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L'oeuvre de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers les témoignages oraux | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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C. CHANOT
![]() EN GUISE DE PREFACE DE C. CHANOT Commandant Honoraire de l'A.B.C. SURESNES, le 12 Janvier 1987 Monsieur le Président, En réponse à votre lettre du 16 Décembre relative aux faits de guerre vécus par les C.V.R. je vous adresse entre autres les deux plus importants auxquels j'ai participé. Le premier se situe entre le 27 Mars et le 4 Mai 1944. J'étais Responsable militaire de P4 (Aube - Yonne - Nièvre) avec en plus la Marne dont les résistants venaient d'être décimés ; désigné par Monsieur Ribière du C.N.R. avec pour chef le Capitaine d'active breveté de Lagarde alias Fersen et Breteuil, patron du réseau " Eleuthère " assisté de Hilloud alias Sydney. Notre antenne d'Epernay nous avait, le 27 Mars, signalé l'arrivée au Camp de Mailly de la Division Blindée allemande " Hohenstauffen ". Fersen et Sydney en avaient pris note sans alerter Londres ignorant à la fois son temps de stationnement et la direction qu'elle prendrait à son départ. Lorsque le 3 Mai lors d'une prise de contact de routine nous apprîmes que la Division Blindée signalée allait faire mouvement dans la nuit du 4 au 5 Mai nous en informions Sydney qui à son tour alertait Londres par la centrale du réseau et qui répondait que la " chose " aurait lieu dans les 24 heures. Un des nôtres " Delamotte " repartait immédiatement pour Epernay apprendre la nouvelle à nos deux camarades d'Epernay (Julion et Labeste) et au cheminot de Mailly avec pour consigne de donner les résultats obtenus. Le cheminot était un employé de la S.N.C.F. chargé de la régulation des convois militaires sur le noeud ferroviaire important des lieux considérés. Ceux-ci furent foudroyants, le bombardement a lieu dans la nuit du 4 au 5 Mai. Au matin du 5, il n'y avait plus de Division Blindée à peu près tout le matériel, chars compris, était détruit et une douzaine de milliers d'hommes était hors de combat. Ce fait d'armes est passé à peu près inaperçu dans une France occupée pressentant le débarquement des Alliés. Il a cependant, grâce à l'exactitude des renseignements fournis avec une très grande rapidité par 6 ou 7 résistants, empêché une Division Blindée allemande remise à neuf et en forme de se manifester en Normandie. En Juin, Fersen a été arrêté et déporté en Juillet ce fut le tour de Sydney. Tous deux sont morts en déportation. Avec Julion et Labeste nous avons été, vers 1946, décorés de la " King's Medal for Courage " à l'ambassade d'Angleterre. Nous ignorons qui nous a proposé et s'il y a eu d'autres distinctions car les Français furent vraiment silencieux là-dessus. Le deuxième fait important mentionné plus haut est la reconnaissance à longue portée que j'ai eu l'honneur d'organiser et de diriger sur la demande du Commandant Brunetière Chef du 2ème Bureau de l'Etat-Major F.F.I. remplaçant de Lagarde - alias Fersen - depuis sa déportation. Il aura valu les félicitations des Etats-Majors français et américains ; car nos renseignements fournis sur les situations des troupes allemandes venant du Sud-Ouest ont permis à l'armée Patton son avance fulgurante sur l'Alsace telle qu'il l'avait envisagée. Ci-joint les photocopies des rapports établis par nos 4 voitures rédigés sur le vif dont vous ferez ce qu'il vous plaira. Si les renseignements que je vous fournis ne conviennent pas à la commission chargée de les examiner ayez l'obligence de les détruire. Je vous en remercie et vous prie de croire en mes sentiments à la fois respectueux et cordiaux.
