le brillant BOULANOIR, en tenue de Maréchal des Logis, décoré de la Médaille militaire et de la croix de guerre... Gros émoi à l'Escadron! Interrogé par le Capitaine, sur les raisons de cet avancement inattendu et de ses brillantes décorations, celui-ci répondit: Je sors de l'hôpital, mon Capitaine, guéri d'une grave blessure reçue le 6 Juillet à KAFER-HIM. Au cours de l'attaque je me suis trompé de direction et ai perdu le peloton. Blessé à la jambe et fait prisonnier, j'ai été recueilli par des civils. Ceux-ci m'ont caché chez eux, et après l'armistice m'ont donné de l'argent et m'ont amené à BEYROUTH en auto où j'ai été hospitalisé. A l'hôpital, j'ai reçu la visite d'un Capitaine auquel j'ai tout raconté. Il m'a dit : "BOULANOIR tu es un brave tu seras nommé brigadier et décoré de la croix de guerre. J'ai aussi reçu la visite de Madame la Générale ARLABOSE qui m'a dit: "pour ta belle conduite tu seras nommé S/Officier. Puis Madame la Générale DENTZ est venue et m'a dit: "tu auras la croix de guerre. Sa fille m'a promis que j'aurai la médaille militaire. En sortant de l'hôpital hier, j'ai acheté la croix de guerre, la médaille militaire et des galons de sous- Officier. Le Capitaine LESUR lui a décerné... 8 jours de prison pour imagination excessive, mais le 11 Août, à l'occasion d'une visite médicale à l'infirmerie de TRIPOLI, notre "héros" réussit à s'échapper et à sauter dans un camion Australien. Il est maintenant Gaulliste, ce qui lui vaudra probablement bientôt les galons espérés.-:-:-:-:-: P.S. Le spahis BOULANOIR BEN HAFSI avait quand même au début des opérations été l'objet d'une citation à l'ordre du Régiment une vraie... En voici le texte: "Etant de faction dans la nuit du 7 au 8 Juin 1941, poste Est de BEN-DJEBAIL, grâce à sa présence d'esprit et à son initiative, à évité à l'Escadron la surprise totale de l'attaque Anglaise en courant sous le feu ennemi donner l'alerte. Croix de guerre 1939-1940 avec étoile de bronze. Cette citation ne parvint à l'unité qu'une heure après son évasion.TEXTE DU RAPPORT DE PROPOSITION POUR LA LEGION D'HONNEUR DU CAPITAINE R I O N D E L -:-:-:-:-:-:-:- Le 7 Juillet 1941 : le 1er Escadron d'A.M. est en réserve dans la région du CARACOL de CHOUEFFATE. A 18 H. 30 le Capitaine RIONDEL Cdt cette unité reçoit l'ordre de se porter au plus tôt sur BAAL EL NAAME-DAMOUR, d'y contre- attaquer les éléments ennemis infiltrés entre nos points d'appui, de soutenir notre infanterie et de rechercher la liaison avec le P.C. du Colonel Cdt le Groupement de DAMOUR, dont le Commandement est sans nouvelles. Son intervention rapide et énergique avant la tombée de la nuit, malgré les tirs de plein fouet sur la route, déclenchés par l'artillerie adverse, réussit à rétablir une situation très compromise et donne au Commandant le temps de rassembler quelques troupes et de les remettre en ligne. Au cours de la nuit, le Capitaine RIONDEL, après une audacieuse reconnaissance jusqu'au NARH DAMOUR, se rend lui-même dans une agglomération infestée d'éléments ennemis jusqu'au P.C. du Colonel Cdt le Groupement où d'ailleurs il ne trouve plus personne. Le 8 Juillet, la poussée ennemie (débordement- infiltration) s'intensifie sens cesse. Le Capitaine RIONDEL continue sa mission. L'action incessante de ses pelotons poussant de vigoureuses pointes sur DAMOUR et agissant par le feu sur les abords de la route, interdit à l'ennemi toute action en force appuyée d'engins blindés. De sa personne, en blindée, en side-car, à pied sous le feu incessant de l'artillerie et des armes automatiques adverses RIONDEL reste en contact avec ses éléments les plus avancées. Renseigné ainsi de façon aussi rapide et précise que possible, il intervient à plusieurs reprises avec autant de cran que d'à propos. Vers 15 Heures notamment, alors que certains éléments de notre infanterie, bousculés dans la palmeraie, refluent en désordre, l'action rapide et brutale des A.M. évite à ce repli de se transformer en débâcle. C'est