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L'oeuvre de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers les témoignages oraux   





      Robert CAEN
JOURNAL DE GUERRE


tenu entre 3 août et le 23 décembre 1914,
83ème Régiment d'Infanterie
GUERRE 1914 - 1918

 

POSTFACE DE JEAN-LOUIS ARMATI

En quelques phrases simples, dépouillées dans un style "télégraphique" scrupuleusement respecté Robert Caen donne des premiers mois de la guerre, entre le 3 août et le 23 décembre 1914 un aperçu tragique, par plans successifs. Sa vision des événements est à la fois restreinte et claire, passionnée et lucide. Ses réflexions, surtout au cours des premières semaines sont celles d'un observateur avisé Le 7 septembre, il écrit: "Commencement d'une grande bataille" et le 8: "La grande bataille". Il ne savait pas alors qu'il participait à la bataille de la Marne qui ferait basculer le sort des armes With a few simple and bare sentences, and with a telegraphic style, strictly rendered, Robert Caen gives of the first months of the war between the 3rd of August and the 23rd of December 1914, a tragically overview through a succession of images His vision of the events is both restricted and clear, passionate and lucid. His thoughts especially during the first weeks are those of a knowledgeable observer. On the 7th of September he writes "Beginning of a great battle" and on the 8th "Great battle". He did not know then that he was taking part in the Battle of the Marne which would overturn the course of events.


Table

1er août
Exercice de mobilisation, soir ordre de mobilisation.
2 août 1er jour de mobilisation, cohue indescriptible venant aux renseignements. 3 août Cantonnons à l'Institution Alquier. Arrivée, habillement des réservistes.
Déclaration de guerre.
4 août Déclaration de guerre.
5
août Marche d'entraînement pour les réservistes de 12 km par une chaleur torride. 6 août Fin précipitée des préparatifs, revue dans la rue devant la caserne. Départ à 11 heures, population morne, les parents pleurent, on fleurit notre drapeau. Nous partons à 13 heures, séparation brusque, pauvres enfants, ils ne reviendront pas tous, c'est le cri général. Passons à Montauban, Caussade, Cahors, Gourdon, charmant accueil, fleurs, fruits, baisers, population enthousiaste.
7 août Brive  
22 août BATAILLE DE JEHONVILLE  
28 août BATAILLE DE RAUCOURT

DOCUMENTS
13ème ESCOUADE - CAEN CAPORAL
OUTILS - CAMPEMENT
4ème Section
Chef de Section Sergent Cavaillé
Chef 1ère Demi-Section Caen
13ème Escouade
Equipe des Pionniers 1er
Equipe des Pionnier
CAEN CAPORAL
BLESSES - MORTS - DISPARUS
CAEN CAPORAL CHEF PIONNIER
1er BATAILLON