Compte rendu de la mission Messieurs O'BYRNE,
LEFEVRE ROCHE et METIER sur le secteur
JOINVILLE-CHAUMONT. 16 heures mission scindée Groupe Capitaine CHANOT - S/Lieutenant LAVIRON
-Monsieur DEMESSE. Mission de reconnaissance
effectuée les 8 et 9 Septembre 1944 sur l'axe de
marche PARIS, SENS,TONNERRE MONTBARD. Rapport annexe sur les faits constatés
effectué les 8, 9 et 10 Septembre 1944
au cours de la reconnaissance de terrain
Compte rendu de la mission de Messieurs SION,
BOY, CHEVALIER et PINSON sur l'axe
AVALLON-SAULIEU. Compte rendu de la mission de Mrs GUYOT, RAUILLAC,
DUBRAC et BAULT sur l'itinéraire:
PARIS-NEVERS-MOULIN 1ère voiture:
VOITURE 1 Compte rendu de la mission de
Messieurs O'BYRNE, LEFEVRE ROCHE et METIER 16 heures mission scindée: Le Lieutenant LEFEVRE sur CHAUMONT: Contact avec le Lieutenant F.F.I. à VIGNORY: aucun renseignement. Contact avec le Capitaine F.F.I. à la VILLENEUVE: aucun renseignement. Rencontre un S/Lieutenant de renseignements avec lequel il décide de se rendre à CHAUMONT en passant par BRICON, SEMOUTIERS, BROTTES. Arrivée à CHAUMONT à 17 h 45. Renseignements recueillis: Sur la R.N. 65 vers ANDELOT: 2 ponts minés et gardés par des Russes. Un Corps Franc envisageait le desamorçage de ces mines dans la nuit du 9 au 10. Au carrefour R.N. 65 et route de BIELLES: une batterie de 903 chars enterrés, dont le type n'a pas pu être identifié. Au Nord de CHAUMONT au lieu dit CROIX COQUILLERE: 10 pièces anti-chars de 88 et105 et fosses anti-chars. Au Sud de CHAUMONT sur route de SEMOUTIERS une pièce de 88 effectifs 200 hommes. Sur route Nationale de LANGRES, 19 mortiers et pièces anti-chars, route non minée. A l'intérieur de la ville 2 bastions fortifiés école Gambetta et école Normale de Filles. Garnison de 2.700 à 3.000 hommes Russes et Autrichiens. Le viaduc à l'Ouest de CHAUMONT a sauté, la route est praticable en passant par BRICON, SEMOUTIERS, CHAUMONT. Pointes poussées par les Allemands de CHAUMONT à BRETHENAY. La ligne de chemin de fer entre BOLOGNE et ANDELOT est tenue par les allemands. La ligne de CHATEAUVILLAIN a été attaquée par des formations américaines le 7 Septembre sans résultat. Retour à JOINVILLE à 21 h 50. Le Lieutenant O'BYRNE sur NEUFCHATEAU: Départ de JOINVILLE 16 heures. Arrivée à GONDRECOURT à 17 h 10. Contact avec Capitaine GUYOT commandant F.F.I. et avec Lieutenant du Service de Liaison franco-américain. Les renseignements recueillis sont confrontés et reconnus exacts. A 20 heures, contact pris avec le B.R/A. de VAUCOULEURS auquel nous avons communiqué nos renseignements, ceux-ci ont été reconnus exacts. Les agents du B.R/A n'étant pas rentrés, il ne nous est pas possible de donner des renseignements plus récents. Renseignements recueillis: Garnison de 2.000 à 2.500 hommes patrouilles au Nord vers COUSSEY jusqu'à FREHECOURT. Sur route Nationale 66 de NEUFCHATEAU à MIRECOURT: ROUVRES / CHATENOY-GIRONCOURT occupés par allemands depuis le 5/9 vers 11 heures. Aucune liaison avec ces villages. CHATENOY est occupé solidement par troupes détachées de MIRECOURT. Barrage sur route entre COURCELLE et VIOCOURT ainsi que sur voie ferrée du côté GIRONCOURT. A GIRONCOURT: effectif 100 hommes, 20 véhicules et quelques canons anti-chars. Trafic sur route EPINAL vers NEUFCHATEAU: camions et chars. Trafic sur route NEUFCHATEAU et MIRECOURT: véhicules divers intermittents. Trafic sur route Nationale 64 NEUFCHATEAU et VITEL: 3 camions matériel, un canon anti-chars, 4 camions de troupes, 8 voitures légères. Le 7 jusqu'à 12 heures: 3 camions de troupes, 12 voitures légères sur route NEUFCHATEAU et POMPIERRE R.D. n° 1: néant. Retour à JOINVILLE: 23 Heures. Le 10/9 vers 7 heures nous apprenons que dans la nuit du 9 au 10, les Allemands ont attaqué GONCOURT et ont été repoussés en laissant des prisonniers et des vélos entre les mains des F.F.I. Le 9 Septembre à 14 h 30, retour à JOINVILLE où nous prenons contact avec le Service de renseignements de la Division Américaine. Nous leur communiquons les derniers renseignements connus en leur faisant part de la situation critique d'ANDELOT et BUGNEVILLE.
