|
|
||
L'oeuvre
de Michel El Baze: Les guerres du XXe siècle à travers
les témoignages oraux |
||
120 |
||
Bidault
Madeleine et Vallée Raymond: Madeleine sings its sufferings, Raymond sings its pains. They sing their love of France. He has 84 years. She is soon centenary but keep in them the memory of this awful Great War this atrocious war. The one and the other deplore that French and Germans, to the name of the even God, had killed without manners and pose the question: God or Religions, which told: I lie.
Aux anciens combattants, à ceux de 14-18 Le Chemin des Dames - Chef de corps-francs. La révolte - I9I7 - L'aviation Fin de cette guerre Ma vie commence Avec ce siècle En mille neuf-cent-sept Puis survint la première guerre Et ce fut un enfer. Tantôt Français Tantôt Allemand A 10 km du Chemin des Dames Tous les jours De gros obus Nous tombaient dessus. J’ai vu des horreurs Et j’ai eu bien peur Des chevaux éventrés Des pauvres soldats mutilés D’autres morts Et bien d’autre chose encore. En mille neuf cent dix-huit Mon pays était à l’agonie Détruit à 95 % Avec une santé précaire Un moral plutôt amer J’ai eu mon enfance perturbée Par toutes sortes d’adversités. Malade des gaz ypérite J’ai survécue des suites Mais ma soeur et ses amies Ont, elles perdues la vie. Triste chose, que cette vie Si longue, si longue Qui n’a pas besoin de rallonge Alors pourquoi vouloir Notre survie à tout prix Pour nous exploiter Plus sûrement. Alors à 84 ans cela suffit amplement. .c. Aux anciens combattants, à ceux de 14-18
Verdun Connaissez-vous Verdun Il faut voir Douaumont La Grurie La tranchée des baïonnettes Il faut s’y recueillir Il faut voir Ces ossements par milliers Des têtes, des tibias D’inconnus Derrière des vitres Et ses tourbes blanches à perte de vue Bien alignées C’est poignant Il faut voir Ne pas mourir sans avoir vu Et que les jeunes Sachent ce qui s’est passé Il ne faut pas oublier Et tout a recommencer A Oradour sur Glane. Ah cette Guerre de 39-40 Ne pas oublier surtout.Le théâtre aux armées J’habitais une petite ville à 10 ou 12 kilomètres du Chemin des Dames, la gare régulatrice déversait un flot incessant de permissionnaires, c’était vers 1917, le théâtre aux armées se déplaçait de Paris pour donner des représentations théâtrales à ces pauvres Poilus qui descendaient du front. Dans une grande baraque en bois, ce jour-là, on jouait "Le rêve passe", nous les enfants on guettaient l’ouverture d’une porte, où on collaient un oeil par l’interstice d’une planche, pour voir le spectacle, de belles dames habillées de mousseline bleu pale évoluant autour d’un soldat, endormi au sol, il rêvait sans doute à ces belles créatures. Mon dieu que c’était beau, c’était la première fois que j’entrevoyais un tel spectacle, cela m’a marqué pour toujours.Ma première communion C’était au mois de mai 1918, j’avais 11 ans, 8 jours avant l’avance allemande sur la Marne jusqu’à Meaux. Croyante et très recueillie, première au catéchisme, j’ai récité l’acte à la Sainte-Vierge, j’aurais aimé faire la quête à cette belle fête. Il n’en fut rien, 8 jours après nous étions Allemands. Ce fut l’exode avec une brouette, vite rejoint par les soldats allemands; sur les routes des cadavres, partout des blessés. Quelle vision pour une enfant de 11 ans. J’avais abandonné tous mes souvenirs de première communion, ma pauvre, c’était le pillage, dans la maison, et nous étions Allemands!La blessure Guerre 14-18, suite Après cette avance