POSTFACE_DE_JEAN-LOUIS_ARMATI


Table

7
août Brive:
Mort d'un malheureux qui se suicide en se jetant par la portière, c'est un lâche. Limoges, Châteauroux: mort d'une pauvre jeune fille, fiancée peut-être, qui n'a pas eu le courage d'attendre les événements et de désolation, se jette sous les roues de la locomotive. Issoudun, Bourges (apercevons de loin cette belle cathédrale antique), Cosnes, voyage très fatigant surtout la nuit, entassés les uns sur les autres et dans des wagons à bestiaux, il n'y fait pas bon, enfin on n'est pas au bout de nos peines, mais nous sommes pleins de courage et certains de la victoire. Puis la population est toute heureuse et confiante dans ses braves enfants qui vont défendre le sol à l'envahisseur.
8 Arrêt toute la journée à St Florentin occasionné par un tamponnement à Troyes. La population et surtout les St Florentins organisent un ravitaillement et nous goûtons quelques douceurs tels que le vin, le pain frais, le chocolat et les fruits. Repartons dans la soirée. 9 août Débarquons à Valmy à 5 heures, partons pour Sommebionne. Je mange en compagnie de mes camarades un bon poulet et un bon canard. C'est encore du bien-être. Nous avons 1 jour de repos. Entendons le canon toute la nuit, la grande lutte commence. Plusieurs aéros passent sur nous, arrestations dans les environs de déserteurs fermiers de la région: fusillés. Quelques boches déguisés. Partons dans l'après-midi pour Minaucourt par une chaleur terrible, enfin nous faisons les 15 km péniblement. Plusieurs se trouvent mal. Arrivons à 7 heures. J'achète un beau lapin, je le fais cuire dans une maison où une jeune fille m'accueille très bien puis très tard, on va se mettre sur la paille. 10 Départ à 1 heure du matin, même pas 4 heures de sommeil. Après 40 km très pénibles, nous arrivons à Cernay à 11 heures du matin. Y restons en repos pendant quelques jours. 13 août Nous quittons Cernay. A Bayonville, je tombe dans une charmante maison où une jeune femme qui a eu beaucoup de déveine dans sa vie, m'accueille très bien. Je me plais à écouter toutes ses peines. Elle me soigne très bien, me lave mon linge. Je couche sur une paillasse. Le lendemain, mon café au lait était prêt, on n'est pas du Midi pour rien ! 14 Partons de Bayonville à Cesse, prenons avant-poste sur les bords de la Meuse. Une section de ma Compagnie. Nous nous rapprochons de ces sales individus, leurs taubs commencent à évoluer au-dessus de nous. Une section de mitrailleuses de mon régiment en descend un aux environs de Stenay où nous avions un champ d'aviateur. Pendant toute la journée pluie diluvienne, entendons de très près les mitrailleuses et un combat s'est engagé du côté de Montmédy. 16 De Cesse à Moulins. Drôle de petit village, église avec un carillon remarquable, une vraie batterie de cuisine ! Aéros descendus, officier arrêté. 17 Repos, on fait quelques bons boulots bien que le cantonnement soit rigoureusement consigné. 18 Faisons quelques exercices, nous assistons à la poursuite d'un avion allemand par une mitrailleuse, mais sans résultat. 19 Partons vers 6 h pour Osnes, approchons de la frontière belge, y passons la nuit. Le lendemain, partons par alerte à 1 heure, arrivons à la frontière belge. 20 Deux corps d'armée allemands se dirigent sur Neufchâteau, allons vers eux pour leur couper la route et les attaquer. 8 corps d'armée français se portent en avant. Une affaire de 156 000 hommes. Assistons à une escarmouche sans importance. Une patrouille allemande prend un fermier belge, mais elle ne tarde pas à tomber sous nos pattes. On trouve un des nôtres, un cycliste, que les Allemands ont pendu par les pieds. Et nous, toujours bonaces, traitons nos prisonniers avec soin. L'avenir nous apprendra peut-être à les mener plus durement. Sommes cantonnés sous bois. Nous confectionnons des tranchées. Des canons fracassent positions et tirent très près de nous. Nous attendons le combat. Nous sommes prêts et confiants. Le 87ème qui était en avant est attaqué, un bataillon tombe sur une division allemande, devant la supériorité en nombre il recule. Nous le voyons passer décimé. Plus que deux officiers et son effectif est réduit de moitié. On commence à se faire une idée de ce qu'est la guerre. Mais nos poitrines crient vengeance et il nous tarde à nous aussi de rentrer en action. Un orage terrible éclate, nous sommes trempés jusqu'aux os. On nous donne l'ordre de reculer un peu et allons cantonner à Puré. En me débrouillant, je fais encore un bon boulot.