VOITURE 2 Groupe Capitaine CHANOT, S/Lieutenant LAVIRON, Monsieur DEMESSE, Monsieur X Mission de reconnaissance effectuée
les 8 et 9 Septembre 1944 sur l'axe de marche: Rapport annexe sur les faits constatés effectué les 8, 9 et 10 Septembre 1944 au cours de la reconnaissance de terrain Journée du 8:Evènements militaires: En l'absence du Colonel LAURENT à SENS, nous nous sommes mis en rapport avec le Lt Colonel CHEVRIER à AUXERRE, se disant Commandant des F.F.I. du Département. Cet officier a d'abord refusé de nous recevoir et sa dactylo n'a pu nous fournir que quelques renseignements imprécis remontant au 5 Septembre sur la situation militaire dans le département. C'est sur notre insistance, en forçant le barrage des plantons établi à son bureau que nous avons réussi à obtenir une entrevue qui ne nous a pas éclairé davantage sur la situation. Le Colonel CHEVRIER était assisté dans son Etat Major d'un Commandant F.F.I. de 25 ans qui partagea les réactions de son chef vis-à-vis de nous. A MONTBARD, le Capitaine NANCY nous a courtoisement reçu et nous avons pu prendre contact avec un agent du B.R.C.A. Nous avons également appris qu'un Lieutenant du Régiment de TONNERRE commandé par le pseudo VERNEUIL et se faisant appeler LELEU était Anglais de nationalité, avait fait St-Cyr en 1937/1939 et faisait partis de l'I.S. Le Lieutenant LELEU demande à ce que l'on recherche un nommé Max COSTAING entré à la Milice sur ses ordres en vue de contrôler les agissements d'un nommé Jacques SELLIER appartenant à la Gestapo. Au cas où Max COSTAING ne se rappelerait pas du Lt LELEU, lui indiquer qu'il s'agit du Lieutenant " Ecossais ", Kriegsmarine n° 393.Evènements civils: Les pays traversés sur tout notre axe de marche sont très peu pavoisés. Les seuls drapeaux sont Français, quelques Américains, ou Anglais, aucun Russe. A MONTBARD, la population civile (plutôt ouvrière) d'abord apeurée par les évènements, a vite réagi et a manifesté sa joie en se répendant largement dans les rues de la ville. Journée du 9:Evènements militaires: Les membres de la Résistance de SEMUR nous ont remis les documents ci-joints relatant les atrocités commises par le Général WIEGAND et la 15ème Penzerdivision et le Hauptmann KULM (Einheitsführer) - Einheit F.P. n° 013.52. - Le 1er fit pendre ou fusiller 2 civils, le 2ème fit mettre au pillage entre le 29 Août et 7 Septembre 150 foyers Semurois dont il avait la liste. Il fit sauter le Viaduc de la ville le 28 Août et fit tuer un enfant de 7 ans à MONTLAY parce qu'il portait une Croix de Lorraine. Le groupe F.T.P. de RAVIERES (groupe VAUBAN) dont ci-joint document, refuse de se plier à la discipline des F.F.I. et se permet de soustraire même les bijoux lors des perquisitions. Il y a une certaine friction entre les F.F.I. de MONTBARD et ceux de TONNERRE, les premiers demandant aux seconds de bien vouloir rester dans leur département.Evènements civils: Toute la population des pays encore occupés est absolument terrorisée par l'ennemi, celui-ci pille, saccage, viole et tue ; l'atmosphère est vraiment irréspirable dans ces régions. Journée du 10:Evènements militaires: Ci-joint correspondance prise sur les prisonniers faits dans la nuit du 9 au 10 Septembre aux LAUMES. En général