à ce moment que le Capitaine RIONDEL, qui sous le feu s'est porté seul à pied à hauteur d'une de ses blindées de tête pour donner un ordre, est grièvement blessé. Arrivé de France par avion le 26 Juin, le Capitaine RIONDEL prenait aussitôt le Commandement de l'Escadron d'A.M. Cette unité descendait de la région de DJEZZINE avec un personnel à bout et un matériel délabré. Grâce à l'activité, à l'esprit de méthode et d'organisation de son nouveau Chef, le 1er Escadron était prêt 48 heures plus tard, à combattre, et assurait aussitôt des missions de surveillance sur la côte. Les faits relatés plus haut démontrent suffisamment qu'à des qualités d'organisateur, RIONDEL ajoutait celles de Chef. Décision, sang-froid et mépris du danger. Les affaires de DAMOUR étaient pour lui le Baptême du feu. Si critiques qu'aient été les circonstances, il s'est montré en face d'elles, l'égal du Chef et du Combattant le plus averti et le plus aguerri.signé : de CARMEJANE. L'INFANTERIE et la CAVALERIE ont lutté farouchement malgré les pertes et les fatigues jusqu'au dernier jour. Elles ont contre-attaqué souvent contre toute vraisemblance. La Légion a été sublime à PALMYRE, à DAMOUR à 1 contre 10 (Cdt GLERALDY, Chef de Btn BRISSE, Cdt BLANC) les unités mécaniques de Cavalerie, conduites par des chefs ardents ont communiqué partout leur flamme et réalisé des exploits incroyables notamment lors des contres-attaques du 15 au 18 Juin (Cdt LHER, Cdt SIMON - MARION, Chef d'Esc. CARMEJANE, Chef d'Esc. de BODMAN.) Parmi les cavaliers ont trouvé une mort glorieuse :Le Capitaine RIONDEL du 1er R.C.A. venu en renfort du Maroc, grièvement blessé à DAMOUR, à la tête d'un escadron blindé. L'ARTILLERIE a infligé à l'adversaire des pertes que celui- ci a avouées. Certaines batteries ont tiré jusqu'à 2.000 coups par jour, les artilleurs tombaient harassés sur leurs pièces. LE GENIE fit preuve de dévouement dans ses ingrates missions (1 s/officier surpris à ISKANDAROUN se fait sauter avec l'ouvrage). LE TRAIN a assuré nuit et jour sous les bombardements, ravitaillements et transports de troupes dans des régions montagneuses permettant ainsi de suppléer au nombre par la mobilité. L'AVIATION s'est sacrifiée à PALMYRE, 125 avions abattus sur 175 - 50 officiers d'équipage tués. Celle de SALONIQUE (Capitaine TERNAN) effectuait d'un seul coup d'aile des raids de nuit (ATHENES - ALEP ) 1500 Km au dessus de la mer, malgré la chasse anglaise pour transporter personnel et matériel de renfort. LA MARINE - Après de glorieux combats sur mer ne pouvant plus combattre à bord, faute de munitions, une partie des équipages vinrent épauler notre Infanterie à terre. LES SERVICES DE L'INTENDANCE - Les parcs ont veillé jour et nuit pour assurer le ravitaillement sans a coups des combattants. LES MEDECINS des Corps et Hôpitaux sont restés au chevet des blessés jusqu'à la limite de leurs forces, le plus souvent sous les bombardements. LES AUMONIERS & PASTEURS ont apporté aux mourants jusque sur la ligne de feu, le secours de leur sacerdoce.PARMI LES FEMMES DE FRANCE beaucoup d'épouses d'officiers se sont dépensées sans compter dans les Hôpitaux Militaires, pour soigner nos blessés et ensevelir nos morts sous les bombardements aériens, de nuit. J'ai vu à BEYROUTH, un soir, la femme d'un camarade exténuée par plusieurs nuits de veille, disposant les lits de ses trois jeunes enfants à la cave, avant de courir, sous le bombardement aérien, prendre bénévolement sa place, à l'hôpital, au chevet de nos blessés. Puisse la résistance héroïque de nos troupes donner à tous les Français la fierté et la confiance, affirmer la vitalité de notre race et confirmer notre foi en l'avenir de notre Pays et de son Empire autour du MARECHAL. Le glorieux sacrifice de tous ceux qui ont lutté, qui ont souffert au cours de la campagne de FRANCE, à DAKAR, à MERS EL KEBIR, au LEVANT, et des meilleurs qui sont tombés, n'aura pas été vain. |
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