Table

22 août BATAILLE DE JEHONVILLE
Partons par alerte à 2 heures: destination les boches. Arrivons à Bertrix en Belgique à 2 heures de l'après-midi. Nous voyons quelques malheureux chasseurs envoyés en reconnaissance qui reviennent blessés et nous apprennent que les Allemands sont dans les bois à 1 km. Nous sommes épuisés car nous avons au moins 45 km dans les jambes et un quart de café dans l'estomac. Malgré ça, nous bouillons d'impatience car nous voyons déjà nos baïonnettes rougies de ce sang d'assassins, de ces non-civilisés. Leurs canons de toutes parts font rage. Nous arrivons à la lisière d'un bois où nous nous déployons en tirailleurs, baïonnettes aux canons, il en est ainsi pour notre corps d'armée. Nous avançons pénible-ment à travers bois. Les balles commencent à s'entendre, on nous fait coucher et bientôt nos clairons sonnent la charge et le cri d'en avant est gravé sur toute la nuit, nous partons comme des lions qui sentent la pâture. Mais hélas, ils sont retranchés les cochons, ils nous attendent de pied ferme et bientôt autour de moi il n'y a plus que des morts, des blessés, partout. Malgré cela, ils ont peur les lâches, et ils reculent un peu mais plus nombreux, ils nous contournent. La situation n'est plus tenable et nous sommes obligés de quitter cette terre qui nous a coûté si cher. Ils l'avaient réussi, le guet-apens de Bertrix. Cette bataille fut appelée pour toute la ligne "Bataille de Jéhonville ". Nous sommes obligés de battre en retraite, la rage au coeur d'avoir été vaincus par cette vermine. Mais la vengeance viendra, nous l'espérons tous et bien qu'exténués de fatigue et de faim, tout le monde marche en réclamant son régiment. Pour ma part, je marche toute la nuit. Alors devant moi apparaît ce combat où la mitraille, les obus, les balles, tout, nous hachent sans presque pouvoir nous défendre et, plus que jamais, j'avais envie de faire mon devoir de Français afin de participer à l'extermination de ce sale peuple qui doit être exclu de notre sage et paisible Europe. Plus qu'un officier pour commander le restant de la Compagnie. Capitaine tué, Commandant tué, nombreux camarades tués et blessés.
23 août Enfin après avoir bien marché et cherché mon régiment, je le retrouve à 5 heures du soir à Messincourt. Là encore, bien qu'étant très fatigué, je trouve moyen de faire un bon dîner et cela me réconforte un peu puis je vais me reposer sur la paille, je passe une assez bonne nuit. 24 août Mais le lendemain, à peine si les lambeaux du régiment sont ras-semblés que les Allemands sont derrière nous. Les hulans attaquent les maisons isolées des villages. Hélas, ce pauvre Mes-sincourt va bientôt être la proie des Allemands et il y en a de nos pauvres blessés que nous ne pouvons pas emmener, tous seront des prisonniers. Qui sait dans quelles conditions ils seront soignés ? Nous abandonnons le village en hâte et nous nous dirigeons vers Houilly. Aux environs, nous nous mettons en position dans les bois et organisons la défense des hauteurs de la Meuse. Nous apprenons que les Allemands ont eu de grandes pertes et sont repoussés. Cela nous réconforte. Nous passons la nuit dans les bois. 25 août Restons en position et continuons la défense. Notre 75, à côté de nous, bombarde les Allemands, de l'autre côté de Carignan. Dans la nuit, alerte à minuit. Hélas, il faut reculer encore, c'est dur pour un Français de lâcher du terrain sans se le disputer, enfin c'est l'ordre. 