dans tous les pays traversés, nous avons rencontré une certaine indifférence à notre égard, de la part des Corps constitués, c'est avec beaucoup de difficultés que nous avons obtenu carburant ou logement. Nous avons constaté également un grand laissez-aller pour les troupes F.F.I. Les hommes semblent armés de beaucoup de courage et de bonne volonté, mais ils sont toujours mal encadrés par des Officiers peut-être braves mais sans expérience et souvent trop jeune. Ils n'ont aucune liaison entre eux et ne sont absolument pas renseignés sur les mouvements de l'ennemi, ce qui provoque des combats par surprise et des pertes. Il y a urgence à organiser les cadres de cette armée où la fantaisie à semblé présider à la distribution des grades. Il est humiliant pour un Officier éprouvé mais qui est resté modeste bien que résistant, d'être obligé de saluer des jeunes Commandants de 22 ou 25 ans. La population civile d'abord satisfaite de sa libération, se reprend et semble craintive craignant les arrestations abusives des F.F.I., F.T.P., Libération, etc… Dans certains pays, comme NOYERS par exemple, la même personne a été arrêtée 3 fois par 3 organismes différents et relachée immédiatement chaque fois. Cette manière d'opérer jette un discrédit certain sur les F.F.I. Partout les différentes formations semblent en mauvaise intelligence.Evènements civils:
VOITURE 3 Compte rendu de la mission de Messieurs SION, BOY, CHEVALIER et PINSON sur l'axe AVALLON-SAULIEU. Le 8 à 5 heures, nous nous séparons d'avec le Capitaine LEBRUN pour prendre la direction de LA CHARITE, nous atteignons CHATEL s/SANSEOIR vers 18 heures et nous prenons contact avec les éléments F.T.P. locaux qui nous accueillent avec beaucoup de réserve, les soupçons pesant sur nous jusqu'à notre retour du lendemain. Nous obtenons très peu de renseignements, chaque chef ayant ses opinions personnelles et ses conceptions sur la situation. Nous partons avec 2 hommes armés du poste de CHATEL s/SANSEOIR en direction de CLAMECY. Nous nous arrêtons à 3 kms de l'entrée sur des chicanes trop dures à la circulation de notre voiture et laissons le Lieutenant BOY et le Brigadier CHEVALIER à 3 kms de l'entrée de la ville, avec mission de situer le Sud et le Sud-Ouest de cette région. Aucun de ces chicanes n'était gardés, mais le groupe des " Loups " devait prendre position dans la soirée. Les renseignements recueillis par le Lieutenant BOY et le Brigadier CHEVALIER sont dûs en grand nombre à l'organisation des renseignements du Sous Lieutenant PIERRE, jeune Sous Lieutenant de 22 ans chargé des renseignements dans le département de la NIEVRE, qui semble très bien s'occuper de sa mission. A la date du 9, à 12 heures, les derniers renseignements téléphoniques sont les suivants: les Allemands venaient de quitter VARZY et LORMES BOURYS, situé au Sud de CLAMECY. Leurs formations sont disparates et composées d'éléments de toutes sortes dispersées par l'aviation et par les incessants harcelements des F.F.I. Un prisonnier venant de MARSEILLE, TOULOUSE, ANGOULEME, POITIERS, prétend avoir passé la LOIRE à LA CHARITE sur le dernier pont ayant été obligé d'emprunter les véhicules les plus divers, les camions manquant d'essence. Actuellement les seules forces