allemande de mai 1918 - 8 jours après ma première communion - les Allemands nous ont emmenés dans des camions (à chevaux) petits escaliers à l’arrière, genre voiture western, jusque dans une grande plaine dans l’Aisne en attendant pendant plusieurs jours un train de wagons à bestiaux. Dans cette plaine, des femmes accouchaient, des vieux mouraient, des enfants pleuraient, couchés au clair de lune à même le sol. C’était dantesque. J’avais 11 ans. Entassées dans ces wagons à bestiaux, nous arrivons à la frontière belge, dirigés dans un séchoir (où il pleuvait); j’allais à la soupe populaire avec une gamelle. Ma mère, ma soeur complètement effondrées, nous n’avions pu emporter que peu de bagages par personne, comme l’avait exigé les Allemands. Ensuite couchées sur la paille dans une école, puis logées chez l’habitant qui nous ont donné un local. Puis en novembre ce fut la débâcle allemande et l’armistice. Les soldats étaient complètement épuisés et démoralisés, plus de médicaments pour la terrible grippe espagnole qui m’a beaucoup affaiblie. Plus de ravitaillement. Sans nouvelles de mon père, qui plus tard nous a rejoint et emmenés dans la famille à Paris. Un an après nous avons eu beaucoup de mal à reconnaître notre coin, qui n’était que ruines. Mon pays a été détruit à 95%. Mon père nous a reconstruit deux pièces en planches, nous avons retrouvés ma chatte amaigrie, sale, qui nous a reconnu. Mon grand chagrin, je pensais à ma chatte, ma poupée et mes souvenirs de ma première communion restés au pays. Et cela à recommencer en 1940. Pourquoi tout cela. Les hommes sont-ils devenus fous? En 1919-1920, mon père avait reconstruit deux pièces en planches dans les ruines de notre maison (en attendant la reconstruction de cette petite ville qui a duré 10 ans). Dans la cuisine (en planches) exiguë, un grand trou correspondait avec les voisins, au fond une vieille cuisinière percée. Ma soeur, 7 ans avait ramassé des plaquettes de poudre noire (longues comme un doigt) et les avaient déversées dans le tiroir du bas de cette vieille cuisinière. Ma mère ce jour repassait du linge, sur une table entre deux portes de cette même cuisine. Tout à coup, une explosion, la poudre venait de prendre feu, enflammant tout, ma mère en feu courait dans la rue, la voisine a étouffé les flammes avec une couverture. Ma mère brûlée au 3ème degré, a souffert le martyr, le torse brûlé, plus de cheveux. Il lui a fallut deux ans pour s’en remettre; à la suite de cela, elle a eu 32 erysipèles, la piqûre de l’Institut Pasteur, l’ère à Curie.Voilà les conséquences de cette guerre atroce
Ma Jeunesse -
L'armée - Verdun
Le Chemin des Dames - Chef de corps-francs. La révolte - I9I7 - L'aviation Fin de cette guerre
Je me verrai contraint de quitter votre terre, Veuillez lors m’accueillir en l'inconnu des Cieux Comme un homme pauvre, car, contestataire. Jamais Hélas! de trop. Perdu dans ce monde Où le grand avenir est fait pour les sots, Ces grands sots, tout dorés, brillant dans la ronde Faite pour ceux qui croient, en ces traîtres, les mots. Je suis né du terroir, produit de nos Dieux: "La Terre et le Bois" ces intimes normands. Grands-pères éternels qui ont créé ces vieux: "Paysans de la glèbe. Ébénistes savants." Terre des premiers Vikings, mon pays bien cauchois. Yvetot, si mal vu par Hugo, le traître! Absous par Béranger qui vanta le bon choix Dans son bon petit Roi. Pays.! Tu m'as vu naître. Mes deux grands ancêtres étaient ces