26 Traversons la Meuse, notre Génie nous a organisé un pont car tous les autres sont démolis. Il faut arrêter un peu la marche de l'ennemi. Afin de nous reformer, nous marchons jusqu'à Angecourt, dépassons le village et nous arrêtons dans les bois entre Angecourt et Thélonne. Dans la nuit, les Allemands nous attaquent, nous sommes esquintés, meurtris par le froid et une pluie diluvienne. Une grande bataille commence, appelée "Bataille de Raucourt ". 27 Comme je le disais plus haut, les boches attaquent les troupes françaises les plus avancées pendant toute la nuit, c'est une poursuite dans les bois à la baïonnette. Le 3ème Bataillon de mon régiment combat pendant toute la nuit. Au petit jour, on s'avance à travers bois sous une grêle de balles. Nous nous déployons en tirailleurs et enfin nous chargeons à la baïonnette. Ils fuient, ils ont peur, les vaches, nous faisons quelques prisonniers. Le village de Thélonne est à nous mais ce n'est pas tout, il faut leur refaire passer la Meuse. Ils se sont retranchés dans un village appelé Noyers. L'ordre est donné de les poursuivre toujours, ce pauvre 17ème Corps, la situation au village leur offre tout avantage. Malgré cela, sous une pluie de balles, de mitraille et d'obus, nous chargeons et comme toujours nos baïonnettes leur font peur, ces lâches ! Nos mitrailleuses les esquintent sur les bords de la Meuse qu'ils cherchent à passer précipitamment. Mais malheureusement, manque de liaison, nos troupes n'avancent pas de concert et le 12ème Corps qui devait nous renforcer à notre gauche arrive trop tard. Aussi, les sanguinaires reprennent courage et cherchent à nous reprendre Noyers mais diable ! il nous coûte cher ce village: des morts presque partout et des blessés s'entassent dans une ferme. Pauvres malheureux ! Comme il y en a qui sont mutilés de ce pauvre 59ème ! On nous annonce que les Allemands sont à l'autre extrémité du petit village. Nos clairons sonnent, nous nous engageons dans une ruelle de 4 m de large, nous sommes au moins 300, les plus braves, car nous n'avons pas un officier pour nous mener. A peine avons-nous fait 200 m qu'un petit groupe d'Allemands qui est en travers de ce chemin nous barre la route et nous tire à bout portant avec des balles explosives. Le 1er rang tombe et ainsi de suite, nous reculons car ils sont en nombre maintenant. Notre artillerie ne leur dit rien, ce n'est pas étonnant, nous reculons et bientôt la moitié du village n'est plus à nous. De mon régiment, il n'y a plus que le Capitaine Fuster faisant fonction de chef de bataillon, les autres ont battu en retraite ou sont tombés bravement. Avec lui, nous sommes 5 ou 6 ; nous quittons ce pauvre petit village où il ne reste plus un toit sur un immeuble, pas un habitant, que c'est triste comme souvenir. Je prends un quart boche et un de leurs chargeurs, puis nous tâchons de rejoindre les nôtres qui sont plus en arrière, mais les vaches ne veulent pas qu'il survive un de ces braves. Ils nous tirent sans relâche, leurs fusils, leurs mitrailles, leurs obus, tout nous poursuit. Mon Dieu comme il est long à franchir ce kilomètre ! Enfin nous sommes trois copains qui arrivons à Thélonne pris par nous le matin. Là, je trouve le Commandant du 2ème Bataillon qui me dit que la retraite est ordonnée du camp. Je pleure car après avoir tant souffert et avoir laissé tant de copains, c'est pénible. Enfin, il y a un chef. Nous reculons dans un bois à 3 km en arrière et bientôt notre artillerie tire, tire sans relâche. Il semble que c'est la vengeance, nous les voyons sur les hauteurs du côté de la Meuse, ils tombent les uns sur les autres, c'est le châtiment de la journée, ils l'ont bien mérité. Nous couchons à côté de notre artillerie.