encore importantes se dirigent vers AUTUN en empruntant une ligne partant de St-PIERRE DE MOUTIERS et située à 23 kms au Sud de NEVERS. Ensuite DECIZE, où nos renseignements s'arrêtent, ces formations appartenant au S.S. et se livrant à toutes sortes d'atrocités: pillages, viols ect… (leur équipement: camions, chenillettes, auto-mitrailleuses mais pas de tank). Le pont de LA CHARITE après le passage des troupes de la WERHMACHT a sauté ; laissant de l'autre côté la formation des S.S. signalée à DECIZE (renseignement à contrôler). Les F.F.I. groupe " Les Loups " viennent d'occuper CLAMECY, LA CHARITE et NEVERS. Après avoir laissé le Lieutenant BOY et le Brigadier CHEVALIER à l'entrée de CLAMECY, nous remontons vers VEZELAY où, étant donnée l'heure tardive nous stationnons. La ville est occupée par quelques éléments F.F.I., l'accueil qui nous est réservé est très satisfaisant, nous repartons le lendemain 9 Septembre à 7 heures, direction d'AVALLON où nous prenons contact avec le Capitaine COHAUT, Commandant le poste des F.F.I. d'AVALLON (groupe VERNEUIL) et nous prenons les renseignements suivants: - Un premier pont sur LA CURE à la sortie du vieux DUNO a sauté ainsi qu'un 2ème situé à 2 kms appelé pont DU MONTAL, toujours sur LA CURE et sur la route départementale 6 (le 9 au soir le pont DU MONTAL aurait été reconstruit). Les Allemands ont fait le passage avec des rondins pour passer les éléments à pied et ont pris la direction de SAULIEU. SAULIEU, point de passage des Allemands en direction de CLAMECY ou AVALLON en direction de DIJON par POUILLY en AUXOIS. CLAMECY n'est pas occupée, simples éléments de passage (rien à signaler depuis deux jours). Sur la Route Nationale 457 St-AMAND-CLAMECY en général, quelques éléments isolés, aucune formation depuis 4 jours, derniers éléments signalés Mardi. Route Nationale 151 LA CHARITE-VARZY, éléments isolés venant du Sud de la LOIRE, ces éléments prennent la direction de VARZY-CORBIGNY, décrochage sur BRIGNON-CORBIGNY. De CORBIGNY ces éléments reprennent la route de MONTSAUCHE en direction de SAULIEU et semblent avoir atteint LORMES à 7,5 kms, sur la gauche. La route CLAMECY-VARZY éléments isolés peu fréquents, CLAMECY-CORBIGNY route libre, CLAMECY-DORCECY route libre, CLAMECY- VEZELAY route libre, VEZELAY-AVALLON route libre, VEZELAY-LORMES route libre (derniers éléments comprenant 2 camions et environ 50 hommes). AVALLON-SAULIEU route libre à environ 2 kms de cette ville la route était minée par les troupes allemandes. Le Mardi dernier on signalait à 11 kms avant SAULIEU, un groupe avec artillerie devant se trouver dans les bois de Ste-ISABELLE. LORMES, CORBIGNY éléments venant de NEVERS par la route 77 bis où il y a eut un accrochage très sérieux sur CHETRY-les-MINES, ces éléments ayant un canon de 37 protégeant la retraite de cette formation. BOURGES, NEVERS, CORBIGNY, LORMES, LA CHARITE sont des points de passage et même de stationnement de certains groupes isolés qui semblent gagner DIJON. On considère dans les régions comprises entre MONTVIGNES SEMUR et les LORMES un groupe de 4.000 à 4.500 Allemands qui restent groupés défendant leur passage par deux batteries de canons de 150 devant se trouver l'un à LANTILLY et l'autre à DARCEY, ces renseignements datent du 8 au soir. L'armée du Général LECLERC descendant de CHATILLON semble vouloir couper cette retraite sur DIJON. L'aumônier des F.F.I. de l'YONNE nous donne quelques renseignements revenant de la region de LORMES: rien à signaler depuis la veille ainsi qu'à CORBIGNY. Au bas de MONTVIGNES un accrochage assez sérieux a eu lieu hier dans la région. 