gens d'antan, De vertus honnêtes, de coeur et de raison. Fiers de paroles données. En dehors de ce temps Nos jeunes descendants les jugeraient comme cons. L'un, bien vu par ses pairs, respectant ses avis De juge coutumier, sans bourse à délier. L'autre, maître en son Art, qui n'avait pas d'envies, Marquetteur de talent, aux vrais prix oubliés. Ma jeunesse pourtant, élevée en rigueur Dans ce siècle passé, m'avait donné la foi En certaines valeurs qui, pour les très grands coeurs Sont les gages certains de l'Avenir en Soi. C'était trop mal juger. Et ce fut mal venu. Une grande fournaise m'attendait, en destin. Pour une belle épreuve.! Si jeune.! Qui l'eut cru.? Bien faite pour forger, corps et âme, en leur sein. Fut vue, par le pays, comme une délivrance. Mon âge m'évita de la juger trop bien. Hélas.! Vint Mil-neuf-cent-quinze.! Tant de morts en France, Que je me vis soldat. Le Moloch dit: Tu Viens.! Je partis d'Yvetot pour Quimper-Corentin, Puis, La Roche-sur-Yon, ensuite Saint-Maixent. Pour ainsi commander, avenir incertain, A Verdun, Officier, en n'étant que Sergent. A dix-neuf ans, presque, se trouver le gardien De soldats chevronnés, amers et solitaires, Regardant étonnés, ce jeune qui est le lien, Entre la Vie et Rien, leur seul ordinaire. C'était placer bien haut la très bonne confiance. Celle qui peut se muer en très grande frayeur, Quand, dans la tourmente, regards sont défiance, Visages sont tendus, toutes pensées en choeurs. Que fut cet examen passé en épreuve.? Instituteur prussien, philosophe curé, Schéla d'un vrai tonton, firent en moi la preuve Que le grain était mur. Bien, il sera perduré. L'entente bien nette sera sans faille, toujours, Même, quand à Soully, nos yeux, tout médusés Voyaient ce mur de feu qui nous disait: Bonjour.! Personne ne se signait. Regards désabusés. L’instinct solitaire nous avait déjà soudés. Personne, mort ou vif, serait abandonné. Le geste qui comptait, règle du jeu de dès Était parole muette, mais parole donnée. J'avais, devant mes yeux, à chaque permission, Cousin Georges, mon aîné, oeil perdu, gueule cassée, Rescapé de Woevre, aux premières actions, Un vivant malgré tout, mais jeunesse brisée. Lors, je me rendis compte, seulement, sur place, Ce que voulait dire: le front, une tranchée, Les tirs de Barrage, les attaques, faire face Aux poux et aux Allemands, ensemble, sans flancher. Nous étions transportés, très souvent, en renforts, Élite des Alpins, de Troyon, en Champagne, Du Bois des Chevaliers, à Verdun et ses Forts. A chaque relève, chaque autre campagne. Jusqu'aux jours d'Octobre, toute la Division, Partit pour reprendre les Forts: Douaumont, Vaux. En grand spectacle et grande orchestration. A demi, la Revanche. Pour Vaux, elle fit défaut.
Cet étrange enfer ne me revit jamais. Les souvenirs restent: Le Dégoût, La Rage.Abrutis par l'acier dont on ne pouvait mais, Devenus des Ilotes, confondus, sans âges. Ces vainqueurs hébétés, à l'esprit resté clair, Jurèrent en leurs coeurs, ne jamais oublier Milliers, milliers de morts disparus en éclairs, Évanouis, sans corps, pas même un sablier. Je n'eus pas de répit: le temps de faire le plein De bons nouveaux élus pour un dernier combat Diront les grands augures, ne parlant pas en vain. Au Chemin des Dames, aux Anes, un grand bât. Les savants généraux leur avaient bien juré Une grande percée, ils iraient jusqu'à Laon. Croix de Fer, Croix de Bois. Ne pas se parjurer. On finirait la guerre, le record, en