#Table

28 août BATAILLE DE RAUCOURT
Le matin, à la pointe du jour, on nous annonce qu'ils sont là. Comme nous sommes en pagaille, nous nous replions, on s'arrête vers 7 heures, nous sommes soutien d'artillerie mais ils nous ont vu et bientôt le 105 terrible canon nous abîme nos forces. Nous continuons notre retraite, nous traversons Bulson et Raucourt. Les Allemands nous suivent. Nous reformons tant bien que mal le corps d'armée,chaque élément aussi petit qu'il soit y met du sien afin de faciliter la tâche. Plus d'Adjudant Noël pour nous commander et peut-être 80 hommes, les cochons nous ont décimés. Pourtant la suite de Thélonne commence. Combat de la Ferme B On nous déploie en tirailleurs, il faut franchir un grand espace découvert. Ils nous voient et mettent une batterie qui ne tarde pas à nous abîmer. C'est une vraie boucherie, les morts jonchent le sol. A chaque bond que nous faisons les obus éclatent sur nous et les schrappnels courent sur mon sac. Enfin nous arrivons à peu près une moitié dans un chemin où nous sommes à peu près à l'abri, mais leurs mitrailleuses terribles engins nous hachent. N'étant pas soutenus par les autres, nous sommes obligés de nous retirer, affreuse retraite, des morts partout. Je me demande comment je suis en vie. Décidément, je suis invulnérable. Nous nous trouvons plus que quatre de la Compagnie. Je m'oriente et marche vers le Sud-Ouest car les Allemands nous poursuivent. Crevés de fatigue, montons sur un fût de canons qui nous amène à un patelin où nous passons la nuit à Chémery. Tous les villages sont abandonnés, c'est affreux.
29 Nous partons à 5 heures pour tâcher de rejoindre notre régiment, à midi trouvons un groupe du 83ème perdu comme nous. Des rescapés qui amènent un Allemand prisonnier, je lui change 1 franc contre un mark. Nous arrêtons à Tannay. Arrivons le soir à 5 h au rassemblement du régiment à Semuy, enfin retrouve le Lieutenant, seul officier de la Compagnie et disparu depuis 4 jours, que je croyais mort ou blessé. A l'appel, après la 3ème bataille plus que 70 au lieu de 260. C'est affreux. 30 Marche très fatigante, allons jusqu'à Vaux-Champagne. On reforme le régiment, de deux Compagnies, on en fait une. Je suis nommé Caporal. La nuit se passe dans les tranchées. 31 août Passons la journée dans les tranchées et la nuit aux avant-postes près d'Attigny. 1er Septembre Alerte à 2 h. Traversons Mazagran. Passons journée dans bois à 2 km de Constantine. Revenons sur nos pas près de Constantine. Puis repartons pour St Etienne-à-Arnes. Chic cantonnement, la nuit forte attaque de hulans, fusillade à 1 km. 2 sept. Départ à 3 heures pour Dampierre……… de route. Védrine descend aviateur allemand. Traversée terrible du camp de Châlons. 3 sept. Départ 4 heures, traversée de Châlons. Escadrille d'aéroplanes, ravitaillement, bivouaquons à Vouciennes. 4 sept. Départ à 3 heures, bivouaquons à Poivres. 5 sept. Traversée du camp de Mailly. Nous arrêtons à Trouan-Le-Grand pour laisser passer la division dont nous sommes l'arrière-garde. A 6 h nous établissons en avant à 2 km de Trouan. 6 sept. Alerte de minuit. Nous dirigeons vers hangar où recevons message du Maréchal Joffre annonçant début de la bataille décisive. Marchons vers Nord-Ouest, nous installons en grande garde au hangar. La Custom passe la nuit au petit poste. 7 sept. Commencement d'une grande bataille, prenons positions et canardons les Allemands, suis chargé d'une mission dangereuse. Passons dans l'après-midi dans un bois où les obus nous assomment. Nous replions vers la ferme Trillat et bivouaquons. 8 Départ dans la nuit, marche en avant. Au petit jour, avant d'avoir pris position les Allemands nous tombent dessus. La grande bataille - chose à citer - grande perte, retraite terrible vers St Ouen. Bivouaquons, couchons, touchons quelques vivres. 9 sept. Recevons la réserve, poursuivons les Allemands remis en déroute par notre artillerie. Les poursuivons dans le camp de Mailly, bivouaquons en plein champ. 10 sept. Les poursuivons toujours, toujours. Ils enterrent leurs morts par milliers, ils brûlent toutes les maisons qu'ils rencontrent. Pont sauté. 11 Allons cantonner dans un village abandonné (Pogny). 12 Marchons toute la journée et un cantonnement abandonné. Départ dans la nuit par une pluie torrentielle et un froid de loup. Je me trouve mal, continue à marcher un peu et attends le convoi du régiment, je monte sur une voiture, je chope une couverture et couche en plein air. 13 sept. Départ dans la matinée, allons à Sompuis, les miens se battent. La bataille est engagée, je n'y prends pas part, je couche à nouveau en plein air. 14 N'ayant pas vu encore Rispail qui est sur la ligne de feu, je vais à l'infirmerie. Des morts et des blessés partout. Le Dr Général m'envoie avec d'autres à La Croix-en-Champagne. Je fais 6 km péniblement, de là je pars dans la soirée en auto à Châlons où je suis envoyé pour passer la visite. Je me débrouille et couche en ville, je me réapprovisionne. 15 Je me lève et prends mon chocolat, il me semble que c'est pas vrai. 16 sept. Je me débrouille et trouve une famille, je couche dans un bon lit. 17 Passe la journée et dans la soirée je passe la visite, au repos pendant 3 jours. 