3 Allemands de tués. Dans cette même région 60 Allemands sont passés sur la route de BAILLY à l'HAUT relevant leurs morts. La route d'AVALLON à SAULIEU n'a encore jusqu'au 9 Septembre été prospectée que jusqu'à 11 kms d'AVALLON. Le matin nous atteignons Molmey (?) sur la gauche de la route à 7 kms de SAULIEU ou nous arrêtons un prisonnier Croate complètement isolé de son unité. Son interrogatoire ne nous donne pas de renseignements, celui-ci est un fusiller-marin séparé depuis plus d'une semaine du groupe d'isolés avec lequel il se trouvait. Nous le confions aux F.F.I. occupant la ROCHE-en-BRENIL en très faible effectif. Nous avançons ensuite jusqu'à 2 kms de SAULIEU où nous nous arrêtons, la route étant minée. Nous apprenons que les éléments Allemands de SAULIEU (200 environ éléments disparates se préparent en vue d'un départ). SAULIEU a vu les jours derniers un gros passage en 4 jours (une division au moins a dû passer). De retour vers AVALLON, nous prenons contact avec le Cdt du groupe BOURGOGNE à ROMANT sur la gauche de la route vers AVALLON à 2 kms sur la droite de la ROCHE-en-BRENIL. Le quartier général de SEMUR en AUXOIS est passé à des hommes en stationnement (300, avec D.C.A., artillerie). Dans le bois de Ste-ISABELLE quelques coups ont été tirés pour la dernière fois le 7, intervalle entre l'arrivée et le départ 24 secondes, impossible de connaître sa direction. La route de PRECY à ROUVRAY et la route de VILLARS à PRECY est minée (3 victimes: femmes) à l'entrée de PRECY le 8 au matin. A PRECY, 500 Allemands environ ont été signalés dans cette localité ainsi que l'entrée du pays. En 4 jours gors passage de groupes non constitués: 4 chars, quelques auto-mitrailleuses en direction de SEMUR. Le 8, 5.000 hommes environ sont passés, les camions remorques pour manque d'essence se trouvaient venant en grande partie d'ALES. La route de SAULIEU à AVALLON, serait minée, quelques colonnes donnent encore l'impression d'avoir quelques réserves (carburant pour camion) le ravitaillement est assuré par pillage, la direction générale de marche était SAULIEU-DIJON mais actuellement leur avance est plus au Nord. Position des F.F.I.: le groupe BOURGOGNE à ROMANT, CLAMECY sont occupés par les F.T.P. LA QUARRET LES TOMBES par 3 compagnies d'instruction. ILES MENIER par 100 Américains environ, CHALOX: 700 F.F.I. environ, COULANGES, AVALLON, VEZELAY sont eux-mêmes occupés. Les F.F.I. de l'YONNE dans la soirée du 9 se trouvaient à AVALLON et sont allés occuper des positions plus avancées vers SAULIEU. Des abords de SAULIEU, que nous quittons vers 11 h 30, nous remontons à AVALLON pour repasser à VEZELAY et retournons à DOMECY -sur-CURE (à l'usine électrique), où par les lignes de haute tension il m'a été possible de téléphoner à FOURCHAMBAULT occupé par les F.F.I. où le pont n'eut d'ailleurs pas sauté. A BOURGES occupé depuis 5 jours