trois temps. Sauf garder leur bon sens, ils avaient tout prévu: Le matériel, les Tanks, l'heure et la Distance. Mais pas les Allemands. Prévenus. L’imprévu. Ceux-ci purent, sans efforts, prévoir Résistance. Car, ces grands stratèges, abrutis de leurs droits, Malgré la prise d'un Sergent, possédant le détail, Ne voulurent changer, ni l'heure, ni l'endroit, Et soixante mille gars furent tués, comme bétail. Venus à Berry-au-Bac, pour tenir la poche Conquise dans l'élan et garder le terrain, Alpins, nous nous vîmes dans des tranchées moches Noyés dans la Rivière, La Miette, sans entrain. La scène se modifia. Dessus l'avalanche, Dessous, l'eau et la boue. Décor, sans changement, Le grand feu d'artifice évoluait, en revanche. Et dormir, en ce cas, n'était pas un jeu d'enfant. Les Bois, à peine debout: Carré, Béliers, Bourru, Nous servaient d'entractes. Relèves promises, Croyant le miracle, sans l'avoir bien cru, De ces robots idiots, sur nos têtes soumises. Je devenais guerrier, étant piètre soldat, Me fit, contre mon gré, sans être volontaire, Chef élu du corps-franc, d'office, sans débat. Ce sacré capitaine choisit le réfractaire. En acceptant les dés, posai mes conditions. Dans le tas, fit mon tri, de trente bonshommes Incurables, mal vus dans tout le bataillon. Mais bien connus par moi, comme seuls, étant des hommes. On s'entendit très bien. Mon discours fut le même: Nous aurons permissions, mais, pour bien les avoir, Risquer inutilement, ce n'est pas le problème. Vaincre, sans se faire tuer, sera le vrai devoir. Tu as la baraka disaient ces vrais copains. Ne joue pas trop avec, certitude n'est pas. Pourtant, le treize Janvier, pendant un coup de mains, Courant en dératés, pour sauter plus vite, en bas Dans la tranchée, en face, à trois, tous, en même temps, D'une maxim's au loin, partit une giclée, Choisit deux morts, sur trois, moi, au milieu, m'oubliant. "Machine qui battait tapis à la volée." Nous lui avions donné ce titre: "Ménagère Soucieuse et précise, baptisée de ce nom, Nettoyant vite et bien, sans arrêt, en plein air, Par sa grande vigueur, en copiait le son. J’héritai, tout de même, après cette aventure D'une bonne bronchite, soignée sous la tente, Bon retour à l'hosto, quinze jours, la rupture. Le train et la maison, en dix jours de détente.
La révolte
- I9I7 - L'aviation En perdant son âme, l'Armée était cassée. Les héros dégoûtés. Finie, l'obéissance. Passif était l'esprit, toutes gloires passées. C'était, pour la plupart, ceux qui n'avaient jamais Admis que la défaite pouvait être leur lot. Ceux d'hier, de Verdun, lors, qui n'en pouvaient mais. "Pouvoirs des pieds vernis, devenus bien falots" On appelait ainsi ceux de l’État-Major, Officiers, tous triés, sur le volet d'en-haut. Ignorants de nos poux, astiqués comme de l'or, Venus pour s'informer. "La Règle des bureaux" Comme en Mil-neuf-cent-quinze, ne pas perdre la face. Devint leur vrai souci. Attaques à répéter. Relèves après relèves. Jamais resté sur place. Mais tous les gars furieux, Diront: Rien n'accepter. Dans cette tornade, l'exemple des Russes Qui, en chassant leur tsar, arrêtaient la guerre Fut l'effet d'une bombe sur un troupeau de buses. Drapeau rouge en tête, ils se réveillèrent. Et en train, à l'assaut du parlement français, Les musettes remplies de réelles grenades Partiront pour imposer aux députés, La Paix. L'Affaire devenait sérieuse pour tous les grades. Cette fois, l’État-Major monta au premier rang, Affolé, perdant