18-19 Vie toujours pareille. 20 Visite les églises et vois de très près un orgue. Passe une excellente soirée. 21 Repasse la visite, suis envoyé à la caserne Forgeat. Passe un jour tranquille, cela me rappelle la vie de caserne. 22 Je pars pour rejoindre mon corps d'armée qui est Dommartin. Je m'arrête à St Memmie (chose à citer) et passe le reste de la journée. 23 sept. Départ à 8 heures, souvenirs à L'Epine, bon boulot en route, arrive à Dommartin à 4 heures, y couchons. 24 Départ à 7 heures en auto au Revin. Passons à Herpont, à Auve complètement brûlé puis à Sommetourbe également incendié puis à La Croix-en-Champagne et arrivons enfin à Sommesuippe. On nous envoie à Cabane-Puit où est la division, puis nous partons à travers bois rejoindre le reste de notre régiment qui est dans les tranchées sur la ligne de feu. 25 Passe une nuit dans les bois, on gèle, attendons. Je retrouve quelques camarades, ils se font très rares, mon courrier officiel a été tué. Rien d'anormal dans la journée, repos complet, je passe une meilleure nuit, bien qu'ayant une petite alerte par quelques coups de fusils. 26 Départ à 6 heures, marchons dans les bois, certains régiments (le 14 et le 83, le 209) battent en retraite. Ma Compagnie est en réserve, nous entendons quelques balles, des obus éclatent près de nous. Il semble que l'avantage est pour nous, les Allemands reculent, abandonnent une position: le moulin de Perthes. Allons passer la nuit dans les tranchées en première ligne. 27 Départ à 5 heures, allons à Cabane-Puit, puis partons, retournons à l'emplacement que nous occupions 2 jours avant. Partons après la soupe occuper tranchées à côté, je passe une nuit blanche. 28 Partons vers 11 heures puis à 5 heures du soir, allons occuper des tranchées merveilleuses à 500 mètres des boches, dans la soirée quelques fusillades pas graves, la nuit fusillades sur toute la ligne mais d'aucun côté on avance. Encore une nuit sans sommeil et l'on gèle. 29 Belle journée, le soleil nous réchauffe un peu, journée amusante: chaque fois qu'un boche sort de sa tranchée, il est salué par quelques balles. La nuit toujours pareille enfin malgré ça, on nous soigne bien. 30 Toujours même besogne, attendons que ces messieurs se décident. Dans la matinée, nos canons leur envoient des obus 155 à la mélinite. Dans leurs tranchées, il y en a quelques-uns qui cavalent, je m'amuse à les descendre, c'est très amusant. Nuit toujours pareille, très froide. 1er octobre Toujours pareil, même besogne, on nous améliore notre situation, nous touchons des couvertures. Dans la nuit, forte attaque à notre droite et à la gauche, sans résultat. 2 oct. Dans l'après-midi, avec l'aide de notre artillerie, nous occupons deux tranchées allemandes sans tirer un coup de fusil. La nuit, quelques fusillades, assez de calme. 3 oct. Journée toujours la même chose, quelques coups de feu, je l'échappe de près. La nuit toujours pareille, très calme. 4 oct. Journée très calme, pour la première fois suis en possession d'une pipe, je la fume très bien. Soirée et nuit très calmes. 5 oct. Journée bonne, nuit toujours pareille. 6 Dans la journée, rien. Dans la nuit, forte attaque, comme un coq je fais un feu à mes hommes, les Allemands n'en veulent pas. 7 Rien à signaler dans la journée. Départ pour Sommesuippe où nous passons 2 jours de repos. 8 Rien de particulier, un incendie d'auto dans la nuit du 7. 9-10 Départ pour le poste du Colonel. 2 jours de repos, le 1er je suis chef d'un poste en avant, nuit très froide. 11 et 12 Dans la soirée, partons pour les tranchées. Pendant ces 2 jours rien à signaler, mort du Sergent Laval. 13 et 14 Partons à Cabane-Puit, poste de la division où nous passons la nuit et la journée du lendemain. Dans la soirée, allons coucher à la ferme forestière, nuit très bonne. 15 oct. au 8 déc. Vie toujours pareille, un peu la vie de caserne ; 2 jours de tranchée, 6 jours de repos, deux à Sommesuippe, deux à 152 ou au 204 secteur droit, secteur gauche, en un mot vie toujours pareille. 8 décembre On calcule pour prendre les tranchées à l'avant, nous y réussissons. Après le 8, attaque sur attaque, prenons beaucoup de…mais que de pertes. Enfin ils reculent devant nos baïonnettes. 23 déc. Avec mon équipe de pionniers, je fus à 100 mètres des boches pour approfondir une tranchée. Un obus 77 me blesse à la jambe, je fais un kilomètre aidé par un homme sous une pluie d'obus à l'infirmerie de mon régiment. On m'emmène en voiture à Sommesuippe, passe la nuit dans l'église sur la paille. A 7 heures du matin, pars en auto à la gare de Suippes. Monté dans le train, nous attendons qu'il soit plein de blessés. Partons à 3 h 1/2 pour Châlons, y arrivons à 8 heures dans un hôpital improvisé, on me change mes pansements, je remonte dans un train qui part pour Trois. Enfin la joie revient un peu, on va revoir ce cher Midi et peut-être des bons parents, c'est égal, drôle de réveillon dans des trains ; bien heureux, il y en a qui souffrent plus que nous encore. Quittons Châlons. Passons Bussy-Lettrée, Vitry, Sommetourbe, Mailly-Le-Camp