par les F.F.I. peu d'éléments entre BOURGES et NEVERS, d'ailleurs des éléments disparates. FOURCHAMBAULT a pu nous indiquer que les passages Allemands S.S. en général s'opéraient entre NEVERS et DECIZE vers St-PIERRE-le-MOUTIERS.VOITURE 4 Compte rendu de la mission de Mrs GUYOT, RAUILLAC, DUBRAC et BAULT sur l'itinéraire: PARIS-NEVERS-MOULIN Départ d'AUXERRES 15 heures en direction de TOUCY-St-FARGEAT, St-AMAND-en-PUISAYE-COSNE (ont sauté) POUILLY-sur-LOIRE (entre POUILLY et MEVRE, route minée sur environ 5 kms. Des équipes de prisonniers allemands s'occupaient à les faire sauter). Premier contact avec prisonniers Allemands 668° pionner train-auto cantonné à BORDEAUX, ensuite au MANS, prisonniers le 24 Août à St-MARTIN-en-PUISAYE - Feldpost n° 41.557 A (très satisfait d'être prisonniers). LA CHARITE SUR LOIRE: Halte au poste F.F.I. (Mairie). Pont coupé du 5 au 8 Septembre 5 h 30 par Wehrmacht devant les éléments de S.S., 6.000 hommes. Au poste F.F.T.P.F. on nous signale qu'il y a deux prisonniers à la Gendarmerie, que nous avons interrogé (ces prisonniers ne sont pas gardés et nul ne sait qu'en faire). Voici les résultats: - 1er prisonnier: Sergent SLOMKA, prisonnier St-FIRMIN, Feldpost 420.230 bataillon 700 hommes (Polonais) ordre d'aller à DIJON pour aller ravitailler. Samedi 5 Septembre, le bataillon de munitions (5 camions, dont 1 de munitions pour canon et 2 de munitions pour fusils). - 2ème prisonnier: SLOLKA Léon, grenadier, prisonnier le 10 Septembre 1944 au BERTIN, Hameau de LA CHARITE, venant d'ALES, NIMES, BORDEAUX, TOULOUSE, ORLEANS, changé 3 fois de Feldpost: 1°) 07715 Mars 1944 2°) 47555 Juin 1944 3°) 47032 Août 1944 - 3ème prisonnier: KUBOCK Paul, Rohnhaft in OSTION 586. Ces trois prisonniers étaient en civil remis par un ouvrier polonais travaillant à la ferme de la Roncière chez Monsieur PAURCI. L'adresse que portait ce prisonnier allemand était: Franciszck GORSRYCHI. Ciszi Stratonef - Département NIEVRE. Nous signalons d'autre part que ces trois prisonniers n'avaient pas été fouillés et portaient sur eux, une importante somme d'argent ainsi que différents papiers d'identité, lame de rasoir, photos etc… CHAMPVOUX: au Nord de NEVERS environ à 6 kms au Sud de LA CHARITE, on nous signale 15 chars-tigre en panne d'essence. NEVERS: Prise de contact avec le Commandant de CHAMPEAUX, chef des F.T.P.F. le 9 Septembre 1944 à 12 h 30, auquel nous précisons notre mission et que nous prévenons de notre passage en sens inverse le soir même. Ce Commandant nous fait un exposé précis de la situation militaire et politique de la région de NEVERS, renseignements que nous avons été nous-même contrôler. Nous descendons à St-PIERRE-LE-MOUTIER où on nous signale le passage des troupes la nuit et le matin même depuis une semaine. Le Jeudi, 2 000 Allemands venant de SANCOINS et LANGERS avec auto, en direction d'AZY-LE-VIF à AZY, sont entrés en contact avec les F.F.I. et se sont dirigés vers DORNES où ils stationnent encore. Le Vendredi 8 au matin, 200 Allemands en direction de MOULIN. Le Samedi 9, le passage de cette unité a duré 1 h 30. A TRESNAY: Sud de St-PIERRE-LE-MOUTIER, pendant 2 heures, dans la nuit du Vendredi au Samedi 9, des Allemands sont passés en direction de DORNES avec