pied, chercha un bon sauveur Capable d'apaiser, même au prix du sang. Le trouva en Pétain qui avait leur faveur. Arrêtant au hasard, mais détruisant les poux, Espaçant les relèves. Pas de combats futiles. Donnant les permissions et fusillant ces fous. Dispersant les meneurs. Régiments inutiles. Dans le camp de Chalons, il bombarda les Russes. Les pauvres qui croyaient retrouver leur patrie.! Tout sera employé, mains tendues et ruses. Taisons le Un sur Dix, horrible loterie. Peur de la contagion, mon Régiment alpin Fut retiré du front, en paix, dans les vignes. Pour se calmer, tout seul, mais, tout de même, pas loin. Prêt à boucher les trous, en attendant le signe. Un jour, Oh! surprise. Je me vis convoqué Par le Renseignement de ma Division. J'eus droit à un bon dîner, sans en être offusqué. Le gratin au complet, et en plus l'Aviation. Juste, voulaient savoir ce que j'avais trouvé Au dernier coup de main, en tranchée allemande. Je dessinai le tout, mon métier retrouvé, Escaliers préparés, en bois, à la demande. Vite, ils furent éveillés, en voyaient la portée Car, vers les Ponts-sur-l'Aisne, la percée serait faite, Etre à Berry-au-Bac, était dans la foulée. La discussion fusa, elle ne fut pas surfaite. Oh! que Non! Si bien vrai. Dans les six mois, plus tard, Virent à ce point-là, lors, une attaque en surprise De superbes commandos, atteignant sans retard L'Aisne et la Marne. Reims évita la prise. En fin de discussion, ces bons experts présents, A ma grande surprise, posèrent des questions, Comme pour un examen, semblable à ceux d'antan. Fut, sans l'avoir voulu, promu en l'Aviation. D'une bonne explication, que j'eus avec ma mère, Je me souvins, soudain. En une permission, Redescendant du front, après une sale affaire, J'eus le malheur idiot d'en raconter l'action. Son portrait, tout d'abord. Était fière, altière. Baissant jamais son nez, généreuse pourtant, Méprisant l'égoïste, tout en étant entière. Voulant commander tout, son mari et le temps. Mon récit la choqua. Habituée à vouloir. Eh! quoi, mourir ainsi! entraînant les autres! Tu dois te battre seul. Elle pensait tout pouvoir. Va dans l'Aviation. Accord fut le nôtre. La demande en fut faite, bien sûr, sans m'avertir. Vieille famille de ce coin, nous avions des amis. Un Sénateur questeur, pria, sans coup férir, Les Services de guerre d'accepter cet avis. Si bien, qu'un jour de Mai, mon Commandant m'appela: Commandez le corps-franc de la Division. Vous restez avec moi, une double ficelle. Choisissez vous-même, ou alors, l'Aviation. Mon choix fut vite fait. Promesse valable. Je partis à Dijon, puis Chartres, bon viatique! Bientôt en Provence, pays aimable, Mais, dans la Crau, Ha! les moustiques. J'appris ce beau métier, ce contact avec l'air. Savoir en s'y plongeant tâter la liberté, Pouvoir alors se dire ; J'ai laissé tout l'enfer, Vous entendez bien, tout, sauf ma belle fierté. Fierté, d'avoir, si jeune, privilège perdu A jamais, commander, plein d'admiration Une bande de gars, tous, un peu farfelus, Mais bande de braves, d'entière dévotion. Nous volions en ce temps, sur de drôles d'engins De bois et de toiles, plus les cordes à pianos. En l'air, le mélange, le bon, était fait par nos soins, Et les premiers moteurs, les Trois pattes Anzano. Le corps, moitié dehors, giflé par tous les vents, Coiffés d'une casquette, retournée en arrière, Affublés de lunettes, pour voir par tous les temps Ce drôle d'équipage entrait dans la carrière.