 

Table
DOCUMENTS

13ème ESCOUADE

CAEN CAPORAL

 

OUTILS

CAMPEMENTS;

Minvielle

Serpe

Marmite

Laffont

Serpe

Marmite

Dome

Seau,

sac (?)

Peyroule

tHache

Seau, sac (?)

Clarens

Pelle, pioche

Seau, sac (?)

Vigneau Jean

Pelle, pioche

Plat

Camy

 

Marmite

Pons

Pelle, pioche

Seau

Layrisse

 

Plat

Gironce

Pelle, pioche

Seau

Barbate

 

Plat

Faulon Alcide

P., bêche

Plat

Merlin

Pelle, pioche

idem (plat)

Cayolles

   

Coste

   

Laille (?)

   

 

4ème Section

Chef de Section Sergent Cavaillé

**

Chef 1ère Demi-Section Caen

13ème Escouade

Ferriol

Caporal

Medus

Seau

Minvielle

Marmite

Fabre

Seau

Nicolat

Plat

   

Vigneau

Plat

Clarens

Seau

Mezaille

Plat et p.p.

Gironce

Seau

Barbate

idem

Merlin

Plat

Laffont J

Marmite

Pons

 

Cabos

Marmite

pelle,pioche

Maillo

 

Camy

idem

Faulon J

Plat,, hache

Domec

Seau, sac (?)

Dubary

Ordonnance

Peyroulet

idem

Rammond

Cycliste

Hamelin

idem

Layrisse

Plat

 

Chef 2ème Demi-Section Carrère

m15ème Escouade

Montbertrand

Caporal

Labouly

 

Ferri

Marmite P.,bêche

Marfin

 

Menent

Marmite P.bêche

Barrieu

 

Calzaban

Marmite

Berdu

 

Piquer

Marmite

Lheze

 

Lagarde

Marmite

   

Dupuy

Plat

Laplace

Plat et p.p

Laffont G.

Plat

Faulon

 

Souques

Plat

Maura

Infirmier

Estarsio

Seau, pioche

Prieu

Infirmier

Despuya

Seau, pioche

Dedieu

Sergent ordinaire

       

Biraben

Sac (?)

   

 

 

Equipe des Pionniers 1er

 

 

Equipe des Pionnier

CAEN CAPORAL

 

         
         

Ignacer

Rodriguer

 

Pons

Seau, cuisinier

Palet

Pons

 

Camy

 

Cazaban

Camy

 

Ignacer

Pioche

Sutra

   

Palet

P., p., plat

Garbison

   

Cazaban

P., p., marmite

Solana

   

Sutra

Plat et p., b.

Daris

   

Garbison

Marmite

Montferrand

   

Solana

Marmite

Moulia

   

Daris

Seau et p., b.

Bernier

   

Montferrand

 

Laborde

   

Moulia

Marmite, p. et (?)

Barbate

   

Bernier

Plat

     

Laborde

Rizaille

     

Barbate

Plat

 

BLESSES

MORTS

DISPARUS

     

Laffont J.

 

Peyroulet

Clarens

 

Vigneau J.

Pons

 

Costes

Gironce

 

Ferré

Lay

 

Ferriol Caporal

Dedieu

 

Laffont A.

Fourcade

 

Latrille

Laplace

   

Sime

   

Guitard

   

Dastugue

   

Barrieu

   

Fauré

   

*

**

Montbertrand Caporal, Ferriol Caporal, Seguelas.

Montbertrand Caporal s'est principalement distingué.

 

CAEN CAPORAL CHEF PIONNIER

1er BATAILLON

*

**

Cazaban

Grave

Bonfils

Camy

Bonnecaze

Mallet

Doux

Mazan

Barrère

Palet

Fontan

Guillot

Montferrand

Galban

……… (?)

Roque

Soubière

Courtoisie

Vernier

Laulé

Mouraze

Bon

Tarride

Capdevielle

Delpoux

Péré

 

Bataille

Vidal

 

Rumeau

Lafonta

 


Table