des voitures et des tombereaux. Les F.F.I. qui les ont attaqués ont été repoussés avec pertes. VILLENEUVE SUR ALLIER: Nous nous rendons au centre F.F.I. à la Mairie où le Capitaine nous reçoit. Résultat de l'interrogatoire d'un prisonnier, fait le Vendredi matin à St-PIERRE-LE-MOUTIER: Cet homme s'est fait prisonnier avec son canon anti-char (35 mm) , il faisait partie du 182° D.C.A. et se trouvait dans les troupes qui étaient aux SABLES D'OLONNE, réunies en 3 groupes: 1°) motorisé (300 hommes) 10 camions. 2°) monté (100 hommes) quelques voitures. 3°) voitures touriste et de liaison. Effectif total: 800 hommes, armement de la colonne: 4 pièces anti-chars, 2 mortiers lourds, quelques mortiers légers. Ce prisonnier a indiqué que ses officiers avaient défendu aux soldats de se rendre, prétextant que le sort qui leur était réservé par les F.F.I. ; moral assez bas ; le fait que les F.F.I. sont en uniforme surprend les Allemands et les amène parfois à se rendre sans résistance à des troupes jugées régulières. Nous poussons jusqu'à MOULINS déjà libéré. Nous repartons de MOULINS à 16 h 30. A la sortie de MOULINS, nous sommes arrêtés par une voiture F.F.I. qui nous donne l'ordre, malgré la vue de nos papiers, de les précéder pour contrôle à VILLENEUVE-SUR-ALLIER. Arrivés, on nous fait descendre et nous nous présentons au Colonel ROCHE. Nous lui donnons notre ordre de mission. Il le lit à deux reprises et nous prévient qu'il nous " arrête " (" foutez-moi ces gars-là en taule! " - sic -). Les renseignements dont nous sommes porteurs étant urgents, nous insistons pour que notre situation soit éclaircie le plus vite possible. Sur ce le Commandant NAHO nous fait un exposé sur la " discipline librement consentie ". Sur notre insistance, nos papiers sont enfin vérifiés ; vérification suffisante puisque le Colonel ROCHE les confie à l'Abbé CHOCHUET, chargé de nous surveiller jusqu'à PARIS. Nous demandons de l'essence au Colonel qui nous refuse, malgré les nombreuses voitures qui étaient devant son P.C. et notre ordre de mission officiel. Sur ce, arrive le Commandant de CHAMPEAUX, qui fait preuve d'une remarquable compréhension à notre égard: il prend sur lui de nous donner 20 litres d'essence sur sa provision personnelle. Au cours d'une conversation avec le Capitaine LEBANNE, ce dernier déclare au Commandant de CHAMPEAUX, qui si nous avons été arrêtés, c'est que nous avions de sales g… qui n'ont pas plu au Colonel ROCHE. Cette phrase n'est pas textuelle, mais c'est le sens même. Le Sous Lieutenant du 2ème bureau de NEVERS peut en témoigner. Le Commandant de CHAMPEAUX a ensuite contrôlé si nous obtenions satisfaction pour l'essence. Nous avons constaté qu'il était très aimé de ses hommes et que, sa présence et son action personnelle, a maintenu le calme dans NEVERS, et évité des incidents entre F.F.I. et F.T.P.F. Nous signalons ensuite qu'il s'est opposé à ce que le pont de NEVERS soit détruit, chose que le Colonel ROCHE avait décidé pour le Dimanche matin 10 Septembre.
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Table |
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EN_GUISE_DE_PREFACE_DE_C._CHANOT |
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POSTFACE_de_Jean-Louis_ARMATI |