Amouroux, qui, plus tard, en ce genre brillait. Il aimait la voltige, pour faire serrer les fesses Sur un ancien Caudron, qui mal, la supportait. Ses efforts répétés concourraient à ce but: Éprouver l'élève néophyte certain. Je sortais de l’enfer, riait à ce chahut. De suite y prit goût. Son manège fut vain. C'était le paradis, reconquis sans travail. Cueillir les amandes. Manger au petit Mas. Apprécier l'huile de noix, la salade et l'ail, Choses toutes neuves, et l'oubli, pas à pas. Si bien qu'un beau matin, le moniteur dira: Prenez manche à balai, vous êtes le patron. Je vous lâche tout seul. L'élève deviendra Le maître, après Dieu. Personne n'est fanfaron! Beaucoup avaient osé l'aventure malgré eux Les uns cassaient du bois. L'hosto pour les autres. Car comble de l'horreur, nous vîmes sous nos yeux Certain jour, impuissants, brûler un des nôtres. Je passai le brevet, car la Guerre pressait, Voulait des pilotes. Les temps étaient venus. Sans cartes, bien souvent, le sol, en bas, guidait. Routes et rivières, les tracés convenus. Parti en avance par un temps de crasse, Sans y être obligé pour faire plus osé, Sur le Rhône me vit perdu, et quoi que je fasse Renvoyé à terre, vite, dans un fossé. Le fossé était vert, ma tête était solide. Le Caudron, par contre, se comporta moins bien Et Mandue-Redessan cueillit ce bolide. Je n'eus qu'à attendre le très bon technicien. Pour pallier mon ennui, invité à dîner Chez les vrais descendants du Mistral, tant connu J'eus droit, compensation, au concert ordonné De deux bons pianistes, pour un simple inconnu. Mon hélice cassée, en grande précaution, Dans un avion tremblant je rentrai à bon port. Malgré cet incident, j'avais donné caution. Muni de mon Brevet, je passai sur Nieuport. Pour les Pyrénées, je dus partir à Pau Longpont, près de Morlaas, la piste du séjour. Saluant l'acrobatie, grand attrait du nouveau. Ce sport de la chasse venait de voir le jour. D'abord émerveillé, les yeux à peine ouverts A Quatre mille mètres, voir l'aube qui parait Sur ce massif brillant, Mont Perdu, sévère, Reflétant le soleil dont il était paré. Alors, vint notre lot: Loopings, renversements Vrilles, Rase-mottes, départs en chandelles, Frôler marguerites, et pire événement: Tomber, casser du bois, tourner autour des ailes. Nom de ce manège: Tour du propriétaire! L’Hôpital de la Ville nous avait réservé Une salle entière pour ces récipiendaires. Pour moi, bien averti, déjà, j'étais sevré. Nous devenions brillants. Très vite le temps passait Après les tirs réels, étions prêts, pour Là-Bas! Et retourner au Front. "Escadrille de Fait" Mais la chance inouïe qui ne me lâchait pas Me fit saluer très bas l'arrêt de ces combats. Le Onze Novembre. Sans demander mon reste, Sans perm, ni billet, et sans autre débat Pour saluer ma mère, Yvetot me vit preste. Heureux, resté cinq jours. Lui devais bien cela! Ensemble, nous pensâmes: Avoir été servis Par un tel, tel destin, resté bien au-delà De nos propres désirs, donnant plus que promis. Je rentre à ma base, pour me voir écoper De quinze jours fermes: "les arrêts de rigueur" Les passait en prison, sans en être troublé " Etre parti sans perm! Même le jour du vainqueur! Façon de transformer fugue en punition En la drôle de prison, me fit tant réfléchir Plus, ragots de cuisines, que j'y vis l'ambition: La guerre va continuer, mais ailleurs, sans fléchir. Se battre pour son pays. La chose fut comprise. Mais l'imposer plus loin, pour soutenir un clan. C'était trop la vouloir. Ma décision fut prise. Vite, je demandai mon retour dans le rang. Et retour à Vienne, base du Régiment. Enfin à Issoire, École de mitrailleurs. Pour encore la guerre. Je criai: "On nous ment! Ce fut jugé bien trop. On m'envoya, ailleurs. Cette fois Orléans conduire des autos Obtenir mon permis sur une vieille Bollèe Ensuite l'occupation, la guerre en rétro. Strasbourg, Metz, Saint-Avold, nouvelle envolée. Je filai à Francfort, curieux des Allemands Aux brassards rouges, émules de Spartacus, Face aux Casques d'acier. Ensemble, protestants Ou même catholiques, criaient tous, j'accuse. Voulant la liberté, s'étripant de bon coeur Bâtissant du nouveau dans un plein désarroi Et ironie du sort, brouillant tout sans rancoeur Sous l'oeil de l'ennemi, qui leur servait d'arroi. Je revins à Sarrebruck, je prenais des leçons. Mais une seule restait. Français et Allemands Au nom du même Dieu, s'étaient tués sans façons Dieu ou des Religions, lesquels disaient: Je mens. |
||